Anatomie d’une triple crise, par Razmig Keucheyan (Le Monde diplomatique, août 2017)

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  • André, par delà l’espace grisâtre et le temps

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/KEUCHEYAN/57769

    Certains penseurs, parmi lesquels Jason W. Moore et Daniel Tanuro, suggèrent que le système n’a prospéré depuis trois siècles qu’en exploitant une nature gratuite ou bon marché. Cette ressource rare, le capitalisme l’a utilisée comme si elle était illimitée. Il s’en est servi non seulement comme d’une « entrée », captée sous forme de matières premières transformées en marchandises, mais aussi comme d’une « sortie », une « poubelle globale » où se déversent les déchets et les sous-produits de l’activité économique — les externalités négatives de l’accumulation du capital.

    [...]

    Dans un texte de 1974, le philosophe André Gorz affirmait déjà : « Le capitalisme, loin de succomber à la crise, la gérera comme il l’a toujours fait : des groupes financiers bien placés profiteront des difficultés de groupes rivaux pour les absorber à bas prix et étendre leur mainmise sur l’économie. Le pouvoir central renforcera son contrôle sur la société : des technocrates calculeront des normes “optimales” de dépollution et de production (9). »

    #écologie #économie #capitalisme