Un médecin de Cherbourg suspendu six mois, après ses propos sur l’extermination des handicapés

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  • Un médecin risque la radiation pour ses propos sur l’extermination des handicapés - Libération
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    « Nazis », « cyanure », « stérilisation »… Dans la salle d’audience où il est question de personnes handicapées, les propos choquent. Certaines personnes soupirent. Jean-François Pion, lui, reste stoïque. Assis derrière son avocat, le médecin cherbourgeois écoute attentivement le compte rendu fait par le magistrat rapporteur. Il est un peu plus de 11 heures, samedi. Généraliste à Cherbourg dans la Manche, l’homme comparaît devant la chambre disciplinaire de l’ordre régional des médecins de Basse-Normandie, à Caen (Calvados).

    L’agence régionale de santé (ARS) lui reproche des propos tenus au chevet d’un patient handicapé, le 21 janvier dernier. Le praticien aurait notamment défendu « la logique de la solution finale des nazis ». Lui ne nie pas les propos au cœur de la polémique. Il les nuance. Les minimise. C’est une infirmière de la maison d’accueil spécialisé (MAS) de la Glacerie, une commune de 5 900 habitants, du Nord-Cotentin, qui a rapporté les faits à sa hiérarchie. Cette dernière a saisi l’ARS, qui a transféré le dossier au conseil de l’ordre des médecins.

    L’établissement accueille des personnes lourdement handicapées, dont l’état de santé nécessite une surveillance et des soins constants. Il y a cinq mois, l’infirmière et le docteur Pion attendent à la MAS une ambulance qui doit transporter un patient grabataire vers l’hôpital de Cherbourg. Dans le bureau des infirmières, le médecin partage alors ses réflexions sur la place dans la société « des neuneus » hébergés au sein de l’établissement. Pendant quarante minutes, le généraliste développe sa réflexion. Il aborde le sort réservé aux handicapés et aux homosexuels par le régime nazi. Le médecin évoque leur extermination. Jean-François Pion explique alors à son interlocutrice que « les nazis ont pris les individus qui ne ser v aient à rien dans la société », détaille le magistrat rapporteur. Face à l’infirmière, perplexe, il ajoute que seuls ceux qui ont servi de cobayes « ont été utiles, de cette façon ». Pour le généraliste : « Si on parle de façon intellectuelle, c’est logique. »

    A la barre, le Cherbourgeois explique qu’il n’a pas été compris par l’infirmière. C’est tout. Il s’agissait « d’un discours philosophique », nuance le praticien qui poursuit son argumentaire. Le tribunal devient sa tribune. Il nie défendre l’eugénisme, mais s’inquiète « de générations entières de personnes sous tutelle ou curatelle ».

    Jean-François Pion s’interroge sur les solutions à mettre en œuvre « pour éviter que ces situations se reproduisent ». Face à des magistrats abasourdis, il évoque alors les résultats des politiques de stérilisation forcée menées en Norvège et en Angleterre. Le médecin est catégorique : en France, « ces patients deviennent des cas sociaux ». L’avocate de l’ARS, elle, enfonce le clou : « Un médecin n’a pas le droit de dire qui doit vivre ou mourir. » La chambre disciplinaire a mis son jugement en délibéré. La décision devrait être rendue dans un peu moins d’un mois.

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