Je trouve assez logique que la BM s’intéresse à Uber, Airbnb etc. vu les conséquences qu’ont ces modèles libéraux-hardcore sur l’économie, l’emploi, la protection sociale, la stabilité politique.
Notre récent rapport, Reaping Digital Dividends (a), s’intéresse aussi aux perturbations provoquées par l’économie collaborative. Nous y montrons que le développement de cette nouvelle forme d’économie réclame l’instauration d’un cadre d’action publique. Voici pourquoi.
Tout d’abord, les plateformes de free-lance. Cet avatar de l’économie du partage remet, en effet, profondément en cause la réglementation du marché du travail, car l’activité y est rarement encadrée par un contrat. Ainsi, sur un échantillon principalement composé de travailleurs russes et ukrainiens en free-lance, seuls 12% environ pouvaient justifier d’un contrat en bonne et due forme avec leur donneur d’ordre.
En outre, les travailleurs indépendants ne bénéficient, bien souvent, d’aucune forme de protection sociale — chômage, santé ou retraite — et se trouvent donc exposés, avec l’âge ou en cas de retournement de l’économie, à un risque de pauvreté accru.
Par ailleurs, si l’économie collaborative peut favoriser l’inclusion, il n’en reste pas moins vrai qu’elle est aussi susceptible d’aggraver les inégalités. En Europe, elle fait ressortir de fortes disparités en termes de sexe, d’âge et de qualifications. A titre d’exemple, 10 % des travailleurs non qualifiés se sont rendus sur une plateforme collaborative contre 27 % chez les personnes qualifiées.