La semaine où le monde a frôlé l’apocalypse nucléaire

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  • La semaine où le monde a frôlé l’apocalypse nucléaire

    http://www.slate.fr/story/149934/la-semaine-ou-le-monde-a-frole-la-guerre-nucleaire

    C’est l’un des grands mystères de la Guerre froide : comment le monde a-t-il fait pour ne pas disparaître lors de la deuxième semaine de novembre 1983 ?

    Une grande partie de notre survie est due aux actions –ou plutôt à l’inaction– d’un officier de l’armée de l’air américaine, Leonard Perroots, mort en janvier dernier. Que nous ayons frôlé l’anéantissement, au contraire, est imputable au bellicisme rhétorique et militaire de Ronald Reagan, à la terreur qu’il a suscité chez les Soviétiques et au tragi-comique d’un malentendu qui aurait pu nous coûter très cher.

    Comme un National Intelligence Estimate, un document du renseignement américain venant d’être rendu public, le détaillait en 1987 :

    « La stratégie de guerre nucléaire [des Soviétiques] […] ne les prédispose pas à faire preuve de retenue s’ils estiment très probable la survenue d’une guerre nucléaire. Ils pensent d’ailleurs qu’une telle réserve pourraient mettre en péril leurs chances dans cette guerre. Les Soviétiques sont très enclins à vouloir tirer les premiers afin de maximiser les dommages infligés aux forces américaines, tout en minimisant les dégâts subis par la société et les forces soviétiques. »

    C’est à ce moment délicat que les États-Unis et leurs alliés décident de simuler une attaque nucléaire sur l’Union soviétique et ses alliés du Pacte de Varsovie. Effectué par des soldats alliés dans toute l’Europe, la simulation, surnommée Able Archer 83, fait partie d’un exercice militaire orchestré par le QG de l’Otan à Bruxelles, le ministère britannique de la Défense et le Pentagone, son objectif est de « tester les procédures de commande et de personnel, avec un accent tout particulier mis sur la transition entre des opérations conventionnelles et des opérations non-conventionnelles, y compris l’usage d’armes nucléaires ».

    C’est là qu’intervient Leonard Perroots, un agent du renseignement militaire américain dont le rôle sera crucial dans cette histoire. Quand débute Able Archer 83, cet homme originaire de Virginie Occidentale a plus de trente ans d’expérience derrière lui dans les services de renseignement de l’US Air Force en Europe. Tout en supervisant Able Archer 83, il remarque que les forces soviétiques (les vraies, pas celles de la simulation) ne cessent d’augmenter leurs niveaux d’alerte. Mais au lieu de réagir comme il se doit, Perroots ne fait rien. S’il avait relevé le niveau d’alerte des dispositifs militaires européens –ce qui n’aurait pas été absurde–, les Soviétiques auraient pu en conclure que exercice était bel et bien une préparation d’attaque déguisée. L’instinct de Perroots permettra d’arrêter la course vers la guerre et sans doute d’éviter une passe d’armes nucléaire.