Après les élections, encore les élections

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  • Après les élections, encore des élections
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    Pendant des mois, la classe politique, et avec elle les médias, n’ont eu d’yeux que pour les élections présidentielles. Ouf, c’est fini... Hollande élu le 6 mai, voici qu’à peine deux jours après, avec l’autre présidents (le viré) il co-préside, pratiquement la main dans la main, les cérémonies du 8. Beau symbole : on s’étripe en paroles, on s’insulte, on se calomnie, on se vole dans les plumes pour se voler les places... le temps d’une campagne. Immédiatement après l’État reprend ses droits. La coprésidence symbolique des « deux présidents » pour les cérémonies de la Libération illustre parfaitement notre réflexion : si une chose est sûre, c’est que dans le fond, c’est pas prêt de changer et que la machine électorale n’est pas prête de s’arrêter. Car, après les présidentielles, il y a les législatives (avec toutes leurs incertitudes). Et après les législatives, les municipales (là, la droite espère déjà un raz-de-marée : forcément, après deux ans de présidence « socialiste », pense-t-elle il y aura déception et retournement de veste de l’électorat). Mais, ce n’est pas fini, après les municipales... les régionales, ou autre chose. De près, de loin, les élections pointent en permanence le bout de leur nez ! Avec ce manège, les déçus d’aujourd’hui peuvent ainsi espérer être les vainqueurs de demain, et réciproquement. Ainsi sont maintenues les espérances dans un camps comme dans l’autre. Ainsi est maintenue la paralysie générale de la société.

    Alors, réaffirmons tout de suite, pour ceux qui se sont réjouis du départ de Sarkozy (et, sur le plus psychologique, nous comprenons très bien pourquoi) que l’espérance électorale est un leurre. C’est pourquoi nous maintenons notre position, fermement abstentionniste. Est-il encore nécessaire de dérouler la longue série des arguments dans ce sens ? Disons simplement que le système électoral coupe la population de la véritable politique, celle qui se fait dans la lutte au quotidien, dans les boîtes, dans les quartiers, dans tous les lieux d’exploitation...

    Le choix est bien là : lutte pour de véritables changements ou élections pour que tout (c’est-à-dire l’exploitation capitaliste et l’oppression étatique) continue avec les variantes d’usage... C’est cet enjeux qu’avaient en tête les portes-paroles des syndicats officiels quand ils susurraient, en pleine grève massive contre l’anéantissement des retraites : « Retournez travailler, faites nous confiance, attendez 2012 ». Lutte ou élection, la pratique montre qu’on ne fait pas les deux. Pour eux, l’important, c’est les élections, pas la lutte. Pour nous, c’est l’inverse.

    Quant aux variantes que peut prendre le pouvoir, l’une d’entre elles (et elle a déjà fait usage...) est l’hyper-droitisation (pour ne pas dire pire). On aurait tort de le négliger. Les plus de 6 millions de « citoyens » qui ont voté Le Pen, l’entrée au parlement Grec d’une vingtaine d’individus ouvertement néo-nazis, sont autant de faits qui devraient faire réfléchir : on ne combat pas l’extrêmedroite par les urnes. On la combat par un travail quotidien de terrain, par des luttes et des victoires sociales, en s’attaquant aux racines du capitalisme parce qu’elles sont également les racines du fascisme. Ceux qui oublient cela pourraient bien un jour réaliser à leurs dépends qu’un bulletin de vote n’est qu’un bout de papier qui ne protège de rien du tout.

    « Le Changement » ce n’est donc ni Hollande ni un quelconque sauveur suprême. Le changement, ce ne peut être que le peuple s’il se décide enfin à prendre ses affaires directement en main. Puisqu’on a tant parlé d’espérance, permettons-nous de dire que là est la nôtre et que c’est à elle que nous appelons chacun à travailler sans relâche.

    Editorial d’#Anarchosyndicalisme ! n°129 - Mai-juin 2012