Le 21 mai 2023, aux Sables-d’Olonne, Marie-Rose Tessier ne fêtera rien de moins que ses 113 ans.
Née en 1910, elle occupe désormais le rang de doyenne des Français, suite au décès, le 17 janvier 2023, de Lucile Randon. Cette religieuse du sud de la France, connue aussi sous le nom de sœur André, alors doyenne de l’humanité, aurait fêté ses 119 ans en février prochain.
Marie-Rose Tessier occupe donc maintenant la tête du palmarès des Français les plus âgés, tableau collaboratif recensant les Français les plus âgés et régulièrement vérifié par des experts.
Elle avait fait justement l’objet d’un portrait dans le Journal des Sables en ce début d’année 2023.
Il ne nous avait alors pas été possible de rencontrer la supercentenaire, qui séjourne désormais dans un établissement privé des Sables-d’Olonne (Vendée), la fragilité de la doyenne sablaise et le contexte sanitaire imposant la prudence.
Mais Marie-Rose avait eu l’occasion de se confier quelques mois plus tôt à Jean-Marie Poirier, photographe et animateur du blog La Pose Vagabonde.
De Beaurepaire à Paris
Née au Beaurepaire dans une ferme aujourd’hui disparue, la petite Marie-Rose a vite compris, quelques années plus tard, la gravité de la Première Guerre mondiale. À Jean-Marie Poirier, elle évoquait la gravité des visages, de sa maman en particulier.
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" Je me souviens qu’elle pleurait souvent. Elle avait tellement peur que mon frère aîné soit appelé. Il y a échappé de quelques mois. "
Marie-Rose Tessier
Lors de ses treize ans, la famille déménage pour reprendre une ferme aux Herbiers. Marie-Rose n’aura donc pas pu passer le certificat d’études. Elle ne pas en avoir tellement de regrets.
"À l’époque on travaillait jeune. C’était dur, mais on ne se posait pas la question. "
Elle se marie jeune, à 17 ans. Son mari devenu gendarme, elle le suit en Bretagne puis à Paris. Elle découvre la capitale à 21 ans. Deux filles voient le jour : Denise et Yvette.
Puis vient la Deuxième Guerre mondiale.
À 34 ans, Marie-Rose devient veuve, son mari ayant trouvé la mort dans un bombardement. À la tristesse s’ajoute la peur. « Quand il y avait les alertes, on croyait que tout allait s’effondrer », a-t-elle raconté à Jean-Marie Poirier.
"Mes filles allaient se coucher, terrorisées. Je les retrouvais raides comme des bâtons. Je pense qu’elles en ont gardé des traces toute leur vie. Moi aussi j’avais peur. Je suis allée aux abris souterrains plusieurs fois. "
De Paris aux Sables-d’Olonne
Après la guerre, Marie-Rose se met en quête de travail sur Paris. Elle a notamment travaillé dans une entreprise d’assurances pour le bâtiment a précisé sa petite-fille Marie-Christine Berjonval, au Journal des Sables.
Vient l’heure de la retraite. Marie-Rose part vivre chez ses filles. Yvette déménage aux Sables-d’Olonne. Devenue veuve à 65 ans, elle accueille sa maman chez elle.
Marie-Rose revient ainsi en Vendée.
En maison de retraite
Marie-Rose Tessier est entrée en maison de retraite à l’âge de cent ans. Au cours des douze dernières années, elle a largement eu le temps de constater les difficultés liées au manque de personnel dans ce type d’établissement. « Ce n’est pas toujours drôle de vieillir », concédait-elle en juin 2022 à Jean-Marie Poirier.
Marie-Rose Tessier, en juin 2022. ©Jean-Marie Poirier, La Pose VagabondeIl n’empêche que la supercentenaire a toujours été douée d’une santé de fer.
" J’ai rarement été malade. Je n’ai pas de régime alimentaire, ni de traitements, seulement un petit comprimé parfois pour dormir. Tous les jours, je bois mon petit verre de vin. Le dimanche, je prenais l’apéritif, une petite Suze, mais j’ai arrêté il y a quelques années. Non, il n’y a pas de recette miracle, ou alors je ne la connais pas. "
Elle bénéficie des visites fréquentes et régulières de sa petite-fille Marie-Christine.
Malgré la nostalgie qui l’accompagne souvent, elle continue à cultiver une qualité précieuse : l’humour.
« Rire un peu, ça aide à vivre ! »