Entre déclassement réel et préjugés fantasmés, cette France rurale qui se réfugie dans l’illusion du vote Le Pen

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  • Un paysan tué par les gendarmes : la pression des contrôles sanitaires en question
    https://www.bastamag.net/Un-paysan-tue-par-les-gendarmes-la-pression-des-controles-sanitaires-en

    Un agriculteur a été tué par des gendarmes le 20 mai à Sailly, en Saône-et-Loire, alors qu’il tentait de prendre la fuite. Jérôme Laronze, éleveur de bovins âgé de 37 ans, faisait l’objet d’actives recherches depuis le 11 mai. Ce jour-là, des inspecteurs des services vétérinaires de la Direction départementale de la protection de la population (DDPP) se rendent dans sa ferme, accompagnés de forces de l’ordre. Selon les premiers éléments de l’enquête, Jérôme Laronze « fonce » alors avec son tracteur sur les (...)

    En bref

    / #Agriculture, #Conditions_de_travail

    • Perso, je relativisme la violence que « subissent » les agriculteurs par rapport à celle qu’ils sont habitués à infliger aux autres, avec la parfaite conscience de leur impunité.
      Comme je le rapportais récemment, on a régulièrement des groupes d’agriculteurs qui vandalisent délibérément des biens publics ou communs, qui menacent avec leurs fusils ceux qui ne leur plaisent pas et qui ne reçoivent aucune sanction en retour.
      Leur laisser un sentiment d’impunité aussi fort est une très mauvaise chose : la preuve, le gars s’est senti légitime à tenter d’écraser non seulement d’autres personnes, mais carrément des représentants de la loi.

      Et quand tu vois comment certains se permettent de bosser, heureusement qu’il y a des contrôles sanitaires !

    • Oui bien d’accord avec toi @monolecte l’article fini par rappeler quant même ce que tu dit ;

      Ce drame qui touche le monde paysan et illustre un terrible défaut d’accompagnement, ne doit pas faire l’impasse sur les conditions de travail des contrôleurs. Le 2 septembre 2004, un contrôleur du travail et un agent du service de contrôle de la Mutualité sociale agricole, Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, ont été assassinés par un agriculteur lors d’une inspection dans une exploitation agricole, à Saussignac en Dordogne. Plus récemment, le 17 février 2016, une jeune conseillère agricole a été tuée par un éleveur à Mayran, dans l’Aveyron, lors d’une visite sanitaire dans l’exploitation laitière.

    • Ah mince, c’est étrange cette « relativisation ». On parle d’un travailleur tué par la police, en fuite pour s’être interposé à des contrôles de la bureaucratie du ministère de l’Agriculture.

      Dirait-on qu’on relativise la violence subie par les agents EDF parce que certains font mal leur boulot, voire imposent des compteurs Linky ? Et il y aurait d’autres comparaisons à faire avec les violences policières...

      Le contrôles sanitaires ne sont pas un obstacle aux saloperies de l’agro-industrie, ils visent en premier lieu à faire entrer les petits et moyens dans le système décidé pour les gros, ou à les faire disparaître.

      La violence rendue d’une personne isolée qui se sent opprimée par une instance de contrôle policiaro-bureaucratique est difficile à retourner à l’encontre de cette personne en disant, ah mais on bouffe de la merde, heureusement qu’il y a des contrôles.

      Je renvoie pour cela aux travaux de la revue Z, et à ceux du collectif Faut pas pucer, qui sont tout de même assez convaincants sur l’endroit où s’exerce la violence, et d’où elle vient. Faire porter le poids des horreurs du système agro-industriel sur un paysan qui vient de se faire abattre comme un chien par l’Etat en armes, c’est vraiment vraiment fort de café.

      Mais peut-être @monolecte & @mad_meg sommes-nous en train de mal nous comprendre ;-)

      "Mes brebis comme des machines"
      Entretien avec des bergers

      https://infokiosques.net/lire.php?id_article=730

      Paul  : C’est une dépossession. Et le contrôle débarque de nulle part. Le problème est qu’il y a toujours plus d’injonctions d’un ailleurs, de plus en plus de parties de ton activité qui sont gérées par un ailleurs, normalisées. Il ne te reste plus que les actes machinaux. C’est comme les normes ISO où les procédures sont strictement définies. [L’ISO/CEI donne la définition suivante  : «  Procédure par laquelle une tierce partie donne une assurance écrite qu’un produit, un processus ou un service est conforme aux exigences spécifiées dans un référentiel  », ndlr]

      Des «  actes machinaux  »  ?

      Paul  : Prenons l’exemple d’une procédure ISO, où c’est plus schématisé. Un «  qualiticien  » définit le cheminement d’une pièce et morcelle les actes à accomplir pour la produire. Par exemple, une palette en bois [pour le transport de marchandises, ndlr]. Le bois doit être débité de telle façon. Il y a ensuite un premier assemblage qui va être divisé en une ou deux phases. Puis un deuxième assemblage. Chaque phase est définie par un cahier, une normalisation, un cheminement, et plus du tout par l’ouvrier ou par l’organisation des ouvriers. Il y a une «  fossilisation  » des procédures. à la fin de chaque phase, il doit y avoir un contrôle. Et cela jusqu’au cloutage, au rangement et à l’expédition de la palette. Tout est régi par cette procédure. Ne sont laissés au jugement de l’ouvrier que les gestes machinaux, qui sont eux-mêmes précisément définis par la procédure. Il n’y a plus d’espace de liberté. C’est à ce prix-là que les palettes auront la norme ISO qui sera garante de leur qualité. Le fait de fossiliser, de définir toutes les procédures, ça signifie que l’on fait toujours le même produit, à qualité constante. Ce qui lui donne le label ISO.

      Matthieu  : Et le point faible dans tout ça, c’est l’humain, et les bêtes. Donc tu es suspect à chaque contrôle.

      Paul  : Oui, le point faible c’est l’humain. Et quand la PAC vient contrôler chez toi, tout comme pour un contrôle du chômage, bref, quand tu es en face d’un agent bureaucratique, c’est forcément toi qui es suspect, puisque tout le reste est modélisé. Tout est fossilisé, arrêté, contrôlé, et la seule déviance, c’est le côté humain. Tu es forcément fautif. En plus, on te donne des subventions, puisque c’est lié aux aides, donc il n’y a pas intérêt à déconner. Et ça accentue la suspicion. D’ailleurs, il y a très très peu de contrôles, quels qu’ils soient, qui ne se finissent pas par un petit redressement, même symbolique. Tu as forcément fait une erreur. C’est pareil pour le chômage, les Assedic, le RMI. C’est la même politique. Le RMIste est un sujet, il doit se coucher devant l’assistante sociale. Vous avez donc déjà été contrôlés. Comment cela s’est-il passé  ? Paul  : Oui, je l’ai déjà été. Chez moi. C’était un contrôle sur le nombre de bêtes. L’agent a contrôlé, il y avait plus de bêtes que le nombre marqué sur le papier, et voilà.

      Vous n’aviez pas déclaré toutes vos bêtes  ?

      Paul  : Non, mais c’est toujours comme ça. Au cas où il y en a une qui meurt, par exemple. Par contre, tu ne fais jamais le contraire  ! En plus, comme nous faisons de la bio, nous sommes par ailleurs contrôlés chaque année, par ce que j’appelle la «  Gestabio  ». Il faut choisir une boîte privée pour ce contrôle. Tu lui donnes accès à ta pharmacie vétérinaire, à tes stocks. Elle prend des échantillons, regarde ta comptabilité... Tu dois avoir rempli tout un tas de cahiers d’autocontrôle. C’est toi qui fais les contrôles et c’est elle qui est payée. Normal.

      http://contrelepucage.free.fr/spip.php?article37

    • Ah mince, c’est étrange cette « relativisation ». On parle d’un travailleur tué par la police, en fuite pour s’être interposé à des contrôles de la bureaucratie du ministère de l’Agriculture.

      L’article de Basta mag précise que

      Selon les premiers éléments de l’enquête, Jérôme Laronze « fonce » alors avec son tracteur sur les gendarmes, avant de prendre la fuite.

      certes « foncer » sur des gendarmes avec un tracteur c’est une manière de s’interposer contre des contrôles de la bureaucratie du ministère de l’Agriculture. Pour que les bureaucrates aient eu besoin de faire venir la gendarmerie c’est deja qu’il y avait un problème serieux, les gendarment se bougent généralement pas trop le cul sans qu’il y ai un lourd arriéré. Et tirer sur un mec en fuite c’est effectivement critiquable mais ce problème du droit de tirer sur un mec en fuite n’est pas du tout spécifique aux agriculteurs.

      Ces contrôles bureaucratiques étaient là suite à une précédente condamnation pour

      défaut de soin sur ses bêtes

      et il y a quant même pas mal d’indices qui font pensé à un homme violent avec les bêtes comme avec les personnes, du genre de ceux dont @monolecte parle.

      Je pense qu’il faut « relativisé » cette histoire, parce qu’on a pas assez d’éléments pour être affirmatif dans un sens comme dans l’autre. C’est possible que ca soit un petit agriculteur victime d’acharnement burocratique injuste mais c’est tout aussi possible que ça soit un grand malade du #male_entitlement qui entend faire régner sa loi par la violence sur tout ce qui respire.

      edit @alain1 :

      Faudrait peut-être relativiser. 3 cas de violences, ou assassinats ne font pas l’impunité d’une population, d’autant que la justice jugera ces auteurs.

      Pour le cas des trois assassinats que tu cite. L’assassin de Sylvie Trémouille et Daniel Buffière à été condamné à 30 ans de réclusion ce qui ne me semble pas être de l’impunité et le second n’as pas encore eu de procès et je ne sais pas si il y en aura un car il semble atteint de grave troubles mentaux.

      Je ne suis pas à la campagne, mais il me semble que vous ne parlez pas des mêmes personnes et il me semble que on ne peu pas dire que tous les agriculteurs sont des choupinous éclos innoffensifs qui veulent du bien aux gens, aux bêtes et à la nature ou bien qu’ils sont tous des couillards pollueurs alcooliques assoiffés du sang de tout ce qui se balade à porté de leurs pétoires de chasseurs électeurs du FN. Mais quant même pour aller dans le sens de @monolecte il y a beaucoup de vote FN a la campagne et beaucoup d’armes, de racisme et d’intolérance. Même si les deux cas existent on ne peu pas faire comme si les contrôles étaient injustifiés. Ou se servir de cette histoire pour remettre en cause les contrôles sanitaires dans les élevages.

      Par contre par rapport au droit des gendarmes et maintenant de la police à tirer sur une personne en fuite ca me semble grave et ca ne relève pas de la « bavure » mais bien de la violence d’Etat. Pour le moment c’est là dessus qu’il y a des choses à dire pas sur la raison fondée ou pas des contrôles puisque ca on en sais rien.

    • Recherché par les gendarmes, l’homme s’était confié le 18 mai au Journal de Saône-et-Loire. Il évoque la « colère du juste » pour justifier son coup de sang lors du contrôle qui avait dégénéré. Dénonçant la « solitude » de l’agriculteur « face aux contrôleurs », le trentenaire avait pourtant affirmé n’avoir « absolument pas l’intention de (se) suicider »

      Faut-il attendre d’être suicidaire pour dessouder des chtars ?

    • Depuis un moment, les contrôles sanitaires étaient une profonde source de tensions pour cet agriculteur. Comme celui survenu lors du 6 juin 2016. Ce jour-là, des fonctionnaires de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) procèdent à l’identification de ses bovins dans ses pâtures, contrôle effectué en présence d’une dizaine de gendarmes alors qu’il n’avait jamais menacé les contrôleurs, ni fait obstacle aux précédents contrôles . Mais les bêtes paniquent devant cette présence policière intervenue armes au poing, et selon le récit de l’agriculteur une vingtaine d’entre elles se précipitent dans le ruisseau. Plusieurs d’entre elles ne survivront pas. Cet épisode, relaté en détail dans une lettre adressée à la presse, a profondément choqué l’agriculteur. « Plus tard on m’a demandé de ne rien dire concernant ces bêtes pour que mon dossier soit régularisé » affirme-t-il dans le journal local.

      faut vraiment être con comme un flic pour braquer une vache avec un flingue !
      Mort aux vaches !

    • la suite de l’histoire...pour arrêter enfin sur les pitreries à propos de la bienséance des contrôles sanitaires ou des agriculteurs-facho-violents-qui-traitent-mal-les-animaux

      https://rebellyon.info/Un-agriculteur-de-la-Conf-abattu-par-des-17903

      (Quant au vote FN en milieu rural, il y a eu assez de papiers dans la presse indé voire mainstream pour expliquer le phénomène...)

      Merci pour les suites de l’histoire @kongo et aussi pour ta manière si mâle de clore le sujet du vote FN rural. Si tu connais assez de papiers dans la presse indé voire mainstream pour expliquer le phénomène, ca serait mieux de les partagés plutot que te décrété que tout à été dit là dessus.

    • @mad_meg

      https://www.bastamag.net/Entre-declassement-reel-et-prejuges-fantasmes-cette-France-rurale-qui-se

      http://www.metropolitiques.eu/Le-FN-en-campagne-Les-ressorts.html

      http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/05/pourquoi-le-vote-fn-progresse-en-milieu-rural_1693733_1471069.html

      Il y a eu un gros débat en 2012, quand le Monde a publié en 2012 un article reprennent une thèse sur le « gradient d’urbanité » (grosso modo, plus on s’éloigne des centre urbains, plus on vote FN : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/28/dans-la-france-peri-urbaine-le-survote-pour-le-fn-exprime-une-colere-sourde_) puis quand le géographe Christophe Guilluy a sorti son livre sur « la France périphérique ».

      Les travaux de jeunes sociologues et géographes comme Violaine Girard, Jean Rivière et Sébastien Vignon (qui a bossé en Picardie) ont battu en brèche cette simplification géographique du vote FN, de même que Joël Gombin dans le Monde Diplo (https://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/GOMBIN/54357)

  • Entre déclassement réel et préjugés fantasmés, cette France rurale qui se réfugie dans l’illusion du vote Le Pen
    http://www.bastamag.net/Entre-declassement-reel-et-prejuges-fantasmes-cette-France-rurale-qui-se

    Dans la Manche, le vote en faveur du Front national a gagné du terrain lors des élections de 2015. Dans ces villages entre plages et bocages, délaissés par les activités économiques et désertés par les services publics, le sentiment d’abandon et de relégation attise les frustrations et les rancœurs. Une situation qui rend les habitants sensibles aux discours du FN, pointant du doigt des boucs émissaires ou rejetant en bloc « les élites ». Paroles de commerçants, d’ouvriers ou d’agriculteurs qui se (...)

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