• Pour financer la baisse d’impôt des riches, Macron ralentit la marche vers l’égalité femmes-hommes
    http://www.huffingtonpost.fr/laura-slimani/financer-baisse-impot-riches-macron-ralentit-egalite-femmes-hommes_a_

    Emmanuel Macron avait annoncé être « féministe ». Il s’est même engagé à faire de l’égalité femmes-hommes une « grande cause nationale ». Pourtant, depuis l’arrivée de son gouvernement, tous les indices semblent pointer dans la direction inverse.

    Dernière information en date : le budget des droits des femmes devrait baisser de 25%, soit 7,5 millions d’euros. C’est énorme par rapport aux 30 millions d’euros qui composent ce budget, le plus petit de l’Etat.

    A titre d’exemple, 7,5 millions d’euros équivalent à la totalité des subventions accordées en 2016 aux associations dans le domaine de l’égalité et de la mixité professionnelle ET aux moyens consacrés à la prévention et la lutte contre la prostitution. Concrètement, il s’agit d’actions concernant l’insertion sur le marché de l’emploi, l’accès à la formation, la lutte contre les stéréotypes à l’école, dans l’enseignement supérieur, au travail, dans l’orientation, tant au niveau national qu’à l’échelle locale, ainsi qu’à la rencontre, l’accueil et l’accompagnement de personnes prostituées. Bien sûr, la réduction des dépenses sera répartie entre plusieurs domaines d’action. Mais prétendre qu’il s’agit de notes de frais ou de frais de réceptions, comme l’a laissé entendre la secrétaire d’Etat, n’est pas sérieux. Quand on parle d’un budget de 30 millions d’euros au total, toute baisse est forcément répercutée sur les acteurs/actrices de terrain, et les centaines de milliers de femmes bénéficiant de ces actions en vivront les conséquences directes. Il s’agit de petites économies faites sur le dos d’une grande politique.

    On parle du plus petit budget de l’Etat : il atteint à peine les 30 millions d’euros par an. Si l’on s’en tient à la baisse annoncée de 7,5 millions d’euros, elle permettrait de couvrir à peine 0,07% de la baisse des dépenses publiques de 11 milliards prévue par le gouvernement. Baisse notamment nécessaire en conséquence de la suppression d’une partie de l’ISF, qui coûtera, elle, 3 milliards d’euros par an aux contribuables. Ce sens des priorités laisse perplexe : pour financer la baisse de l’impôt des plus riches, on choisit de ralentir la (déjà très lente) marche vers l’égalité femmes-hommes, entre autres dommages collatéraux.

    Il faut croire que baisser les impôts des plus riches tout en atteignant les 3% de déficit est plus important que de renforcer les efforts consacrés à diminuer le nombre de femmes tuées par leur compagnon, à combattre les discriminations, à promouvoir la mixité des métiers et à renforcer l’accès des femmes précaires à la santé. Aujourd’hui c’est de davantage de moyens dont ont besoin les droits des femmes si l’on veut faire de l’égalité une réalité et non une incantation. Un argent qui pourrait permettre demain une meilleure protection des femmes victimes de violences, un accès facilité à l’information sur le droit à disposer de son corps et à la contraception grâce à une plus forte présence des plannings familiaux, à davantage de sensibilisation auprès des enfants, à mieux accompagner les victimes de viol dans leurs démarches judiciaires. Un budget plus étoffé permettrait aussi de fournir des produits d’hygiène aux femmes en grande précarité, ou encore à mener de grandes campagnes de communication pour faire progresser l’égalité dans les têtes.

    En matière de droits des femmes, les beaux discours desservent la cause de l’égalité femmes-hommes quand ils ne sont pas suivis d’effets : la « grande cause nationale » du quinquennat mérite mieux que des coupes budgétaires.

    #en_marche sur les #femmes