Terra Nova n’a joué la carte identitaire qu’en réaction à la stratégie Sarkozy

?page=0,0&google_editors_picks=true

  • Terra Nova n’a joué la carte identitaire qu’en réaction à la stratégie Sarkozy | Atlantico
    http://www.atlantico.fr/decryptage/terra-nova-buisson-recomposition-strategies-electorales-autour-questions-i

    Atlantico : Christophe Guilluy répondait à nos questions cette semaine. Il comparait les idées développées par le think tank de gauche que vous avez créé, Terra Nova, lors de la campagne présidentielle, à la stratégie développée par Patrick Buisson pour le candidat Sarkozy, soulignant que les deux camps insistaient essentiellement sur les questions identitaires. Que pensez-vous de ce rapprochement inattendu ?

    Olivier Ferrand : Je pense comme Christophe Guilluy qu’on assiste aujourd’hui à une recomposition du paysage politique qui se structure moins exclusivement qu’auparavant sur les questions économiques et #sociales, mais aussi désormais sur les questions « #culturelles », #identitaires (identité nationale, immigration, place de l’islam dans la République, etc).

    Cette recomposition du vote est due pour l’essentiel au sarkozysme. Contrairement à ce qu’on entend souvent, ce qui est en jeu n’est pas la personne de Nicolas Sarkozymais ses politiques. Le « sarkozysme » a provoqué un déplacement du centre de gravité de la droite de gouvernement. Celle-ci se situait historiquement au centre-droit (gaullisme social, UDF chrétienne démocrate). Elle s’est aujourd’hui radicalisée, notamment sur les questions identitaires, au point de se retrouver, sur ces questions, aux portes de l’extrême droite. Dans le même temps le néo-FN de Marine Le Pen s’est respectabilisé, au moins formellement. On assiste ainsi à une convergence entre une UMP radicalisée et un FN en voie de déghettoisation.

    En parallèle, l’électorat centriste, notamment celui de culture chrétienne démocrate, pétri d’humanisme, n’a pas accepté les dérives « anti-humanistes » du sarkozysme et a fait sécession pour voter désormais avec la gauche. Le clivage traditionnel gauche-droite, structuré par les questions économiques et sociales, s’efface pour laisser la place à un nouveau clivage, défini à partir des questions identitaires : une opposition entre un arc progressiste (gauche + centre) face à un bloc « national » néoconservateur (UMP radicalisée + néo-FN). Dans cette recomposition, le camp progressiste est large, donc difficile à fédérer, mais majoritaireaujourd’hui dans la société française.