les dangers de la dédiabolisation – CONTRETEMPS

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  • #FN : les dangers de la #dédiabolisation – CONTRETEMPS
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    Nicolas Sarkozy est devenu la figure politique dominante de la première décennie du nouveau siècle. Certains ont prétendu que sa victoire présidentielle de 2007 avait montré qu’il avait neutralisé le FN en occupant son terrain. En fin de compte, cependant, son #racisme hyperactif, autoritaire a simplement légitimé le Front, en ouvrant la voie à sa résurgence en 2012. Le Front, quant à lui, a très mal pris la défaite de 2002. Le parti n’a pas réussi à franchir la barrière des 20 % au deuxième tour, et a obtenu de mauvais résultats lors de l’élection de 2007. Certains membres de la direction ont considéré que l’image de Jean-Marie Le Pen posait problème. Quand Marine Le Pen a pris le contrôle du parti, elle a fait de la dédiabolisation l’axe de son orientation, en expulsant certains éléments fascistes et prenant ses distances avec l’#antisémitisme explicite de son père. Mais ce changement de #rhétorique doit être considéré dans son contexte. Depuis 2002, l’intensification de trois processus a changé les coordonnées de la #politique française.

    Tout d’abord, le Parti socialiste (PS) a adopté un programme #sécuritaire. La France est en état d’urgence permanent depuis la fin 2015. Quand un gouvernement socialiste pousse à intégrer l’état d’urgence dans la constitution et à déchoir de la nationalité française les personnes reconnues coupables de #terrorisme, l’#autoritarisme draconien du FN — et la menace qu’il fait peser sur la démocratie — n’apparaît plus si dangereux.

    En second lieu, la droite classique s’est radicalisée. Incapable d’obtenir un soutien enthousiaste pour ses politiques économiques néolibérales, Sarkozy s’est concentré sur les questions qui ont fait monter le FN : identité nationale, sécurité, immigration et islamophobie. Le développement d’un autoritarisme social radical parmi les électeurs traditionnels de droite s’est exprimé particulièrement nettement au cours des mobilisations contre le mariage homosexuel en 2013, mais aussi à travers la montée des attitudes racistes parmi les électeurs de droite et une disponibilité accrue pour le vote FN au deuxième tour.

    Enfin, la #laïcité a été transformée en outil sectaire, rendant respectable le racisme, et en particulier l’islamophobie. Au-delà du discours de haine, cette évolution vient renforcer les thèmes classiques de la #propagande du FN : identification d’un ennemi intérieur qui doit être isolé et réprimé ; #stigmatisation des immigrants et de leurs descendants dans des termes culturels-religieux plutôt que raciaux ; désignation des banlieues comme « territoires perdus » habités par des terroristes potentiels, inassimilables, sans foi ni loi, antisémites et misogynes.