« Les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien » : ce que révèle la petite phrase de Macron
▻http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/07/03/31001-20170703ARTFIG00167-les-gens-qui-reussissent-et-les-gens-qui-ne-sont-
Le phénomène Macron ne se résume pas à la transposition, au sein du monde politique, des méthodes propres au monde des entreprises. C’est aussi l’esprit même de l’entreprise qui est transposée à la sphère politique. La victoire de Macron est celle d’un habitus spécifique qui appartient à la sphère de l’entreprise. Dans cette sphère, il y a ceux qui sont efficaces et ceux qui ne le sont pas, il y a ceux qui bénéficient de promotions et ceux qui sont laissés sur le côté, ceux qui gagnent et ceux qui perdent. Il y a la « gestion des ressources humaines » et la mise en place, par le management, d’une organisation faussement égalitaire et empathique qui, en réalité, introduit une couche supplémentaire d’inégalité et de hiérarchie à l’intérieur d’une société déjà minée par les injustices sociales. Le monde de l’entreprise n’est pas un monde d’épanouissement et de réussite mais souvent un monde de souffrance, de ressentiment, au sein duquel la compétition des uns avec les autres est organisée de telle sorte que le système non seulement se perpétue mais se renforce.
Dans ce monde, on parle de nouvelles frontières technologiques, d’innovation, de disruption, d’inclusion ou encore d’industrie du futur. On y partage une même foi dans la culture et les valeurs d’entreprise, dans l’individualisme, dans l’ouverture au monde, dans la technologie et la connexion permanente. Le modèle de cette bourgeoisie managériale n’est pas le Général de Gaulle ou Napoléon mais les patrons d’Uber et de Facebook. Ses théoriciens sont des « coaches » en leadership comme Simon Sinek. Cette bourgeoisie n’a que faire de ces vieilles lunes que sont le sentiment national ou la justice sociale. Les représentations de cette nouvelle classe dominante sont tout entières définies par les codes de l’entreprise et du management, codes qui, sous couvert de tolérance et de modernité, sont - comme nous l’écrivions - profondément hiérarchiques et inégalitaires.