• L’invention du Sud - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2017/06/23/l-invention-du-sud_1579097

    Le Sud n’est pas un lieu, mais plutôt l’effet de relations entre pouvoir, connaissance et espace. La modernité coloniale invente une géographie et une chronologie : le Sud est primitif et passé. Le Nord est progrès et futur. Le Sud est le résultat d’un système racial et sexuel de classification sociale, une épistémologie binaire qui oppose haut et bas, l’esprit et le corps, la tête et les pieds, la rationalisation et l’émotion, la théorie et la pratique. Le Sud est un mythe sexualisé et racialisé. Dans l’épistémologie occidentale, le Sud est animal, féminin, infantile, tarlouze. Le Sud est potentiellement malade, faible, stupide, incapable, paresseux, pauvre. Le Sud est toujours représenté manquant de souveraineté, manquant de connaissance, de richesse et, par conséquence, intrinsèquement endetté vis-à-vis du Nord. Dans le même temps le Sud est l’endroit où se déroule l’extraction capitaliste, le lieu où le Nord capture énergie, sens, jouissance et valeur ajoutée. Le Sud est la peau et l’utérus. L’huile et le café. La chair et l’or.

    A l’autre extrémité de cette épistémologie binaire, le Nord apparaît comme humain, masculin, adulte, hétérosexuel, blanc. Le Nord se présente toujours plus sain, plus fort, plus intelligent, plus propre, plus productif, plus riche. Le Nord, c’est l’âme et le phallus. Le sperme et la monnaie. La machine et le software. C’est le lieu de la mémoire et du profit. Le Nord, c’est le musée, l’archive, la banque.

    La division Nord-Sud domine sur toute autre forme de spatialisation. Chaque société désigne un Sud, un lieu où va s’organiser l’extraction et où se déverseront les ordures. Le Sud est la mine et le cloaque. Le cœur et l’anus. Le Sud est aussi le lieu craint par le Nord en tant que réserve de puissance révolutionnaire : c’est pourquoi que c’est là que s’intensifient contrôle et vigilance. Le Sud est le terrain de guerre et la prison, l’endroit de la bombe et des résidus nucléaires.

  • Rennes, laboratoire de l’ordre En marche - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2017/06/18/rennes-laboratoire-de-l-ordre-en-marche_1577668

    Des intellectuels dénoncent les méthodes de policiers et de magistrats qui, dans la ville bretonne, s’affranchiraient de plus en plus du droit commun.

    Ya pas à dire on va pas rigoler tous les jours sous Macron 1er. On le savait déjà mais c’est pas pour ça que c’est plus facile à accepter.
    #maintien_de_l'ordre #rennes #police #justice #luttes #manifestations

    • Pour quatre d’entre eux la juge a validé l’enquête policière permettant d’identifier les auteurs de l’infraction. Identification que 3 d’entre eux ont contesté au vu de leur non présence au moment des faits. Cette enquête est le fruit d’un travail réalisé par les #services_de_renseignements. Il a été mené sur la base du #fichage préalable des mis en cause et donc de la détention de clichés photographiques antérieurs aux faits (parfois même datant d’il y a un an). Les enquêteurs ont affirmés avoir identifié les personnes masquées autour du motard depuis la comparaison entre des détails sur des vêtements. Ils ont été condamnés pour violence sur agent avec 3 circonstances aggravantes, à savoir : en réunion, avec arme, et visage dissimulé. Le chef d’accusation de « groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences » n’a pas été retenu étant donné le manque de fondement d’une entente préalable. Décision contradictoire puisque ceux qui n’étaient pas soupçonnés d’avoir porté des coups ont été condamnés pour violence depuis une jurisprudence qui permet de dire que « la violence d’un seul présume de la violence de tous les membres du groupe ». Ce qui fait dire qu’à la question : alors groupe ou pas groupe ? La juge aura répondu « groupe un petit peu quand même ».

      Prévenu 1 : accusé d’avoir donné un coup de pied, comparaissait sous #bracelet_électronique. Condamné à 9 mois de prison ferme + 2 mois pour refus d’ADN = 11 mois fermes et 3 ans d’interdiction de manifester à Rennes. #Mandat_de_dépôt avec aménagement sous bracelet mis en place sous 5 jours. La personne est sortie sous bracelet aujourd’hui.

      Prévenu 2 : accusé d’être l’homme qui demande au policier de baisser son arme, comparaissait sous bracelet électronique. Condamné à 9 mois fermes et 3 ans d’interdiction de manifester à Rennes. Mandat de dépôt avec aménagement sous bracelet électronique organisé sous 5 jours. Sera libéré sous bracelet dans les jours qui viennent.

      Prévenu 3 : accusé de se trouver à quelques mètres non déterminés de l’agression, et donc de participer aux violences par sa simple présence avec visage dissimulé. Condamné à 9 mois fermes avec mandat de dépôt et 3 ans d’interdiction de manifester à Rennes. Peine aménagée avec port de bracelet sous 5 jours. Sera libéré demain.

      Prévenu 4 : accusé d’avoir porté des coups à l’aide d’un pommeau de douche encore relié à son tuyau de douche. Condamné à 12 mois de prison ferme + 3 mois de révocation de sursis + 2 mois ferme pour #refus_d’ADN = 17 mois ferme avec mandat de dépôt sans aménagement prévu et 3 ans d’interdiction de manifester à Rennes.

      Prévenu 5 : Relaxé. Mais #condamnation pour refus d’ADN, outre une révocation d’un #sursis antérieur, pour 6 mois ferme à exécuter, sans mandat de dépôt. A été libéré hier soir après l’audience. Il pourra demander un aménagement de peine.

      Un compte rendu plus détaillé de ce long procès (de 9h à 22H00) opposant version policière et prévenus, sera publié plus tard.

      https://expansive.info/Des-nouvelles-du-proces-du-21-juin-523

  • Rennes, laboratoire de l’ordre En marche - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2017/06/18/rennes-laboratoire-de-l-ordre-en-marche_1577668

    Le 27 avril, au cours d’une manifestation de 2 000 personnes répondant au mot d’ordre « ni Le Pen ni Macron », un motard de la police nationale était descendu de sa moto pour braquer son pistolet sur les manifestants. Captée par les journalistes, l’image était devenue virale sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, ce comportement dangereux et injustifiable d’un policier qui n’était nullement menacé, comme le montrent les vidéos, est devenu prétexte à une enquête contre de présumés manifestants pour… violence avec arme (un pommeau de douche dont on se serait servi pour intimider le motard), ce qui a justifié les perquisitions du 30 mai. En outre, le modus operandi de cette opération policière, dès le départ si peu justifiée, correspond à celui d’une interpellation d’individus très dangereux supposés détenir un armement lourd : défonçage des portes, policiers suréquipés, armes braquées, plaquage et menottage au sol des interpellés. Or le choix des « cibles » montre qu’elles ont été choisies non pas en fonction de leur présence présumée sur les lieux de la manifestation (de fait certains ont pu prouver qu’ils n’y étaient pas) mais sur leur appartenance supposée à une mouvance anticapitaliste. (...)

    ... le chef de cabinet du Président est l’ancien préfet de Bretagne connu pour sa gestion plus que musclée de l’ordre public [dont la consigne donnée aux pandores de ne pas afficher leur matricule, ndc]

  • Données sur le Net : tous suspects
    http://www.liberation.fr/debats/2017/06/18/donnees-sur-le-net-tous-suspects_1577671

    Est-il raisonnable d’imposer aux opérateurs télécoms de garder des données sur tout le monde ? Loin d’être une solution au terrorisme, la surveillance préventive relève de l’obsession policière. Placer la totalité de la population sous surveillance préventive n’est pas admissible dans une société démocratique. Voici la conclusion tirée par la Cour de justice de l’Union européenne, dans deux arrêts (Digital Rights en 2014 et Tele2 en 2016) concernant les « données de connexion ». Pour la cour européenne, ces (...)

    #écoutes #données #web #surveillance