« Je veux distinguer le principe et les faits. » À Paris, la mort de Lola, dont la meurtrière présumée est une Algérienne en situation irrégulière, a remis un coup de projecteur sur le lien controversé entre immigration et insécurité. Interrogé à ce sujet sur France 2, mercredi 26 octobre 2022, le président de la République, Emmanuel Macron, a soufflé le chaud et le froid. D’un côté, il a refusé d’établir un « lien existentiel entre l’immigration et l’insécurité ». De l’autre, le chef de l’État a avancé que la délinquance qui agit dans la capitale est en majorité le fait d’étrangers.
La moitié de la délinquance à Paris serait le fait d’étrangers
« À Paris, on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des faits de délinquance que l’on observe viennent de personnes qui sont des étrangers, soit en situation irrégulière, soit en attente de titre », a-t-il lâché face à la journaliste Caroline Roux. Contacté par actu Paris, le ministère de l’Intérieur n’a pas donné suite à nos sollicitations pour confirmer cette donnée partagée par le locataire de l’Élysée.
En tout état de cause, cette déclaration entretient la confusion. Le président convoque-t-il les condamnations en justice ou les interpellations pour des faits de délinquance ? En août 2022, lors d’une interview fleuve donnée au Journal du dimanche, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait lui évoqué les interpellations en usant de la même rhétorique qu’Emmanuel Macron.
« Le petit-fils d’immigrés que je suis ne fait pas le lien entre immigration et délinquance », avait-il assuré avant d’indiquer que « 48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris » sont des étrangers.
En France, 16 % des condamnés sont étrangers
Si aucune étude statistique n’a été réalisée à l’échelle de Paris, au niveau national, le ministère de la Justice indique en 2022 que 16 % des 426 147 condamnés sont des étrangers. Une proportion encore importante, quand ils représentent seulement 7,7 % de la population vivant sur le territoire hexagonal, selon l’Insee en 2022.
Mais encore faut-il savoir de quelle délinquance parle-t-on. Une publication de l’Institut Convergences Migrations affilié au CNRS précisait en 2020 que la part des étrangers dans l’ensemble des condamnations varie sensiblement selon la nature des infractions.
Ainsi, les étrangers sont surreprésentés dans le travail illégal (25 %), pour les faux en écriture publique ou privée (41 %), pour les infractions douanières (50 %) ou encore les infractions liées à la police des étrangers, comme la régularité des titres de séjours (50 %). Des manquements à la loi largement liés à l’instabilité de leurs statuts juridiques.