Trois bonnes raisons d’en finir avec l’expression les « droits de l’homme », par Raphaël Haddad

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  • Trois bonnes raisons d’en finir avec l’expression les « droits de l’homme », par Raphaël Haddad - Féministes en tous genres
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    Mettre à jour la formulation « droits de l’homme » par celle plus inclusive de « droit humain », c’est mettre un terme à une injustifiable marginalité française. « Human rights » en anglais, « derechos humanos » en espagnol, « diritti umani » en italien, mais aussi « wen tuán » en chinois mandarin, « huquq al’iinsan » en arabe, « prava cholavieka » en russe, « zakhouyot adam » en hébreu. Toutes ces formulations en témoignent : hormis la France, aucune nation ou presque n’a transcrit « droits humains » en « droits de l’homme ». Même le très prudent Conseil de l’Europe nous a désavoué•e•s : il estime depuis sa recommandation de 1990 sur l’élimination du sexisme dans le langage que l’utilisation du masculin générique n’est pas souhaitable lorsqu’il est fait référence aux droits humains.

    Parler de « droits humains » plutôt que de « droits de l’homme » est aussi un enjeu éminemment politique. Le Rwanda hier, la Syrie aujourd’hui : à chaque fois que l’humain se trouve menacé, ce sont les femmes qui le sont le plus cruellement. Délayer, dissoudre la condition de ces femmes par une formulation occultante, au moment même où l’on convoque un droit censé les protéger, en est d’autant plus insupportable.

    Parler de « droits humains » plutôt que « Droits de l’homme » c’est un moyen pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes, ici, en France. Si les « droits de l’homme » avaient aussi été ceux des femmes, sans doute auraient-elles pu passer leur baccalauréat avant 1860, voter avant 1946, travailler sans le consentement d’un tuteur avant 1965 ou ne pas avoir à attendre 2002 pour transmettre leur nom à leur enfant.

    Aujourd’hui encore, la nette prévalence du masculin sur le féminin dans la langue française entretient les inégalités femmes / hommes. De ce point de vue, d’autres expressions peuvent sans doute être mises à jour. Je pense par exemple à celle formulée par le général de Gaulle et que nous verrons immanquablement fleurir dans la presse durant les prochaines semaines. Non, l’élection présidentielle n’est pas « la rencontre entre un homme et un peuple », mais bien « la rencontre entre un homme ou une femme et un peuple » !

    #droits_humains #vocabulaire #femmes #sexisme