Le mercredi 18 novembre, un contrôleur CAF passe chez moi sans aucune communication préalable. Le mec ne trouve personne et laisse dans la boîte aux lettres un avis de passage avec une date de RDV obligatoire, 48h après, entre 10h et 12h. Il est aussi indiqué que j’ai 24h pour le rappeler sur son portable si j’ai un motif sérieux pour déplacer le RDV. Dans la lettre de convocation, la CAF me demande de présenter un tas de documents (acte de naissance, déclarations de revenus 2006-07-08, n° de sécu, tous les justificatifs de résidence et de travail…).
La CAF avait déjà la plupart de ces papiers. Il est important de rappeler que je suis gratuitement hébergé. Que je ne touche pas d’allocation logement. Que je suis bénéficiaire du RSA. Et que je suis de nationalité italienne (et qu’à ce titre d’ailleurs, j’ai déjà participé l’année précédente à une action collective à la CAF de Rosny pour débloquer le refus qu’ils m’opposaient au droit de toucher le RMI). Enfin, outre les documents me concernant, la lettre de convocation exigeait aussi tous les justificatifs de revenus et d’identité de toutes les personnes habitant dans la maison.À partir de là, nous avons essayé à quelques-uns de préparer le RDV (qu’est-ce qu’ils peuvent bien me vouloir ? que veulent-ils vérifier ?, etc.), et de nous organiser pour recevoir « au mieux » le contrôleur de la CAF.
Le jour du RDV, nous sommes une dizaine dans la maison. Nous l’installons à une table dans le salon. Certains s’asseyent à la table, d’autres un peu plus loin sur un canapé. Avant même que s’estompe son premier sentiment de surprise et de gêne, nous lui posons toute une série de questions sur les objectifs réels de ces contrôles, sur la forme « surprise » de la convocation, mais aussi sur ce qu’il fait des informations collectées. Bref, il comprend bien que nous sommes aussi là pour « contrôler » ce qu’il fait.
S’ensuit une longue discussion sur le fonctionnement de la CAF et le contexte social et politique dans lequel s’inscrivent ces contrôles domiciliaires. Le contrôleur est alors obligé de chercher, une fois n’est pas coutume, à se justifier. Et il nous répète tellement qu’il est là avant tout pour aider les gens à s’orienter dans le dédale administratif, que deux parmi nous lui soumettent un problème de blocage dans le traitement de leur demande d’allocation logement.
Au final, il nous promet d’accélérer les choses, nous donne son numéro de portable et ne prend finalement que quelques minutes pour vérifier mon numéro de sécu qui était, selon lui, le seul objet de son passage au domicile. À force d’insistance, il finit également par lâcher que c’est parce que je suis italien qu’il est là, et que ce type de contrôle est fréquent pour les étrangers communautaires.