Observatoire International des Prisons – Section française (OIP-SF)

https://oip.org

  • L’Observatoire international des prisons menacé – Observatoire International des Prisons
    https://oip.org/communique/lobservatoire-international-des-prisons-menace

    Outre la réduction des moyens de certains acteurs publics, plusieurs défections s’expliquent aussi par le choix délibéré de ne pas soutenir une association qui peut déranger par ses dénonciations et luttes inlassables contre l’indignité des conditions de détention et les atteintes aux droits fondamentaux des personnes détenues. La dernière en date concerne le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui a supprimé en 2022, sans explication, la subvention accordée depuis de nombreuses années. Comment justifier que même la réédition du Guide du Prisonnier, principal ouvrage d’information aux droits des personnes détenues diffusé gracieusement dans les établissements pénitentiaires, et dont l’immense majorité du monde prison-justice loue le caractère indispensable en détention, soit ainsi ignorée par cet organisme ?

  • Il est 6h30 du matin, l’audience est levée - Actu-Juridique
    https://www.actu-juridique.fr/justice/il-est-6h30-du-matin-laudience-est-levee

    (...) au pays des droits de l’homme, on juge à vingt-trois heures, minuit, une heure du matin, on requiert à deux heures, on plaide à trois heures ou quatre heures, on condamne à cinq heures, sachant que les audiences ont débuté à 13h30. Il faut se rendre compte de ce que cela signifie. Tout le monde a été convoqué en début d’après-midi, les prévenus qu’ils soient libres ou détenus, les victimes, les familles des uns et des autres, les avocats, les interprètes. Et tout le monde va devoir tenir tandis qu’en face, magistrats, greffiers et huissiers feront de leur mieux pour accorder à chaque affaire le temps qu’elle mérite alors qu’il est matériellement impossible de juger autant de dossiers. Les derniers à passer jouent leur avenir, leur vie, leur liberté à six heures du matin, mais ils sont arrivés comme les autres, à 13h30. C’est cela la réalité d’une certaine justice pénale en France.

    #justice #justice_pénale

  • La prison de Villeneuve-lès-Maguelone au bord de l’implosion, selon le syndicat Ufap-Unsa Justice
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/la-prison-de-villeneuve-les-maguelone-au-bord-de-l-implosion-selon-le-syn

    La maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone compte 780 places mais actuellement, elle abrite 950 détenus. Alors que les effectifs sont au plus bas déplore Marine Orengo secrétaire locale de l’Ufap-Unsa Justice. « Pour faire fonctionner le centre pénitentiaire, on a besoin de 17 postes de surveillants tous les jours. Or vendredi il n’y avait que neuf postes couverts et ce dimanche matin, nous sommes à seulement six sur 17. »

    (C’est la prison de #Montpellier.)

  • La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté alerte une nouvelle fois sur les conditions de détention déplorables
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/05/11/la-controleuse-generale-des-lieux-de-privation-de-liberte-alerte-une-nouvell

    Dans son rapport annuel d’activité, Dominique Simonnot dénonce une réalité invivable rendue possible par un « calcul à court terme, sans vision ni réalisme, répondant au populisme par des incantations et des roulements de biceps ». [...]

    Nouveau record d’incarcérations

    Le premier point soulevé par le rapport est d’importance : la surpopulation carcérale et les atteintes à la dignité en prison. Avec 73 080 détenus au 1er avril et un taux d’occupation moyen des maisons d’arrêt à 142,2 %, la France a atteint un nouveau record d’incarcérations. « Aucune des visites du CGLPL dans les maisons d’arrêt et quartiers maison d’arrêt (seuls touchés par la surpopulation) n’a permis de voir un taux d’occupation inférieur à 135 %, et trois prisons affichaient des taux supérieurs à 200 % au moment du contrôle », indique le rapport, qui évoque une situation inacceptable au regard des droits de l’homme. La vie en prison devient alors intenable, puisque la surpopulation a pour conséquence directe les violences, un manque d’hygiène, l’entrave aux activités, au travail et à l’enseignement. [...]

    « [On] a laissé la prison se substituer aux asiles »

    Autre point soulevé par le rapport annuel : la psychiatrie. Là aussi, l’état des lieux est sévère, notamment en raison du manque de personnel. Conséquence : emplois vacants ; lacunes dans l’organisation de soins ; prévention insuffisante des risques, conduisant à des hospitalisations en urgence qui pourraient être évitées ; recours excessif à la contrainte ; nombreuses atteintes à la liberté d’aller et venir. Cependant, Mme Simonnot et ses équipes notent que « les conditions matérielles de prise en charge observées sont en général correctes, sous réserve de deux difficultés. L’une, de plus en plus fréquente, résulte de la saturation des espaces (…). L’autre, en voie de résorption, est la protection insuffisante de la sécurité des patients ou de leurs biens ».

    La question psychiatrique ne se résume pas aux établissements spécialisés mais déborde sur les prisons, avec des conséquences souvent dramatiques. « [On] a laissé la prison se substituer aux asiles d’antan, enfermant dans ses murs plus de 30 % des prisonniers atteints de troubles graves. Voilà comment, à leur corps défendant, surveillants et détenus ont, en quelque sorte, été contraints de se muer en infirmiers psychiatriques. » [...]

    Manque d’hygiène et de maintenance

    Le document de près de 200 pages met en évidence également une « gestion de plus en plus sécuritaire de la rétention des étrangers ». Les auteurs notent que certains locaux connaissent de graves défauts d’entretien, avec un manque d’hygiène et de maintenance. Les personnes retenues le sont « dans des espaces sales et dégradés », et disent « souffrir de faim et maigrissent pendant leur séjour ». D’autres centres sont entretenus et servent de la nourriture correcte, précise néanmoins le rapport.

    De plus, l’enfermement des enfants se poursuit malgré les « demandes insistantes du CGLPL » et la jurisprudence européenne. « Leur hébergement se déroule parfois sans jouets ni matériel de puériculture, y compris lorsque tout cela existe mais reste inaccessible car les fonctionnaires en ignorent l’existence », peut-on encore lire.

    https://jpst.it/3d7ba

    #prisons #détention #santé_mentale #droits_humains

    • Rappelons qu’au dernier congrès de la CGT, lors de l’élection du poste de secrétaire générale, Céline Verzeletti avait été mise en avant pour contrer la candidature de Marie Buisson.

      M. Buisson, qui incarnait la filiation politique avec la ligne Martinez est secrétaire générale de la FERC (fédération de l’enseignement, de la recherche et de la culture).

      C. Verzeletti, censée représenter « la ligne dure de la CGT » est une travailleuse de la fonction publique d’État, en l’occurrence, la pénitentiaire.

      À plusieurs reprises, lors de débats avec des militants de base de la CGT, j’ai reçu une appréciation très négative de la candidature Buisson, sous prétexte que sa fédération représentait un poids insignifiant dans la conf (sous-entendu qu’il s’agissait « d’intellos » et pas de « vrais travailleurs » ).

      Par contre, à aucun moment je n’ai entendu que l’hypothèse d’une ancienne matonne élue à la tête de la CGT pourrait poser le moindre problème.

    • Plus de 73 000 personnes détenues : arrêtons les frais !
      https://oip.org/communique/plus-de-73-000-personnes-detenues-arretons-les-frais-prison-record

      Un nouveau record vient d’être battu pour la troisième fois en six mois. 73 000 personnes s’entassent désormais dans les prisons françaises. Le gouvernement ne peut continuer de rester indifférent devant l’indignité des conditions de détention et sourd aux appels répétés des observateurs nationaux et internationaux à diminuer le nombre de détenus.

  • Une détenue victime de représailles pour avoir lu la revue de l’OIP – Observatoire International des Prisons
    https://oip.org/communique/une-detenue-victime-de-represailles-pour-avoir-lu-la-revue-de-loip

    Une femme détenue à la maison d’arrêt de Lille-Sequedin indique être victime de menaces, intimidations et fouilles à répétition depuis qu’elle a reçu le dernier numéro de la revue Dedans-Dehors qui contient un article sur des violences perpétrées dans ce même établissement. Ce 17 février, le tribunal administratif de Lille examine le recours qu’elle a déposé en référé pour faire cesser ces mauvais traitements.

    Le 17 janvier, comme près de cinq cents personnes détenues en France, Sonia D., incarcérée à la maison d’arrêt des femmes de Lille Loos Sequedin, reçoit le numéro 117 de la revue trimestrielle Dedans Dehors, éditée par l’Observatoire international des prisons. Celui-ci contient un article concernant la condamnation de six surveillants à la suite de violences commises sur un détenu de la maison d’arrêt. Le soir même, au cours d’une conversation téléphonique avec ses proches, elle le lit à haute voix. Le lendemain matin, un agent pénitentiaire aurait pénétré dans sa cellule à la recherche de la revue, lui reprochant d’en avoir fait état par téléphone. La revue aurait été confisquée, la cellule retournée et Sonia fouillée à nue. Une première depuis son arrivée à Sequedin. Selon son témoignage, une surveillante l’aurait alors avertie : « Si je vois que la revue circule, je te ferai vivre un calvaire ».

    Le matin du 21 janvier, deux membres du personnel pénitentiaire seraient venus à nouveau dans la cellule de Sonia D. pour lui reprendre la revue, qui lui avait été restituée entre temps. Le même jour, elle aurait été convoquée par un chef de détention qui lui aurait demandé de s’expliquer sur les circonstances de réception de la revue, pourtant librement commandable et visée par le vaguemestre, et sur ses liens avec l’OIP.

    Le lendemain à 9h30, nouvelle fouille à nu. Alors que Sonia D. a le bras en écharpe après une tentative de suicide trois jours auparavant, la surveillante à qui elle aurait demandé de l’aider à se rhabiller aurait refusé, et ajouté : « C’est ça, de contacter l’OIP ! ».

    #prison

  • Justice. Prisons : "110 € par jour par détenu, c’est très cher pour fabriquer de la récidive"
    https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2022/11/12/prisons-110-par-jour-par-detenu-c-est-tres-cher-pour-fabriquer-de-la-rec

    ❝Cellules qui débordent, cafards qui pullulent... Alors que la France est en passe d’établir un nouveau record du nombre de détenus, la contrôleure des prisons Dominique Simonnot exhorte le gouvernement à « affronter la réalité » carcérale et « agir » contre la surpopulation.

    Nommée contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) il y a deux ans, l’ancienne journaliste du Canard enchaîné a, au gré de visites de contrôle, pu constater le « cauchemar » de la situation actuelle.

    A son arrivée à la tête de l’autorité indépendante, vigie des droits fondamentaux, les prisons étaient occupées à 100,7%, avec quelque 61 100 détenus pour 60 650 places.

    Elles comptent désormais, selon les derniers chiffres officiels, 72.350 détenus, 2 053 matelas posés à même le sol, et le taux d’occupation atteint 119,2% en moyenne.

    A la maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan, occupée à plus de 200%, « j’ai vu des gens à trois par cellule avec 0,8 m2 d’espace vital par être humain », décrit Dominique Simonnot. La nuit, le troisième détenu dort par terre et se sert d’une porte pour y poser son matelas afin de ne « pas respirer des petits cafards au milieu de la poussière », explique-t-elle.

    « Gradignan, c’est quand même une prison où les surveillants nous ont dit "moi (si j’étais) détenu, je ne rentrerais pas dans les cellules", nous ont parlé de leur détresse. Et où les détenus répondent "il faut les comprendre, ils sont à bout, on est trop" », souligne encore la contrôleure générale.

    Après cette visite, le CGLPL a adressé en juillet des recommandations en urgence dénonçant des conditions « inhumaines » de détention, mais son avis n’est pas contraignant.

    A chaque prison épinglée par l’autorité indépendante, il est répondu « "ne vous inquiétez pas, une nouvelle prison va sortir de terre" ». Mais cette « course à la construction est sans fin et les détenus ne peuvent attendre dans ces conditions », tempête Dominique Simonnot.

    « Mise en danger »

    A la maison d’arrêt de Fresnes, où l’Etat est condamné à effectuer d’importants travaux de rénovation et qui a fait la « une » de l’actualité cet été pour une course de karting, Dominique Simonnot a vu un détenu « le dos constellé de boutons » de punaises de lit.

    Elle ne compte plus les courriers de prisonniers qui ne vont plus aux toilettes par manque d’intimité et « qui frôlent l’occlusion » intestinale. Ni ceux témoignant des « hurlements » la nuit d’un codétenu atteint de troubles mentaux. Ou du cas d’un homme qui s’est pendu et qu’on doit décrocher.

    « Les gens doivent être punis, mais la punition ça ne peut pas être d’entasser des gens comme des poulets de batterie », s’insurge la contrôleure générale. « Quand un ascenseur est prévu pour huit, on n’a jamais entendu "vous pouvez monter à seize" ! »

    Ses prises de parole dans des tribunes ou les médias ont pu agacer, notamment des juges. A l’Assemblée nationale, une députée RN a critiqué son idéologie « gauchisante » et « laxiste ».

    « Si être angéliste et gauchiste, c’est regarder en face la réalité, moi j’appelle ça pragmatique », rétorque Dominique Simonnot.

    Aucunement « découragée », cette promotrice d’une régulation carcérale inscrite dans la loi voit même une « note d’espoir » dans la multiplication des partisans, dont des hauts magistrats, d’un mécanisme contraignant dès qu’un établissement atteint les 100% d’occupation.

    Au gouvernement maintenant de « faire preuve de courage politique » en portant cette inscription dans la loi, dit-elle. « C’est du cynisme de ne pas remédier à la réalité telle qu’elle est », estime la contrôleure générale.

    « Et c’est détourner les yeux d’un problème dont on tient les solutions, mais quoi, on redoute que ça indispose certains ? Mais gouverner, c’est être courageux ! », assène-t-elle.

    « C’est même un calcul économique intelligent. 110 € par jour par détenu, c’est très cher pour fabriquer de la récidive », tacle Dominique Simonnot.

    #prison

    • Six surveillants condamnés pour avoir violenté un détenu de la prison de Sequedin.
      https://www.ouest-france.fr/societe/prison/six-surveillants-condamnes-pour-avoir-violente-un-detenu-de-la-prison-d

      Des peines allant jusqu’à un an de prison avec sursis ont été prononcées jeudi 10 novembre 2022 par le tribunal correctionnel de Lille contre six gardiens de prison pour « des violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique » sur un détenu d’une maison d’arrêt du Nord.

      Deux des prévenus ont été condamnés à un an de prison avec sursis et à deux ans de suspension de l’administration pénitentiaire, les quatre autres à six mois de prison avec sursis et un an de suspension de l’administration pénitentiaire.

      Ces gardiens, employés à la prison de Sequedin près de Lille, avaient été placés en garde à vue le 27 septembre, sur la base d’une plainte d’un prisonnier, puis sous contrôle judiciaire.

      Le parquet avait requis six mois de prison pour cinq d’entre eux, et huit mois pour le premier surveillant, responsable de l’équipe, ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer dans la fonction publique pour tous.

      Au cours de l’audience, le 13 octobre, ces six hommes, âgés de 30 à 44 ans, avaient reconnu les faits, qui s’étaient produits le 3 janvier dernier, quand ils étaient intervenus pour un tapage dans une cellule.

      Sous mandat de dépôt dans le cadre d’une enquête pour trafic de stupéfiants, le prévenu plaignant avait été découvert nu sous la douche, avec une poêle dans la main, en train d’insulter son codétenu. La scène avait été filmée par les caméras de vidéosurveillance de la prison.

      Diffusé durant l’audience en octobre, l’enregistrement montre les surveillants sortir le détenu de sa cellule, puis le menotter, les mains dans le dos, entièrement nu, avant de le traîner sur le sol sur quelques mètres.

      Pendant ce transfert de plusieurs minutes, il subira des violences, notamment un taquet derrière la tête qui le fait chuter ou encore des coups de pied. La vidéo montre également la victime jetée nue dans une flaque d’eau, au milieu d’une cour humide, juste avant d’être amenée dans le quartier disciplinaire.

      Le prévenu violenté s’était vu délivrer une incapacité de travail inférieure à sept jours.

      #violences_pénitentiaires

    • Traitements inhumains et dégradants à la prison de Bordeaux-Gradignan : la spectaculaire dérobade du Conseil d’État
      https://oip.org/communique/traitements-inhumains-et-degradants-a-la-prison-de-bordeaux-gradignan-la-specta

      Par une décision du 10 novembre 2022, le Conseil d’Etat a rejeté, sans audience, la requête formée par l’OIP, l’Ordre des avocats du Barreaux de #Bordeaux, le SAF et l’A3D à propos du centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan. En dépit des conditions de détention inhumaines et dégradantes dans cet établissement notoirement insalubre et surpeuplé, il écarte les demandes d’améliorations réclamées par ces organisations.

      #OIP #CGLPL #surpopulation_carcérale

    • En réalité, le « coût » de revient du prisonnier doit être nettement plus élevé. Apparemment, il est calculé ici en intégrant diverses dépenses (repas, eau, chauffage, frais de personnel) (voir ce lien). Mais il faut en réalité ajouter bien des frais « annexes » ; dont probablement la location des établissements construits sous le régime des partenariats privé/public (compter un bon million d’euros/mois par établissement). Le chiffre de 110 euros/mois comprend-il les seuls personnels « surveillants » (sinon, les effectifs réels de l’administration pénitenciaire et leurs coûts sont bien plus élevés). Il faut ajouter à cela également tous les frais liés à l’aide à la réinsertion (formations, enseignements, etc) dont une partie est prise en charge par l’EN à ma connaissance), et enfin les coûts des soins de santé (même s’ils sont très insuffisants). Il faudrait quantifier également l’apport financier de nombreux bénévoles, qui entre en ligne de compte dans les frais engendrés par ce système aussi coûteux qu’inefficace. Et je dois en oublier...

  • « Le vrai scandale, ce n’est pas le karting, mais l’état lamentable de nos prisons », Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

    C’est l’immense événement de la rentrée ! Non, pas la guerre en Ukraine, ni les feux de forêt, l’eau qui manque partout, ou les pauvres qui dorment à la rue, non, le vrai « scandale » de ces derniers jours est ce jeu organisé à la prison de Fresnes, une des plus vétustes de France, surpeuplée à 144 %. Un jeu nommé « KohLantess », en référence au programme télévisé « Koh Lanta ». Trois équipes – surveillants, détenus, jeunes voisins libres de la ville – s’affrontent autour d’un quiz de culture générale, dans une course en portant des bassines d’eau, puis, d’un côté et de l’autre d’un baquet, pompeusement nommé « piscine », ils tirent sur une corde jusqu’à faire tomber l’adversaire à l’eau.

    Enfin et c’est là tout l’objet du « débat », deux des 1 918 prisonniers de Fresnes (Val-de-Marne) participent dans la cour réaménagée de l’établissement à une course de kart.

    Le « team surveillant » a gagné, chaudement félicité par le « team détenus ». Et le directeur de la prison a distribué – c’était le but de la journée – des chèques venus de dons et de sponsors à trois associations caritatives œuvrant pour les enfants.

    Voilà le drame qui a déclenché une avalanche de déclarations indignées, furieuses, dénonçant des prisons « Club Med », « colonies de vacances », mettant en regard « les enfants qui ne partent pas à la mer » avec « des criminels » qui s’amusent en braillant, « sur le dos de nos impôts ». Une telle hypocrisie, c’est rare ! D’abord parce que cette journée n’a rien coûté aux contribuables, tous les frais ayant été réglés par la société de production. Ensuite, ces réquisitoires viennent d’élus et de responsables politiques qui, connaissant l’état honteux de nos prisons et leur surpopulation encore jamais atteinte dans notre histoire, osent, pour des raisons politiciennes, faire croire à nos concitoyens que la vie carcérale se résume à cette journée. Le vrai scandale, ce n’est pas le karting, mais l’état lamentable de nos prisons.

    Auraient-ils oublié le formidable rapport parlementaire « Prisons, une humiliation pour la République » [https://www.senat.fr/rap/l99-449/l99-4491.pdf], qui, en 2000, avait secoué la France, démontrant la vie affreuse du peuple des cellules. Un grand peuple de 72 000 habitants aujourd’hui entassés dans 60 700 places. Une partie d’entre eux, qui se trouvent dans des maisons d’arrêt (où sont détenus des condamnés à de courtes peines et des prévenus, donc présumés innocents), enfermés en cellule vingt-deux heures sur vingt-quatre, à deux, à trois, parfois même à six ou huit, voient cavaler des punaises de lit qui les piquent, des cafards qui leur galopent sur le corps.

    Les chantres de l’indignation

    Dans leur mauvaise foi, ces coryphées de la bien-pensance ignorent-ils que beaucoup parmi ces prisonniers renoncent à leur unique promenade quotidienne, laissant y partir leurs codétenus, pour se précipiter aux toilettes afin d’y être enfin tranquilles ? Ignorent-ils que 1 860 détenus dorment sur un matelas par terre, contraints de boucher leur nez avec du papier-toilette pour éviter d’aspirer les vermines ? Ignorent-ils qu’il faut attendre des mois pour voir un médecin, un psychiatre ? Des mois encore pour obtenir un travail ou ne jamais l’obtenir ? Et des mois encore pour accéder – ou ne jamais y accéder – à un atelier d’écriture, de théâtre, ou à toute autre activité donnant à apprendre, à savoir, à connaître, à vivre ensemble ? C’est-à-dire à préparer leur sortie, leur retour à la vie en société, afin que, comme le dit la loi, ils sortent meilleurs qu’ils n’y étaient entrés. Ignorent-ils, ces chantres de l’indignation calculée, que des prisonniers en viennent, faute de dentiste, à percer eux-mêmes leur abcès dentaire ?

    Ignorent-ils que des grabataires, des détenus âgés, gravement handicapés, ont été découverts par l’équipe du contrôleur général des lieux de privation de liberté à l’abandon, faute d’aides-soignantes et d’infirmières, baignant dans leurs excréments, incapables de se relever quand ils tombent ? Ignorent-ils que le médecin de la prison appelait à l’aide depuis des années et a fini, écœuré, par démissionner ?

    Savent-ils que plus de cent détenus se suicident chaque année en prison ? Ont-ils vu les rats qui grouillent dans les cours de promenade ? Ignorent-ils que ces conditions lamentables rejaillissent sur la mission des surveillants, devenue épouvantable ? C’est donc cela que ces moralistes nomment « colonies de vacances » ou « Club Med » !

    Chut ! Ni vu ni connu

    Plus sérieusement, et au-delà de son but caritatif, cette journée de Fresnes avait un côté récréatif, certes, mais prévu par la loi selon laquelle « l’administration pénitentiaire doit offrir aux détenus des activités récréatives ». Pourquoi ? Parce que s’amuser quelques minutes, voire quelques heures, au milieu d’une détention si dégradée, participe de la réinsertion.

    Et puisqu’il faut bien répéter l’évidence, à l’exception de quelques-uns, les détenus sont destinés à sortir un jour. Toutes les études le montrent : une sortie préparée, puis accompagnée par les services pénitentiaires d’insertion et de probation, réduit considérablement la récidive. Et s’il est un coût qui doit nous ébranler, c’est celui de 110 euros par jour et par détenu, pour végéter dans les conditions décrites plus haut.

    Qu’avons-nous vu sur cette vidéo de vingt-cinq minutes aujourd’hui supprimée en raison du « scandale » ? Des détenus et des surveillants riant ensemble, heureux que, pour une fois, tout se passe dans une ambiance bon enfant, sans heurts, ni tension, ni violences qui sont, hélas, le lot des journées carcérales.

    En fait, ces images, pour bien faire, auraient dû ne jamais être diffusées. Quelle hypocrisie ! Ainsi ne sont ni filmés ni connus les matchs de boxe, de volley, de football entre surveillants et détenus, les concerts de rap, de rock, ni les sorties en VTT, à escalader, à parcourir la forêt. Mais chut ! Ni vu ni connu, ça n’existe pas… Hypocrisie encore.

    Enfin, comment expliquer que nos voisins allemands, entre autres, réussissent avec vingt millions d’habitants de plus que nous à compter 13 000 détenus de moins, selon Prison Insider ? Parce qu’eux croient en la réinsertion dans les murs, avec de nombreuses activités, festives ou pas, et surtout à la sanction hors les murs, grâce à un taux d’alternatives à l’enfermement largement supérieur au nôtre.
    Que retenir de ce faux scandale du karting à Fresnes ? Sinon qu’il sert à masquer le vrai scandale du ratage total de notre politique pénale et pénitentiaire, et de cette innommable surpopulation carcérale. Pour faire plaisir, il faut donc que les prisonniers souffrent dans leur chair, s’ennuient à crever, et subissent, pour finir, ce qu’il faut bien nommer une forme de châtiment corporel.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/24/dominique-simonnot-le-vrai-scandale-ce-n-est-pas-le-karting-mais-l-etat-lame

    jets privés et jet-skis pour les uns, pas de karting les autres

    #prison

    • @desdetenus, 9:09 PM · 24 août 2022
      https://twitter.com/desdetenus/status/1562517390105378816

      Pas d’eau courante à la prison de Nanterre depuis 11h ce matin. Pas d’eau du robinet, pas de possibilité de tirer la chasse d’eau …

      Update : à 23h38, toujours pas d’eau. Les matons ont distribués quelques bouteilles d’eau aux cellules qui réclamaient de l’eau via les interphones…
      La Fronseee en 2022 🤡

      Update bis : L’eau vient d’être rétablie à 13h10 à la maison d’arrêt de Nanterre.
      Durée de la coupure : 26h15 🤡

    • Derrière Kohlantess, la violence de la prison – L’envolée - 23 Août 2022
      https://lenvolee.net/derriere-kohlantess-la-violence-de-la-prison

      Le tsunami d’extrême droite qui s’est déversé dans les médias et sur les réseaux sociaux au prétexte d’une malheureuse animation à la prison de Fresnes achève de prouver que maintenant qu’il est ministre des prisons, l’ex-avocat Superdupont-Moretti n’assure plus la défense de grand-chose – si ce n’est celle de positions fascistes. Au-delà de cette drague éhontée, il est important de rappeler que les animations telles que « Kohlantess » – et les polémiques qu’elles suscitent – masquent avant tout la violence pénitentiaire et la nature mortifère de la prison.

    • « Le vrai scandale des prisons françaises », par #Didier_Fassin - 27 août 2022
      https://www.nouvelobs.com/societe/20220827.OBS62444/le-vrai-scandale-des-prisons-francaises-par-didier-fassin.html

      Dans ce futur imaginé où le ministre de la Justice bénéficierait de toutes ces informations, il trouverait peut-être des arguments à opposer à celles et ceux qui, par démagogie autant que par ignorance, considèrent qu’on en fait trop pour les prisonniers, plutôt que de les rejoindre dans leur feinte colère contre le supposé laxisme du monde pénitentiaire.

    • Commission des lois en visite à Fresnes : l’envers du décor
      https://oip.org/communique/commission-des-lois-en-visite-a-fresnes-lenvers-du-decor

      Mercredi 17 octobre, la commission des lois se réunira à la maison d’arrêt de Fresnes. Au moment où les députés sont appelés à adopter le projet de loi de finances 2019, ce déplacement inédit contraste avec la réalité des chiffres : la rénovation de cette prison, emblématique de conditions de détention particulièrement indignes, n’est toujours pas à l’ordre du jour.

      Cette visite se veut emblématique. La commission des lois réaffirme ici l’attention qu’elle porte à la question des prisons. Une initiative qui aurait de quoi réjouir si Fresnes n’était pas par ailleurs emblématique de l’inertie des politiques pénitentiaires successives : vétuste, insalubre, surpeuplé, cet établissement est pointé du doigt depuis des années pour ses conditions de détention particulièrement dégradées, a fait l’objet d’une récente décision de justice ordonnant des travaux de rénovation, est sous la menace d’une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme… sans qu’à aucun moment le changement demandé et attendu n’ait lieu. En 2000, la ministre de la Justice Elisabeth Guigou annonçait sa complète réhabilitation. Elle avait même « décidé et obtenu les crédits correspondants », selon ses déclarations. Et puis rien. Près de vingt ans plus tard, cette rénovation n’est même pas prévue dans le budget 2019 sur lequel les députés de la commission des lois auront bientôt à se prononcer. Certes, 0,5 million d’euros sont crédités pour des « études préalables ». Un montant qui fait pâle figure à côté des 678 millions d’euros prévus pour la construction de nouvelles prisons. Cette année comme chaque année, le budget pénitentiaire est englouti par les projets immobiliers au détriment de l’entretien et de la rénovation des établissements existants, contraignant les personnes qui y sont détenues à endurer des conditions de vie souvent inhumaines. À la maison d’arrêt de Fresnes, ce sont 2 575 prisonniers qui s’entassent dans un espace prévu pour 1 404 personnes, en présence de cafards, de punaises et de rats. Une situation intenable alors que, des années après l’annonce d’une rénovation complète, nous en sommes encore au stade des études.

      Fresnes - état des lieux (2017) #OIP
      https://seenthis.net/messages/648952
      Une caractéristique des prisons françaises est le manque d’activités hors cellule et l’oisiveté qui en découle.
      https://oip.org/en-bref/quelles-activites-sont-proposees-aux-personnes-detenues

    • Laélia Véron
      https://twitter.com/Laelia_Ve/status/1564668342958526464

      Les polémiques passent vite dans les médias mais elles ont des conséquences qui durent, elles. Suite à #Kohlantess dans la prison où je bosse (et sans doute ailleurs) la plupart des activité est sur pause. Par ex le Goncourt des détenus ou le module sur les violences familiale

      Ça fout en l’air un travail élaboré par beaucoup pendant des mois et des mois. Et tout ça pour une campagne entretenue par des personnes qui n’en ont sans doute pas grand chose à faire mais avaient juste besoin d’une polémique de fin d’été.

      Si on me demande pourquoi c’est sur pause : parce que tout le monde stresse, et tout le monde veut être sûr·e d’avoir 500 validations hiérarchiques avant de mettre en place lesdites activités.

      Il n’y a pas une grande autorité qui nous a demandé d’annuler ces activités ou de les mettre sur pause. C’est plus pernicieux que ça:la polémique a fait peur à tout le monde, et maintenant tt est bcp plus lent et compliqué à organiser (alors que ce n’était déjà pas facile avant !)

      Merci à toutes les personnes qui vont continuer à se battre pour maintenir ces activités par ex
      @LaFabOperaVDL qui vient présenter l’opéra en détention.
      Si vous voulez en savoir plus sur la prison il faut suivre l’
      @OIP_sectionfr et la revue Dedans/dehors

  • Le numéro 55 du journal interdit en prison : lisez et relayez l’article incriminé
    https://lenvolee.net/proces-des-surveillants-responsables-de-la-mort-de-sambaly-diabate

    Il n’y a pas de « diffamation » dans cet article : il montre simplement comment l’administration pénitentiaire et la justice travaillent main dans la main pour protéger les surveillants les plus violents, même quand ils tuent un homme. Nous vous demandons de le relayer le plus massivement possible. La machine d’État ne fera pas taire L’Envolée ; elle ne réduira pas au silence les prisonniers et les prisonnières, qui ont raison de se révolter. Source : L’envolée

  • Week-end contre la violence pénitentiaire – Procès des matons tueurs de Saint-Martin-de-Ré – Surpopulation carcérale – L’envolée
    https://lenvolee.net/week-end-contre-la-violence-penitentiaire-27mai22

    Du lundi 29 novembre 2021 au mercredi suivant, les sept matons qui ont causé la mort de Sambaly à la Maison Centrale de Saint-Martin-de-Ré en août 2016 comparaissaient devant le tribunal correctionnel de La Rochelle. Il est mort par asphyxie dans les mains des matons. Nous étions présent·e·s au procès pour soutenir les proches de Sambaly. Ces 5 heures d’audio, en cinq parties, c’est un montage de nos retours à chaud, après chacune des trois journées d’audience où nous avons accompagné les proches de Sambaly Diabaté. En plus de ces 7 maton·nes, deux autres figuraient sur la liste des prévenus mais ils se sont suicidés au cours l’enquête, peu avant leurs auditions respectives.

    https://lenvolee.net/delibere-des-matons-tueurs-de-samba

    Quatre peines de douze à vingt-quatre mois de sursis ont été prononcées contre les surveillants, dont une est accompagnée d’une interdiction d’exercer pendant cinq ans. Les trois autres condamnés n’auront pas de restriction pour exercer leur métier à Saint-Martin de Ré. Trois autres accusés sont simplement relaxés. No comment.

    Récit complet dans ce n°55 de #lenvolée

  • L’illusion du « toujours plus » carcéral
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/05/03/l-illusion-du-toujours-plus-carceral_6124556_3232.html

    La surpopulation des #prisons_françaises, source de violence et de tensions, a atteint un nouveau record. A l’heure où l’Allemagne et les Pays-Bas montrent que cette fuite en avant n’est pas une fatalité, il est temps d’assumer une politique contrôlée de désinflation carcérale.

    Le quinquennat côté prisons : beaucoup de bruit pour rien
    https://oip.org/analyse/le-quinquennat-cote-prisons-beaucoup-de-bruit-pour-rien
    https://twitter.com/OIP_sectionfr
    https://lenvolee.net/permis-de-tuer-des-flics-appels-depuis-les-cra-de-vincennes-et-du-mesnil-a

    Discussion autour de deux récents meurtres policiers : Zakaria Mennouni est décédé le 27 avril, parce que le 21 avril des flics l’avaient tasé, avaient tiré au LBD puis au flingue sur lui ; dimanche 24 avril, le soir de la réélection d’Emmanuel Macron, un policier a tué deux personnes au fusil d’assaut en plein centre de Paris, vers le Pont Neuf. Un syndicat fasciste de flics a appelé à un rassemblement pour revendiquer encore une fois son permis de tuer, le lundi 2 mai. Urgence notre police assassine a appellé à un contre rassemblement au même endroit : place Saint-Michel, à 12h.

    #lenvolée #OIP #macron_démission #surpopulation_carcérale

  • Sacha, tué par le mitard à Saint-Brieuc - expansive.info
    https://expansive.info/Sacha-tue-par-le-mitard-a-Saint-Brieuc-3266

    Le #mitard, couloir de la mort ou « quartier disciplinaire » en novlangue, est le lieu le plus violent du système carcéral. On y retrouve les pires barbaries : passages à tabac, meurtres maquillés en suicide, humiliations (souvent sexuelles), insalubrité, etc. C’est un lieu de torture institutionnalisée. Le Réseau Entraide Vérité et Justice, ainsi que l’association Idir, Espoir et Solidarité demandent son abolition imédiate (voir brochure à la fin de l’article).

    #prison

    • Suicide de Sacha à la prison de St-Brieuc : un an après, toujours autant de questions
      https://oip.org/analyse/suicide-de-sacha-a-la-prison-de-st-brieuc-un-an-apres-toujours-autant-de-questi

      Le 27 avril 2021, Sacha est retrouvé pendu au sein du quartier disciplinaire de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc. Il avait dix-huit ans.

      Souffrant d’addictions depuis son entrée au lycée, Sacha passe une partie de son adolescence en foyer d’accueil, et a eu plusieurs fois affaire à la justice pour des faits de petite délinquance. Incarcéré une première fois à l’établissement pénitentiaire pour mineurs d’Orvault en avril 2020, il retourne ensuite vivre chez ses parents. Le 26 décembre 2020, il vole deux des caisses du supermarché dans lequel il est employé et prend la fuite. Pendant un mois, il n’enverra que quelques messages à ses parents, qui ne savent pas où il se trouve. Sa cavale se termine le 22 janvier 2021, lorsqu’il prend le train sans titre de transport. Interpellé par les gendarmes de Saint-Brieuc, il est jugé en #comparution_immédiate et écroué le jour-même.

      Les parents de Sacha, qui étaient jusque-là sans nouvelles de leur fils, reçoivent alors un appel les informant qu’il est incarcéré pour une durée de six mois à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc. « À ce moment-là, moi, je souffle… se rappelle la mère de Sacha. Je pense : “Je peux dormir tranquille, désormais il est en sécurité. On ne risque plus de m’appeler demain pour me dire qu’il est mort.” »

      Sacha reprend contact avec ses parents un mois plus tard. Lors de leurs échanges quotidiens, le jeune homme relate sa détention, au cours de laquelle il rencontre de nombreuses difficultés. Le 25 février, Sacha passe en commission disciplinaire à la suite d’une altercation avec un détenu, pour laquelle il est sanctionné de dix jours de placement au #quartier_disciplinaire (QD) avec sursis. Le 18 mars, en manque de tabac, il s’en prend à un autre détenu en cours de promenade. Le 25 mars, la commission de discipline révoque son sursis ; il écope de seize jours de cellule disciplinaire. Le 7 avril, une nouvelle bagarre avec son codétenu entraîne une nouvelle peine de quatre jours. Sacha est donc sanctionné de vingt jours de mitard au total, qui doivent être exécutés du 23 avril jusqu’au 11 mai.

      Deux jours avant son placement au QD, le jeune homme est hospitalisé après avoir ingurgité une importante quantité de médicaments. Il réintègre la prison le jour-même et demande à voir un psychiatre, mais n’obtient un rendez-vous que plusieurs jours plus tard. Ce qui n’empêchera pas son placement au quartier disciplinaire.

      Selon les procès-verbaux cités dans la plainte déposée par les parents, le dimanche 25 avril, et alors qu’il est placé à l’isolement depuis deux jours, Sacha sonne pour signaler qu’il s’apprête à faire “une bêtise”. Un major vient alors échanger avec lui et retire un lacet accroché à la grille de sa cellule et un “yoyo”, une corde confectionnée avec des draps permettant aux détenus de faire des échanges entre cellules. En sortant, l’agent alerte la direction et demande une surveillance renforcée, affirme-t-il aux enquêteurs.

      De leur côté, les parents de Sacha, qui n’ont plus eu de nouvelles de lui depuis trois semaines, s’inquiètent. Le lundi 26 avril, ils contactent la maison d’arrêt qui les renvoie vers le service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip). Mais personne n’est en mesure de leur dire si Sacha est actuellement, ou non, au quartier disciplinaire. Lorsque sa mère précise depuis quand elle n’a plus eu de contact avec son fils, on lui répond que cela correspond à la date à laquelle Sacha n’a plus eu d’argent pour téléphoner. Sa mère lui en verse alors immédiatement afin qu’il puisse les appeler. Mais – qu’il n’ait pas su cet argent disponible ou qu’il n’ait pas téléphoné – les parents de Sacha n’entendront plus la voix de leur fils.

      Le mardi 27 au matin, d’après les PV d’audition cités dans la plainte de la famille, deux majors sont alertés de la situation d’extrême mal-être dans laquelle se trouve Sacha. Ils le sortent de sa cellule et l’emmènent dans leur bureau pour discuter. Ils remarquent alors des traces rouges au niveau du cou de Sacha, qui laissent supposer une tentative de #suicide. Ils conseillent au jeune homme d’écrire à la direction, afin de solliciter un fractionnement de sa sanction de mitard. Ce que Sacha fera. « Je suis au bord du gouffre, écrit-il. Je suis prêt à en finir avec la vie, mais d’un autre côté je sais que ce n’est pas la bonne solution. » Il dit avoir réfléchi à ses actes et les « regretter amèrement ». Il supplie de fractionner sa peine de mitard et précise qu’il ne pourra pas tenir un jour de plus. « J’en appelle à votre humanité et à votre empathie. »

      Après une promenade d’une heure, Sacha est remis en cellule et l’unité sanitaire est alertée. En début d’après-midi, sa mère reçoit un appel du directeur de la maison d’arrêt. « J’ai une bien triste nouvelle à vous apprendre. Votre fils s’est donné la mort ce midi », lui annonce-t-il. Le corps de Sacha a été retrouvé sans vie dans sa cellule du quartier disciplinaire. Selon l’enquête qui suivra, Sacha a déchiré le liseré de sa couverture et l’a accroché à la grille de sa cellule avec un lacet.

      Les parents de Sacha ne seront reçus par l’établissement pénitentiaire que le 18 mai 2021, soit trois semaines après le décès de leur fils. Durant cet entretien, le directeur aurait affirmé que la lettre de Sacha avait bien été lue et que sa demande avait été acceptée, précisant toutefois que la direction attendait la visite d’un médecin pour acter la décision. Mais cette dernière n’aura pas lieu à temps.

      « Pourquoi, alors qu’il criait son mal-être et avait déjà fait deux tentatives de suicide, notre fils a-t-il été maintenu au quartier disciplinaire ? Pourquoi n’a-t-il pas immédiatement été vu par un médecin ? A-t-on vraiment dit à Sacha que sa demande était accordée, qu’il allait être sorti du QD ? Comment a-t-il pu se retrouver en possession d’un lacet ? N’aurait-il pas dû être particulièrement surveillé ? » Aujourd’hui, les parents de Sacha attendent des réponses. Après une première plainte classée sans suite, ils ont décidé, assistés de Me Etienne Noël, de déposer une plainte avec constitution de partie civile pour mise en danger d’autrui d’une part, et d’engager un recours devant le tribunal administratif pour faire reconnaître la responsabilité de l’État d’autre part.

      par Pauline Gurset

  • Lettres : sortir du QI / taffer à la MAF / ciblé par l’AP – Répression judiciaire des révoltes en Guadeloupe – Verdict des matons meurtriers de St Martin de Ré – L’envolée
    https://lenvolee.net/lettres-sortir-du-qi-taffer-a-la-maf


    Prison-Insider. revue de presse janvier 2022
    https://www.prison-insider.com/articles/france-notre-revue-de-presse-2022
    Prison et pauvreté, un « cercle vicieux »
    https://oip.org/analyse/prison-et-pauvrete-un-cercle-vicieux

    La #prison fonctionne à la fois comme sanction de la #pauvreté, source de paupérisation et entrave à la réinsertion à la sortie : tel est le sombre constat dressé par un récent rapport d’enquête publié par Emmaüs-France et le Secours catholique. S’appuyant sur la parole de nombreuses personnes détenues, il explore les liens qu’entretiennent prison et précarité, et propose un certain nombre d’actions concrètes pour « sortir du cercle vicieux ».

    #lenvolée

  • >Ban Public - Le portail d’information sur les prisons
    http://prison.eu.org/budget-penitentiaire-2022-prison

    Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022, les membres de l’Assemblée nationale examinent aujourd’hui, lundi 25 octobre, les crédits de la mission Justice et, parmi eux, ceux dédiés à l’administration pénitentiaire. Une fois de plus, les priorités budgétaires sont aux antipodes des véritables besoins et traduisent une orientation stratégique où la prison reste, encore et toujours, la peine de référence.

    Une promesse enfin tenue pour Macron et Castex, en 2022 plus personne à la rue, tous en taule ?
    #administration_pénitentiaire #LaREM #prisons #institution_carcérale

  • #Police Le #CGLPL publie aujourd’hui au Journal officiel des recommandations relatives aux conditions matérielles de garde à vue dans les services de police.
    https://twitter.com/CGLPL/status/1440173926726787081

    Le caractère indigne des conditions d’accueil en garde à vue, notamment sur le ressort de la préfecture de police, est parfaitement connu du ministère de l’intérieur et régulièrement dénoncé dans les rapports du CGLPL depuis 2008

    https://www.cglpl.fr/2021/recommandations-relatives-aux-conditions-materielles-de-garde-a-vue-dans-les-s
    darmanin et la république en mocassins ont promis de faire le ménage en passant le karcher mais pas dans les cellules.

  • Livraison de LBD dans les prisons d’Auvergne-Rhône-Alpes – Observatoire International des Prisons
    https://oip.org/analyse/livraison-de-lbd-dans-les-prisons-dauvergne-rhone-alpes

    Depuis la fin de l’année 2020, l’intégralité des #prisons de la région pénitentiaire de Lyon sont équipées de lanceurs de balles de défense (LBD). Une décision qui fait grincer des dents jusqu’au sein de l’administration pénitentiaire. D’une plus-value contestable au regard des armes déjà disponibles, ce déploiement illustre surtout la priorité donnée à une approche ultra-sécuritaire. Et vient souligner en creux l’absence de moyens mis sur l’humain et le dialogue.

    Charline Becker #OIP


    dessin de gwen tomahawk pour @cqfd
    http://cqfd-journal.org/Au-sommaire-du-numero-198-en

    [... La plus-value de cette arme par rapport à l’arsenal existant laisse de nombreux surveillants perplexes. « On a d’autres choses pour le maintien de l’ordre : dispositif de dispersion, Gomm-cogne (Pistolet qui tire des balles en caoutchouc de calibre 6 ou 9mm.), fusil à pompe , etc. », complète Jean. « Quand il y a un mouvement collectif, les #Éris(4) sont là pour ça ! Je ne vois pas l’apport du #LBD. On va finir avec des chars d’assaut si on continue comme ça », s’emporte un autre surveillant.]

    Si certains matons commencent à tousser suite à cette #dérive_sécuritaire les quartiers populaires, eux le savent depuis longtemps !
    https://seenthis.net/messages/914316

  • Lorient-Ploemeur : l’indignité des conditions de détention condamnée – Observatoire International des Prisons
    https://oip.org/communique/lorient-ploemeur-lindignite-des-conditions-de-detention-condamnee

    Saisi par l’OIP et l’ordre des avocats du barreau de Nantes, le tribunal administratif de Rennes a ordonné à l’administration pénitentiaire d’agir contre l’indignité des conditions de détention au centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur. Une décision qui vient rappeler, en plein débat sur la création d’une voie de recours permettant aux détenus de contester leurs conditions de détention, que seule une véritable politique de déflation carcérale serait à même de redresser la situation que connaissent les établissements pénitentiaires français depuis de très nombreuses années.

    #surpopulation_carcérale #OIP #prisons

  • Surpopulation carcérale : face à l’urgence, le réflexe prison a la peau dure – Observatoire International des Prisons
    https://oip.org/communique/surpopulation-carcerale-face-a-lurgence-le-reflexe-prison-a-la-peau-dure

    Alors que la population carcérale a augmenté de manière quasi constante ces derniers mois, de nombreux établissements pénitentiaires affichent désormais des taux inquiétants de sur-occupation. La propagation du virus en détention, conjuguée à des décisions de justice en cascade qui enjoignent à la France de garantir la dignité des personnes détenues, devraient pourtant inciter le gouvernement à prendre des mesures à la fois urgentes et drastiques.

    #OIP #prison #surpopulation_carcérale

  • Encore un « suicide » au mitard de Seysses : « trop de frangins sont morts » – L’envolée
    https://lenvolee.net/encore-un-suicide-au-mitard-de-seysses


    https://seenthis.net/messages/694166

    Jules est mort au #mitard de la maison d’arrêt de #Seysses dans la nuit du 5 au 6 décembre. Il avait 20 ans. L’administration pénitentiaire prétend qu’il s’est pendu, mais les prisonniers sont formels : Jules ne s’est pas suicidé.
    Ils sont très nombreux à témoigner, et c’est toujours la même équipe qui est mise en cause ; ce sont toujours les prénoms des mêmes surveillants qui ressortent. Le pire, c’est que ça fait des années que ça dure.

    #lenvolée #prison #matons_assassins

    • Taoufik mort à Perpignan, Jules mort à Seysses … Trop de « morts suspectes » en prison
      https://lenvolee.net/taoufik-mort-a-perpignan-jules-mort-a-seysses-trop-de-morts-suspectes-en-p
      L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de #radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.
      https://lenvolee.net/wp-content/uploads/2020/12/lenvolee-20-12-11.mp3

    • Témoignage et lettre de prisonniers en Italie qui reviennent sur la révolte à la prison de Modène le 8 mars 2020 et qui rappellent les 12 personnes tuées ce jour là et que l’administration essaie de faire oublier.

      Je suis allé en prison parce que la police est venue contrôler et m’a trouvé sans papiers, ils m’ont envoyé en prison. Depuis que j’étais en prison, les problèmes ont commencé, une fois il y a eu une bagarre, je n’avais rien à voir avec ça. Ensuite, la police est arrivée et ils sont entrés et nous ont battus et nous ont cassé les os, puis ils nous ont mis en cellule d’isolement pendant 3 jours sans nous emmener à l’hôpital. Finalement, un garçon a été emmené à l’hôpital et s’est évanoui à cause des douleurs. Quand il l’a vu, le médecin l’a laissé entrer de toute urgence. Le médecin a dit à la police qu’il devait rester à l’hôpital au moins 3-4 jours, mais la police ne voulait pas. Le médecin avait demandé qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur de la prison pour l’aider à bouger pendant un mois, mais la police n’a rien fait de tout ce que le médecin avait demandé et lui a donné un certificat. Il a fait un rapport à la police à l’hôpital et a pris le dossier avec lui, à la fin ce soir-là, ils l’ont pris et l’ont immédiatement emmené à la prison de Modène où j’avais également été transféré, dans une cellule où se trouvaient également mes amis de ma ville, j’y suis resté jusqu’à ce que le coronavirus arrive et lorsque le corona est arrivé il y avait un homme malade du virus et ils ne voulaient pas le laisser sortir et ils nous ont interdit de voir les membres de nos familles. Après cela, une révolution s’est produite et ils ont incendié la prison et les forces spéciales sont entrées et ont commencé à tirer, 12 personnes sont mortes dont 2 de mes amis, ils sont morts sous mes yeux, je suis toujours sous le choc. Je m’étais échappé sur le toit de la prison pour qu’ils ne me tirent pas dessus après ils nous ont tous pris et emmenés et mis dans une pièce, ils nous ont enlevé tous nos vêtements et ils ont commencé à nous battre, nous gifler et nous donner des coups de pied. Ensuite, ils nous ont rendu nos vêtements et ils nous ont mis en ligne et ils nous ont encore battus avec la matraque, à ce moment-là, j’ai réalisé qu’ils allaient nous emmener dans une autre prison. Tels étaient les coups que nous avons reçus qu’ils m’ont envoyé dans une autre prison sans chaussures. Puis, quand nous sommes arrivés à la prison, ils nous ont battus à nouveau. Au final j’ai purgé ma peine je suis très choqué pour mes amis je n’ai pas pu porter plainte contre les carabiniers parce qu’ils sont trop forts. Et je n’ai ni argent ni documents. Je suis toujours très choqué je n’arrive plus à dormir ni à bien manger. Après tout, je me sens encore très mal, mais malgré tout j’aime l’Italie, grâce à vous qui m’avez fait parler.

      https://seenthis.net/messages/829634