• Reçu via la mailing-list Migreurop (envoyé par Pascaline Chappart) :

    Deux articles où il est question d’évacuation depuis les centres de détention libyens vers le #Niger, en vue d’une réinstallation en Europe...

    – « Un pont aérien pour les réfugiés », les Echos du 30/8/2017 : "Avramopoulos demande aussi le soutien des Etats-membres pour le plan de l’UNHCR de « procéder temporairement à une #évacuation d’urgence des groupes de migrants les plus vulnérables de la #Libye vers le #Niger et d’autres pays de la région ».

    – Le Monde, 22/9/2017 :Vincent Cochel, responsable de la situation en mer Méditerranée

    "Pour accélérer l’amélioration de la situation, nous oeuvrons à la création de centres ouverts de réception qui pourraient être installés en Libye. Il y a urgence compte tenu des conditions existantes
    dans les centres de détention. Le dossier avance, mais n’est pas bouclé. Ces centres nous permettront également d’évacuer en urgence certains réfugiés vers des pays tiers en vue de leur transfert dans des pays européens ou autres. Cependant, sans clarification rapide des intentions chiffrées des pays de réinstallation, nous ne pourrons pas évacuer ces réfugiés en danger vers des pays de transit susceptibles de les accueillir temporairement."

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    Migrants : « La France doit clarifier au plus tôt la hauteur de son engagement »

    Vincent Cochetel, responsable de la situation en mer Méditerranée pour l’Agence des Nations unies
    chargée des réfugiés, dénonce la faiblesse des réinstallations d’exilés en Europe.
    LE MONDE | 22.09.2017 à 11h19 | Propos recueillis par Maryline Baumard (/journaliste/maryline-baumard/)

    Après les annonces estivales d’Emmanuel Macron, qui propose d’ouvrir une voie légale d’accès en
    France pour éviter la traversée de la Méditerranée, Vincent Cochetel, l’émissaire spécial pour cette
    zone de l’Agence des Nations unies chargée des réfugiés (UNHCR), s’impatiente de l’absence
    d’engagement chiffré.
    Emmanuel Macron a annoncé en juillet que la France irait chercher des Africains sur les
    routes migratoires, avant leur arrivée en Libye, afin d’éviter qu’ils ne risquent la mort en mer.

    Le HCR se réjouit-il de cette initiative ?
    La réinstallation n’est pas la solution au problème migratoire, mais elle fait partie de l’approche
    globale… Ce message, qui consiste à aller chercher des réfugiés dans les pays voisins de zones de
    conflits et à leur offrir un avenir, une protection, a été plus ou moins entendu lorsqu’il s’agit des
    Syriens réfugiés au Liban, en Jordanie ou en Turquie, il ne l’était pas à ce jour pour les réfugiés
    africains.
    Nous nous réjouissons que la France organise des opérations avec notre soutien depuis le Tchad et
    le Niger. La situation est difficile sur ces deux zones, puisque le Tchad accueille un nombre
    important de réfugiés venus du Soudan (Darfour) ou de Centrafrique, et que le Niger reçoit ceux qui
    fuient les zones où sévit Boko Haram, mais aussi sur le Mali, où la situation actuelle nous inquiète.

    Quel rôle jouez-vous au Tchad et au Niger ?
    Nous gérons, avec les autorités, les camps de réfugiés dans les quinze pays qui longent la route
    migratoire des Africains que nous retrouvons ensuite en Libye. Les Etats y accordent une protection
    internationale et nous les assistons, ainsi que nos partenaires ONG, dans les services qu’ils offrent
    à ces populations fragilisées. Dans chaque pays, nous établissons une liste de personnes
    vulnérables qui nécessitent un transfert. Elle est de 83 500 au Tchad et de 10 500 au Niger, les deux
    pays dans lesquels la France projette de venir chercher des Africains pour les réinstaller. En plus,
    nous aimerions que la France et d’autres pays acceptent d’accueillir des réfugiés que nous voulons
    évacuer en urgence de Libye.

    Vous aimeriez que les pays européens en réinstallent 40 000, sélectionnés dans vos listes…
    La France vous a-t-elle fait part de quotas chiffrés d’Africains qu’elle souhaite accueillir ?
    Pas à ce jour. Aussi nous demandons au gouvernement français de clarifier au plus tôt la hauteur de
    son engagement. Le comptage des réinstallations déjà effectuées depuis ces zones est assez
    rapide. En 2015 et en 2016, aucun réfugié africain n’a été transféré depuis le Niger et un seul l’a été,
    vers la France, en 2017. Lorsque l’on s’intéresse au Tchad, 856 ont été réinstallés en 2015, 641
    en 2016 et 115 en 2017. Presque aucun vers l’Europe ; la plupart ont été accueillis au Canada ou
    aux Etats-Unis.

    Comment allez-vous travailler avec la France ?
    Nous commencerons par envoyer à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides [Ofpra]
    une liste de dossiers de personnes vulnérables sélectionnées par nos soins comme devant de toute
    urgence rejoindre l’Europe. Leur cas sera d’abord analysé à Paris. L’Ofpra les étudiera du point de
    vue des critères de l’asile, et des spécialistes vérifieront les questions de sécurité et si toutes les
    conditions sont réunies. Ensuite, les équipes françaises de l’Ofpra entendront sur place les
    personnes sélectionnées. Ces entretiens pourront avoir lieu dans nos locaux avec éventuellement
    nos interprètes. Pendant que la France préparera leur accueil, une sensibilisation culturelle sur le
    pays leur sera prodiguée, afin qu’elles disposent d’emblée de quelques éléments de contexte.
    Emmanuel Macron a décidé d’intervenir au Niger et au Tchad, mais rêve dans le fond de
    travailler plus directement avec la Libye. Ce que fait ou tente de faire le HCR…
    Il faut que les Etats européens arrêtent de se bercer d’illusions sur les possibilités actuelles de
    travailler avec ce pays. Notre rôle à nous, agence de l’ONU, y reste malheureusement très limité.
    Même lorsque nous sommes présents dans les prisons officielles, où entre 7 000 et 9 000 migrants
    et demandeurs d’asile sont emprisonnés, sur 390 000 présents dans le pays. D’autres subissent des
    traitements inhumains dans des lieux de détention tenus par des trafiquants. Dans les prisons
    « officielles », nous n’avons pour l’instant l’autorisation de nous adresser qu’aux ressortissants de
    sept nationalités (Irakiens, Palestiniens, Somaliens, Syriens, Ethiopiens s’ils sont Oromos,
    Soudanais du Darfour et Erythréens). Ce qui signifie que nous n’avons jamais parlé à un Soudanais
    du Sud, à un Malien, à un Yéménite, etc.
    L’Organisation internationale pour les migrations a assisté cette année plus de 3 000 personnes
    arrivées en Libye afin de leur permettre de rentrer chez elles. Nous croyons que cette solution est
    très utile pour nombre d’entre elles. Il faut garder à l’esprit que 56 % des migrants en Libye disent
    avoir atteint leur destination finale. Ils espéraient y trouver du travail, ce qui ne s’est pas matérialisé
    pour beaucoup d’entre eux.
    Pour accélérer l’amélioration de la situation, nous oeuvrons à la création de centres ouverts de
    réception qui pourraient être installés en Libye. Il y a urgence compte tenu des conditions existantes
    dans les centres de détention. Le dossier avance, mais n’est pas bouclé. Ces centres nous
    permettront également d’évacuer en urgence certains réfugiés vers des pays tiers en vue de leur
    transfert dans des pays européens ou autres. Cependant, sans clarification rapide des intentions
    chiffrées des pays de réinstallation, nous ne pourrons pas évacuer ces réfugiés en danger vers des
    pays de transit susceptibles de les accueillir temporairement.

    Un pont aérien pour les réfugiés
    Les Echos, 30 août 2017
    https://www.lecho.be/economie-politique/europe-general/Un-pont-aerien-pour-les-refugies/9927215?ckc=1&ts=1507288383

    La Commission demande aux États membres de se montrer solidaires envers les Africains : jusqu’à 37.700 réfugiés pourraient rejoindre l’Europe en avion, en direct de Libye, d’Egypte, du Niger, d’Éthiopie et du Soudan.
    Dans la crise de la migration, l’attention européenne se porte de plus en plus vers le flux de migrants qui tentent la traversée vers l’Italie à partir de l’Afrique du Nord et de la corne de l’Afrique, via la Libye. Dans une lettre envoyée vendredi dernier à tous les ministres des États membres, le commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos, demande un doublement des efforts de réinstallation, ce qui porterait à 40.000 le nombre de réfugiés accueillis en Europe.

    Le commissaire européen à la Migration demande un doublement des efforts de réinstallation.
    Le pont aérien ne devrait pas se limiter aux pays voisins de la Syrie. Avramopoulos demande également que l’on accueille les réfugiés qui ont besoin de la protection internationale le long de la route de l’Europe centrale. Il demande « que l’on concentre la réinstallation au départ de l’Egypte, la Libye, le Niger, l’Éthiopie et le Soudan ».
    C’est au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l’UNHCR, qu’il reviendra de définir le profil des migrants qui pourront être pris en considération pour une réinstallation en Europe. Avramopoulos demande aussi le soutien des Etats-membres pour le plan de l’UNHCR de « procéder temporairement à une évacuation d’urgence des groupes de migrants les plus vulnérables de la Libye vers le Niger et d’autres pays de la région ».
    Les États membres ont jusqu’à la mi-septembre pour annoncer leurs plans. Ils ne sont pas obligés de participer à ce pont aérien. Le cadre européen de réinstallation travaille sur base d’engagements volontaires. La Commission européenne offre cependant une aide financière non négligeable de 10.000 euros par réfugié, pour un budget total de 377 millions d’euros.

    « J’ai toujours défendu le principe de réinstallation. La Belgique est prête à faire sa part. Il y a cependant une condition cruciale. La migration sûre et légale, via la réinstallation ne pourra se faire que si l’on met fin à l’asile après une migration illégale. »
    Theo Francken Secrétaire d’État à la Migration

    Vers une nouvelle controverse sur la solidarité ?
    Au cours de l’été 2015, la Commission avait déjà lancé un cadre commun pour l’UE portant sur l’acheminement direct de 22.000 réfugiés, au départ des pays voisins de la Syrie. Objectif : éviter les traversées dangereuses vers la Grèce.
    Aujourd’hui, 17.000 réfugiés – dont plus de 7.800 Syriens acheminés à partir de la Turquie dans le cadre de la convention entre l’Europe et la Turquie – ont effectivement bénéficié du pont aérien vers l’Europe au départ des pays voisins de la Syrie.
    Les diplomates européens craignent que cette nouvelle proposition ne provoque une nouvelle controverse sur la solidarité dans le cadre de la crise de la migration. La concentration sur l’Afrique et la route centrale via la mer Méditerranée pourrait avoir du mal à passer. Car elle donne l’impression que l’Europe essaie de reproduire l’accord avec la Turquie, mais dans une Libye dangereuse, instable et imprévisible. Une solution que le président du parlement européen, Antonio Tajani, défend ouvertement.
    Par ailleurs, la route entre la Libye et l’Italie est surtout utilisée par des migrants économiques, qui ne sont en principe pas éligibles pour l’asile. C’est pourquoi les efforts européens de ces derniers mois se sont surtout concentrés sur le renvoi de ces migrants dans leur pays, et l’arrêt des flux migratoires.
    Malgré tout, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont déjà répondu à l’appel. Lors du mini-sommet qui s’est tenu lundi à Paris, les chefs de gouvernement de ces quatre pays ont promis, non seulement un soutien supplémentaire aux pays du Sahel afin de fermer la route vers la Libye, mais aussi davantage de solidarité lors de la réinstallation en Europe des personnes ayant droit à l’asile.
    Theo Francken, secrétaire d’État à la Migration, soutient Avramopoulos. « J’ai toujours défendu le principe de réinstallation. La Belgique est prête à faire sa part. Il y a cependant une condition cruciale. La migration sûre et légale, via la réinstallation ne pourra se faire que si l’on met fin à l’asile après une migration illégale. »
    Source : L’Echo

    #réinstallation #asile #migrations #réfugiés #centres_de_transit

  • Emmanuel #Macron veut créer des « hotspots » pour gérer les demandes d’asile en #Libye

    « La France va créer dès cet été en Libye des #hotspots », des centres d’examen pour les candidats à l’asile, a annoncé le président Emmanuel Macron ce matin en marge d’une visite d’un centre d’hébergement de réfugiés à Orléans (Loiret). « L’idée est de créer en Libye des hotspots afin d’éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile. Les gens, on va aller les chercher. Je compte le faire dès cet été », avec ou sans l’Europe, a-t-il ajouté.

    http://www.liberation.fr/direct/element/emmanuel-macron-veut-creer-des-hotspots-pour-gerer-les-demandes-dasile-en
    #hotspot #externalisation #asile #migrations #réfugiés #France

    cc @i_s_

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    voir la métaliste sur les tentatives de certains pays européens d’externaliser la #procédure_d'asile :
    https://seenthis.net/messages/900122

    • Ah bon ?!?

      La mise en place de Hotspots en Libye n’est finalement « pas possible » cet été comme l’avait annoncé Emmanuel Macron

      La mise en place en Libye de centres pour examiner les demandes d’asile n’est « pas possible aujourd’hui », a jugé l’Elysée, jeudi 27 juillet, dans la soirée. Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait annoncé la création, cet été, de « hotspots » dans ce pays devenu un lieu de passage pour des milliers de migrants tentant de traverser la Méditerranée vers l’Europe.

      http://mobile.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/la-mise-en-place-de-hotspots-en-libye-n-est-finalement-pas-possible-cet-ete-comme-l-avait-annonce-emmanuel-macron_2302719.html#xtref=http://m.facebook.com

    • Migrants : « Trier les gens avant leur arrivée en France serait intolérable »

      Identifier les personnes vulnérables, comme cela se fait au Liban ou en Grèce sous la supervision du HCR, est une option -bien que ce n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si l’objectif est de trier les gens -entre migrants économiques et réfugiés- avant leur arrivée en France, c’est intolérable. Pouvoir déposer sa demande d’asile avant d’arriver sur le territoire ne doit pas déboucher sur une restriction du droit de venir en France, que ce soit pour des raisons d’asile ou de migration économique. Ce serait contraire à la convention de Genève qui impose aux signataires d’assurer l’accueil des réfugiés.

      http://www.lexpress.fr/actualite/societe/migrants-trier-les-gens-avant-leur-arrivee-en-france-serait-intolerable_193

    • Déclaration de Filippo #Grandi, chef du #HCR, sur la réunion de Paris le 28 août

      Je me félicite de l’annonce d’un plan d’action complet pour l’appui à des solutions à long terme au problème complexe de la migration mixte ainsi que la résolution de ses causes profondes, en étroite coopération avec les pays d’origine et de transit, et conformément au droit international.

      http://www.unhcr.org/fr/news/press/2017/8/59a55689a/declaration-filippo-grandi-chef-hcr-reunion-paris-28-ao-t.html

      Le HCR se félicite... sic

    • Parigi e i migranti: quale idea di Europa? Ascolta la puntata

      Dal vertice di Parigi sembrano arrivare novità importanti sul grande tema dei nostri giorni, quello dei migranti. Italia, Spagna, Germania e Francia, insieme a Ciad, Niger e Libia, sono forse arrivati a un punto di svolta nella gestione dei flussi migratori. Una strategia complessa dal punto di vista politico e soprattutto umanitario, che mette di fronte l’aspetto della sicurezza e quello morale. Gli sbarchi nel mese di agosto sono diminuiti, ma cosa succede a chi rimane dall’altra parte del mare? L’Italia sembra finalmente non essere più sola, ma qual è l’Europa che viene fuori da questo accordo?

      http://lacittadiradio3.blog.rai.it/2017/08/29/19762

    • Parigi: l’accordo che “li ferma a casa loro”

      L’accordo è raggiunto (per il momento), la strategia definita: teniamoli lontani da noi, costi quello che costi: in termini di risorse pubbliche (le nostre), ma soprattutto in termini di vite e diritti umani, calpestati. Cosa succederà alle persone che resteranno intrappolate nei loro paesi o in quelli di transito? Non sembra preoccupare i Capi di Stato e di Governo che oggi si sono riuniti a Parigi.

      http://www.cronachediordinariorazzismo.org/parigi-laccordo-li-ferma-casa

    • Au Niger, les rescapés du nouveau poste-frontière de l’Europe

      Pour éviter les traversées périlleuses, décourager les réseaux de passeurs et rendre moins visible le flux de migrants, des dizaines de demandes d’asile sont examinées au Sahel depuis octobre. A Niamey, Moussa et Eden font partie des rares personnes acceptées. Loin des 10 000 qu’Emmanuel Macron a promis d’accueillir d’ici fin 2019.

      Au Niger, les rescapés du nouveau poste-frontière de l’Europe
      « Bonjour », articule Moussa, sourire un peu crispé, un sourcil levé en signe d’hésitation. Dans sa bouche, ces deux syllabes résonnent comme celles d’un mot-valise qui porterait tous ses espoirs et ses incertitudes. Le seul mot de français qu’il connaît. De la France, ce père de famille érythréen de 43 ans, à la petite moustache bien taillée et aux yeux fatigués, a « vu quelques photos », entendu parler de « la tour Eiffel ». Dans quelques jours ou quelques semaines, c’est sur cette terre européenne, aussi inconnue que fantasmée, qu’il sera « relocalisé », selon le terme employé par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
      Moussa est l’un des rares gagnants de la loterie de l’asile, désormais mise en place bien loin de l’Europe : à Niamey, au Niger. Avec le récit d’une vie pour seul laissez-passer, Moussa a convaincu les agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), venus l’interroger dans le même conteneur préfabriqué où nous le rencontrons. Une enceinte sécurisée gérée par le HCR, au fond d’une ruelle poussiéreuse de cette capitale poussiéreuse, située au cœur du Sahel. Après deux entretiens, de nombreuses questions et vérifications, Moussa a obtenu le sésame auquel il n’osait plus croire : sa demande d’asile a été approuvée. « Je leur ai simplement dit la vérité, dit-il. J’ai beaucoup souffert. »
      Que font des fonctionnaires français chargés de l’examen des demandes d’asile loin de leurs locaux du Val-de-Marne, sur le sol africain ? Depuis octobre, l’Ofpra a effectué trois « missions de protection » au Sahel, deux au Niger et une au Tchad, pour une durée d’environ une semaine à chaque fois. L’objectif affiché : la réinstallation de réfugiés africains en France, après les avoir évalués dans ces « pays sûrs ». En principe, pour leur éviter « de prendre des risques inconsidérés » en traversant la Méditerranée. Mais il s’agit aussi de décourager les réseaux de passeurs clandestins qui ont longtemps prospéré dans ce pays au carrefour de l’Afrique noire et de l’Afrique du Nord.
      Sans laisser de traces

      Depuis deux ans, d’importants financements versés par l’Union européenne ont persuadé le gouvernement nigérien d’accepter de devenir de facto un de ses postes-frontières. Une loi criminalise désormais les passeurs : transporter des migrants au-delà d’Agadez, la « porte du désert » au nord du pays, est passible d’emprisonnement. Avec la mise en place de mesures répressives dans les pays qu’ils traversent, le nombre de migrants qui atteignent l’Europe a diminué, même si beaucoup empruntent à présent des routes plus dangereuses, à travers le désert, où ils disparaissent sans laisser de traces. Mais pour les gouvernements de l’UE, l’objectif est accompli, avec des migrants moins nombreux et en tout cas moins visibles. Reste en échange à accepter d’en accueillir quelques-uns pour que la logique de cette nouvelle plateforme en terre africaine fonctionne. L’an dernier, Emmanuel Macron s’est engagé à accueillir en France 10 000 réfugiés supplémentaires d’ici la fin de l’année 2019, dont 3 000 personnes en provenance du Tchad et du Niger.
      « Je n’ai absolument aucun doute que nous atteindrons ce nombre », affirme Pascal Brice, directeur de l’Ofpra. Pour l’instant, on est loin du compte. Environ 160 personnes, présélectionnées par le HCR, ont été vues par les agents de l’Ofpra lors de ces deux missions à Niamey. Après ces entretiens, 114 hommes, femmes et enfants - majoritairement érythréens, soudanais et somaliens - sont partis en France. Le nombre est dérisoire, mais le message politique est fort : ceux qui ont des revendications justifiées à l’asile ont une alternative légale et sûre à la dangereuse traversée de la Méditerranée, qui engloutit chaque année des milliers de personnes et leurs espoirs. Si la France leur ouvre ses portes, ils se verront offrir un billet d’avion, un titre de séjour et des mesures d’accompagnement pour faciliter leur intégration, telles qu’une aide au logement ou des cours de langue. Tous les autres devraient rebrousser chemin.
      « La rhétorique qui vise à tracer une distinction claire entre migrants et réfugiés recouvre des enjeux d’ordre politique majeurs, constate Jocelyne Streiff-Fénart, sociologue et directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste des migrations. L’opposition entre le réfugié, qui aurait des raisons légitimes de fuir et pour cela doit être accueilli, et le migrant économique, qui doit être repoussé, est devenue un élément essentiel d’une politique migratoire qui est clairement configurée comme une entreprise de triage. » Cette distinction entre « les bons et les mauvais migrants », qui appartiendraient à deux catégories imperméables, apparaît pour la chercheuse comme « une tentative de légitimation » de mesures de plus en plus restrictives, « voire brutales ».
      A Niamey, dans l’attente de son départ, Moussa fait les cent pas dans sa tête. Il a envie de parler. Les agents de l’Ofpra voulaient avant tout s’assurer de sa nationalité. Ce qui le prend aux tripes, qu’il régurgite d’une voix monocorde, ce sont les épreuves qu’il a traversées. La ligne de front lors de la guerre contre l’Ethiopie, la pauvreté, ses enfants qu’il ne voit qu’une fois par an, les frustrations, et le service militaire, quasi esclavagiste, qui n’en finit pas. En Erythrée, petit pays de la corne de l’Afrique dirigé par un régime autoritaire, celui-ci est obligatoire pour tous les citoyens. Sa durée est indéterminée. Moussa a passé douze ans sous les drapeaux. Puis, en 2011, il a craqué. « Une nuit, je me suis enfui, raconte-t-il. Je n’ai rien dit à ma femme. J’ai pris un chemin peu fréquenté, et j’ai traversé la frontière, dans l’obscurité. » Il part d’abord au Soudan puis au Soudan du Sud, à Juba, où il se fait embaucher dans un hôtel par un compatriote. Mais la guerre le rattrape. Avec ses économies, et un peu d’aide d’un beau-frère au pays, il prend finalement la décision qui le taraude depuis qu’il est parti : aller en Europe.
      Cul-de-sac libyen

      Une éprouvante traversée du désert le mène jusqu’en Libye, le principal point de départ pour les côtes italiennes. Un pays en plein chaos depuis la chute de Kadhafi, en 2011, où les migrants sont devenus une marchandise à capturer, à vendre et à exploiter. « Nous étions plusieurs centaines, peut-être 500, dans un hangar, raconte Moussa dans un anglais presque impeccable. J’y ai passé plusieurs mois, puis on nous a déplacés dans un autre endroit, puis encore un autre. Chaque fois, nous étions gardés par des hommes en armes. » Trafiquants, miliciens, gardes-côtes, bandits… tout se mêle et devient flou. Les geôliers aboient des ordres en arabe, une langue que la plupart des migrants ne comprennent pas. « Ils nous ont menacés, frappés avec des bâtons de bois ou des câbles. Quand ils étaient nerveux, ou défoncés, ils tiraient à nos pieds. Juste parce que ça les amusait, raconte-t-il. Mais, le pire c’était la faim. »
      Un soir, deux hommes s’emparent d’une jeune femme et l’emmènent à l’écart. « Quand ils l’ont ramenée, elle a pleuré toute la nuit. Que pouvait-on faire ? » dit-il, le regard sombre. Ceux qui peinent à rassembler l’argent dû pour le voyage sont maltraités avec une brutalité systématique, torturés, forcés de rester debout sous le soleil pendant des heures. Par téléphone, ils supplient leurs proches d’envoyer de l’argent, de les sortir de là. Moussa, lui, a déjà versé 3 500 dollars (environ 2 900 euros), mais son départ se fait attendre. La collaboration controversée de l’UE et de la Libye pour endiguer la venue de migrants africains en Europe, y compris par la détention de ces derniers et l’interception des bateaux en mer, a rendu la traversée plus compliquée. Elle a aussi accru la clandestinité dans laquelle opèrent les migrants et leur dépendance aux réseaux organisés de trafiquants.
      Parmi les milliers de personnes bloquées dans le cul-de-sac libyen, dans des conditions abominables, quelques centaines, comme Moussa, peuvent prétendre au statut de réfugiés. Le HCR travaille à les identifier et les faire relâcher. L’an dernier, l’agence onusienne a initié une procédure unique : l’évacuation par avion des demandeurs d’asile jugés les plus vulnérables vers un pays de transit où ils seraient en sécurité, le Niger. Un retour en arrière censé être temporaire, en vue de leur réinstallation, selon le bon vouloir de quelques pays occidentaux. L’enveloppe d’aide européenne ne venant pas sans contrepartie, les autorités nigériennes ont donné leur feu vert non sans émettre quelques craintes de voir leur pays devenir un « hotspot » où tous les recalés à l’examen de l’asile se retrouveraient coincés. « Nous avons environ 1 000 personnes sous notre protection en ce moment sur le territoire nigérien, dit Alessandra Morelli, représentante du HCR au Niger. Nous attendons que ces personnes puissent être accueillies par des pays tiers. Le succès de la démarche dépend de l’engagement des Etats membres de l’UE et de la communauté internationale. C’est seulement à travers cette solidarité que ces gens peuvent avoir l’espoir de reconstruire leur vie. »
      « On sait ce qui nous attend »

      L’initiative lancée par la France suscite l’intérêt d’autres pays. La Suisse et les Pays-Bas ont récemment effectué une mission au Niger. La Finlande, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni pourraient prochainement faire de même. Eden, 22 ans, doit bientôt être accueillie en Suisse. Avec ses traits fins, ses yeux brun profond soulignés d’un trait d’eye-liner et ses petites boucles d’oreilles mauves assorties à son vernis à ongles, la jeune Erythréenne mêle la coquetterie d’une adolescente à l’assurance de celles qui en ont déjà trop vu pour se laisser impressionner. Elle raconte son calvaire, parle de ses rêves d’avenir, son envie de « devenir esthéticienne. Ou médecin, si je peux aller à l’université ». La détermination ponctue chacun de ses mots. « Bien sûr qu’on sait ce qui nous attend lorsqu’on part », dit-elle en amharique, qu’une interprète traduit. Sur les réseaux sociaux, des photos circulent de ceux, tout sourire, qui ont réussi à atteindre le mythe européen. Mais les récits d’horreur, d’abandons dans le désert, de bateaux qui sombrent au milieu des vagues, de tortures dans les camps libyens, ont aussi fait leur chemin jusque dans les villages de la corne de l’Afrique. Dans leur bagage, certaines femmes emportent des contraceptifs parce qu’elles s’attendent à être violées. « Ça ne veut pas dire que l’on sait comment on va réagir, si l’on tiendra le coup, mais on sait que ce sera horrible. De toute façon, quelles sont les autres options ? »
      Pour quelques élus, extraits du flux migratoire au terme d’un processus de sélection en entonnoir, le voyage prend bientôt fin, à leur grand soulagement. A son arrivée en France, Moussa devrait obtenir la protection subsidiaire, un statut un cran en dessous de celui de réfugié. Il pourra le renouveler au bout d’un an, si ses raisons de ne pas rentrer en Erythrée sont toujours jugées légitimes. Aux yeux des autorités européennes, l’espoir d’une vie meilleure ne suffit pas.

      *Les prénoms ont été changés

      http://www.liberation.fr/planete/2018/05/03/au-niger-les-rescapes-du-nouveau-poste-frontiere-de-l-europe_1647600

    • EU to consider plans for migrant processing centres in north Africa

      Leaked draft document says idea could ‘reduce incentive for perilous journeys’

      The EU is to consider the idea of building migrant processing centres in north Africa in an attempt to deter people from making life-threatening journeys to Europe across the Mediterranean, according to a leaked document.

      The European council of EU leaders “supports the development of the concept of regional disembarkation platforms”, according to the draft conclusions of an EU summit due to take place next week.

      The EU wants to look at the feasibility of setting up such centres in north Africa, where most migrant journeys to Europe begin. “Such platforms should provide for rapid processing to distinguish between economic migrants and those in need of international protection, and reduce the incentive to embark on perilous journeys,” says the document seen by the Guardian.

      Although the plan is winning influential support, it faces political and practical hurdles, with one expert saying it is not clear how the EU would get foreign countries to agree to be “vassal states”.

      Migration is high on the agenda of the two-day summit, which opens on 28 June. EU leaders will attempt to reach a consensus on how to manage the thousands of refugees and migrants arriving each month.

      The German and French leaders, Angela Merkel and Emmanuel Macron, met near Berlin on Tuesday to agree on a common approach, amid fears in their camps that the European project is unravelling.

      Before the meeting France’s finance minister, Bruno Le Maire, said Europe was “in a process of disintegration. We see states that are turning inward, trying to find national solutions to problems that require European solutions.”

      He called for “a new European project” on immigration, as well as economic and financial issues, “to consolidate Europe in a world where you have the United States on one side, China on the other and we are trapped in the middle”.

      At the end of the meeting, which was dominated by eurozone reform, Macron said the EU would “work with countries of origin and transit” to cut off illegal people-smuggling routes, and build “solidarity mechanisms, both externally and internally”. The EU border and coastguard agency Frontex would be expanded to become “a true European border police”.

      Merkel is under pressure from her hardline interior minister, Horst Seehofer, to come up with a European plan by the end of the month. Germany continues to receive more applications for asylum than any other EU member state. Seehofer wants German border guards to start turning people away if there is no EU-wide progress.

      It was not immediately clear how the EU document’s proposal for “regional disembarkation platforms” would work, or where they might be set up.

      Elizabeth Collett, the director of the Migration Policy Institute in Brussels, said it was a “watered-down version” of Austrian-Danish proposals that had called for arrivals in Europe to be sent back to their point of departure to have their claims processed.

      “What has clearly changed is the level of political backing for this,” she said.

      The plan prompted questions about how it would work and the cost involved, she said. “It looks great on paper, but can you get countries to sign up from outside Europe and basically be vassal states?”

      The other big problem was ensuring the centres met EU standards, she said. “The conditions, the processing, all of the things that require a high degree of knowledge and are quite hard to manage within the EU, these are big questions.”

      The plan, however, appears to be helping unite EU countries that are deeply divided on migration.

      Italy and France support the idea of asylum centres outside EU territory, an idea that helped defuse diplomatic tensions after the two countries clashed when the new populist government in Rome refused to allow the docking of a ship carrying 630 migrants.

      Macron, who has previously raised the idea, proposed it when he met the Italian prime minister, Giuseppe Conte, last week.

      The EU struck a deal with Turkey in 2016 that drastically reduced migrant flows, but the bloc has found it harder to work with north African governments, especially Libya, from where most sea crossings begin.

      The European commission has rejected a Turkey-style deal with Libya because of instability in the country. But Italy’s previous government struck deals with Libyan militia and tribes and helped relaunch the Libyan coastguard. These actions contributed to a sharp reduction in the number of people crossing the central Mediterranean, but critics reported an increase in human rights violations.

      According to the draft document, the EU would like to set up the centres in collaboration with the UN refugee agency and the International Organization for Migration, a UN-related body that has previously criticised the paucity of legal routes for African migrants to travel to Europe.

      Dimitris Avramopoulos, the EU migration commissioner, is expected to spell out details of the disembarkation centres later this week.

      https://www.theguardian.com/world/2018/jun/19/eu-migrant-processing-centres-north-africa-refugees?CMP=share_btn_tw
      #Afrique_du_nord