Île-de-France : 20 000 nouveaux retraités privés de pension

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  • Retraites, les réformes suffisent pas ? On dépouille des ayants droit
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    Dépassés par l’outil informatique et le labyrinthe administratif, de nombreuses personnes âgées se regroupent pour faire valoir leurs droits. L’association Unrpa Ensemble et solidaires les aide.

    « J’ai envoyé ma demande de retraite complète le 4 octobre 2016. Ils l’ont reçue le 10 et m’ont confirmé le 14 sa bonne réception. Depuis, on me répond simplement que le dossier est en cours de traitement. Cela fait plus de dix mois, déplore monsieur B. Dès que j’appelle, on m’assure qu’un conseiller va me recontacter, mais ce n’est jamais arrivé. » À bientôt 62 ans, il devrait être à la retraite. Ouvrier dans le bâtiment dans le 20e arrondissement depuis ses 17 ans, il rentre dans le cadre des carrières longues et pénibles et aurait même pu faire valoir ses droits depuis deux ans. « Sans ma pension d’invalidité , suite à un accident du travail, je serais sans aucune ressource depuis des mois , parce qu’ayant atteint l’âge légal de la retraite, le chômage est automatiquement coupé. Pour en bénéficier, on a besoin d’une convention Cnav-Unedic… On marche sur la tête », explique-t-il. Monsieur B. a saisi le Défenseur des droits, qui a contacté à son tour le médiateur de la Cnav. Celui-ci avait obligation de répondre. Ce qui fut fait fin juin par courrier électronique : « Il résulte que la Cnav doit faire face à un nombre important de dossiers, ce qui génère des retards de traitement, bien cordialement. »

    « On a dû s’organiser pour aider les gens à avoir accès à leurs droits »

    Le cas de monsieur B. est loin d’être isolé. Comme beaucoup, il s’est rendu aux permanences sociales pour la liquidation de la retraite organisées par l’Union nationale des retraités et personnes âgées (Unrpa). « On a dû s’organiser pour aider les gens à avoir accès à leurs droits, explique Fatima Sadki, présidente de l’association parisienne. Les administrations passent au tout-numérique et comptent sur des associations pour aider les usagers. C’est un transfert de compétence, mais sans les moyens. On n’y arrive pas, mais on fait de notre mieux parce qu’il faut bien que quelqu’un tire les gens de ces situations kafkaïennes. Et 80 % des personnes qui viennent nous voir le font pour ce type de motif. » L’association met des ordinateurs à disposition l’après-midi et aide les personnes âgées à créer leurs comptes personnels, des adresses mails… « Avec la fermeture de l’accueil et leur système informatique qui dysfonctionne, ces politiques publiques sont en train de transformer des ayants droit en une armée de dépendants à l’assistance sociale », déplore Fatima Sadki. Courriers à l’appui, elle égraine les exemples. Monsieur S. est privé de tout revenu depuis février parce que le système informatique a refusé d’ouvrir ses droits à la retraite à cause de l’existence d’un homonyme. Un autre se révèle introuvable à cause d’un changement de numéro de Sécurité sociale. Un retraité s’est vu priver de ses droits depuis juin 2016, car un questionnaire a été envoyé à son ancienne adresse et n’a pu être dûment retourné dans les temps. Malgré trois questionnaires renvoyés avec accusés de réception entre juillet et novembre 2016, sa situation n’est toujours pas débloquée. Une réfugiée politique de 63 ans n’a pas touché sa retraite depuis août 2016 puisqu’il lui manque un original d’extrait de naissance… « Depuis janvier, j’ai demandé ma convention Cnav-Unedic, poursuit Marina, membre d’Ensemble et solidaires. C’est le parcours du combattant que d’avoir une retraite. Depuis le 1er juillet je ne suis plus payée, mais Pôle emploi refuse de m’inscrire et d’étudier mon droit aux indemnités chômage. Je suis obligée de demander le RSA pour toucher quelque chose. On a cotisé toute notre vie et on se retrouve dans la misère. »

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