• « En quel temps vivons-nous ? » : quand Jacques Rancière s’interroge sur notre époque http://www.lesinrocks.com/2017/06/06/idees/les-temps-modernes-de-jacques-ranciere-11951679 …pic.twitter.com/iq2XphVDYE
    https://twitter.com/Mancioday/status/872565979800367110

    « En quel temps vivons-nous ? » : quand Jacques Rancière s’interroge sur notre époque http://www.lesinrocks.com/2017/06/06/idees/les-temps-modernes-de-jacques-ranciere-11951679 … pic.twitter.com/iq2XphVDYE

    • RANCIÈRE, DÉMOCRATIES EN MARCHE, Robert Maggiori
      http://next.liberation.fr/livres/2017/05/31/ranciere-democraties-en-marche_1573646

      Attendre le Grand Soir ? Ou réorganiser ici et maintenant d’autres mondes communs et rendre visibles les capacités et les intelligences de tous ceux qui les habitent ? Tel pourrait être, selon le philosophe français, le sens novateur de l’émancipation. (...)

      Tenir la représentation pour agonisante, c’est en réalité estimer que son principe est la démocratie même. Or, précise le philosophe, « la démocratie n’est pas le choix des représentants, elle est le pouvoir de ceux qui ne sont pas qualifiés pour exercer le pouvoir ». La « doxa dominante » voit la représentation comme « mouvement qui part d’en bas », dans lequel « le peuple est là comme un corps collectif qui se choisit des représentants ». Mais il n’en va pas ainsi, selon Rancière. « Un peuple politique, ce n’est pas un donné préexistant, c’est un résultat. Ce n’est pas le peuple qui se représente mais la représentation qui produit un certain peuple ». (....)

      Les exemples sont nombreux. Le mouvement protestataire de 2013 au Gezi Park d’Istanbul, les « printemps arabes », Occupy Wall Street, les Indignados de la Puerta del Sol à Madrid, les rassemblements place Syntagma à Athènes, Nuit debout, etc., ont tous, en dépit de ce qui les distingue du point de vue culturel, idéologique et historique, révélé d’autres façons d’être ensemble, d’agir, de sentir, de comprendre, de penser la hiérarchie et la représentation, et montré comment une communauté devenait politique en prenant possession d’« un espace et d’un temps propres », en créant un « autre monde commun ». « En art comme en politique, écrit Rancière, le commun se donne aujourd’hui comme quelque chose qui est à construire avec des matériaux et des formes hétérogènes et non comme l’affirmation des ressources propres à des unités constituées, qu’il s’agisse des classes sociales, d’organisations spécialisées ou d’arts définis ».

      Gains de justice et de liberté
      Certes, aux logiques « mouvementistes », il manque une « force unitaire ». Les luttes nées de circonstances spécifiques - « une forme de domination, un type d’injustice » - et menées pour défendre « les droits des pauvres qu’on veut chasser de leur logement ou des paysans qu’on veut chasser de leur terre », s’opposer à un « projet menaçant l’équilibre écologique », accueillir « ceux qui ont dû fuir leur pays », offrir des « moyens d’expression à ceux qui n’en ont pas », permettre « à telle ou telle catégorie d’être humains infériorisés pour telle ou telle raison - de sexe, d’origine, de capacité physique, etc. - d’imposer une règle d’égalité », s’effectuent en dehors de l’« idée de fusion orientée par une vision de l’histoire et du futur ». Elles ne visent aucun « Grand Soir », mais sont comme des matins du monde, car elles permettent à chaque fois de développer les « formes de sécession par rapport aux modes de perception, de pensée, de vie et de communauté proposées par les logiques inégalitaires ». On a certes pensé autrement, jadis, la « révolution ». Mais le temps dans lequel nous vivons - où le capitalisme, « plus qu’un pouvoir », est devenu « un monde » - n’exclut en rien les gains de justice et de liberté si, suivant Jacques Rancière, on conçoit l’émancipation comme « l’invention hic et nunc de formes du commun » et comme « manière de vivre dans le monde de l’ennemi dans la position ambiguë de celui ou celle qui combat l’ordre dominant mais est aussi capable d’y construire des lieux à part où il échappe à sa loi ».

      #livre

    • « D’un côté, l’écart affirmé (par rapport au fonctionnement de ce qu’on entend par politique) est orphelin d’un monde symbolique et vécu auquel s’adosser (plus de communauté déjà-là qui garantisse la communauté à venir. Le travail ne fait plus monde). De l’autre, il a du mal à trouver les formes dans lesquelles se développer. C’est pourquoi l’idée que le système est moribond et prêt à s’effondrer reste commode. Elle comble l’intervalle entre les écarts actuels et l’avenir espéré et elle permet de s’imaginer alternativement qu’il suffit qu’on donne un petit coup d’épaule au système pour que tout s’effondre ou qu’il suffit qu’on se retire pour qu’il se dissolve."

      #comitéinvisible