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  • Le PDG de Total se dit « fatigué de cette accusation de "m’être augmenté de 52%" » alors qu’il ne s’est augmenté que de 51,7% Par Loïc Le Clerc - Regards

    Pour le mépris, on sait qu’on peut faire confiance à Emmanuel Macron. Désormais, l’indécence a elle aussi un nom : Patrick Pouyanné.

    Depuis le début des blocages des raffineries, c’est la guerre (médiatique) des chiffres : les grévistes sont-ils des privilégiés capricieux ? Total a fait appel à tous porte-flingues, le premier d’entre eux se nommant Dominique Seux, pour faire passer le mot : les ouvriers en raffinerie gagneraient en moyenne 5000 euros brut par mois. On serait plus sur du 3000€ brut mensuel, « pour les postes à haute, très haute qualification » , selon la FNIC-CGT
     


    Les salariés de Total demandent 10% d’augmentation, des investissements dans l’appareil productif et des embauches alors que, en parallèle, ce sont les bénéfices, la rémunération du patron de TotalEnergies ainsi que les dividendes versés aux actionnaires qui font tâche d’huile. Voyez plutôt :
    • 19 milliards de bénéfice au premier semestre 2022
    • 2,62 milliards d’euros de dividendes exceptionnels versés aux actionnaires

    Et le salaire de Patrick Pouyanné ? 5,9 millions d’euros annuel. Et les grévistes et leurs soutiens de marteler que le bougre s’est augmenté de 3 millions en 2021, soit une hausse de 52%. De quoi faire enrager le premier concerné, qui crie à la calomnie sur Twitter :

    « Je suis fatigué de cette accusation de "m’être augmenté de 52%" – voici la vraie évolution de ma rémunération depuis 2017 – elle est constante sauf 2020 car j’ai volontairement amputé mon salaire et ma part variable a normalement baissé avec les résultats de TotalEnergies ».

    Il est vrai que Patrick Pouyanné ne s’est pas augmenté de 52% entre 2020 et 2021, mais de… 51,7%. Il est vrai que cette baisse de salaire en 2020 (-36,4%) l’a fait vertigineusement chuté à la neuvième place du classement des patrons du CAC 40.

    Ou, comme l’a calculé l’économiste Maxime Combes, en cinq ans, Patrick Pouyanné a gagné l’équivalent de 1919 années de Smic net, « soit grosso-modo une année de Smic net par jour ».

    Donc merci au PDG de Total de mettre fin à cette polémique sur son augmentation de 51,7% car, en effet, l’indécence ne se calcule pas à trois millions d’euros près.
     
    Loïc Le Clerc
    #total #économie #richesse #SMIC #indécence #salaires #bénéfices #dividendes

    Source : http://www.regards.fr/actu/article/le-pdg-de-total-se-dit-fatigue-de-cette-accusation-de-m-etre-augmente-de-52

    • 1974, la pénurie d’impôts frappe Total
      https://lesjours.fr/obsessions/total/ep2-rapport-schvartz

      Total criminel climatique », « Total exploiteur des peuples du monde entier »… Ce dimanche, on a entendu pas mal de slogans anti-Total lors de la marche « contre la vie chère et l’inaction climatique » organisée par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Faire des compagnies pétrolières un thème de mobilisation politique et sociale est efficace – d’ailleurs, la gauche réclame un référendum d’initiative partagé sur les superprofits de la multinationale française. Mais ce n’est pas très original, ainsi que nous allons vous le raconter en poursuivant notre voyage dans le passé de Total, à partir d’archives historiques inédites.

      S’attaquer à Total, qui s’appelait alors la Compagnie française des pétroles (CFP), c’est ce qu’avait décidé de faire le Parti communiste au milieu des années 1970. Durant quelques mois, le parti dirigé par Georges Marchais tonne ainsi contre le « scandale pétrolier ». Conférence de presse, émission spéciale à la télévision et enfin une journée d’action dans toute la France, le 19 mars 1975, pour « dénoncer le scandale pétrolier et démasquer les profiteurs du gaspillage et du pillage ». Ces derniers, ce sont les patrons des compagnies pétrolières, des « trafiquants » dixit le secrétaire général du PC, qui « devraient être en prison » car ils « trichent avec les prix », sont une « mafia » et « ne paient pratiquement pas d’impôt ». Tout cela avec le soutien d’un gouvernement qui s’en prend aux « petits contribuables » et défend « les milliardaires ».

      https://www.cinearchives.org/Films-447-305-0-0.html
      #scandaaale

  • « Au mieux le choix du slogan de Yannick Jadot est maladroit, au pire il s’inscrit dans la droite ligne d’une gauche réformatrice et néo-libérale à l’œuvre depuis le fameux tournant de la rigueur en 1983. »
    http://www.regards.fr/actu/article/jadot-2022-tout-changer-pour-que-rien-ne-change

    Chapitre après chapitre, le programme écologiste propose d’agir enfin pour le climat, de « faire société » ou d’apaiser le monde par la « diplomatie climatique ». Point révélateur pour situer un programme politique, les propositions destinées aux entreprises ont de quoi rendre sceptique : pas un mot quant aux actionnaires et aux dividendes. Chez #EELV, on préfère toujours privilégier le conditionnement des aides publiques aux engagements sus-cités ou l’instauration d’un bonus-malus en fonction de la nature des activités. Cela s’inscrit dans la continuité du principe pollueur-payeur prôné par l’Union européenne – politique décriée par la Cour des comptes européenne. Selon un de ses derniers rapports, le coût pour la société demeure élevé. La pollution atmosphérique résiduelle (après l’application du principe) causée par 14.000 grandes installations industrielles au cours de la période 2008-2012 se situait entre 329 milliards et 1053 milliards d’euros.

    Tout compte fait, le candidat écolo semble ne pas avoir non plus tiré les leçons du mouvement des gilets jaunes. Pour associer les territoires, il propose de créer une Cour d’équité territoriale chargée de la juste allocation des ressources. Les solutions proposées restent trop superficielles pour faire de la transition écologique une question d’équité. Déclencheur de la crise de 2018, l’équation sociale, spatiale et temporelle quant à l’utilisation de l’automobile ne trouve pas de résolution. L’augmentation du Smic à 1500 euros ne saurait combler le coût que représente la sortie des voitures polluantes pour les classes populaires.

    La tambouille, la tambouille !

    Si dans le texte, les références à la gauche se font rares, les manœuvres politiques à l’œuvre entre Christiane Taubira et Yannick Jadot renvoient aux vieilles méthodes. Les proches des deux candidats se sont rencontrés pour discuter d’une potentielle union, derrière les écologistes. Ils auraient même proposé à Christiane Taubira de prendre la tête d’une assemblée constituante si Yannick Jadot était élu président de la République. Pas vraiment sûr qu’ils aient compris le sens de ce qu’étaient une assemblée constituante qui prévoit que l’ensemble des décisions – du contenu au contenant – soient prises par les citoyens. Et non pas imposées par le haut.

    Ce qui s’apparente à une tambouille politique agace jusque dans les rangs du parti écologiste. En témoigne la réaction à chaud de Sandrine Rousseau sur BFMTV le 8 février dernier : « C’est de la politique à l’ancienne, que c’est exactement ce qu’il faut faire pour dégoûter les gens, c’est à dire des réunions d’alcôves dans des caves entre hommes ».

    Alors « Changeons ! », oui. Toute la gauche est d’accord. C’est le principe même de l’action publique et d’une campagne électorale : proposer une ligne politique, un changement, une alternance. Seulement, un véritable changement ne se décrète pas, il se prépare. Ce doit être au vu de l’urgence climatique, un processus de création collective. La question tangible est alors de se demander par quelles méthodes, outils et alliances le changement peut et doit se faire. Et surtout sur quelles luttes sociales s’appuyer pour le mener politiquement.

    En cela, au mieux le choix du slogan de Yannick Jadot est maladroit, au pire il s’inscrit dans la droite ligne d’une gauche réformatrice et néo-libérale à l’œuvre depuis le fameux tournant de la rigueur en 1983 – et il faut bien dire que l’époque à gauche ne nous habitue pas au mieux.

    • Bref. Jusqu’en 2018, #Rachel_Khan était noire. Elle le revendiquait. Depuis, elle semble ne plus vouloir l’être. Ou pour être précis, elle ne veut plus entendre parler de sa couleur de peau. Un non sujet pour elle dorénavant. Que s’est-il passé ? Comment peut-on, en février 2019, éprouver « l’honneur d’être cette maîtresse de cérémonie » où est présente Assa Traoré et, en mars 2021, se retrouver sous les louanges de Valeurs actuelles : « L’écrivain Rachel Khan juge que le “combat” d’Assa Traoré est une “forme d’opportunisme dérangeant” » ? Comment peut-on écrire en mars 2018 « Noires, nous sommes les femmes invisibles du cinéma français » puis donner une interview en mars 2021 au Figaro pour dire : « Le discours victimaire des pseudo-antiracistes m’est insupportable » ?

      Mais cette nouvelle Rachel Khan ne parvient pas à faire oublier en totalité l’ancienne. Elle est toujours là. Ainsi, elle peut rejeter le débat sur la racialisation tout en ne parlant que de cela : de race, des origines de ses parents. Rachel Khan le dit elle-même : elle a plein de races en elle.

      Rachel Khan, #prototype_intersectionnel

      Au-delà de ses mots, des idées qu’elle peut défendre, il y a autre chose chez Rachel Khan qui plaît beaucoup à ces Jean Moulin des internets : son attitude. Ils voient en elle une femme un peu naïve, emplie de bonne volonté, fervente croyante des dogmes républicains… Du sexisme teinté de racisme. Même Pascal Praud l’adoube. Une non-blanche qui ne challenge pas la blanchité de ces messieurs, ils en rêvaient, elle l’a fait.

      Sur le féminisme aussi, elle a vrillé. De la dénonciation du harcèlement en ligne, du journal Causette, elle devient défenseure de personnalités telles que Raphaël Enthoven, qui excelle en la matière – Rachel Khan reprend même son vocabulaire, quand elle qualifie Rokhaya Diallo de « rentière » de l’antiracisme. Il faut constater que Rachel Khan n’est plus, non plus, une femme. Elle en refuse l’assignation de la même façon qu’elle n’est plus noire. Elle est l’intersectionnalité à l’envers. Imaginez donc Rachel Khan participant à un événement organisé par Lallab, une asso féministe et musulmane, qui défend les femmes voilées, qui use de la non-mixité… l’enfer sur Terre pour ses amis d’aujourd’hui qui l’aurait crucifiée avant-hier !

      Finalement, Rachel Khan n’est rien d’autre qu’un #produit_culturel. À la mode. Début 2020, elle est nommée codirectrice de La Place, centre culturel consacré au hip-hop à Paris. Dans une lettre ouverte, plusieurs activistes et professionnels du hip-hop réagissent : « Depuis bientôt une semaine, Rachel Khan fait le tour des médias pour promouvoir son livre "Racée". Dans ses entretiens aux médias et sur ses réseaux sociaux elle tient des propos qui selon nous vont à l’encontre des valeurs d’inclusivité, de partage et de vivre ensemble que la culture Hip Hop a toujours prôné. Au sein de la culture Hip Hop ces termes signifient le refus de toute forme de discrimination, de rejet de la différence, le refus des dogmes, la prise en compte de l’autre tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit, de rencontres par et à travers nos différences et l’acceptation des parcours et construction de chacun, dans ce contexte, les attaques contre les activistes antiracistes sont intolérables pour un personnage publique représentant la culture Hip Hop. Rachel Khan bafoue les valeurs d’une culture qui nous est chère avec des propos clivants, validés par la frange la plus réactionnaire des médias français. »

      En ce début d’année 2021, Rachel Khan a été nommée à la tête de la commission Sport de la Licra. Quelques semaines plus tard, Manuel Valls succède à Simone Veil au comité d’honneur de cette même Licra. Il n’y a pas de mots assez fort pour exprimer ce que ces deux symboles représentent en terme de dévoiement du combat contre le racisme.

      Récemment, cette ligue « internationale » contre le « racisme » et l’« antisémitisme » a publié une fausse Une du Time, où Rachel Khan serait à l’honneur en tant qu’« antiraciste de l’année ». En décembre 2020, sur sa page Facebook, Rachel Khan en diffusait une autre, représentant exactement la même chose. Or, la seule personnalité antiraciste française que le Time ait consacrée, c’est Assa Traoré. Que faut-il en comprendre ? Que cette petite communauté se rêve un monde. Un monde où ils seraient, tous, bel et bien antiracistes. Mais ce n’est qu’un songe. Dans la vraie vie, Manuel Valls manifeste aux côtés des franquistes et Rachel Khan, dans un désir de réconciliation – de quoi, entre qui ? – s’affiche volontiers avec le très droitier Mathieu Bock-Côté, « rires au soleil ».

      Toute incohérence politique, elle, serait purement fortuite.

      #retournage_de_veste #créneau_marketing

  • « Quand il n’y a plus d’égalité possible, il reste la protection factice de l’ordre. Quand il n’y a plus de république ni de démocratie, il reste la soumission devant le képi »
    http://www.regards.fr/politique/societe/article/lettre-des-generaux-un-texte-seditieux-qui-menace-la-republique

    La lettre des généraux publiée par Valeurs actuelles n’a, pour le moment, pas suscité de réaction de l’Élysée. Pourtant, à travers ce texte séditieux, c’est bien la République qui est visée. Et menacée.

    60 ans jour pour jour après le putsch raté d’Alger, une vingtaine de généraux à la retraite, et un millier de militaires, prennent la plume pour « un retour de l’honneur de nos gouvernants ». Le choix de la date vaut en lui-même message et alerte.

  • GRAPHIQUES. Les parlants et les taiseux : le problème de la dette publique - regards.fr
    http://www.regards.fr/economie/mad-marx/article/graphiques-les-parlants-et-les-taiseux-le-probleme-de-la-dette-publique

    Il montre que si le poids de la dette mesurée par la PIB a surtout et durablement augmenté depuis 2008 (courbe rouge), la charge financière effective de la dette rapportée au PIB est constamment décroissante. Elle est légèrement inférieure à 1,5% contre plus de 3%, lorsque la dette publique pesait 60% du PIB (courbe en bleu). Et le roulement de la dette venant à échéance peut se faire avec des taux d’intérêts extrêmement bas (0,5% environ pour des emprunts à 50 ans). Les charges de la dette rapportée à son montant sont elles aussi en baisse constante (courbe en vert).

  • Covid-19 : le prolétariat dévoilé
    http://www.regards.fr/politique/article/covid-19-le-proletariat-devoile

    En valorisant subitement les travailleurs les plus précarisés, en les exposant plus que les autres au risque sanitaire, la pandémie a provoqué l’implacable retour du réel social et dévoilé la structure de classe de notre société.

    Comme pour toutes les perturbations durables du fonctionnement de l’activité économique et sociale (catastrophes naturelles, crises, guerres, etc.), la pandémie s’est traduite par la visibilisation de l’invisibilisé. Ce que l’idéologie dominante parvient habituellement à masquer s’impose par le simple spectacle du réel. Ce que les médias dominants parviennent classiquement à voiler surgit au premier plan. Le mécanisme de crédibilisation par des « débats écrans » (sur le « communautarisme », le « danger islamisme », les « assistés sociaux parasites », etc.) perd son efficace. Bref, la pandémie fait fonction de révélateur du réel social.


    L’ampleur de la polarisation sociale
    Un premier dévoilement, déjà enclenché avec le mouvement des « Gilets jaunes », a été celui de l’ampleur de la polarisation sociale, que deux images résument : celle des départs vers les résidences secondaires à l’annonce du confinement et celle des travailleurs restés au « front » (caissières, personnels hospitaliers, éboueurs, etc.). Le retour de la faim dans les quartiers populaires a été une autre illustration de cette polarisation qui s’est installée dans la société française du fait des politiques néolibérales de ces quatre dernières décennies.

    Loin du roman d’une société subissant de manière identique un fléau, ce qui est apparu de manière évidente pour une partie majoritaire de notre société est l’inégalité devant le risque de contamination, la vulnérabilité à géométrie variable selon l’appartenance sociale, l’existence de deux pôles sociaux vivant des quotidiennetés matérielles aux antipodes les unes des autres. Le bilan humain de la pandémie sera à cet égard parlant, à la condition qu’il soit établi en prenant en compte les critères du niveau de revenu et du territoire d’habitation. L’exigence d’un tel bilan doit, pour cette raison, être intégrée dans les luttes sociales à venir.

    Sans jamais avoir lu Marx, chacun a pu se rendre compte que l’ « accumulation des richesses à un pôle (…), c’est égale accumulation de pauvreté (…) au pôle opposé » (Le Capital, livre premier). Tous ceux qui ne sont pas entièrement déconnectés des quartiers populaires peuvent constater l’ampleur de la colère sociale qui s’exprime – non pas du fait de la misère et de la précarité (qui étaient antérieures à la pandémie), mais en raison de la conscientisation de la polarisation sociale. Le spectacle médiatique de ceux qui trouvaient des vertus au confinement (par réinvestissement de la sphère familiale, retour sur soi, pratique du sport, de la cuisine ou du jardinage, etc.) et les tentatives idéologiques des grands médias visant à l’« esthétiser » ont encore plus accentué cette conscience d’une société polarisée. Les habitants des HLM surpeuplés et plus largement des logements populaires urbains, pour qui le confinement était invivable, se sont trouvés devant l’image indéniable d’une profonde dualité sociale.

    L’utilité sociale des emplois négligés
    Le second dévoilement, inédit cette fois depuis plusieurs décennies, fut l’inversion de l’ordre de valorisation des différents types d’emploi dans notre société. Contrainte de répondre à l’urgence sur le plan sanitaire et soucieuse de faire fonctionner l’économie pour préserver le plus possible ses profits, la classe dominante ne pouvait pas ne pas modifier son discours de légitimation. Infirmières, éboueurs ou travailleurs de l’industrie furent ainsi pragmatiquement mis à l’honneur. Alors que, depuis le tournant néolibéral de la décennie 80, le sommet de l’échelle de la valorisation sociale s’exprimait par les termes de « gagnant », de « start-uppeur », de « premier de cordée », d’« entrepreneurs », etc., ce furent les emplois habituellement négligés qui démontrèrent par les faits leur utilité sociale, leur caractère économiquement incontournable et vital pour l’ensemble du fonctionnement social. Ce qui se dévoile ainsi, c’est la base matérielle de la structure sociale. Ce qui devient indéniable, c’est l’existence contemporaine d’un « prolétariat » que des décennies de luttes idéologiques ont tenté d’occulter au prétexte des mutations réelles des différentes classes sociales.

    Sans jamais avoir lu Karl Marx, chacun a pu constater l’existence d’un prolétariat, c’est-à-dire d’une « classe des travailleurs salariés modernes qui, ne possédant pas en propre leurs moyens de production, sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre » (Friedrich Engels, note du Manifeste du parti communiste, 1888). Les salariés qui ont été contraints de continuer à travailler et à prendre les transports en commun – y compris ceux des secteurs « non vitaux » ou sans que les conditions de protection ne soient réunies – n’avaient pas moins peur que les autres. Ceux qui étaient confinés et espéraient, du fait de la dégradation brusque de leur revenu, une reprise rapide du travail – même avec des protections insuffisantes – n’étaient pas des inconscients et des irresponsables. Ils étaient simplement contraints de « vendre leur force de travail pour vivre ». Seule la réduction idéologique de la notion de « prolétariat » aux travailleurs de l’industrie ou aux travailleurs surexploités avait pu banaliser l’idée d’une disparition du « prolétariat ». L’expérience de la pandémie contribue à déchirer ce voile déformant.

    La visibilisation soudaine de ce prolétariat fait apparaître au grand jour son statut social, c’est-à-dire ses niveaux de revenu et ses conditions de travail. C’est ainsi la dégradation ininterrompue de ce statut depuis le tournant néolibéral – en d’autres termes, l’accélération des processus de précarisation, de paupérisation et de flexibilisation de la condition salariale subalterne – qui surgit sur le devant de la scène. La centration sur les personnels de santé liée à l’urgence sanitaire a mis en exergue qu’aucun secteur n’était épargné par cette dégradation continue. Non seulement le prolétariat s’est imposé comme réalité incontestable, mais la tendance à sa transformation en précariat généralisé également. La réapparition de la faim dans les quartiers populaires situe le pôle extrême de ce précariat constitué par tous ceux contraints au travail informel (celui couramment mal nommé « travail au noir »), à l’intérim ou aux CDD à répétition. Pour eux, la baisse de revenu fut immédiate et sans filet. Pour eux, la pandémie fut synonyme de restrictions alimentaires.

    Les travailleurs pour ce qu’ils sont
    Le troisième dévoilement réalisé par l’épreuve de la pandémie et du confinement fut la mise en évidence du caractère coloré et sexué de ce prolétariat en voie de précarisation généralisée. Tout en étant peu mis en exergue par les commentaires journalistiques, la féminisation des emplois les plus précaires a ainsi été exposée quotidiennement. #Caissières, #aides-soignantes, #infirmières, etc. : ces emplois avaient tendance à être idéologiquement construits comme naturellement « féminins », alors qu’ils ne le sont que par assignation discriminante.

    Le même dévoilement s’est opéré à propos de la « race » visibilisant l’assignation des immigrés et de leurs héritiers français dans ces secteurs brusquement considérés comme absolument vitaux et qui sont, comme pour les « emplois féminins », caractérisés par la précarité, les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail. Alors que ces salariés étaient absents des écrans et des discours, les reportages sur les éboueurs, les chauffeurs ou les ouvriers du bâtiment les ont fait apparaître pour ce qu’ils sont : des travailleurs assignés aux segments les plus surexploités du marché du travail.

    Ceux qui n’apparaissaient médiatiquement que sous des figures stigmatisantes (à l’occasion de reportages sur « la crise des banlieues », sur le « communautarisme », sur « l’islamisme », etc.) ont pour une fois eu un autre visage. Même les sans-papiers ont vu – certes de manière marginale et peu relayée médiatiquement – leur image se transformer par les demandes émanant de grosses exploitations agricoles en faveur d’une autorisation exceptionnelle pour les employer. Ce que rend ainsi visible la pandémie est l’ampleur de la segmentation sexiste et raciste du marché du travail. Le sexe et la « race » apparaissent comme des modes de gestion du rapport de classes.

    Une conscience plus aiguë
    Le quatrième dévoilement porte sur l’autre extrémité de la polarisation sociale, celle de la classe dominante. Les premières mesures économiques du gouvernement ont été prises en sa faveur. Alors que se succédaient les plans d’aide sectoriels, aucune mesure significative d’allégement n’a été prise pour les salariés. Le gel des loyers et des charges n’a jamais été envisagé, alors même que le confinement faisait baisser drastiquement les revenus des plus précaires. Le « plan d’urgence économique » voté le 23 avril prévoit 900 millions d’euros pour les ménages touchant le RSA, 4 milliards pour les primes des personnels soignants et 20 milliards pour la recapitalisation des grandes entreprises publiques. Aucune contrepartie à ces nouvelles aides aux entreprises n’est prévue : ni le gel de la distribution des dividendes, ni la fixation de conditions de maintien de l’emploi. En somme, la logique qui s’exprime reste la logique néolibérale résumée dans la formule « socialisation des pertes et privatisation des bénéfices ». L’État assure bien une fonction de redistribution, mais du bas vers le haut. Un ruissellement à l’envers, en quelque sorte.

    Les quatre dévoilements rapidement décrits ci-dessus dessinent le visage de la société française contemporaine : une société fortement polarisée socialement ; segmentée selon, entre autres, des critères sexistes et racistes ; comprenant un pôle marqué par le précariat absolu ; inscrite dans une tendance au déclassement généralisé ; et gérant les impacts économiques de la pandémie par une redistribution vers le haut. Les classes populaires, tous segments confondus, sortent également de cette expérience douloureuse avec une conscience plus aiguë de ces réalités habituellement déformées par l’idéologie dominante. Plus que jamais, la lutte des classes – dans les formes multiples qu’elle peut prendre – est une réalité prégnante. L’issue de l’étape actuelle de cette lutte, c’est-à-dire celle de la question « Qui paiera l’impact économique de la pandémie ? », sera fonction de notre capacité collective à forger un « nous » incluant les différents segments des classes populaires et prenant comme centralité les plus paupérisés, les plus précaires, les plus discriminés.

    Saïd Bouamama

     #saïd_bouamama à propos des #déplorables #Social #pauvreté #précarisation #médias #ruissellement #Gilets_jaunes #travail #pandémie #invisibles

  • La « misandrie » : une hostilité édentée
    http://www.regards.fr/idees-culture/article/la-misandrie-une-hostilite-edentee

    La frénésie qui entoure la publication des livres d’Alice Coffin et de Pauline Harmange, accusées de nourrir une condamnable « misandrie », témoigne d’une grande fébrilité quant à l’énonciation des luttes antisexistes dans le champ médiatique. Une panique massive dont la disproportion interroge.

    Qu’une femme puisse publiquement envisager une vie où elle choisit de réduire les influences masculines, qu’elle refuse de conditionner la formulation de son engagement au confort des hommes, est vécu comme une inacceptable menace à leur position hégémonique. En réalité, cette panique semée par un discours féministe renouvelé n’est que la traduction de la crainte de perdre une position centrale trop peu questionnée.

    Étiqueter ce discours du label de la « misandrie » comme s’il était possible de dresser un parallèle avec les forces misogynes est intellectuellement inepte. La misogynie est le fruit d’un système structuré contre les femmes, et ses mots font écho à des violences aussi concrètes que documentées. Par conséquent, les discours sexistes s’inscrivent dans un continuum dont l’aboutissement est le féminicide.

    De tous temps, les revendications féministes ont scandalisé la société majoritaire avant de finalement revêtir une apparence acceptable. Dès lors que l’on conteste l’ordre établi, il est impossible de créer le consensus.

    Or, il n’y a pas d’oppression sans pouvoir. Les hommes ne sont pas opprimés du fait de leur genre. La condition masculine n’a jamais été un désavantage qui puisse conduire à un traitement structurellement défavorable. Ni Alice Coffin, ni Pauline Harmange, ni aucune femme ne disposent du pouvoir de produire un rapport de force menaçant au point d’infléchir un système millénaire.

    Albert Memmi parlait de « racisme édenté » pour désigner la possible hostilité que pourraient éprouver des minorités contre des membres du groupe dominant. C’est une haine dépourvue de toute force, car elle est portée par des personnes qui n’ont pas le pouvoir social d’administrer un traitement discriminatoire aux personnes qu’elle vise. Du fait de dynamiques similaires, la prétendue misandrie des féministes n’est en rien comparable au patriarcat qui conditionne l’intégralité des relations sociales actuelles et qui s’insinue dans tous les rapports humains, à tous les niveaux de la société.

    Dans un tel contexte, on ne peut que comprendre que des femmes décident de préserver leurs espaces personnels et mentaux des discours et actes qui sont la caisse de résonnance de la condition subalterne qu’elles dénoncent.

    #misandrie #misogynie #domination_masculine #masculinisme #féminisme #backlash

  • À quelques heures de l’allocution d’Emmanuel Macron – très attendue notamment sur le thème des violences policières et du racisme –, nous publions ici la lettre ouverte au président de la République du sociologue Éric Fassin.

    TRIBUNE. Le régime de la peur - regards.fr
    http://www.regards.fr/idees-culture/article/tribune-le-regime-de-la-peur

    Alors que, partout dans le monde, les mobilisations se multiplient contre le racisme et les violences policières, vous tenez à dire qu’en France « le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. » Vous désignez des coupables, mais vous n’avez pas l’honnêteté de les nommer, ni le courage d’assumer vos propos, tenus « en privé »… pour être publiés dans Le Monde.

    Je fais partie de ce petit nombre d’universitaires qui étudient « l’intersectionnalité », concept que vous dénoncez sans rien y comprendre. Mais qu’importe votre ignorance ? Votre mépris du travail universitaire, il nous est familier – à l’heure où vous jugez urgent de relancer la LPPR qui s’emploie à démanteler la recherche par une politique du court terme.

    LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
    >> LPPR : le monde universitaire se mobilise contre la « privatisation progressive de la recherche »

    Ce qui est inquiétant, c’est que vous reprenez la rhétorique d’extrême droite, relayée par des médias comme Le Point qui a cru bon, par exemple, d’accoler mon nom à ceux d’Éric Zemmour et Alain Soral en tête de « ces idéologues qui poussent à la guerre civile » (sic). L’anti-intellectualisme n’est-il pas au cœur du projet néofasciste aujourd’hui incarné par Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump aux États-Unis ?

    • Monsieur le Président,

      Alors que, partout dans le monde, les mobilisations se multiplient contre le racisme et les violences policières, vous tenez à dire qu’en France « le #monde_universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. » Vous désignez des coupables, mais vous n’avez pas l’honnêteté de les nommer, ni le courage d’assumer vos propos, tenus « en privé »… pour être publiés dans Le Monde.

      Je fais partie de ce petit nombre d’universitaires qui étudient « l’#intersectionnalité », concept que vous dénoncez sans rien y comprendre. Mais qu’importe votre #ignorance ? Votre #mépris du travail universitaire, il nous est familier – à l’heure où vous jugez urgent de relancer la #LPPR qui s’emploie à démanteler la recherche par une politique du court terme.

      Ce qui est inquiétant, c’est que vous reprenez la #rhétorique d’#extrême_droite, relayée par des médias comme Le Point qui a cru bon, par exemple, d’accoler mon nom à ceux d’#Eric_Zemmour et #Alain_Soral en tête de « ces idéologues qui poussent à la guerre civile » (sic). L’#anti-intellectualisme n’est-il pas au cœur du projet néofasciste aujourd’hui incarné par Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump aux États-Unis ?

      C’est pourquoi vos propos contre des universitaires sont le révélateur de toute une #logique_politique. Votre refus d’un #savoir_critique participe en effet d’un double #déni. D’une part, vous voulez empêcher que l’on nomme les #violences_policières. Le 7 mars 2019, en pleine crise des gilets jaunes, vous déclariez ainsi : « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » Pour vous, ce qui est intolérable, ce ne sont pas ces morts, ces yeux crevés, ces mutilations ; c’est le fait de les nommer. D’autre part, vous prétendez être « aveugle à la race », alors que vous l’êtes seulement au #racisme (pour reprendre le titre de mon texte de 2006 dans l’ouvrage que j’ai co-dirigé : De la question sociale à la question raciale ?). Dans un cas comme dans l’autre, vous rejetez le mot pour ne pas reconnaître la chose.

      Or il se trouve qu’aujourd’hui, en France, les racistes évitent le plus souvent de parler « des races » (au pluriel) : blanche, noire, juive… À Marion Maréchal, qui « refuse de s’excuser en tant que blanche » (oubliant que ce sont d’abord des Noirs, et non des Blancs, qui ont mis un genou à terre), Marine Le Pen peut ainsi faire la leçon en se drapant dans une rhétorique universaliste : « Se mettre sur un plan racial, c’est tomber dans un double piège. Celui des indigénistes, des racialistes, alors qu’il faut rester sur un plan républicain. C’est aussi tomber dans le piège de l’américanisation, alors que rien ne se construit, en France, en fonction de communautés. » Désormais, ce sont des antiracistes, universitaires ou militants, qui parlent de « la race » (au singulier), pour rendre visible le mécanisme social d’assignation à une place inférieure.

      Votre double déni est aujourd’hui poussé à l’absurde : la #racialisation de la « #question_sociale », elle résulte des #discriminations_raciales, et d’autant plus qu’elles sont cautionnées, voire encouragées par les pouvoirs publics. À défaut de lire les travaux des universitaires, écoutez au moins le Défenseur des droits, dont l’enquête a établi que le risque de contrôle policier est 20 fois plus élevé pour les jeunes hommes arabes ou noirs. Et vous ne pouvez pas ignorer non plus une autre institution de la République : la #justice. En 2015, lorsque la cour d’appel, confirmant la réalité des #contrôles_au_faciès, a condamné la France pour « faute lourde », en vue de se pourvoir en cassation, l’État a dû les justifier : arrêter des étrangers supposerait de contrôler des gens qui… ont l’air étranger. Autrement dit, pour l’État, il y a des Français qui en ont l’apparence, d’autres non. La condamnation définitive date de 2016 : depuis votre élection en 2017, qu’avez-vous fait contre les contrôles au faciès ? Sans parler des sanctions, où sont les récépissés ? En laissant faire, vous encouragez. Vous êtes responsable de ces discriminations, et donc de la racialisation de la société.

      Ce choix de l’#aveuglement dessine une politique visant à faire passer à marche forcée vos réformes néolibérales. En premier lieu, vous jouez sur la peur des électeurs, et surtout des plus âgés, qu’il s’agisse d’immigration ou d’ordre public : avec cette politique qu’on peut dire « insécuritaire », tant elle produit le sentiment d’#insécurité qu’elle prétend combattre, vous faites concurrence à l’extrême droite ; mais c’est elle qui en récoltera les bénéfices, et non vous qui prétendez faire barrage contre elle. Deuxièmement, avec la #répression brutale contre les #mouvements_sociaux, vous tentez d’instiller la #peur ; décourager ainsi de manifester, c’est une #politique_d’intimidation.

      Ce #régime_de_la_peur, il dit d’abord votre peur. Monsieur le Président, vous avez peur de votre jeunesse. Celle-ci n’est pas gagnée par le cynisme désabusé des élites médiatico-politiques, qui finissent par s’accommoder de tout et par accepter n’importe quoi ; elle est prête à se mobiliser pour des causes comme le racisme – quelle que soit sa couleur ou son origine. Mais au lieu d’entendre sa protestation contre la dérive anti-démocratique de votre régime, vous n’y voulez voir qu’un symptôme d’angoisse. Bref, vous tentez de la psychologiser pour mieux la dépolitiser.

      Et ce n’est pas tout. Monsieur le Président, vous avez peur de votre police. C’est que vous en avez besoin pour imposer votre politique. Tout le monde l’a bien compris lorsqu’à la veille des mobilisations contre la réforme des retraites, les forces de l’ordre ont obtenu d’être épargnées : elles conservent leur « régime spécial » pour mieux réprimer dans la rue l’opposition à un projet prétendument universel. Votre peur est incarnée par le ministre de l’Intérieur qui recule à chaque fois que les syndicats de policiers élèvent le ton. Le contraste avec la campagne médiatique lancée par le ministre de l’Éducation contre les professeurs « décrocheurs » est frappante : Christophe Castaner est le ministre des policiers ; à l’évidence, Jean-Michel Blanquer n’est pas celui des enseignants.

      Or les idées d’extrême droite sont aujourd’hui majoritaires parmi les forces de l’ordre. Pour se faire entendre, des policiers n’hésitent pas à participer à des manifestations illégales. Si celles-ci se multiplient, c’est qu’elles ne sont jamais sanctionnées ; sont-elles même interdites ? Ils se sentent en position de force – quitte à endosser la posture de victimes. La ministre de la Justice elle-même s’abstient de condamner des consignes syndicales contraires à la loi : « Non, c’est pas légal ; mais la question n’est pas celle-là ! », s’agace Nicole Belloubet. Au contraire, elle réaffirme avoir « parfaitement confiance dans la #police_républicaine ». Autrement dit, la police est au-dessus des lois. On ne saurait être plus clair. Vous avez peur de la jeunesse, et vous la réprimez ; vous avez peur de la police, et vous capitulez. Votre régime de la peur fait peur pour la #démocratie ; c’est un régime inquiétant.

      Monsieur le Président, dans quelques heures, vous allez prendre la parole ; sans doute aborderez-vous ces questions. Pour ma part, je ne perdrai pourtant pas mon temps à vous écouter. En effet, ce qui m’importe, ce ne sont pas vos discours ; ce sont vos actes. Vous serez jugé sur les choses, et non sur les mots, tant par les électeurs que par l’Histoire. Prenez garde : à force d’acclimater politiquement ses idées et ses pratiques, sous prétexte d’y résister, vous pourriez bien rester comme le fourrier du #néofascisme.

      #Macron #peur #régime_de_la_peur #université #Didier_Fassin #intersectionnalité #culpabilité #France #ethnicisation #tribune #responsabilité

      –-

      voir aussi :
      https://seenthis.net/messages/860428

  • « Comment on explique le taux de pauvreté inférieur aux États-Unis à ce qu’il est en France ? », la fake news de Léa Salamé (qui croit vraiment qu’il y a moins de pauvres aux USA qu’en France…).

    http://www.regards.fr/economie/article/la-fake-news-de-madame-salame

    Ce qui est terrible quand on profère un mensonge en direct à la radio, c’est qu’il révèle aussi votre méthode de travail : cliquer sur le premier lien Google et lire la première phrase.
    Bernard Marx rétablit les faits.

    Ce lundi 10 février sur France Inter, Monsieur Demorand et Madame Salamé interviewaient Gabriel Zucman, économiste spécialiste des inégalités et de la fiscalité, professeur à l’université de Berkeley aux États-Unis. Il publie en France, avec son collègue Emmanuel Saez, le livre Le Triomphe de l’injustice [1] après une parution en anglais aux États-Unis où il a fait évènement. Gabriel Zucman et Emmanuel Saez figurent en effet parmi les conseillers des équipes de Bernie Sanders et d’Elizabeth Warren en matière de réforme fiscale et notamment d’imposition de la fortune.

    • « Le triomphe de l’injustice fiscale, c’est le phénomène par lequel les grands gagnants de la mondialisation voient leurs impôts baisser alors que les catégories sociales qui n’en ont pas profité voient leurs taxes augmenter. »
      Gabriel Zucman

      Des conséquences de la mobilité parfaite des capitaux.

      Keynes l’avait dit : laisser l’argent circuler parfaitement librement au niveau mondial, c’est mettre les systèmes fiscaux et donc sociaux en concurrence.

      C’est piéger les plus fragiles et privilégier les plus riches.

      Gabriel Zucman : « Une majorité d’américains soutient une fiscalité plus redistributive »
      https://www.youtube.com/watch?v=0whLI8h6d3U

      L’économiste Gabriel Zucman publie avec Emmanuel Saez « Le Triomphe de l’injustice. Richesse, évasion fiscale et démocratie » (éd. du Seuil).

  • Luttant mollement contre la désignation des migrants comme boucs émissaires et la définition de l’immigration comme « problème », les partis de gauche semblent avoir renoncé à imposer un autre discours sur la question.
    http://www.regards.fr/politique/article/sur-l-immigration-la-gauche-n-a-plus-les-mots

    Parce que dans les faits, à part sur quelques plateaux de télés et de radios pour dénoncer mécaniquement « la politique du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb », il n’y a pas grand monde pour promouvoir une politique d’accueil ambitieuse et volontariste.

    La bataille culturelle abandonnée
    Aujourd’hui, c’est la France insoumise qui donne le la, à gauche. Et lorsqu’on observe les grandes campagnes nationales retenues par ses militants pour l’année 2018, aucune parmi les trois choisies ne concerne les droits des étrangers. Et pourtant, alors que la « crise migratoire » s’intensifie en Europe et que l’année 2018 – notamment par l’agenda politique engagé par Emmanuel Macron et cette loi « Asile et immigration » – va sans doute marquer un tournant sans précédent de la politique d’accueil en France, une mobilisation politique, intellectuelle, syndicale, de l’ensemble de la gauche aurait été nécessaire.

    Comme si la gauche avait abandonné la bataille culturelle. La bataille des idées. Celle des convictions.

  • 70 ans après, la France doit agir pour la paix entre Palestiniens et Israéliens
    http://www.regards.fr/web/article/70-ans-apres-la-france-doit-agir-pour-la-paix-entre-palestiniens-et-israelie

    Les députées Clémentine Autain (FI) et Elsa Faucillon (PCF) et la conseillère de Paris Danielle Simonnet( PG) appellent le président de la République à reconnaître l’État palestinien, seule voie possible vers une paix durable et équitable.

  • Aux États-Unis, la gauche « socialiste » de Sanders remporte des élections
    http://www.regards.fr/web/article/aux-etats-unis-une-gauche-qui-se-radicalise-et-remporte-des-elections

    La brillante campagne présidentielle de Bernie Sanders n’est pas restée sans lendemain malgré la victoire de Trump : les élections locales ont porté aux responsabilités nombre de ses partisans et autres figures de l’opposition au milliardaire-président.

  • En Grèce, les lois Macron avant l’heure...
    http://www.regards.fr/web/article/en-grece-les-lois-macron-avant-l-heure

    Depuis 2010 sont appliquées en Grèce des mesures ressemblant étrangement, sur de nombreux points, aux « lois Travail XXL » qui doivent être prochainement adoptées par ordonnances en France. Sept ans après les premières dispositions, le bilan est inquiétant...

    #Droit_du_travail #Grèce

  • Déficits publics, dette, inflation : ces chiffres magiques qui nous gouvernent
    http://www.regards.fr/web/article/deficits-publics-dette-inflation-ces-chiffres-magiques-qui-nous-gouvernent

    La "règle d’or" et les contraintes chiffrées que l’UE a imposées à ses États-membres pour l’’endettement et les dépenses publiques ont été fixées au jugé, sans réel fondement économique. Mais elles ont permis d’imposer une idéologie et des politiques bien réelles…

    Les intérêts de l’oligarchie ne sont jamais aussi bien servis que lorsqu’ils sont déguisés en “bonne gestion des finances publiques”. L’Union européenne est passée maîtresse dans l’art de masquer derrière des principes comptables des choix hautement politiques. Depuis la crise de la dette souveraine de 2010, on ne cesse de le marteler : les États européens doivent « respecter les règles », il en irait tout simplement du fonctionnement fluide de la machine-euro…

    Contre cet enfumage, il est impératif de désacraliser les chiffres qui sous-tendent ces soi-disant “règles d’or” et de rappeler les orientations idéologiques – et les intérêts particuliers, qui ont très directement façonné les critères de la supposée “bonne gouvernance” monétaire et budgétaire du “système euro”.

  • Discours d’Emmanuel Macron à Versailles : les trois annonces à retenir
    http://www.linternaute.com/actualite/politique/1343676-discours-d-emmanuel-macron-a-versailles-surprises-et-grosses-attaques-au-congres-video/?een=a76ec1dd7ffdde902427ed07bac58771

    Dans son discours au Congrès de Versailles, Emmanuel Macron a annoncé qu’il voulait réduire d’un tiers le nombre de parlementaires, introduire une dose de proportionnelle à l’Assemblée Nationale et supprimer la Cour de justice de la République.

    Euh, quand il parle de supprimer la Cour de Justice de la République, c’est parce que les membres du gouvernement passent en droit commun ou c’est parce qu’ils deviennent intouchables ?

    Comme s’il voulait, en creux, brandir une menace en cas de blocage de sa réforme des institutions par les mêmes parlementaires, Emmanuel Macron a aussi indiqué aux élus qu’il n’hésiterait pas à recourir au référendum si nécessaire. Il veut achever sa réforme « d’ici un an ».

    Quel manque d’ambition : virer un tiers de ses petits soldats ! Pourquoi pas virer tout le parlement, histoire d’arrêter de faire semblant d’en avoir quelque chose à battre ?

    • Interminable pluie de truismes à Versailles. Faux marbre, bonapartisme surjoué, européisme bêlant, ennui mortel. Et sinon, combien de passages obscurs, d’égrenage de bons sentiments et d’emballages mièvres d’une férocité sociale décomplexée. Et quelle incroyable définition des « forces contraires » nichées dans « chaque esprit » ! Au total : niveau rédactionnel de chambre de commerce, pensée politique d’un dogmatisme libéral aussi désuet que lunaire. Le brasier du dégagisme n’est pas prêt de s’éteindre.

      JLM

    • Sylvain Fort, la plume de Macron

      En février 2002, il est recruté au cabinet de Michel Pébereau, président de BNP Paribas, puis devient vice-président au sein de BNP Paribas Corporate and Investment Banking avant de rejoindre en Italie l’équipe d’intégration BNL-BNP Paribas. En 2008, il intègre DGM Conseil, agence de communication comptant parmi ses clients Vincent Bolloré et Bernard Arnault, devient en 2010 directeur des affaires publiques et de la communication de Scor, en 2012 directeur du développement chez Sia Conseil avant de co-fonder en 2013 avec Daphné Claude, une agence spécialisée dans la communication d’entreprise et financière, Steele and Holt. En 2005, il dirige le groupe de travail de l’Institut Montaigne sur le patrimoine immobilier de l’État. En 2006, il est rapporteur du groupe "Avoir des leaders dans la compétition universitaire mondiale" dirigé par Philippe Wahl.

      En 2010, il est un des conseillers officieux de Laurent Wauquiez.En 2011, il rédige un rapport « sur les dirigeants d’entreprise et la haute fonction publique » pour le compte de l’Institut de l’entreprise, étudiant les nouvelles formes de perméabilité entre secteur public et secteur privé. La même année, il participe à quelques reprises au groupe informel qui, réuni autour de l’ancien parton de Vivendi Jean-René Fourtou, « œuvre en secret à la réélection de Nicolas Sarkozy » lors de l’élection présidentielle française de 2012 et rencontre plusieurs fois Nicolas Sarkozy.

      Recommandé notamment par Mathieu Laine, Sylvain Fort rejoint l’équipe d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017 comme conseiller à la communication le 30 août 2016. Certains journalistes ont évoqué les controverses qu’il aurait eues avec eux pendant la campagne. Il rejoint en mai 2017 le cabinet de la présidence de la République comme conseiller chargé aux discours et à la mémoire. Ce nouveau poste consiste pour Élysée d’être chargé des relations avec les intellectuels et des questions en lien avec la mémoire

      Artisan de la victoire d’Emmanuel Macron lors de la campagne, Sylvain Fort, 45 ans, est désormais la plume du président.
      http://www.leparisien.fr/politique/congres-de-versailles-qui-est-sylvain-fort-la-plume-d-emmanuel-macron-03-

  • L’inévitable trahison d’Emmanuel Macron – Elliot Lepers – Medium
    https://medium.com/@elliot/linévitable-trahison-d-emmanuel-macron-279bc6441721

    Un an après le plus vaste mouvement social de la décennie, que le président de la République et le Premier ministre d’alors ont payé de leur mort politique, nous venons d’élire l’artisan du texte de loi qui en a été l’origine.
    La politique d’Emmanuel Macron serait compréhensible si elle était assumée pour ce qu’elle est vraiment. Une classique politique économique de droite dure, au service du grand capital, de la finance et des industries, difficilement compensée par quelques innovations cosmétiques sur le plan du numérique et de la modernisation.
    La complaisance de la majorité de la presse à son égard et l’absence criante de critique argumentée de ses trop nombreuses ambiguïtés ont contribué à faire oublier le principal.

  • L’inspection, premier plan social de la nouvelle ministre du Travailhttp://www.regards.fr/web/article/l-inspection-premier-plan-social-de-la-nouvelle-ministre-du-travail

    La nomination de Muriel Pénicaud, ex-DRH de Dassault et Danone, livre un message clair : les "réformes structurelles" seront menées au pas de charge. L’inspection du travail, soumise à de profondes coupes d’effectifs, est en première ligne.

    Moins 16 % de postes à Paris, moins 10 % en Île-de-France, moins 13 % en région Grand-Est… Si ce n’est pas une mise en coupe réglée de l’inspection du travail, cela y ressemble fortement. En Île-de-France, la nouvelle a été annoncé le 2 mai aux représentants du personnel, soit entre les deux tours de la présidentielle. Les ministres passent mais, en silence, pièce par pièce, la casse de l’inspection continue. Loin d’infléchir la tendance, le nouveau gouvernement et sa ministre du Travail nommée mercredi 17 mai, Muriel Pénicaud, ex-DRH chez Dassault et chez Danone, présagent au contraire de son aggravation. Désabusés, les agents de l’inspection espèrent un mouvement de solidarité plus large avec leur profession.

    En attendant, ce jeudi, soit au lendemain de la nomination de la successeur de Myriam El-Khomri rue de Grenelle, les salariés du ministère du travail se sont mobilisés un peu partout en France. « Ce n’était pas délibéré, mais le timing est bon », constate Julien Boeldieu, le secrétaire général de la CGT au sein de cette administration. Un appel avait été lancé par une intersyndicale composée de l’intégralité des organisations qui y sont implantées. De quoi donner l’occasion à la nouvelle ministre, qui sera probablement amenée à diriger les prochaines réformes du code du travail et de l’assurance chômage, de démontrer ses qualités en matière de « dialogue social ».

  • Un vote au « jugement majoritaire » aurait placé Mélenchon devant Macron
    http://www.regards.fr/web/article/un-vote-au-jugement-majoritaire-aurait-oppose-macron-a-melenchon

    Une étude menée par le CNRS, l’université de Paris-Dauphine, l’École polytechnique et LaPrimaire.org explore ce nouveau type de scrutin, qui consiste à donner une appréciation à chaque candidat plutôt qu’à glisser un bulletin pour une personne dans l’urne.

    Emmanuel Macron a été élu avec 66% des voix, mais il n’en recueillait au premier tour que 24%, et même 18% si on ne compte que les inscrits. Au second tour, nombreux étaient ceux qui avaient voté pour lui avant tout pour faire « barrage » à Marine Le Pen : seulement 20% des électeurs du nouveau président ont indiqué avoir voté pour lui « par adhésion », selon une enquête BVA réalisée le 7 mai 2017. Ce qui pose une question cruciale : existe-t-il un système de vote qui permettrait d’élire des candidats qui rassemblent plus d’électeurs, et qui permettrait d’établir un plus large consensus ?