Le Mexique face à Donald Trump
« Nous ne sommes pas un protectorat américain » par Andrés Manuel López Obrador
Il y a environ deux ans, le futur président américain Donald Trump et ses conseillers ont commencé à étudier de manière systématique l’état d’esprit des Américains. Parmi les sentiments les plus saillants : la déception, l’irritation, la colère, la tristesse et le désespoir. En politique, la méthode n’a rien d’extraordinaire, surtout pour ceux qui disposent de l’argent nécessaire à ces études qualitatives. Les travaux ont débouché sur un diagnostic taillé sur mesure pour servir l’ambition électorale de M. Trump. Il ne restait plus qu’à profiter de cette humeur générale, à s’en faire le porte-voix et à en avancer une interprétation, dans l’espoir qu’elle imprègne la société. Avec un argument massue : les Mexicains et les musulmans sont devenus indésirables aux États-Unis.
Bien avant la prise de fonctions du candidat républicain, il était évident que sa campagne antimexicaine n’était fondée sur aucune analyse économique, mais répondait (et répond toujours) à des intérêts politiques : certains entendent tirer profit du sentiment nationaliste américain.
Le contenu de leur message, leurs techniques de communication ainsi que leur propagande s’inspirent de la « théorie de l’espace vital » (Lebensraum) formulée au XIXe siècle par le géographe allemand Friedrich Ratzel : selon cette doctrine, l’expansionnisme et l’impérialisme se justifient dès lors qu’ils permettent à l’État d’assurer le bien-être de sa population.
#AMLO
►https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/LOPEZ_OBRADOR/57385
Contre la résignation, un autre pôle de résistance :
Au Chiapas, la révolution s’obstine
« Ils ont peur que nous découvrions que nous pouvons nous gouverner nous-mêmes », lance la maestra Eloisa. Elle le disait déjà en août 2013 aux centaines de sympathisants venus de Mexico ou de l’étranger pour apprendre de l’expérience zapatiste, le temps d’une active semaine en immersion. Baptisée ironiquement « Escuelita » (petite école), cette initiative visait à inverser le syndrome de l’évangélisateur, à « retourner la tortilla », comme y invitait jadis l’anthropologue André Aubry : s’instruire au contact des centaines de paysans mayas qui pratiquent, jour après jour, l’autogouvernement. Inaugurant par ces mots l’Escuelita de 2013, Eloisa rappelait alors l’essentiel, qui laisse certains observateurs incrédules : modeste et non prosélyte, l’expérience zapatiste n’en rompt pas moins depuis vingt-trois ans avec les principes séculaires, et aujourd’hui en crise, de la représentation politique, de la délégation de pouvoir et de la séparation entre gouvernants et gouvernés, qui sont au fondement de l’État et de la démocratie modernes.
►https://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/CUSSET/57569
#Amérique_latine