La Nuit des morts-vivants de George A. Romero

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    • George A. Romero s’efface derrière ses zombies

      Le réalisateur de « La Nuit des morts-vivants », qui a influencé toute la pop-culture, est mort le 16 juillet.

      Il y a peu de cinéastes dont on peut dire qu’ils ont révolutionné non seulement le cinéma, mais aussi la culture populaire dans son ensemble. George A. Romero fut de ceux-là, de ceux qui engendrèrent non seulement une figure cinématographique nouvelle, de ceux qui allaient bouleverser la manière même de faire un film d’action à Hollywood, mais aussi influencer une génération de créateurs de séries télévisées, de jeux vidéo, de bandes dessinées. George ­Andrew Romero est mort dimanche 16 juillet à Los Angeles, des suites d’un cancer du poumon.
      Né le 4 février 1940 à New York, George Romero effectue ses études à l’université de Pittsburgh (Pennsylvanie). Après avoir obtenu ses diplômes, il tourne des courts-métrages ainsi que des films publicitaires. Avec quelques amis, il crée une société de production et se lance dans la réalisation d’un long-métrage. Tout semble possible alors, même tourner, avec des copains, un film d’horreur en noir et blanc avec un budget minuscule – moins de 100 000 dollars, dit-on. C’est ainsi que naît La Nuit des morts-vivants, en 1968.

      Critique sociale

      L’époque est au bouillonnement idéologique, mais aussi au recul des censures. Elle offre des perspectives et permet un déchaînement graphique au cinéma. Romero déclarera bien plus tard, dans une interview au Monde : « Nous étions les enfants des années 1960. On vivait dans une ferme, comme une petite communauté. On se retrouvait tous les soirs, en discutant à perte de vue des perspectives de changements de la société, de la désintégration de la cellule familiale. Au départ, on voulait surtout faire un film très choquant, pousser le bouchon un peu plus loin, ne pas couper au moment où les gens se font dévorer par les monstres. On s’intéressait surtout à la manière d’être le plus effrayant. »

      Le scénario de La Nuit des morts-vivants, signé John Russo, imagine qu’une cause inconnue ­redonne vie aux morts et que ceux-ci, devenus des monstres anthropophages, se mettent à attaquer les vivants pour les dévorer, selon le principe d’une contagion sans frein. Le film décrit les efforts d’une poignée de survivants, réfugiés dans une maison isolée, pour repousser les assauts de ces créatures.

      Ce point de départ, proche des récits racontés dans les bandes dessinées d’horreur pour adolescents du type EC Comics, a été considéré par les détracteurs du film – mais aussi par les premiers spectateurs, sceptiques – comme un appauvrissement des mythes du cinéma fantastique. Le zombie romérien est en effet bien éloigné de ceux issus de la tradition vaudoue et déjà mis en images par Victor Halperin en 1932 (White Zombie), Jacques Tourneur en 1943 (Vaudou) ou John Gilling en 1965 (L’Invasion des morts-vivants), pour citer trois chefs-d’œuvre du genre. Son monstre à lui est dépourvu de toute aura romantique, bien loin de la mélancolie du vampire, du loup-garou ou de la créature de Frankenstein, nostalgiques ou avides d’une humanité perdue ou hors d’atteinte. C’est une silhouette sans conscience, guidée par un pur appétit, totalement absurde et irrémédiablement déterminée. Une créature insensible et quasi invincible (il faut lui détruire le cerveau pour empêcher sa progression). Truffé de scènes de terreur et d’action jamais vues (comment tuer ce qui est déjà mort ?), le film est aussi une tentative de critique sociale. Le goût américain pour la violence y est clairement mis en avant.
      La Nuit des morts-vivants remporte un succès immédiat, permettant à Romero de tourner ­ensuite d’autres films, qui ne ­rencontreront pourtant pas le succès : There’s Always Vanilla, en 1971, Season of the Witch, en 1972, The Crazies (où il reprend le principe de son premier long-métrage, remplaçant les morts-vivants par des personnes devenues folles à la suite d’une contamination mystérieuse), en 1973 ou Martin, curieux film de vampires, en 1978.

      Variations sur le zombie

      La même année, il reprend la figure du zombie avec Dawn of the Dead. Le film, tourné avec 500 000 dollars, en rapportera 500 millions. Il sera imité, copié, parodié dans le monde entier. En décrivant le combat de quelques personnages réfugiés dans un centre commercial pour se pro­téger des attaques des morts-vivants, Romero réalise non seulement un grand film d’action, mais surtout une œuvre critique radicale. La vie au sein de la ­société de consommation y est remise en question : celle-ci ne fait-elle pas des humains l’inverse exact des morts encore vivants, c’est-à-dire des vivants déjà morts ?

      https://www.youtube.com/watch?v=GyjhfoEW_Ik

      Le zombie deviendra une figure sur laquelle Romero va continuer de travailler, chaque nouvelle ­variation sur ce qui semble une mythologie assez pauvre étant pour lui une manière de parler de l’Amérique contemporaine. Le Jour des morts-vivants, en 1985, met en scène un conflit entre l’armée et les savants, entre la force et la science. Le Territoire des morts, en 2005, renvoie une image sombre de l’Amérique post-11-Septembre, rongée par les inégalités de classe. Diary of the Dead, en 2007, prend acte de la transformation d’une société ­devenue totalement transparente, quadrillée par l’hypercommunicabilité des réseaux sociaux. Enfin, Survival of the Dead, en 2008, ramène le spectateur aux sources du cinéma d’action hollywoodien, le western. Bien que recyclant perpétuellement le même thème, les films de Romero témoignent d’une inépuisable inventivité dans la mise en scène de l’action et de la violence.

      Métaphores de l’époque

      Le zombie, grâce à Romero, est ­devenu entre-temps une des figures les plus familières du divertissement contemporain. Le jeu ­vidéo Resident Evil ou la série The Walking Dead, par exemple, sont de purs dérivés des trouvailles de l’auteur de La Nuit des morts-vivants. Il serait injuste, pourtant, de réduire le cinéma de Romero à la seule figure du zombie. Il a aussi réalisé des films éloignés de ce thème, tel Knightriders, en 1981, qui raconte le périple d’une troupe de motards montant des spectacles au cœur de l’Amérique profonde, recréant les joutes médiévales. Une œuvre imprégnée de l’héritage de la contre-culture. Le sensible et terrifiant Incidents de parcours, en 1988, décrit la relation d’un jeune tétraplégique avec le singe capucin qu’il a adopté. Celui-ci, qui est censé l’assister, deviendra de plus en plus menaçant jusqu’à vouloir le tuer.
      Il est aujourd’hui généralement admis que le cinéma d’horreur américain des années 1970 et 1980 a constitué une étape essentielle de l’histoire d’Hollywood. L’épouvante y a été le moyen le plus frontal de faire non seulement progresser la technologie, mais surtout d’inventer figures et métaphores décrivant le monde contemporain. Le cinéma d’horreur a porté les armes d’une critique radicale de la société. Si toute une génération de réalisateurs talentueux a représenté ce mouvement, qui d’autre que George Romero l’a mieux incarné ?

    • Comment l’industrie du jeu vidéo a vampirisé l’œuvre de George Romero

      http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/07/17/comment-l-industrie-du-jeu-video-a-vampirise-l-uvre-de-george-romero_5161655

      George Romero, l’inventeur du film de zombies moderne, mort à l’âge de 77 ans, dimanche 16 juillet, a marqué de son empreinte l’imaginaire du jeu vidéo. De manière indirecte, en influençant certains de ses plus grands créateurs ; et de manière plus ambiguë, en y trouvant autant de raisons de rebondir au cinéma que de pester contre le vol de ses univers.


    • https://gonzomusic.fr/george-a-romero-mort-du-maitre-des-morts-vivants.html

      Lorsque l’on m’a proposé le script de « Land Of The Dead ( Le Territoire des Morts), le quatrième film de la saga des #morts-vivants, pour l’adapter en français en 2005, j’étais ultra-fier d’accomplir cette mission. Pour moi Romero était un, héros, un précurseur, le maitre incontesté de tous les #zombies. Inspiré par les #légendes_vaudoues, sa « Night of the Living Dead ( La Nuit des Morts-Vivants) » sort en #1968 sur les écrans. Immédiatement, ce film kitch devient une #légende_du_cinéma. Tourné pour la somme dérisoire de 120.000$- le film générera finalement plus de CINQUANTE MILLIONS de dollars -, joyeux bordel cinématographique bricolé, son film de #série_Z va non seulement traverser l’Histoire, mais servira également de mètre étalon à tant et tant de longs-métrages post-apocalyptiques, où les morts sortis de terre courent après les vivants pour les boulotter…suivis par toutes ces séries télé, de WALKING DEAD à Z NATION en passant par IZOMBIE. Romero inspirera également des générations de réalisateurs aussi inventifs que débrouillards, sachant si souvent nous faire rêver avec trois bouts de ficelle…humaine et un budget famélique, tous les Tobe Hooper et John Carpenter qui ont su si bien marcher dans ses pas, sans oublier également son brillant collègue italien Dario Argento. Son « Night of the Living Dead » inaugural n’était pas seulement polémique par ses bouffeurs de chair humaine aux yeux hagards, Romero avait aussi su aiguillonner positivement la société américaine des 60’s si figée, et en oeuvrant ainsi pour les droits civiques, « castant » un acteur black dans le rôle principal, juste avant l’assassinat de Martin Luther King.

      https://www.ecranlarge.com/films/news/993380-george-a-romero-le-papa-des-zombies-est-decede

    • Bon.
      Déjà, rapprocher les zombies de Romero du vaudou, c’est assez cocasse, mais affirmer que Night of the Living Dead est un film kitsch et « un joyeux bordel », « bricolé »...

      Je me passe très bien de ce genre de torchons putàclic et incultes.

    • Pour rendre hommage à George A. Romero, décédé le 16 juillet à l’âge de 77 ans, ARTE bouleverse sa grille des programmes et diffuse le premier et plus fameux film du cinéaste américain lundi 24 juillet à 23h45 : La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead, 1968). Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur #ARTE+7.

      http://www.arte.tv/fr/videos/002682-000-A/la-nuit-des-morts-vivants

      #George_A.Romero n’a pas inventé le cinéma « gore », il ne l’a pas non plus utilisé ou détourné de sa fonction primordiale – choquer le spectateur. Mais il est sans doute le premier à l’avoir pris cinématographiquement au sérieux, à dépasser le Grand-Guignol de fête foraine des films de Herschell Gordon Lewis, dans un souci inédit de réalisme et d’allégorie. On a beaucoup parlé de film séminal à propos de La Nuit des morts-vivants, même si Les Oiseaux et Psychose de Hitchcock ont eu une influence beaucoup plus grande et durable sur tout le cinéma de genre moderne. Mais c’est sans nul doute vrai du point de vue économique, puisque ce cauchemar en noir et blanc a sorti le #cinéma_gore fauché du ghetto des circuits d’exploitation régionaux pour inventer l’équation magique : film d’horreur + petit budget = rentabilité assurée et ventes dans le monde entier. Halloween, Evil Dead, Le Projet Blair Witch ou les récentes productions Blumhouse, pour ne citer que les exemples les plus célèbres, s’en souviendront. Sur le plan formel, Romero a raccroché l’horreur cinématographique et ses monstres archaïques, goules et vampires poussiéreux, au wagon des images télévisées traumatisantes sur la guerre du Vietnam, atrocités trop réelles diffusées en direct dans les foyers américains.

      http://www.arte.tv/sites/olivierpere/2017/07/21/nuit-morts-vivants-de-george-a-romero