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  • Le shérif le plus coriace d’Amérique finira-t-il dans son pénitencier ?
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    Joe Arpaio, 85 ans, a été le shérif le plus célèbre des États-Unis, réélu à la sécurité du comté de Maricopa, en Arizona, de 1992 à 2016. Dans un pays où les responsables de la police sont élus, il vantait ses méthodes controversées sur les chaînes de télé, en se qualifiant de shérif « le plus coriace d’Amérique ».

    Sa cible préférée ? Les Mexicains qui traversent la frontière. L’immigration est à sa hantise, les clandestins son combat, les chasser son programme à chaque campagne électorale. Mais, en 2012, pour la juge Susan Bolton, il est allé trop loin.
    Des milices anti-immigrants

    Il a outrepassé ses droits de chef de la police arizonienne, en mettant en place des milices anti-immigrants. Elles raflaient des clandestins mexicains qui n’étaient soupçonnés d’aucun crime. L’immigration est une compétence fédérale et seuls les agents fédéraux sont habilités à intervenir. Joseph Michel, dit « Joe », le savait.

    En 2011, un juge fédéral avait déjà pris une ordonnance contre lui, afin qu’il cesse ces arrestations arbitraires et discriminantes. Lundi, la justice a conclu qu’il avait violé cette ordonnance et l’a donc condamné à six mois de prison.

    La presse américaine s’est aussitôt interrogée sur le sort de ce fils d’immigrés italiens qui a toujours fait sa loi. Va-t-il subir les terribles conditions qu’il a lui-même instaurées dans la prison de son comté ? Car les idées ne lui ont jamais manqué pour durcir la vie carcérale.

    Des chaînes de forçats au pied

    Il a ainsi rétabli le port de vêtements rayés noir et blanc et des chaînes de forçats pour les détenus qui travaillent à l’extérieur, une pratique que la plupart des États américains avaient arrêtée dans les années 1950 ! Joe Arpaio se gaussait même de l’avoir imposée aux femmes, « par pur souci d’égalité ! » Il a aussi supprimé des « luxes » comme le café, les salles de musculation, les chaînes de télévision, sauf la météo, « pour que ces abrutis sachent quelle température il va faire quand ils travailleront sur les routes ».

    De 1992 à 2016, Joe Arpaio a été constamment été réélu à la tête du comté de Maricopa en prônant un programme anti-immigrants, dans cette région frontalière du Mexique.

    Comme il l’avait promis à ses électeurs, le shérif incarcère à tour de bras ; la prison du comté est rapidement surchargée. La solution est vite trouvée et attire les caméras du pays. L’élu républicain installe des tentes en plein milieu du désert et les entoure de barbelés : ce pénitencier de plein air ne coûte que 100 000 €. Les critiques pleuvent à la vue de prisonniers suant sous les 45° de l’Arizona.

    Mais selon le journal Arizona Republic, c’est surtout de la nourriture que les détenus se plaignent. Les repas d’un prisonnier de Maricopa ne reviennent qu’à 60 cents par jour, contre en moyenne 8 dollars dans le reste des États-Unis. Afin de décourager totalement de futurs délinquants, le gros bras de l’Arizona a fait installer un message en néon rose en haut du mirador de sa prison : « Places disponibles ».
    Abus de pouvoir et discrimination raciale

    Ces excès auraient porté ses fruits. La criminalité aurait baissé de 20 % à Maricopa, entre 2004 et 2008. Mais à quel prix ? L’Arizona Republic estimait l’an passé qu’Arpaio avait déjà coûté 142 millions en frais de justice aux contribuables du comté. Ce n’est pas la première fois qu’il doit se défendre contre des accusations d’abus de pouvoir et de discrimination. En 1999, ce sont 8,5 millions de dollars qui disparaissent des finances publiques en dommages et intérêts payés à la famille de Scott Norbert, mort par suffocation dans la prison de Joe.

    En 2016, c’est à cette célèbre figure de l’autorité que le candidat Donald Trump, autre chasseur de Mexicains, confie la sécurité de son meeting de campagne. Ces deux hommes à poigne ont plus d’un point commun, dont un goût affiché pour la téléréalité. Comme le milliardaire, le shérif a eu sa petite heure de gloire dans l’émission de Fox News intitulée Smile You’re Under Arrest (Souriez, vous êtes en état d’arrestation).

    Mais si l’un a gagné sa présidentielle, le second a perdu son poste. Trop d’abus.
    Il fait appel

    Son avocat a assuré devant les caméras de la BBC, lundi, que son client n’ira pas en prison, à 85 ans. Il fera appel de la décision de la juge Susan Bolton, qu’il estime « partiale ». Joe Arpaio s’est aussi fendu d’un communiqué : il n’aurait fait que son « devoir, protéger le public ». Aurait-il peur d’être condamné à porter des sous-vêtements roses, mesure qu’il avait imposée dans sa prison pour réduire le trafic de drogues ?

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