Ce que j’ai vu en 30 ans de reportages sur l’occupation israélienne

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  • Ce que j’ai vu en 30 ans de reportages sur l’occupation israélienne - AURDIP
    5 juin | Gideon Levy and Alex Levac pour Haaretz |Traduction J.Ch. pour l’AURDIP
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    (...) Il a fallu aussi en arriver à un une novlangue, la langue de l’occupant. Selon cette novlangue, par exemple, une arrestation sans procès est appelée « détention administrative » et le gouvernement militaire est connu sous le nom d’ »Administration Civile ». Dans la langue de l’occupant, tout enfant avec une paire de ciseaux est un « terroriste », tout individu détenu par les forces de sécurité est un « meurtrier », et toute personne qui essaie désespérément de pourvoir aux besoins de sa famille à n’importe quel prix est « illégalement présente » en Israël. D’où la création d’une langue et d’un mode de vie où tout Palestinien est un objet de suspicion.

    Sans toute cette assistance, que l’appareil sécuritaire nous a fournie grâce à l’aide de médias dociles, la réalité aurait pu s’avérer dérangeante. Malheureusement, Israël possède des aides en abondance. Les 50 premières années ont vu des améliorations rapides dans le lavage de cerveau, le déni, la répression et l’auto-tromperie. Grâce aux médias, au système éducatif, aux politiciens, aux généraux et à l’immense armée de propagandistes encouragée par l’apathie, l’ignorance et l’aveuglement – Israël est une société dans le déni, délibérément dissociée de la réalité, probablement un cas sans pareil au monde de refus prémédité de voir les choses comme elles sont.

    Intérêt perdu

    Le rideau est tombé. Au cours de ces 20 dernières années, l’occupation a disparu le l’agenda public israélien. Les campagnes électorales vont et viennent sans qu’aucun débat n’ait lieu sur la question la plus fatidique pour l’avenir d’Israël. Le public a perdu son intérêt. Le nombre d’aides maternelles dans les jardins d’enfants est une question pressante ; l’occupation ne l’est pas . Au début, c’était un sujet de conversation à presque tous les repas de veille du Shabbath : Dans les années 1970, d’âpres discussions faisaient rage à propos de ce qu’il fallait faire dans « les territoires ».

    Aujourd’hui, un nombre croissant d’Israéliens nient l’existence même d’une occupation. « Il n’y a pas d’occupation » est le dernier buzz, le descendant de la déclaration du Premier ministre Golda Meir disant « Il n’y a pas de Palestiniens », et presque aussi grotesque. Quand vous déclarez qu’il n’y a pas d’occupation, ou qu’il n’y a pas de Palestiniens, vous perdez effectivement contact avec la réalité d’une façon qui ne peut s’expliquer qu’en ayant recours à la terminologie issue du domaine de la pathologie et de la maladie mentale. Et voilà où nous en sommes.(...)