• Le premier médicament connecté autorisé aux Etats-Unis
    http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2017/11/20/le-premier-comprime-connecte-autorise-aux-etats-unis_5217617_1650684

    Les patients qui consentiraient à la prescription de cet antipsychotique connecté suivront leur traitement à la trace par un procédé astucieux. Chaque comprimé contient un capteur composé de cuivre, de magnésium et de silicium qui sera éliminé par voie digestive. Une fois au contact des sucs gastriques, la puce subit une réaction d’oxydo-réduction. Elle fonctionne comme une batterie : elle émet un signal capté par un patch collé sur les côtes du patient. Le patch transmet par Bluetooth les informations recueillies à une application sur le smartphone du patient. Ce dernier décide qui, parmi son médecin et ses proches, a accès à ces informations. Celles-ci seront stockées sur un serveur sécurisé.

    Yep, c’est sûr, aucune chance qu’il y ait un bug, c’est pas de l’informatique ;-)

    Miais tout s’explique quand on regarde du côté des brevets

    L’agence fédérale américaine a toutefois souligné que « la capacité du produit à améliorer la manière dont les patients se conforment à leur schéma thérapeutique n’a pas été démontrée ». Elle met également en garde sur « une utilisation en temps réel ou en situation d’urgence du traçage de l’ingestion du produit, car la détection peut être retardée ou ne pas avoir lieu ».

    Pour son nouveau produit, Otsuka a fait du neuf avec du vieux. Il avait obtenu en 2002 l’AMM américaine dans l’indication de schizophrénie pour l’aripiprazole, qu’il avait commercialisé sous le nom d’Abilify. Les ventes florissantes de 2011 à 2013 s’élevaient à 5 à 6 millions de dollars par an aux Etats-Unis avant de décroître de plus en plus rapidement jusqu’en 2015, année où le brevet d’Otsuka a expiré. De nombreuses formes génériques sont alors apparues sur le marché, à un prix nettement inférieur.

    Sans parler de la collecte de données

    Sur le plan éthique, la sécurité et l’accès aux données ainsi collectées, les avis divergent. L’industriel et son partenaire, Proteus, insistent sur le fait que le patient décide à qui il donne accès à ses données et qu’il peut retirer cette autorisation à tout moment. Le docteur Fond estime qu’il n’y a ni plus ni moins de problèmes qu’avec la forme injectable qui requiert également le ­consentement du patient. De son côté, le docteur Hodé s’inquiète « du risque de voir des assureurs menacer de remettre en question leurs remboursements si le patient ne prouve pas qu’il a pris systématiquement son traitement ».

    #Big_pharma #brevets #psychotropes

  • Alerte aux écrans pour les enfants
    http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2017/06/26/alerte-aux-ecrans-pour-les-enfants_5151417_1650684.html

    Dans la communauté scientifique, la référence à l’autisme passe mal. « Aucune étude scientifique convaincante ne permet d’établir un lien entre autisme et écrans aujourd’hui. Des parents peuvent être culpabilisés à tort », tempère Michel Desmurget, chercheur en neurosciences cognitives à ­l’Inserm. « En revanche, ce message est pleinement fondé sur les effets délétères des écrans sur les troubles de la relation, la mémoire, les apprentissages plus tard, les habiletés sociales, comme le montre la littérature scientifique. »

    Quid des autres effets potentiels des écrans ? Ceux de la télévision sur la santé physique et mentale sont documentés de longue date dans toutes les tranches d’âge. Quant aux écrans interactifs, ils sont associés à des troubles du sommeil, de l’attention, de la vision, des difficultés d’apprentissage, un déficit d’activité physique… chez les enfants d’âge scolaire et les collégiens. Moins nombreuses chez les tout-petits, les données ne sont guère rassurantes.

    Ainsi, une étude de la Canadienne Catherine ­Birken, présentée en mai dans un congrès, menée auprès de 894 familles avec un bébé âgé de 6 mois à 2 ans, conclut que plus un enfant passe de temps avec un smartphone ou une tablette, plus il est susceptible de développer un retard de langage. Pour chaque demi-heure supplémentaire passée par jour sur un appareil portable, le risque augmenterait de 49 %.

    Récemment, des chercheurs de l’université de Londres ont mesuré l’effet des écrans tactiles sur le sommeil d’enfants de 6 à 36 mois. L’étude, publiée dans la revue Scientific Reports en avril, a été réalisée en ligne, auprès de 715 familles. Premier constat : 75 % des 6-36 mois manipulent quotidiennement des écrans tactiles, et 92 % après 2 ans. Le temps quotidien de tablette est de 9 minutes chez les 6-11 mois, et atteint 45 minutes chez les 26-36 mois.

    L’impact est net sur le sommeil : les écrans tactiles allongent le temps d’endormissement et réduisent la durée du sommeil nocturne. Chaque heure d’écran tactile correspond à une baisse de quinze minutes du temps de sommeil, selon les auteurs, qui rappellent que « le sommeil joue un rôle important dans le neurodéveloppement et la plasticité synaptique [des liaisons entre neurones] ».

    Les Américains Brandon McDaniel et Jenny Radesky ont, eux, exploré les effets de la distraction des parents par des technologies, sur leurs jeunes enfants. C’est le concept de technoférence, définie comme des interruptions au quotidien de conversations ou du temps passé avec quelqu’un par les smartphones, tablettes, etc.

    L’étude, menée par questionnaire auprès de 170 familles avec un enfant de 3 ans, a été publiée le 24 mai dans la revue Child Development. 40 % des mères et 32 % des ­pères estiment avoir un usage problématique des smartphones. Et près d’un parent sur deux comptabilise en moyenne trois technoférences quotidiennes dans le temps passé avec son enfant.

    Le taux de troubles du comportement est plus élevé quand la mère se déclare technoférente, alors que ce n’est pas le cas si c’est le père. « C’est une étude intéressante, mais les effets semblent relativement faibles, tempère le pédopsychiatre Bruno Falissard. Peut-être que la vraie question est : pourquoi ces parents regardent-ils si souvent leur téléphone ou leur tablette, y compris quand ils sont avec leurs enfants ? Est-ce que ce n’est pas cela qui explique ­ensuite le problème d’interaction parent-enfant ? »

    #Ecrans #santé_publique

  • « La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique »
    http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2017/05/31/la-surexposition-des-jeunes-enfants-aux-ecrans-est-un-enjeu-majeur-d

    TRIBUNE. Nous, professionnels de la santé et de la petite enfance, souhaitons alerter l’opinion publique des graves effets d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans : smartphone, tablette, ordinateur, console, télévision.

    Lorsque nous interrogeons les ­parents, nous découvrons trop souvent la place centrale des écrans dans la famille. L’enfant est en contact permanent avec les écrans : de façon directe ou indirecte, quand un écran est allumé dans la pièce où l’enfant se trouve, ou lorsque le parent regarde son portable mais ne regarde plus son enfant.

    Nous faisons l’hypothèse que des enfants de moins de 4 ans, présentant des symptômes proches des TSA, vivent depuis leur naissance des expériences de « Still Face » répétées par manque de stimulation et d’échanges humains suffisamment continus.

    Un bébé pour lequel ne s’est pas constitué l’accordage primaire avec son ­parent, grâce auquel se synchronisent les regards, la voix et les gestes, ne peut se développer de façon normale. Il ne peut accéder à une conscience de soi et développer un langage humain de communication et d’échange avec l’adulte.

    #écrans #éducation #enfance