Le Club | Mediapart

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  • Ils sont épuisés (mais il paraît qu’ils ne travaillent pas encore assez) | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/francoise-guerin-psychologue-et-autrice/blog/170725/ils-sont-epuises-mais-il-parait-quils-ne-travaillent-pas-encore-asse

    Comme psychologue, j’entends mes collègues parler de leur épuisement. C’est épuisant d’écouter des humains se débattre, années après années, avec leur souffrance. C’est épuisant de les accompagner dans leur travail psychique. C’est gratifiant mais c’est usant. Parce qu’on a l’impression de participer à ce système qui broie les gens. On les répare un peu. Juste assez pour qu’ils fonctionnent. Qu’ils soient bons pour le service. Pour qu’ils restent productifs. Pour qu’ils créent de la richesse dont ils ne bénéficieront pas vraiment. On répare des blessures profondes avec quelques paroles. Un peu de scotch pour que ça tienne.

  • Ce que le capitalisme fait à nos vies...

    Les gens sont épuisés

    Ils n’ont pas pu garder leurs petits-enfants parce qu’ils travaillaient. Pas pu voler au secours de leur belle-fille malade, parce qu’ils travaillaient. Pas pu prendre le temps nécessaire pour accompagner leur père, leur mère et tous ceux qui les quittent déjà. C’est à peine s’ils auront la force de faire ces voyages dont ils ont tant rêvé. Parfois, ils se demandent s’il est juste que le travail ait occupé une telle place dans leur vie.

    Un enfant, un jour, m’a raconté qu’il se relevait la nuit, sans faire de bruit, pour jouer dans le noir. Jouer, c’est aussi crucial que respirer.

    https://blogs.mediapart.fr/francoise-guerin-psychologue-et-autrice/blog/170725/ils-sont-epuises-mais-il-parait-quils-ne-travaillent-pas-encore-asse

    #capitalisme

  • Soutien à Utopia 56 - l’Offensive !
    https://blogs.mediapart.fr/loffensive/blog/060725/soutien-utopia-56

    À Lille, Utopia 56 se concentre sur l’accompagnement et l’hébergement des mineur·es non accompagné·es. Lors du dernier conseil municipal, le PS s’est lâchement attaqué à l’association.

    Les mineurs en recours qui survivaient dans un square à Faches-Thumesnil, ont été mis à l’abri dans un bâtiment réquisitionné par la mairie de Faches, en lien avec la Préfecture, suite à une action de visibilisation des jeunes et de leurs soutiens. Comme à chaque fois, cette mise à l’abri concernait un certain nombre de jeunes à un instant T, mais chaque semaine de nouveaux jeunes se font remettre à la rue par le Département suite à la remise en cause de leur minorité.

    Depuis mai 2025, un nouveau camp de Mineurs Non Accompagnés (#MNA) en recours s’est donc inévitablement formé, avec de nouveaux jeunes, au parc Barbusse au Faubourg de Béthune. Coincé•es dans des démarches administratives interminables, laché•es par toutes les instances qui se renvoient la responsabilité de leur prise en charge dans l’illégalité la plus totale, ces jeunes sont encore une fois laissé•es sans aide institutionnelle et la responsabilité de solidarité portée par les associations et collectifs qui les suivent.

    Interpellée en conseil municipal le 20 juin à ce sujet par la conseillère verte Mélissa Camara, l’équipe municipale s’est couverte de honte.

    C’est Marie-Christine Staniec-Wavrant qui prend la première réponse. L’adjointe entre autres aux “Lutte contre les exclusions, Initiatives solidaires et hébergement d’urgence[...]” a dégainé une série d’accusations et déclarations mensongères. Sans que l’association ne soit mentionnée dans la question initiale, elle s’est lancée dans une diatribe contre Utopia 56.

    Elle accuse l’association d’instrumentaliser les jeunes, les ayant “ramené•es sur Lille parce qu’il ne se passe rien à Fâches”. Déjà, les jeunes concerné•es par le parc Barbusse ne sont pas les mêmes qu’à Fâches, dont le maire a été au bout de ce qu’il pouvait avec les moyens limités à sa disposition et qui continue à se battre pour trouver une solution au niveau de la MEL. Il reste que l’accusation n’est qu’un tissu de mensonges.

    (...) Mme Staniec-Wavrant a un plan : un fascicule qui liste les structures ouvertes… pour
    les majeurs ! Face à une urgence sanitaire aiguë, à la mairie, on gouverne avec des Powerpoint faux
    et inutiles aux concerné•es.

    #campements #PS

  • L’effacement poli des voix palestiniennes | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/muzna-shihabi/blog/030725/l-effacement-poli-des-voix-palestiniennes

    L’effacement poli des voix palestiniennes

    À chaque débat sur Gaza, les voix palestiniennes sont conviées pour témoigner, rarement pour penser. L’analyse reste l’apanage d’Israël, même critique. Ce texte interroge ce déséquilibre tenace et rappelle ceci : la Palestine n’est ni décor ni reflet. Elle mérite d’être pensée pour elle-même.

    Muzna Shihabi

    Ex-conseillère de l’OLP, responsable de développement au Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris.

    Il fut un temps où C ce soir m’avait contactée. On m’avait proposée comme intervenante pour parler de Palestine. J’étais encore salariée à l’époque, dans une de ces structures où la neutralité est brandie comme valeur sacrée, mais où l’engagement palestinien est suspect.
    Très vite, on m’a interdit toute visibilité publique. Trop politique, trop risqué, trop « Palestine ».
    Je me suis tue, contrainte. Mais quand cette même institution m’a licenciée, sous pression directe de réseaux sionistes en France, je suis revenue vers l’équipe de l’émission. Cette fois, j’étais libre. Et prête. Ils n’ont jamais répondu.

    Depuis, je les ai regardés faire. J’ai vu les débats sur Gaza, sur le « conflit », sur les morts par milliers. J’ai vu les visages invités à parler en notre nom. J’ai vu les Israéliens critiques, les personnes moralement tourmentées, les universitaires en quête de rédemption. Toujours les mêmes profils : modérés, digestes, empathiques. Jamais ceux qui parlent depuis la colonisation, toujours ceux qui parlent autour. Et surtout, et très souvent pas nous.

    Il y a une mécanique bien huilée derrière cette mise en scène. À la voix palestinienne, quand elle est tolérée, on attribue la douleur, l’émotion, le récit du deuil. À la voix israélienne, on confie la complexité. Nous incarnons, eux analysent. Nous parlons depuis les ruines, ils parlent depuis les hauteurs. Et dans cette division du discours, c’est toujours la parole israélienne qui cadre le récit, même lorsqu’elle se prétend critique.

    Ce dispositif n’a rien de neutre. Il relève d’un refus de la centralité palestinienne. Ce que beaucoup de médias français, C ce soir compris, peinent à accepter, c’est qu’il est non seulement possible mais nécessaire de parler de Palestine sans passer par Israël. Sans médiation. Sans contrechamp. Sans voix blanche pour rassurer l’auditoire.

    Car oui, inviter un Israélien sympathique à la place d’un Palestinien, ou pour le « contrebalancer », ce n’est pas un acte d’équilibre. C’est une forme d’effacement poli. Cela permet à la chaîne de se dire courageuse tout en gardant un pied dans le camp du pouvoir. Cela donne l’illusion du débat, tout en gardant la réalité du déséquilibre. C’est, en somme, une extension de l’occupation sur le plan du récit.

    Je ne suis pas une « invitée utile ».
    Je ne suis pas là pour incarner la douleur, pour servir de contrepoint à une conscience israélienne qui se veut tourmentée.
    Je suis une femme, une Palestinienne libre. Je ne partagerai pas un plateau où ma voix est conditionnée, instrumentalisée, scénarisée. Je ne viendrai pas « donner une autre perspective » dans un dispositif qui refuse, en amont, de reconnaître la mienne comme centrale.

    Ce que ces émissions peinent à admettre, c’est que le problème n’est pas qu’on parle trop d’Israël. C’est qu’on parle de la Palestine à travers Israël. Toujours. Comme si notre humanité avait besoin d’être encadrée pour être recevable. Comme si notre parole devait toujours être contrebalancée, tempérée, contextualisée. On nous demande des phrases précautionneuses, pendant que la violence se déchaîne sans syntaxe.

    Nous sommes nombreux, nombreuses. Palestiniens, Palestiniennes, dans l’exil ou sur la terre volée. Nous écrivons. Nous pensons. Nous filmons. Nous portons des récits complexes, puissants, lumineux. Mais il faut croire que cela n’intéresse pas les plateaux.

    À C ce soir, on continue de tourner autour du sujet comme on contourne une plaie mal fermée. On invite ceux qui font mine de regarder la violence en face, à condition qu’ils puissent aussi en détourner les yeux. On refuse la voix nue, parce qu’elle dérange.

    Mais le temps de la mise en scène est révolu.
    Nous n’avons plus à attendre qu’on nous tende un micro pour exister.
    Et s’il faut le dire autrement : nous ne sommes pas là pour jouer le rôle de la victime utile dans un théâtre médiatique où l’oppresseur, même repentant, tient toujours la vedette.

    Alors voilà. En septembre, les débats reprendront. Les mêmes visages. Les mêmes précautions oratoires. La même inquiétude feutrée devant ce qu’on persiste à appeler «  le conflit  ». Mais d’ici là, entre deux baignades ou une balade en montagne, peut-être qu’une pensée s’invitera, une pensée simple mais longtemps évitée : pourquoi la Palestine n’apparaît-elle jamais que sous le prisme d’Israël ? Pourquoi les voix palestiniennes sont-elles tolérées, à condition de ne pas déborder du cadre ?
    La Palestine n’est ni le miroir ni le contrepoint d’un autre récit. Elle est ce point fixe que l’on s’efforce de contourner, comme s’il ne pouvait être au centre.
    Réfléchissez-y, si le paysage vous le permet.
    Et surtout, bonnes vacances.

  • Si tu fais partie des vieux qui lisent le Point et qui regrettent de ne pas savoir utiliser ChatGPT, voici une bonne nouvelle : Le Point va t’imprimer ça directement dans le journal…

    Plan social au journal Le Point : l’IAcratie en marche
    https://blogs.mediapart.fr/collectif-le-point/blog/280625/plan-social-au-journal-le-point-liacratie-en-marche

    Afin de combler ses pertes, Le Point a donc choisi l’IA. Et la suppression d’un quart de ses effectifs. C’est un choix motivé par des raisons financières, mais la nature de ce choix, son ampleur et sa brutalité traduisent aussi tout autre chose. Et cette autre chose, au-delà de notre sort personnel, nous inquiète. Elle est le signe sans précédent d’une décision qui ne se réduit pas à des enjeux économiques. Elle signifie que ces enjeux n’ont été freinés par aucune autre considération. Les capacités d’éblouissement de l’IA, ses vertus supposément prodigieuses sont telles qu’elles relèguent dans l’ombre tout le reste. À commencer par le dialogue social, qui est attaqué dans ses fondements mêmes par la nature du PSE du Point et la façon dont il est conduit.

  • Quand les dirigeants se contentent d’ânonner le droit inaliénable de se défendre

    https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/140625/quand-les-dirigeants-se-contentent-d-anonner-le-droit-inalienable-de

    Les pays occidentaux, moyennant quelques larmes de crocodile et à quelques exceptions près, couvrent les violations systémiques du droit international par Israël. Le bombardement de l’Iran n’est qu’une spirale supplémentaire du mouvement qui nous entraîne dans le gouffre : celui de l’abjection et d’une déflagration générale qui ne nous épargnera pas.

    • Sur France 24 on parle d’une « ambigüité diplomatique » ...

      C’est à se demander sur quel pied danse la diplomatie de plusieurs États européens depuis les frappes israéliennes contre l’Iran, le 13 juin. Alors que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni s’attellent depuis des années à trouver une solution négociée avec Téhéran sur la question du nucléaire iranien, le trio européen a soutenu dès les premières heures de l’attaque le “droit” d’Israël “à se défendre” face à la République islamique.

      https://www.france24.com/fr/europe/20250617-guerre-isra%C3%ABl-iran-paris-berlin-et-londres-en-pleine-ambigu%

      Et l’on se mettrait presque à déplorer l’absence de « réelle autonomie stratégique » de l’Europe. En fait en matière de stratégie et de diplomatie, « les Européens », y sont carrément « failed » ...

  • Tous les jours on pense que les médias français ne pourrait pas tomber plus bas, et tous les jours on découvre une manipulation encore plus pitoyable que la veille.

    Alors qu’Israël mène depuis vendredi une attaque massive contre l’Iran pour empêcher la république islamique de se doter de la bombe atomique, un sondage* CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD révèle que 87% des Français ne souhaitent pas que l’Iran possède une arme nucléaire.

    https://www.cnews.fr/monde/2025-06-18/sondage-87-des-francais-ne-souhaitent-pas-que-liran-se-dote-de-larme-nucleaire

  • Protéger ou accabler ? Comment les demandeur·euses d’asile sont reçu·es en France | Ch.tam
    https://blogs.mediapart.fr/les-rendez-vous-de-mediapart/blog/120625/proteger-ou-accabler-comment-les-demandeur-euses-dasile-sont-recu-es

    La créatrice de contenu Ch.tam propose une série d’images pour expliquer le fonctionnement de l’Ofpra et ses nouvelles directives. Basé sur l’article de Nejma Brahim « l’Ofpra, la sécurité prend peu à peu le pas sur l’asile ». Source : Relevé sur le Net...

  • Appel à se mobiliser contre le salon du Bourget du 20 au 22 juin
    https://ricochets.cc/Appel-a-se-mobiliser-contre-le-salon-du-Bourget-du-20-au-22-juin-8475.html

    Du 16 au 22 Juin 2025 se déroulera la 55è édition du Salon International de l’Aéronautique et l’Espace au parc des expositions du Bourget, au nord de Paris. C’est l’un des plus importants salons d’armement au monde. Faisons front contre la guerre et le militarisme ! Du 20 au 22 juin, mobilisons-nous ! Contre l’économie de guerre Contre le business de la mort Contre la participation d’Israël au salon La France, qui est désormais le 2è plus gros vendeur d’armes de la planète, organise, du (...) #Les_Articles

    / #Résistances_au_capitalisme_et_à_la_civilisation_industrielle, #Luttes_sociales

    https://www.instagram.com/guerre.alaguerre
    http://www.guerrealaguerre.net
    https://padlet.com/stoparmingisraelfrance/stop-arming-israel-france-smlj5i3burhikad3/wish/PVKBQO1LEYxMWj5x
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/090425/non-la-presence-d-israel-au-salon-du-bourget-2025
    https://contre-attaque.net/wp-content/uploads/2025/06/clipV4.mp4

  • La victimisation secondaire expliquée par Hellogrise

    Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Gérard Depardieu à 18 mois de prison avec sursis pour les agressions sexuelles de deux femmes sur le tournage du film « Les Volets verts » en 2021. La victimisation secondaire, liée à la stratégie de défense, est également reconnue. Retour sur cette condamnation symbolique.

    https://blogs.mediapart.fr/les-rendez-vous-de-mediapart/blog/050625/la-victimisation-secondaire-expliquee-par-hellogrise

    #droit #feminisme

  • L’annulation du concert de Médine à Saint-Quentin est une censure politique inacceptable

    Sous « le prétexte fallacieux de l’intérêt général », un concert de Médine prévu à Saint-Quentin a été annulé arbitrairement par la municipalité. De nombreuses personnalités artistiques et politiques, des militants et des associations dénoncent « une atteinte grave à la liberté d’expression et un acte de censure politique inadmissible dans une démocratie. » Ils et elles demandent la reprogrammation du concert.

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/130625/lannulation-du-concert-de-medine-saint-quentin-est-une-censure-polit

    #france

  • L’#Italie et le transfert des migrants en #Albanie : le laboratoire et les cobayes

    Les gouvernements italien et albanais ont collaboré pour ouvrir deux centres, à #Shëngjin et à #Gjadër, destinés au #transfert_forcé, à la #détention et au #rapatriement des migrants arrivés en Italie. Ce laboratoire d’#externalisation des frontières, observé avec intérêt par d’autres pays, a un précédent : les #navires_de_quarantaine utilisés pendant la pandémie de Covid-19.

    En novembre 2023, les gouvernements italien et albanais ont signé un #accord selon lequel que les migrants et migrantes secourues par les autorités italiennes en mer Méditerranée ne sont pas conduits vers un port italien, mais en Albanie, où on a ouvert de centres de détention, d’#identification et d’#expulsion et de rapatriement. Dans les récits et les analyses, y compris les plus critiques, de la création de ces centres, on dit souvent qu’il s’agit d’un #laboratoire : avant tout, un laboratoire pour les politiques répressives et autoritaires d’Europe et d’ailleurs. On pourrait se demander laboratoire pour quoi, laboratoire pour qui, et avec le consentement de qui. Ou plutôt, on pourrait partir d’un postulat fondamental : que les laboratoires supposent généralement des cobayes.

    Le cas des centres extraterritoriaux albanais voulus par le gouvernement de Giorgia Meloni est en train de devenir un « #modèle » pour d’autres pays européens. Pourtant, ils ne sortent pas de nulle part. Ils sont eux aussi issus d’autres laboratoires. Plus précisément, d’autres tentatives d’#externalisation des frontières et de la gestion de ses migrants et demandeurs d’asile. Cependant, tout cela ne doit pas faire oublier que, tandis que les laboratoires procèdent habituellement par hypothèses potentielles, pour les personnes concernées, les mécanismes de #rétention, de #concentration et d’#exclusion sont tout sauf hypothétiques : elles les vivent en ce moment même, en cette heure.

    Du laboratoire au modèle

    En 2006, Ismaïl Kadaré avait intitulé l’un de ses derniers essais « L’identité européenne des Albanais ». On peut se demander si ce grand écrivain albanais, qui avait publié la plupart de ses œuvres sous une dictature si répressive, n’aurait jamais pu imaginer que l’Union européenne et l’Albanie seraient aujourd’hui liées par une tentative ambiguë d’externalisation de ces mêmes frontières européennes que Kadaré a vu changer au cours de sa vie.

    En octobre 2024, le gouvernement italien avait déclaré avoir achevé la construction d’un centre de détention pour migrants à Gjadër, en Albanie. Ce centre avait été ouvert en octobre dernier et était initialement destiné à accueillir des demandeurs d’asile secourus en mer et provenant de pays considérés comme « sûrs » par le gouvernement italien et l’Union Européenne. Mais les centres construits par l’Italie en Albanie n’avaient encore jamais fonctionné, car les tribunaux italiens n’ont jamais confirmé la détention des trois groupes de demandeurs d’asile qui y ont été transférés.

    Pourtant, le 11 avril 2025, alors que plusieurs centaines de migrants débarquaient à Lampedusa, une quarantaine de migrants, transférés depuis différents centres de rétention italiens, sont partis de Brindisi, dans les Pouilles, et arrivés dans le port et « #hotspot » albanais de Shëngjin, avant d’être emmenés au centre de Gjadër. Un mois plus tard, le 15 mai dernier, la Chambre des députés italienne a voté la #loi visant à transformer officiellement les centres albanais en « #centres_de_rapatriement ».

    Pour ces personnes migrantes, le passage du statut de « transféré » à celui de « détenu » a été immédiat et injustifié. Tout s’est déroulé dans l’opacité la plus totale. Selon un communiqué d’un réseau d’associations, des sources gouvernementales ont déclaré que les personnes transférées constituaient un « #danger_social » et avaient commis des délits, mais rien de tout cela n’a été prouvé. Le caractère punitif du projet albanais est donc évident. Certaines de ces personnes ont découvert qu’elles allaient être transférées en Albanie au moment même où elles sont arrivées, souvent menottées. Aucune information, aucun avertissement, aucune mesure officielle. Cela nous ramène à la dimension de modèle : comme le souligne l’Association italienne d’études juridiques sur l’immigration dans son rapport, cette affaire marque en effet un tournant dans les politiques migratoires et de gestion des frontières, ouvrant la voie à des scénarios inédits dans le contexte européen.

    Le précédent des #navires-quarantaine

    Pourtant, ce laboratoire italo-albanais n’est pas sorti de nulle part. Les pratiques d’#externalisation_des_frontières sont une caractéristique récurrente du régime actuel de gestion des migrations qualifiées d’« illégales » – et aussi, de plus en plus souvent, de « légales », comme nous le constatons par exemple aux États-Unis ces derniers mois. Un exemple parmi d’autres, ou plutôt des précurseurs : les centres de détention pour demandeurs d’asile ouverts en 2001 par le gouvernement australien sur les îles de Manus et de #Nauru. Dans le même temps, je pense qu’il est important de se pencher en priorité sur un exemple interne, européen, qui concerne à nouveau le gouvernement italien, avant même l’arrivée du gouvernement de #Giorgia_Meloni : il s’agit des navires de quarantaine mis en service pendant l’épidémie de #Covid-19.

    Le 7 avril 2020 le gouvernement italien publie un #décret dans lequel il déclare que les ports italiens ne devaient plus être considérés comme des « #POS#Place_of_safety ». Peu de jours après ce décret, en collaboration encore une fois avec la Croix-Rouge italienne, le système de navires-quarantaine a été mis en place et rapidement rendu actif, à travers de nombreuses #dérogations et #exceptions légitimées par l’#urgence_sanitaire. Le premier navire a levé l’ancre le 7 mai 2020. Immédiatement après, cinq autres grands navires sont affrétés et immédiatement mis en service.

    Exactement comme dans le cas des centres albanais, il n’y a jamais eu de communication officielle aux individus, qui n’ont même pas eu la possibilité d’un contact avec le monde extérieur. En outre, de nombreuses personnes contraintes d’embarquer sur des navires-quarantaine ont été soumises à l’obligation de quitter le territoire italien immédiatement après la fin de leur période d’isolement sur le navire en question, sans la possibilité de demander l’asile ou le regroupement familial. Les navires-quarantaine devenaient alors non seulement des centres d’expulsion externalisés et informels, mais aussi des espaces de droits suspendus : le confinement sur une base sanitaire se transformait immédiatement en un outil de gestion des frontières profondément ambigu. Ce que le gouvernement italien a pu faire sous prétexte de pandémie et de biosécurité, il tente désormais de le faire plus ouvertement à travers les centres albanais.

    Les #cobayes, c’est nous

    Les politiques migratoires sont classiquement un laboratoire d’expérimentation de pratiques et de normes à vocation autoritaire. Le cas des centres italiens en Albanie accélère ce processus. Tout cela repose avant tout sur le principe du chantage exercé sur les personnes classées comme migrants « illégaux » : désormais, tout migrant faisant l’objet d’un ordre de retour arbitraire et extrajudiciaire pourra être envoyé en Albanie et y être détenu.

    Ce qui est préoccupant dans cette dimension d’exemple ou de laboratoire, et de leur triste efficacité réelle, c’est qu’il ne s’agit ni d’une hypothèse, ni d’un projet lointain dans le temps. Pour revenir aux navires-quarantaine, il faut noter comment, pendant la pandémie, l’exemple italien a effectivement été suivi par certains : le navire #Bibby_Stockholm mis en place à l’été 2023 par le gouvernement britannique pour le confinement des demandeurs·euses d’asile, par exemple ; ou la proposition du maire de New York, Eric Adams, d’utiliser des #navires_de_croisière comme « solution créative » pour les supposées « vagues de migrants » arrivées dans la ville au cours des mois précédents. Et c’est déjà le cas pour les centres albanais. Pendant sa visite récente en Albanie, Keir Starmer, premier ministre britannique, vient de déclarer : « Nous négocions actuellement avec plusieurs pays au sujet des centres de rapatriement, que je considère comme une #innovation vraiment importante. » Il appelle ces centres « #return_hubs ».

    Face à la facilité avec laquelle ces types d’exemples répressifs sont aujourd’hui suivis et se propagent, il est nécessaire de rester vigilant et de se rappeler que, dans des situations où ces droits fondamentaux sont bafoués et où des personnes qui n’ont commis aucun crime sont soumises à des traitements inhumains et dégradants, le terme « laboratoire » s’avère alors pertinent : mais les cobayes de cette expérimentation sont nos démocraties, et nous tous et toutes.

    https://blogs.mediapart.fr/carta-academica/blog/060625/l-italie-et-le-transfert-des-migrants-en-albanie-le-laboratoire-et-l

    sur les #navi_quarantena :
    https://seenthis.net/messages/866072

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    ajouté à la métaliste sur l’#accord entre #Italie et #Albanie pour la construction de #centres d’accueil (sic) et identification des migrants/#réfugiés sur le territoire albanais...

    https://seenthis.net/messages/1043873

  • La République des suspects | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/yazid-sabeg/blog/260525/la-republique-des-suspects


    #Racisme d’État #fascisme

    C’est une tradition française : quand on ne sait plus penser, on classifie. Et quand on ne sait plus nommer, on imite. Le “rapport Retailleau” n’échappe pas à cette règle : il est au savoir ce que les “Protocoles des Sages de Sion” furent à l’histoire – un faux, une affabulation, un acte d’accusation collective reposant non sur des faits, mais sur des fantasmes. Ce texte n’analyse pas : il postule. Il n’observe pas : il projette. Il ne démontre rien : il incrimine tout. Il recompose un complot à partir d’une visibilité, une stratégie à partir d’un curriculum vitae, une menace à partir d’un prénom. Et tout cela avec l’autorité d’un bulletin de la DGSI écrit par un stagiaire en panique.

    On y retrouve tous les ingrédients du faux classique : des sources non nommées, des citations tronquées, des trajectoires individuelles reliées par des flèches rouges, des concepts importés sans critique. Et pour faire sérieux : une couche de lexique anthropologique, ce cache-misère des impostures savantes. Est invoquée la “taqîya”, ce terme tordu, rabâché par les plateaux télé d’extrême droite, pour expliquer que les musulmans cacheraient leur projet de subversion derrière une façade de citoyenneté paisible. On a connu les Juifs faussement assimilés, on a désormais les musulmans faussement républicains.

  • Rage against the racism. Prendre le temps de penser, s’armer avec les sciences sociales

    « It’s raining haine miskina » - Les moules s’en frittent

    Dans le contexte actuel d’attaques contre les personnels de l’université sur les questions de #discrimination ainsi que contre les militantes et militants qui luttent sur ces questions, nous souhaitons donner des éléments de compréhension de ce qui se joue dans notre université suite à la #censure par le président de l’UGA d’œuvres d’art sur notre campus.

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    Signer la pétition intersyndicale : pour le rétablissement de l’intégrité de l’œuvre artistique réalisée par les étudiants et personnels de l’UGA pendant le « #Mois_de_l’égalité », exposée dans la galerie des amphithéâtres du bâtiment Pierre Mendès France :
    https://mobilisation-uga.ouvaton.org/2025/05/21/petition-pour-defendre-la-liberte-dexpression-a-luga
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    Très récemment, l’#UNI, soutenue par des médias d’extrême droite (CNews) et de droite réactionnaire (Le Figaro), s’est offusqué de l’affichage (sous forme de stickers) de messages construits et produits lors d’activités organisées pour le mois de l’Égalité. L’UNI a aussi annoncé avoir porté #plainte contre l’Université. Le président a décidé suite à cela de faire retirer certains de ces stickers qui selon lui « sont incompatibles avec les #valeurs et les #principes républicains que l’université incarne ».


    Le communiqué du président, puis son message à tous les personnels, relayé à sa demande expresse dans certaines structures (notamment plusieurs laboratoires), soulève plusieurs questions de fond, notamment quant aux « valeurs » et aux « principes » mentionnés.

    Quelles sont ces « valeurs » et « principes » qui sont mentionnés, mais jamais définis explicitement par le président ?

    Qui décide, et comment, quelles sont ces « valeurs » ? Est-on sûr·es qu’elles soient largement partagées dans notre communauté universitaire ?

    Comment ces valeurs sont-elles censées être mises en œuvres, sans réponse à ces premières questions ?

    Les décisions prises, de communications, et de censures de certains messages, ont été prises sans consulter aucune instance représentative. Au vu du contenu des écrits du président, on peut aussi légitimement se demander si les personnels et services compétent·es ou expert·es de ces questions ont bien été impliqué·es ou au moins consulté·es pour ces décisions et communications.

    Dès les premiers articles parus dans les médias, et en prévention d’éventuelles réactions irréversibles, la CGT a pris contact avec le président avant que les messages ne soient enlevés, et s’est rendue disponible pour échanger avec lui sur ces questions que l’on sait sensibles. Cet échange n’a finalement pas pu avoir lieu. Les méthodes de communication du président, qui choisit lui-même, plutôt que le dialogue apaisé, de diffuser au maximum sa propre analyse, nous contraint à des modes d’échanges publics que nous regrettons, mais qui nous paraissent nécessaires pour rétablir un peu d’équilibre et de pluralisme dans l’analyse de la situation.

    Voici donc quelques clés pour vous faire une idée par vous même, loin des discours réducteurs et simplistes.

    Prenons par exemple l’accusation de « #racisme_anti-blanc », lancée sur CNews en particulier.

    Le #racisme kesako ?
    À part pour les personnes qui militent ou qui se forment sur ces questions-là, la question peut sembler absurde. Voyons, nous savons toutes et tous ce que c’est que le racisme ! Sauf que c’est un peu plus compliqué que ce qu’on peut penser au premier abord.

    Si on pense que le racisme c’est insulter une personne pour ce qu’elle est, alors oui tout le monde peut en être victime. Cela semble simple… sauf que. Nous y reviendrons plus bas.


    En revanche, si on considère le racisme par ses conséquences sociales ou par le biais de la statistique, alors tout d’un coup les choses changent. En effet, statistiquement, en France, les personnes qui sont discriminées dans l’accès au logement, l’accès au travail, l’accès aux stages, le droit à la santé, ou les personnes victimes d’agressions racistes ou des violences policières, ce sont les personnes identifiées comme noires, arabes, musulmanes, juives, roms ou asiatiques [1]. Pas les personnes perçues comme blanches.

    Cela ne veut pas dire que ces dernières ne vivent pas des situations sociales difficiles mais être non-blanc·he implique un risque largement accru de vivre des #discriminations et des #violences_sociales.

    Revenons sur la question des insultes et du fameux « racisme anti-blanc » si cher à l’extrême-droite.

    Statistiquement, ce racisme en direction des blancs est inexistant. Par exemple, il est socialement toujours avantageux d’être identifié comme blanc pour trouver un logement ou un emploi.

    Quelques repères pour comprendre certains concepts
    Personne racisée : il s’agit non pas de dire que ces personnes sont d’une race différente mais bien de dire qu’elle subissent une assignation à l’appartenance à un groupe supposé (« les noirs », « les arabes » par exemple) et aux #représentations_racistes qui y sont attachées.

    Blanc : utiliser les termes « noir » ou « asiatique », etc, qui renvoie à une caractéristique biologique floue (couleur de peau, forme du visage, …), ou à une origine supposée, peut sembler étrange pour des militants de l’#anti-racisme. Sauf que cela recouvre des réalités sociales de discrimination et de violence. L’utilisation du terme « blanc » est une façon de renvoyer les personnes non racisé·es à leurs caractéristiques pseudo-biologiques, comme pour les personnes racisées. Sauf que dans ce cas, cela ne recouvre pas des réalités de #discriminations.

    #Privilège_blanc : les avantages qu’ont les blancs dans les différentes sphères (accès au logement, à l’emploi etc) en comparaison des personnes non blanches, sans qu’ils ou elles s’en rendent compte. On peut de la même façon parler de #privilège_masculin pour parler de la question féministe, de #privilège_bourgeois pour parler de déterminisme social, de #privilège_valide pour parler du handicap, de privilège lié à l’âge, etc.

    #Intersectionnalité : l’idée ici est de dire que ce que subit une personne discriminée par plusieurs critères n’est pas la simple addition de chacun des effets associés. Par exemple, ce que subit comme violence sociale une femme noire n’est pas la simple addition des violences racistes et des violences sexistes. Le monde n’est pas linéaire, les représentations complexes.

    #Racisme_structurel : on utilise cette expression quand un effet raciste est fortement ancré dans la société. Il n’est pas forcément la conséquence d’une intention directe mais peut aussi l’être d’une façon d’organiser la société, un procédé administratif, etc. et de représentations racistes établies. On peut aussi parler de sexisme structurel, de validisme structurel, etc.

    #Woke : c’est aussi l’occasion de rappeler ici que le terme woke est utilisé depuis longtemps aux États-Unis, qu’il désigne simplement pour les personnes victimes de racisme le fait de rester éveillées sur ces questions et de ne rien laisser passer. Ce n’est en rien une théorie, juste un slogan pour la mobilisation et la vigilance.

    Murs blancs, peuple muet

    Revenons sur les #stickers, créés dans le cadre d’un #atelier organisé à l’occasion du mois de l’égalité, stickers qui ont été tant décriés par l’UNI et les médias de droite réactionnaire et d’extrême droite. Les réactions de ces médias servent le programme politique de l’#extrême_droite qui se présente aujourd’hui comme anti-raciste et premier rempart contre l’antisémitisme, alors que les liens des partis concernés ou des propriétaires de ces grands médias avec les mouvements néonazis ou ouvertement racistes, homophobes et sexistes sont parfaitement établis.

    Mais il n’est pas inutile, pour les personnes non spécialistes et honnêtes intellectuellement, de donner quelques clés de lecture de certains des stickers incriminé.

    Parmi les 32 messages initiaux, collés lors de l’atelier, et qui sont restés un mois et demi sur les vitres, seuls 16 restent intacts à l’heure actuelle. Les 16 autres ont donc été soit effacés à la demande du président, soit vandalisés. Le président n’ayant pas précisé quels messages étaient « incompatibles avec les valeurs », difficile de connaître le responsable réel de l’effacement de chaque message ; reste que nous faisons le lien entre la #censure_institutionnelle largement revendiquée, qui ouvre la porte au #vandalisme des messages restants.

    Voici les phrases qui ont été retirées :

    – « La Terre est monochrome comme un arc-en-ciel, le racisme est juste blanc »
    – « Le monde a mal, normal, il est dirigé par des blancs et des mâles. »
    – « Le bruit et l’odeur de la lacrymo et de la peur, dans les quartiers où les fachos sont passés. »
    – « Halal z’enfants de la patrie »
    – « J’aimerais grand remplacer le gouvernement français »
    – « Il était une fois des corps de mille couleurs illuminant le ciel d’un nuage iridescent les cœurs » (waaaa <3)
    – « Les fascistes c’est comme les enfants, c’est mieux chez les autres »
    – « Toutes les soirées en amphi mais pas de diplôme à la sortie. Qui suis-je ? » (à l’envers, en-dessous : « Le personnel de ménage »)
    – « Ce n’est pas du racisme, c’est une question de culture mais ce sont eux qui font votre couture »
    – « La pookie dans le faf »
    – « Aux échecs comme dans la vie, les blancs ont un coup d’avance »
    – « Racines emmêlées qui renvoient à une même forêt »
    – « Le bruit hait l’odeur »
    – « C’est le travail d’arabe qui a construit Versailles »
    – « L’amour est enfant de Bohème mais on les a mis dans des HLM »

    Sur ces 15 messages seuls 3 parlent explicitement des « blancs » ; les actions de censure ou de vandalisme visaient donc plus largement certains messages du fait de leur simple caractère politique.

    Ces messages nous inspirent ces quelques explications ou interprétations possibles, forcément partielles et partiales, comme le sera toute interprétation de messages à portée artistique.

    La notion de « #hiérarchie_des_races » a été inventée en Europe au moment où celle-ci a commencé à conquérir le monde. Nos plus grands penseurs de la Renaissance et des Lumières, que nous adorons citer, nos penseurs et scientifiques des 18ème, 19ème et 20ème siècles ont produit des textes d’un racisme incroyable, justifiant la domination coloniale et esclavagiste ainsi que l’antisémitisme par des #théories_racistes. C’est une production de notre civilisation européenne et il faut bien le reconnaître. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de violence ou d’#esclavage avant. Mais la théorisation de la #hiérarchisation_des_races comme justification à ces violences, c’est chez nous, européens. Cela appartient à notre civilisation. Et cela a permis de justifier les pires horreurs, de l’extermination quasi complète des peuples autochtones d’Amérique, l’esclavage des peuples noirs d’Afrique pour remplacer cette population, les massacres de la colonisation comme à Madagascar, en Algérie, en Indochine comme dans toutes les colonies qu’elles soient françaises ou pas, et bien évidemment la solution finale nazie contre les juifs et les roms. En ce sens, le racisme est blanc.

    Le racisme au sens de domination sociale est produit et maintenu par les dominants, les décideurs. Or dans nos sociétés européennes, très majoritairement, les dominants sont blancs. En ce sens, le racisme est (majoritairement) blanc.

    Même lecture sociale : en France comme dans de nombreux pays qui dominent économiquement, ceux qui dirigent font partie des catégories privilégiées : des blancs, des #hommes, CSP+ qui n’ont aucun intérêt objectif à voir les choses s’améliorer pour les autres. Et la lutte pour l’égalité passe bien évidemment par la question démocratique, la question de la légitimité de nos représentants (voir leurs catégories socio-professionnelles, leur genre, leur couleur, leur age, ...) ainsi que des ministres qui sont par exemple très nombreux à être millionnaires.

    Il s’agit de dénoncer le racisme comme phénomène social et structurel. Le privilège blanc.

    Pour en revenir au contexte


    Le racisme est bien du côté de l’UNI dont plusieurs de ses membres ont soutenu des candidats aux élections objectivement racistes et parfois multi-condamnés pour cela, ou qui sont aussi membres de partis d’extrême droite.

    Le racisme est dans le camp du RN et de Reconquête qui utilisent des signes distinctifs de ralliement appelés #dog_whistles (https://blogs.mediapart.fr/ilkor/blog/211222/les-dog-whistles-des-extremes-droites-liste-non-exhaustive) pour continuer à communiquer et militer avec les pires militants néonazis et racistes.

    Le racisme est du côté du #ministre_de_l’Intérieur qui désigne systématiquement les musulmans comme la source de tous les maux.

    Il est du côté du président de la République qui laisse depuis des mois les Palestiniens se faire massacrer sans réagir sérieusement, et laisse depuis des années les migrants crever en Méditerranée et dans l’Atlantique en laissant les ONG agir dans des conditions déplorables.

    Dans notre Université, le choix du Président de qualifier de non conforme à nos valeurs les stickers cités plus haut, les retirer, sans en faire l’analyse, sans discuter avec le groupe qui les a créés, est un cadeau fait à l’UNI et à l’extrême droite, ainsi qu’aux médias tenus par celle-ci. C’est un manque de respect et de solidarité avec les personnels et les étudiant.es qui ont passé du temps à travailler pour produire ces œuvres, et à qui nous apportons tout notre soutien. C’est une porte ouverte aux prochaines attaques racistes et réactionnaires qui ne manqueront pas de venir.

    –---

    [1] Pour creuser la question, de nombreux travaux et études sont disponibles : voir par exemple le dossier « Racisme et discrimination » de l’Ined (https://www.ined.fr/fr/ressources-methodes/etat-de-la-recherche/racisme-et-discrimination), les rapports de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) (https://www.cncdh.fr/actualite/cncdh-publie-le-rapport-2023-lutte-contre-racisme-antisemitisme-xenophobie), le guide de ressources UGA « Lutter contre le racisme et l’antisémitisme » (https://www.univ-grenoble-alpes.fr/lutte-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme/guide-de-ressources-de-lutte-contre-le-racisme-et-l-antisemitism), l’enquête « ACADISCRI : Inégalités de traitement, conditions d’étude et de travail dans l’enseignement supérieur et la recherche (https://acadiscri.hypotheses.org).

    https://cgt.fercsup.net/syndicats/auvergne-rhone-alpes/universite-de-grenoble/uga/article/rage-against-the-racism-prendre-le-temps-de-penser-s-armer-avec-les-sci

    #UGA #Université_grenoble_alpes #petite_poissonne #tags #graffitis #art #oeuvres_d'art #ESR #universités #France

    ping @karine4

  • Édition : les trois-quarts du secteur entre les mains de cinq grand groupes - Basta !
    https://basta.media/edition-trois-quarts-du-secteur-entre-les-mains-de-cinq-grands-groupes-Boll

    Comme pour les médias, l’édition souffre d’un grave problème de concentration : cinq groupes détiennent trois quarts du secteur. On y retrouve aussi #Bolloré parmi les puissants propriétaires. Mais les éditeurs indépendants ne baissent pas les bras.

    https://blogs.mediapart.fr/desarmer-bollore/blog/170525/ne-laissons-pas-bollore-et-ses-idees-dextreme-droite-envahir-les-man
    Déborder Bolloré, ouvrage collectif, coédition collective, 2025
    https://dev.deborderbollore.fr/le-recueil
    #éditions #librairie #imprimeureuses

  • Alors que l’espace médiatique est saturé de polémiques permanentes, à bas bruit, depuis quelques mois, les textes-cadres du système éducatif français sont remplacés : programmes, socle commun, référentiel de compétences professionnelles, réforme de la formation initiale.
    Ces changements sont loin d’être anecdotiques, parfois porteurs de choix idéologiques forts. Aboutissement de la politique initiée par Blanquer en 2017, ils vont modeler en profondeur l’Éducation en France pour au moins la prochaine décennie.
    Vous trouverez ci-dessous une tribune sur le projet de nouveau référentiel métier afin d’ouvrir un débat qui n’est mené nulle part.
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/200525/former-des-profs-ou-dresser-des-machines
    Merci pour votre attention.

    • Ce qui justement fonde la « liberté pédagogique », au-delà des critiques qui lui sont faites, c’est que l’éducation n’est pas une technique, mais une pratique, constamment ouverte à la réflexion collective, sociale et éthique : elle relève de l’éthique de la transmission plutôt que de l’efficacité et du fonctionnement. Comme c’est écrit dans le cadrage actuel de la formation des enseignants, l’enseignant est un « praticien réflexif », qui questionne et modifie ses pratiques à partir de la situation.

      Or, l’éthique de la transmission se transmet... à condition de mettre au programme de la formation des enseignants, non seulement de la psycho-pédagogie, mais de l’histoire, de la philosophie et de la sociologie de l’éducation. En imposant un modèle unique d’explication de l’apprentissage, le référentiel fait l’impasse sur toute forme de recul socio-historique, comme de questionnement philosophique au sujet des finalités et des valeurs de l’école, allant même jusqu’à supprimer les mots de liberté, égalité et fraternité, ainsi que le terme de laïcité. En revanche, l’efficacité est partout. Mais quelle efficacité ? Qu’est-ce que faire « réussir les élèves » ? Quel humain veut former l’école ? Pour quelle société ? Des questions comme celles-ci se poseront toujours, quel que soit l’éclairage qu’un modèle scientifique ou un autre apporteront sur la manière dont l’enfant apprend. Car la mission de l’école n’est pas de former des robots efficaces et performants, capables de répondre aux impératifs compétitifs du marché, mais des citoyens pensant le monde, sa finitude, ses défis, et se sentant responsables de son avenir.

      Ce texte n’est pas un simple référentiel ; c’est un projet de société. Et il faut le dire clairement : nous ne voulons pas d’une école où les professeurs seraient réduits à des opérateurs d’une machine à apprendre. Dans le contexte du développement de l’intelligence artificielle générative, qui menace la formation de l’intelligence humaine, ce référentiel de compétences est particulièrement inapproprié. Évacuer de la formation des enseignants toute forme de pensée véritablement réflexive, ancrée dans la longue durée et la connaissance du passé, ainsi que dans l’expérience vécue, singulière, relève au pire d’un projet mortifère, au mieux d’une naïveté coupable. Espérons qu’il reste au fond d’un tiroir ! Les défis écologiques et sociaux nécessitent des approches humbles, ouvertes, fines, sensibles, créatives. Nous voulons une école vivante, exigeante, démocratique. Et nous avons besoin de professeurs libres, formés, critiques, capables d’agir en conscience dans un monde qu’ils contribuent à transformer.

    • Le #réforme_permanente est particulièrement bien vu.
      C’est en effet le cas, au point que le Ministère n’arrive plus à consolider les textes qui cadrent le métier et à maintenir en ligne un « prescrit » cohérent. C’est le cas des programmes par exemple où il n’y a pas de documents mis à jour. Par exemple un·e débutant·e qui serait nommé·e en CE2 devrait télécharger le programme d’enseignement 2020, puis enlever les parties Maths/Français pour aller chercher le pdf du programme Maths/Fr publié il y a un mois et applicable à la rentrée 2025. Puis enlever la partie EMC pour récupérer le pdf du programme d’EMC publié en 2024 et applicable progressivement de la rentrée 2024 à la rentrée 2026 (pour les CE2). Puis lui adjoindre les éléments du pdf concernant l’EVARS publié il y a quelques mois applicable à la rentrée 2025.
      Le programme "toutes disciplines" de 2020 est structuré sur des attendus de fin cycle donc pluriannuels (il y a 4 cycles de la maternelle au collège).
      Les nouveaux programmes sont structurés sur des attendus de fin d’année scolaire.
      Le nouveau socle est structuré sur 2 niveaux : fin d’élémentaire puis fin de collège.
      Il faut un niveau expert pour s’y retrouver et tenter de construire son enseignement...

    • D’accord aussi avec l’extrait cité et « c’est un projet de société ». Les dernières réformes et changements « techniques » récents n’ont donné lieu à aucun débat de fond. Ce ne sont pas des ré-ajustements, c’est une réorientation de fond du système scolaire tel qu’il s’est structuré depuis 1989.
      Il est perfectible c’est certain, sans doute même à repenser structurellement mais pas sans débats, sans un minimum de consensus. Et certainement pas sur la base de l’idéologie à l’œuvre depuis 2017, portée par Blanquer, et pilotée depuis l’Élysée au-delà de la foule des ministres « de paille » qui ont succédé à Blanquer.
      Ce qui m’inquiète le plus c’est l’absence de débats et l’invisibilité totale qui accompagnent ces changements significatifs.