• Les Inrocks - Cadences infernales et pressions : à la Poste, « on nous laisse crever »
    http://www.lesinrocks.com/2017/07/23/actualite/cadences-infernales-et-pressions-la-poste-nous-laisse-crever-11967695

    Bien des facteurs sont à bout. Pressés par des cadences infernales et incompréhensibles, un #management “morbide” et un malaise grandissant, nombre d’entre eux craquent physiquement et mentalement.

    Toutes les missions des postiers sont chronométrées et les cadences s’accentuent au gré des restructurations régulières. Des nouveaux services comme la pose de plaques d’opérateurs téléphoniques dans les halls ou la visite aux personnes âgées, jusqu’à leur coeur de métier, la distribution du courrier. “Par exemple, pour un recommandé à livrer en mains propres, on a 1 minute 30, assure-t-il. C’est absurde. Il suffit qu’un ascenseur soit en panne ou que la personne discute et on dépasse.” Aujourd’hui avec ses deux tournées en une, Grégoire a 42 recommandés à livrer.
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    Pour calculer ces cadences, #La_Poste utilise des #logiciels. Ils s’appuient sur des #données #statistiques pour déterminer le temps passé entre deux boites aux lettres, un nouveau service ou encore la distribution d’un recommandé. Pour l’enseigne la baisse du nombre de lettres permet aux #facteurs d’effectuer plus de tâches. Mais cela ne dit pas comment elle effectue ces calculs.

    “La Poste est dans l’incapacité d’expliquer le pourquoi de telles ou telles #cadences“, prévient-on du côté des syndicats. Contactée par ”Les Inrocks”, l’entreprise assure au contraire que ces équations ne sont “absolument pas des boites noires et répondent à des techniques très claires”. Pour autant, aucun des documents transmis par l’enseigne jaune et bleu ne permet de comprendre ces méthodes. C’était sans doute oublier que ces données, la Poste ne les aurait plus en sa possession.

    Dans un rapport interne, un cabinet d’expertise indépendant pointe du doigt cette absence de transparence. Fin 2016, il assigne l’entreprise en justice afin d’avoir ces données. Dans l’ordonnance de référé, en date du 13 juin 2017, il est écrit noir sur blanc que la Poste admet qu’une partie “des études qui ont permis de constituer ces normes et cadences, de par leur ancienneté ou du fait des évolutions successives des organisations des services(…), ne sont plus disponibles“. Les documents à la base du rythme imposé aux facteurs se seraient donc envolés ? Pour la justice, cela parait “peu crédible que [La Poste-] n’ait pas gardé ces éléments alors même qu’il ne s’agit (…) de protocoles actuels dont elle se sert toujours pour le calcul des tournées“.

    “Donc en fait on ne sait pas, s’insurge Pascal Pannozzo, syndicaliste SUD-PTT. On ne sait pas comment les cadences sont calculées, comment les tournées sont définies. On ne sait rien.”