Ces branchs qui dbranchent

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  • Ces branchés qui débranchent
    http://www.lemonde.fr/style/article/2012/04/27/ces-branches-qui-debranchent_1691531_1575563.html

    « Les gens se demandent pourquoi des professionnels de la Silicon Valley, dont certains de Google, qui semblent devoir beaucoup à l’industrie informatique, envoient leurs enfants dans une école qui n’utilise pas d’ordinateurs » (...) Pour apprendre à écrire, il est important de pouvoir effectuer de grands gestes. Les maths, ça passe par la visualisation dans l’espace. L’écran gêne l’enseignement. Il diminue les expériences physiques et émotionnelles."
    (...)
    Richard Stallman, le gourou du logiciel libre, explique qu’il travaille désormais déconnecté. « La plupart du temps, écrit-il sur son site, je n’ai pas Internet. Une ou deux fois par jour, parfois trois, je me connecte pour envoyer et recevoir mes courriels. Je relis tout avant d’envoyer. » Se déconnecter est devenu un acte volontaire.
    (...)
    « Les gens sentent que ça ne va pas : 90 % de leur temps de travail passe dans les mails, chez eux on envoie des SMS à table »
    (...)
    Tout comme Pierre Desproges ironisait il y a vingt ans sur l’ouvrier de droite en costard qui croisait son patron de gauche en jean, avoir son téléphone posé sur la table n’est plus un attribut de pouvoir. S’extraire de l’exposition aux écrans est devenu un marqueur du luxe. « Certains ont le pouvoir de se déconnecter et d’autres ont le devoir de rester branchés, écrit le sociologue Francis Jauréguiberry, qui dirige actuellement une recherche sur le sujet. Les nouveaux pauvres des télécommunications sont ceux qui ne peuvent pas échapper à l’obligation de répondre immédiatement, et qui doivent donc vivre dans l’urgence et dans l’interpellation continue. Les nouveaux riches, au contraire, sont ceux qui ont la possibilité de filtrer et d’instaurer de la distance vis-à-vis de cette interpellation. »
    (...)
    AUJOURD’HUI, LES FOYERS SANS TÉLÉVISION sont plutôt aisés (51 % sont des CSP+, 19,4% des CSP-) tandis que les foyers qui possèdent plus de deux télés sont surtout des CSP- (43 % sont des CSP- et 30 % des CSP+). L’accès à Internet et le smartphone prennent-ils la même direction ?

    #téléphone #télévision #internet #shabbat via @lazuly

    • Les nouveaux pauvres des télécommunications sont ceux qui ne peuvent pas échapper à l’obligation de répondre immédiatement, et qui doivent donc vivre dans l’urgence et dans l’interpellation continue. Les nouveaux riches, au contraire, sont ceux qui ont la possibilité de filtrer et d’instaurer de la distance vis-à-vis de cette interpellation.

      Ce n’est pas très étonnant (et je n’apprends pas grand chose) mais c’est très intéressant.

      C’est comme l’écologie et le retour à la terre, les espaces protégés et les maisons « rustiques », « folkloriques », etc. C’est un truc de riche qui a le temps et l’argent de reconstituer en faux des choses qui ont existé en vrai dans une autre époque.

      #Bernard-Charbonneau avait écrit de très bonnes pages à ce sujet dès le début de l’#écologie-politique. Cela correspond parfois quasiment mot pour mot...
      Ce n’est donc qu’un avatar de plus de la même mécanique.

      Dans l’état actuel de l’homme, il n’y a pas de critères plus sûr de la civilisation industrielle que le « sentiment de la nature » - car il n’est pas encore devenu raison. Les progrès de l’un suivent rigoureusement ceux de l’autre, en même temps que celui-ci ouvre la voie à celle-là. En matière de nature, la seconde société industrielle [la société industrielle des loisirs naturisés] est encore plus exigeante que la première. L’âge du plastique aime la « belle matière », la pierre nue ou les bois mal équarris, et nous les conservons au xylophène. Amateurs d’art brut, nous ornons notre living de souches ou de cailloux qui ne sont plus des objets d’art mais des jeux de la nature. A la pureté, mécanique ou chimique, des produits industriels, nous préférons l’impure pureté du vivant. Nous salons nos mets avec du sel gris, et nous mangeons du « pain paysan » cuit au feu de bois et non au mazout ; mais depuis qu’il n’y a plus de campagne c’est à Paris qu’il faut le chercher. Riches, nous payons très cher le luxe de la pauvreté : les paniers, les pots, la bure fabriqués à la main.

      Au prolétariat tout ce qui est neuf, net et verni ; à l’ « Elite » tout ce qui est vieux, rugueux, écaillé. Comme nos bourgeois collectionnaient les vieilles armoires de leurs métayers, nos industriels s’installent dans leurs « fermettes » : si l’évolution continue l’ancienne maison du pauvre vaudra plus cher que la villa du riche.

      Le Jardin de Babylone , #Encyclopédie-des-nuisances

    • C’est rigolo ça fait plus de 10 ans que je vois des ami-e-s, des connaissances, suivre ce genre de chemin : dire « stop », arrêter internet, le téléphone, en avoir marre d’être toujours joignable, toujours à l’affut, connecté. Je pense que surtout pour les gens comme nous, qui discutons sur IRC depuis des dizaines d’années, sommes habitués à toute cette communication permanente, en permanence on a ce « risque » de ne plus supporter (pourquoi ?) et de tout arrêter, ce qui serait pour la plupart problématique, car on a aussi un métier « connecté ».