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  • L’entretien de la rédaction : Maurine Mercier - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=Z3Tv-TFrfIY

    Maurine Mercier « Vaudoise de l’année » : « C’est un devoir de ne pas se déconnecter du reste du monde » | 24 heures
    https://www.24heures.ch/cest-un-devoir-de-ne-pas-se-deconnecter-du-reste-du-monde-229965048470

    « C’est un devoir de ne pas se déconnecter du reste du monde »
    Honorée de multiples prix journalistiques, la correspondante de la RTS en Ukraine est élue « personnalité de l’année » par les lecteurs de « 24 heures ».

  • Cyclisme : Et puis un jour tu pars sur la route pour mourir | 24 heures
    https://www.24heures.ch/et-puis-un-jour-tu-pars-sur-la-route-pour-mourir-856068851841

    Moi aussi je roule. Du dimanche comme on dit. Je ne pense jamais à la mort mais je fais gaffe, très gaffe, toujours. Je ne fais aucune confiance à aucun·e automobiliste. La plupart ne regardent pas. La plupart téléphonent. La plupart pensent à autre chose. La plupart voient la voiture comme une extension de leur maison et quand il faut ralentir pour une ou un cycliste, la plupart le voient comme une violation de domicile. Lorsqu’on me coupe la route (si souvent), on me dit (avec sincérité) : « Oh, je ne vous avais pas vu. » Ah ben je suis en rose fluo, ça doit être pour ça. La plupart pensent que tu (leur) encombres la route, que tu gênes leurs arabesques pétaradantes (Porsche) ou sournoisement silencieuses (Tesla). Les automobilistes râlent contre les cyclistes qui font des erreurs (ça arrive), mais les automobilistes ne meurent jamais à cause des erreurs des cyclistes. Ou bien ?

  • Sur la retraite en #Suisse, les femmes de droite veulent aussi faire entendre leur voix
    https://www.rts.ch/info/suisse/12737766-sur-lavs-les-femmes-de-droite-veulent-aussi-faire-entendre-leur-voix.ht
    ( AVS : droits à la retraite en Suisse )

    Les femmes du camp bourgeois soutiennent la réforme de l’AVS, malgré la hausse de l’âge de la retraite des femmes. Elles s’irritent de la récupération de la cause des femmes par la gauche et les syndicats.

    Entérinée la semaine dernière par le Parlement, la réforme de l’AVS et sa hausse de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans vont être combattues en référendum. Gauche et syndicats refusent une révision sur le dos des femmes. Mais ce combat en leur nom déplaît à celles de droite et du centre, qui approuvent la réforme.


    Cette réforme doit se faire. Des compensations pour cette augmentation de l’âge de la retraite ont été trouvées et il faut penser aux générations futures : c’est l’avis de la majorité des femmes du camp bourgeois. A l’image de la conseillère aux Etats du Centre Marianne Maret. « On met toujours toutes les femmes sous la même enseigne, et en termes d’égalité, ça m’interroge, parce que tous les hommes ne sont pas mis ’dans le même sac’ - passez-moi l’expression », a-t-elle souligné mercredi dans La Matinale de la RTS.

    Et d’ajouter que « dans le cadre de cette votation sur l’AVS, nous sommes un peu prises en otage, et il faudra que toutes les femmes analysent à l’aune de leurs propres valeurs ce projet qui n’est pas si catastrophique pour les femmes ».

    Combattre la précarité
    A gauche, on rappelle se battre pour éviter des situations de précarité. « Nous parlons au nom des femmes qui se mobilisent dans la rue, qui ne sont pas d’accord avec la réforme proposée », explique Martine Docourt, co-présidente des femmes socialistes.

    Parce que, selon elle, « on voit quand même que ce sont toujours les femmes qui ont le moins à la retraite. Et c’est dans ce sens-là que notre voix est légitime ».

    Comité de femmes de droite ?
    Les femmes du centre-droit créeront-elles un comité commun pour soutenir la révision ? Il faudra attendre encore pour le savoir. Mais elles ne laisseront pas le champ libre à la gauche. Lucie Rochat, présidente des femmes UDC romandes, estime que « ces femmes ne doivent pas oublier qu’elles parlent en leur nom propre et qu’elles ne peuvent pas prétendre parler au nom de toutes les femmes de Suisse ».

    A ses yeux, c’est une bonne chose que ce référendum soit lancé, « parce que cela permet à chacun de s’exprimer. Et les femmes étant majoritaires dans la population, on verra bien dans les urnes ce que les femmes pensent de cette réforme », 

    Une votation qui pourrait intervenir au second semestre de l’an prochain. Et ce qui est sûr, c’est que le vote des femmes sera particulièrement scruté.
    Sujet radio : Marie Giovanola : https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/sur-l-avs-les-femmes-de-droite-veulent-aussi-faire-entendre-leur-voix-25788085.h

    #retraites #Femmes #travail #en_vedette #retraite #santé #femmes #économie #inégalités #précarité #politique #pauvreté vs #richesse #UDC #bourgeoisie

  • Littérature numérique – Un site cartographie l’archipel saisissant d’#Italo_Calvino | 24 heures
    https://www.24heures.ch/un-site-cartographie-larchipel-saisissant-ditalo-calvino-168760427968

    Le voyage littéraire dont il est ici question débute en 1943, avec quelques écrits timides qu’on pourrait considérer comme autant de préludes à une première œuvre consistante : « Le Sentier des nids d’araignées ». Le périple se prolonge quarante-deux ans durant et à l’arrivée, 200 textes plus loin, une boucle s’achève avec la dernière signature d’Italo Calvino, posée sur « Un Roi à l’écoute », texte qui charpente une pièce musicale de Luciano Berio. Entre ses deux extrémités, le corpus de l’écrivain italien ressemble à un archipel saisissant où on croise des atolls et des îlots de toutes sortes. Les plus populaires sont connus sous nos latitudes aussi : la trilogie formée par « Le Vicomte pourfendu », « Le Baron perché » et « Le Chevalier inexistant » demeure aujourd’hui encore une borne lumineuse.

    #cartographie #littérature

    • #Atlante_Calvino

      Oggi Italo #Calvino avrebbe quasi cento anni. E di fronte alle profonde trasformazioni a cui la letteratura, la stampa, i mezzi di comunicazione e la ricerca stanno assistendo non sarebbe rimasto chiuso a difendere la cittadella umanistica assediata. Sarebbe uscito a vedere.

      La letteratura come l’ha pensata, praticata e modellata Calvino tra gli anni Quaranta e gli anni Ottanta del secolo scorso aveva soprattutto un fine: quello di tenere la mente aperta. Renderla abbastanza elastica non certo da capire tutta la complessità del mondo, ma almeno da misurarla. E trarne qualche conseguenza: la prima di queste è che abbiamo bisogno di storie, perché la nostra mente non si limiti a riprodurre se stessa, ma attraverso la narrazione si trasformi in un grande laboratorio di possibilità. Aperto al futuro, grazie alla molteplicità di sguardi con cui partecipa alla costruzione del passato.

      Il progetto finanziato dal Fondo Nazionale Svizzero e intitolato Atlante Calvino: letteratura e visualizzazione ha scommesso sulla critica letteraria come esercizio intellettuale di apertura mentale e sperimentazione. Per tre anni (2017-2020) il progetto ha messo in contatto un’équipe letteraria dell’Unité d’italien dell’Université de Genève e il laboratorio di ricerca DensityDesign del Politecnico di Milano, specializzato in progetti di Digital Humanities e Data Visualization, con la collaborazione della casa editrice Mondadori, che detiene i diritti italiani dell’intera opera di Calvino.

      Le due anime del progetto, quella letteraria e quella del design dell’informazione, sono state chiamate a mescolarsi per trovare soluzioni efficaci e innovative intorno al caso esemplare dell’opera di Calvino: l’opportunità di mettere in contatto un oggetto letterario e analisi di sistemi complessi condotta tramite la visualizzazione è l’obiettivo principale di questa ricerca. Nato a Santiago de Las Vegas nel 1923 e morto a Siena nel 1985, Italo Calvino è uno dei più noti e studiati scrittori della letteratura italiana contemporanea. La statura internazionale della sua fama, insieme alla bibliografia critica ormai sterminata che lo riguarda e alla varietà sperimentale delle sue opere, lo rende un modello perfetto per una ricerca fondata sul contributo scientifico che la visualizzazione dei dati può fornire agli studi letterari.

      Il risultato del progetto è la piattaforma web in cui vi trovate, che offre la possibilità di esplorare l’opera narrativa dello scrittore da un nuovo punto di vista: vale a dire attraverso un certo numero di elaborazioni visuali, che corrispondono ad altrettante interrogazioni letterarie rivolte al corpus dei testi calviniani. L’unione tra la figura di un autore fondamentale della letteratura del XX secolo e un metodo di studio innovativo ambisce a offrire un valido esempio di ricerca nel campo delle Digital Humanities di seconda generazione, che contribuisca all’attuale esigenza di rinnovamento delle discipline letterarie. La qualità scientifica del progetto si sforza di combinarsi, in questo senso, con le sue qualità pedagogiche, estetiche e comunicative, al fine di proporre una nuova “narrazione visuale” dell’autore.

      https://atlantecalvino.unige.ch
      #visualisation #infographie

    • Pourquoi les zadistes ont aussi gagné

      Ce mardi 30 mars, la police a évacué la « zone à défendre » du Mormont, mettant un terme à cinq mois d’occupation. Si des cailloux ont été lancés, si des tirs de flash-balls ont fusé, la journée a été placée sous le signe des larmes plutôt que de la violence. Chez certains zadistes dominait un sentiment de défaite, d’impuissance face à la destruction d’un monde (le leur) et de la planète. « Ce sont une nouvelle fois les plus forts qui gagnent », disaient-ils en substance. Vraiment ?

      Dans les deux camps, occupés à jouer une pièce de théâtre maintes fois présentée mais dont la chute varie suivant les attitudes réciproques, il y avait une volonté de retenue, certainement accrue par le côté hautement émotionnel et la visibilité de ce dossier. Pour une ministre Verte chargée de la Police, il était sans doute hors de question qu’un dérapage ait lieu sur un tel terrain.

      Cela n’enlève rien au chagrin et à la rage des zadistes, à la fatigue des policiers, au ras-le-bol des autorités locales, aux craintes des ouvriers de Holcim, à toutes les questions qui restent sur cette occupation et la nécessité d’évacuer, sur la débauche des moyens mobilisés, sur la désobéissance civile, sur l’avenir de cette colline et sur notre attitude face aux dangers qui menacent notre planète.

      Reste que, si les orchidées de la Birette mettront sans doute du temps à repousser, notre collectivité et notre humanité ont été préservées. Alors que des commentateurs s’écharpent sur le web autour de cette affaire, ce 30 mars a amené une touche de respect dans la tempête et la souffrance de notre monde.

      Cela, c’est aussi aux activistes de la colline que nous le devons. Combien de jeunes squatteurs idéalistes peuvent-ils se targuer d’avoir ouvert les yeux du Conseil d’État sur une problématique capitale, en l’occurrence notre dépendance au béton ? D’avoir poussé la police à avancer à pas délicats, à exprimer sa considération, à communiquer largement ? Pour les journalistes aussi, cette occupation a été une piqûre de rappel : ce qui ronronne (par exemple une usine), ce qui se présente comme une évidence doit aussi être interrogé, analysé, remis en question.

      Puisse le dossier du #Mormont et du béton en général, si emblématique de notre époque, continuer à profiter de cet élan. Car le réchauffement climatique, lui, ne peut pas être évacué de nos préoccupations.

      https://www.24heures.ch/pourquoi-les-zadistes-ont-aussi-gagne-719001211111

  • Coronavirus – Près de 350 millions de personnes à risque élevé | 24 heures
    https://www.24heures.ch/pres-de-350-millions-de-personnes-a-risque-eleve-326533462591

    Les résultats, publiés dans la revue médicale britannique « The Lancet Global Health », montrent que 1,7 milliard d’humains, soit 22% de la population mondiale, présentent au moins un facteur de risque qui les rend plus susceptibles d’avoir une forme grave de Covid-19.

    Parmi ceux-ci, 349 millions de personnes sont particulièrement à risque de développer une forme sévère de la maladie et auraient besoin d’être hospitalisées en cas de contamination.

    Protéger les plus vulnérables

    « À l’heure où les pays sortent du confinement (…) nous espérons que nos estimations fourniront un point de départ utile » aux gouvernements qui « cherchent les moyens de protéger les plus vulnérables d’un virus qui continue de circuler », commente l’auteur principal de l’étude, Andrew Clark, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM).

    Le chercheur cite le fait de conseiller aux personnes les plus à risque d’adopter les gestes de distanciation sociale adaptés ou de les rendre prioritaires pour de futures campagnes de vaccination. La proportion d’habitants à risque est plus faible dans les régions où la population est plus jeune. C’est le cas de l’Afrique, où 16% de la population présente un facteur de risque face au nouveau coronavirus, soit 283 millions sur une population totale de 1,3 milliard. En Europe, cette part est de 31%, soit 231 millions sur une population de 747 millions.

    « Mais une plus forte proportion de cas sévères pourrait être mortels en Afrique » en raison en particulier de la faiblesse des infrastructures sanitaires, souligne Andrew Clark. En outre les pays africains avec les plus fortes proportions de cas de sida comme le Lesotho sont plus à risque vis-à-vis de la pandémie.

    Parallèlement des îles comme l’île Maurice ou les Fidji présentent des risques accrus en raison d’une forte proportion de la population souffrant de diabète, l’un des facteurs aggravants pour cette maladie virale, selon l’étude.

    Global, regional, and national estimates of the population at increased risk of severe COVID-19 due to underlying health conditions in 2020: a modelling study - The Lancet Global Health
    https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(20)30264-3/abstract

    We generated uncertainty intervals (UIs) for our estimates by running low and high scenarios using the lower and upper 95% confidence limits for country population size, disease prevalences, multimorbidity fractions, and infection–hospitalisation ratios, and plausible low and high estimates for the degree of clustering, informed by multimorbidity studies.

  • Zurich : Non, le Covid-19 n’est pas qu’une pneumonie virale - Suisse - 24heures.ch
    https://www.24heures.ch/suisse/covid19-quune-pneumonie-virale/story/25930175

    Les premiers patients présentaient surtout des pneumonies difficiles à traiter, a indiqué l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ) dans un communiqué. Par la suite, les médecins ont constaté de plus en plus de cas de troubles cardiovasculaires et de défaillances multiples d’organes sans lien apparent avec la pneumonie.

    L’équipe de Zsuzsanna Varga, à l’USZ, a donc examiné au miscroscope des échantillons de tissus de patients décédés et constaté que l’inflammation touchait l’endothélium - la paroi interne des vaisseaux sanguins - de différents organes.

    Le virus SARS-CoV-2 a pu être détecté dans l’endothélium lui-même, où il provoque la mort des cellules, puis des tissus et organes touchés. Les chercheurs en déduisent que le virus attaque le système immunitaire non pas par les poumons, mais directement par les récepteurs ACE2 présents dans l’endothélium, qui perd ainsi sa fonction protectrice.

    Tous les organes touchés

  • https://www.24heures.ch/monde/ameriques/jour-new-york-s-arrete-stoppe-coronavirus/story/25697577

    Une scène de soupe populaire dans un New York fantomatique.

    Un peu plus loin, une trentaine d’hommes au visage rugueux et au regard fatigué font la queue devant un théâtre transformé en soupe populaire. Les sans-abri respectent à la lettre les consignes de sécurité données par l’homme qui les accueille, le visage protégé par un masque de chirurgien. Ils attendent et gardent leurs distances en attendant leur repas chaud dans la rue fantomatique où résonne « Like a Virgin ». Le tube de Madonna s’échappe du haut-parleur d’un restaurant voisin, pourtant fermé.

  • Dans la série Qu’est-ce qu’on se marre entre #confédérés :

    Contamination : Le dialecte alémanique favorise le coronavirus - Suisse - 24heures.ch
    https://www.24heures.ch/suisse/dialecte-alemanique-favorise-coronavirus/story/19852391

    Après s’être méfié des Chinois, puis des Italiens du Nord, faut-il éviter de se trouver face à face avec un Alémanique pour échapper au coronavirus ? C’est la question qui se pose en lisant l’interview de Beda Stadler, ancien directeur de l’Institut de virologie et d’immunologie de l’Université de Berne, dans l’« Aargauerzeitung ». Celui-ci détaille les différents canaux de contamination, parmi eux la conversation avec autrui. Il estime que le suisse-allemand, avec ses sons gutturaux, induit un risque supplémentaire. En gros, on postillonne davantage en parlant le dialecte que l’allemand standard.

    avec une illustration musicale :
    Das mues en Virus si, Trio Eugster (ce doit être un virus)
    https://www.youtube.com/watch?v=VOfkgYeNNBc


    #yodel

  • #Mir_Streiked !

    „Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.

    https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share


    #grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
    #musique_et_politique (ping @sinehebdo)

    v. aussi le #manifeste académique de la grève :
    https://seenthis.net/messages/777511

    et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
    https://seenthis.net/messages/780868

    • "Les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes"

      Alors que l’égalité salariale est au coeur de la grève des femmes prévue le 14 juin, Manuela Honegger, politologue et politicienne indépendante, relève qu’en une année « les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes ».

      « L’écart de revenu entre l’homme et la femme reste notre préoccupation première », a affirmé dans La Matinale Manuela Honegger, membre du collectif genevois pour la grève des femmes. De plus, le travail domestique effectué par les femmes n’est toujours pas reconnu.

      « On estime aujourd’hui que faire à manger a plus de valeur en Suisse que ce que le secteur financier produit, la valeur que les femmes produisent tous les jours gratuitement et qui péjore leur vie est énorme. A la fin de l’année, les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes », a précisé la politicienne.

      De plus, « sur la base des différences salariales, les femmes devraient seulement travailler jusqu’à 57 ans et pas jusqu’à 64 ans », a-t-elle encore indiqué.
      Chiffre pas connu

      « La politique ne nous prend pas au sérieux, nous les femmes, et ne met pas nos préoccupations au centre », a encore souligné la politicienne. Alors que tout le monde connaît le nombre d’étrangers vivant en Suisse, « cela fait 25 ans que l’UDC martèle ces chiffres », combien de personnes connaissent le pourcentage des femmes qui font la lessive ou qui assument l’éducation des enfants ?

      « Les femmes accomplissent 80% de la lessive faite en Suisse et assument 70% de l’éducation des enfants. Ce sont des réalités à mettre sur l’agenda politique, c’est pourquoi nous avons choisi la grève. La grève est un moyen de pression pour dire stop », a conclu #Manuela_Honegger.

      https://www.rts.ch/info/suisse/10179694--les-femmes-gagnent-108-milliards-de-moins-que-les-hommes-.html

      #salaire

    • Vers la grève féministe en Suisse

      Dans cet entretien, Anouk (étudiante, investie dans les mouvements étudiants et de l’immigration coloniale et post-coloniale) et Maimouna (militante queer antiraciste « qui penche du côté marxiste de la force » et qui travaille dans un syndicat interprofessionnel du secteur public) nous livrent un récit du processus qui va porter nombreuses femmes* en Suisse à se mettre en grève pour la journée du 14 juin 2019. Nous saissons l’occasion pour relayer le manifeste de la grève, dont il est beaucoup question dans l’interview, et une émission radio sur cette lutte, dont le titre annonce : Ne changeons pas les femmes, changeons la société !

      – PEM : Le 14 juin se tiendra en Suisse une grève des femmes et féministe : Quel a été votre rapport à cette grève ?

      M : J’ai participé à cette grève surtout par l’organisation des travailleuses au sein de mon syndicat, mais également pendant une période par le biais de la coordination romande et du collectif genevois. Pour des raisons de santé, je n’ai pas pu participer à tout l’aspect collectif et de coordination des six derniers mois. Cette grève m’a accompagnée durant toute l’année et le fait de participer à sa construction sur les lieux de travail a sûrement été une des expériences militantes les plus intéressantes de ma vie.

      A : De mon côté, j’ai une position assez ambiguë par rapport à la grève. Rationnellement et politiquement, je suis super emballée par le processus. Je suis convaincue de la nécessité de s’y investir, et de la justesse d’organiser une grève générale à partir d’une position féministe. Mais d’un point de vue subjectif, j’arrive pas à me sentir concernée ou impliquée d’une quelconque manière. Pour plusieurs raisons, je n’arrive plus du tout à m’identifier aux discours du type “nous les femmes”, même si j’ai une compréhension du monde et des manières de me comporter profondément féministes. Du coup, je me suis tenue un peu à l’écart de tout le processus d’organisation de la grève, et j’ai juste participé aux débuts de la rédaction du manifeste, et j’ai été co-organisatrice de la journée du 10 février.

      – PEM : Pouvez-vous nous dire comment en Suisse on en est arrivé à organiser une grève féministe ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

      M : En Suisse, cette grève a été impulsée par des femmes syndicalistes après une énième discussion au parlement sur un projet de loi sur l’égalité salariale qui n’a abouti à rien. Je pense que c’est un aspect assez intéressant, notamment par rapport à d’autres endroits où ce genre de mobilisation a eu lieu, comme dans l’Etat espagnol, où le rôle des syndicats était beaucoup moins fort, voire un frein à l’organisation de cette mobilisation. Néanmoins, l’impulsion ne vient pas des directions syndicales mais plutôt de la base. Elles ont d’ailleurs plutôt été forcées à rejoindre le mouvement sous pression de leurs militantes. Je trouves aussi assez intéressant que ça vienne pas forcément de femmes très jeunes à la base, mais plutôt de militantes assez expérimentées, même si ça a très vite pris chez les femmes plus jeunes. Certaines étaient déjà là en 1991, lors de la première grève des femmes en Suisse d’ailleurs.

      A : Il y a une autre particularité par rapport à la Suisse. Ici, la construction de la grève s’appuie sur un réseau militant de syndicalistes féministes, de féministes organisées dans des partis de gauche radicale, et aussi de féministes autonomes, qui s’étaient toutes mobilisées contre cette loi sur l’augmentation de l’âge de la retraite - soutenue par les centrales syndicales au niveau national. Il y a donc une filiation entre cette opposition référendaire dans le champ institutionnel et l’impulsion de la grève féministe.

      – PEM : Pouvez-vous préciser quel a été le rôle des syndicats par rapport au mouvement ?

      M : Il faut bien comprendre que ce mouvement vient de la base. Il y a eu cette énorme manifestation à Berne qui a réuni 22 000 personnes en septembre 2018. Pour la petite histoire, chaque deux ans la plus grande organisation syndicale, l’USS [1], organise une manifestation nationale. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force mais souvent avec un contenu politique très institutionnel. Donc du coup, comme chaque deux ans, l’USS a choisi un thème, et cette année-là c’était l’égalité salariale. Il n’y avait pas la volonté de parler de la grève qui se prépare aujourd’hui mais l’idée c’était simplement de mettre en avant cette revendication qui pouvait plaire à tout le monde. Le mouvement a fini par presque troller cette manifestation en créant un tronçon appelant à la grève féministe en 2019, ce qui a fait apparaître clairement nos revendications comme bien plus larges et radicales. Ça s’est fait littéralement aux nez et à la barbe des centrales syndicales qui ne voulaient parler que d’égalité salariale.

      A : Dès le début, et en raison de la manière dont le mouvement s’est structuré, il a appelé à aller plus loin qu’une grève « classique », qui reste contenue à un cadre de rapport salarié uniquement. Tout ceci ouvre des perspectives beaucoup plus larges, et ça remue le mouvement ouvrier dans son ensemble, notamment sur la question du travail reproductif, et de la grève politique (qui est d’ailleurs implicitement interdite par notre Constitution [2]).

      M : C’est vraiment important cette question de grève politique en Suisse. On a réussi à la rendre licite grâce à des mécanismes assez alambiqués, sachant que le droit de grève bien qu’inscrit dans notre constitution, est très limité.

      – PEM : Comment s’est organisé et structuré le mouvement pour la grève ? Quelles sont les formes d’organisation que vous vous êtes données et est-ce qu’elles sont présentes sur l’ensemble du territoire suisse (les différents cantons, dans les villes ou en campagne, etc.) ?

      M : En fait, le mouvement est né en Suisse romande et Suisse italienne et la Suisse allemande a rejoint le mouvement un peu plus tard. Actuellement, quasiment tous les cantons suisses et les grandes villes ont un collectif organisant la grève. Honnêtement, quand ça a commencé, ça aurait pu être ce genre d’initiatives super sympas lancées par dix meufs motivées qui aboutit à 5000 femmes dans la rue un an plus tard. Mais là, ça a pris bien plus d’ampleur ! Je pense que la manière dont le mouvement s’est construit, notamment la démocratie interne, la décentralisation, et surtout la totale liberté laissée aux collectifs - avec juste le Manifeste comme garde-fou - font que c’est un mouvement à la fois très large et radical.

      A : Oui, j’ai le souvenir d’une militante syndicale qui disait que ça avait impulsé la formation de collectifs sur plein de lieux de travail, ce qui en Suisse, est dingue ! En tous cas, je pensais pas que ça serait un truc aussi énorme, et que ça lancerait autant de personnes à s’organiser sur leur lieu de travail, de formation, etc. Au-delà même du 14 juin, ça ouvre des perspectives d’organisation beaucoup plus larges.

      M : La décentralisation du mouvement est très particulière mais aussi très adaptée à notre contexte fédéral. C’est vraiment une organisation décentralisée, qui part des collectifs locaux. C’est très difficile pour moi de parler de ce qui passe dans les cantons suisses alémaniques. Ce que je vois sur les réseaux sociaux (car le mouvement y est assez actif), c’est qu’en fait, finalement, dans des endroits où j’aurais pas pensé, il y a des choses qui se construisent.

      A : Le caractère de radicalité du mouvement est aussi lié au fait qu’il se construit au niveau national, au-delà des barrières linguistiques, mais d’une manière décentralisée comme tu l’as dit. C’est quand même très rare en Suisse. Mais l’organisation ne se fait pas uniquement selon des bases purement géographiques (ville, canton, etc.), mais aussi en fonction des lieux d’activité, sur les lieux de travail et de formation, etc.

      M : Je pense que c’est grâce aux organisatrices qui ont vraiment tout mis en place pour permettre la plus grande démocratie possible, ce qui est hallucinant et qui a représenté un travail phénoménal. S’assurer toujours qu’il existe des espaces de dialogues où les questions de contenu mais aussi de forme peuvent être entendues et discutées, ce qui a notamment permis de créer ce Manifeste avec une adhésion très large, a, d’après moi permis cette construction très large d’un mouvement.

      – PEM : Qu’est-ce qu’a apporté au mouvement la rédaction d’un manifeste ? Quels thèmes principaux en sont ressorti ?

      M : Alors, le manifeste regroupe dix-neuf revendications. Elles concernent tout : le rapport au corps, le rapport au travail, notamment l’inégalité salariale, mais la question du travail reproductif est également très développée. Je pense qu’on trouve pas le terme “anti-capitalisme” dans le texte (même si le terme capitalisme doit y apparaître), mais dans le fond, on est dans des revendications vraiment en rupture. Beaucoup de revendications tournent autour du monde du travail. Déjà parce que ce mouvement est très syndical mais aussi parce que les enjeux autour des inégalités sur les lieux de travail sont encore loin d’être résolus. Il n’y a pas de réelles protections contre les inégalités salariales, les protections contre le sexisme sur le lieu de travail sont peu ou mal mis en place, et la dévalorisation sociale et salariale des métiers typiquement féminins existe. On est quand même un pays où les personnes travaillant dans l’économie domestique ne sont même pas soumises à la loi sur le travail dont le texte est censé protéger les travailleuses et travailleurs.

      A : Oui, notamment celle de réduction du temps de travail ! Et la question des violences sexistes est aussi importante pour nous. C’est vrai qu’avec le Manifeste, on donne une vision d’unité, comme si tout le monde était d’accord sur tout, mais il y a quand même eu des grosses contradictions internes. D’ailleurs, la force du cas suisse, c’est d’avoir pu dépasser ces contradictions et de ne pas s’être scindé. C’est peut-être lié à la culture du compromis suisse [rires]. Dans tous les cas, il y a eu un travail politique phénoménal sur les sujets de dissension, pour aboutir à une orientation d’un féminisme de classe et anticapitaliste, et aussi sur la question de la pénalisation des violences de genre. À la première séance de rédaction du Manifeste en août passé, les nombreuses personnes présentes étaient réparties en groupes de travail « par thématique », où on discutait de nos revendications et leur articulation. Il se trouve que j’ai eu la bonne idée d’aller au groupe sur les violences faites aux femmes. C’était assez difficile, et il a fallu un travail important (que des camarades ont mené tout au long de l’année) pour éviter une orientation pro-punitive, et amener une vision globale sur les conséquences de ces orientations en termes de rapports sociaux de race, et plus largement de répression. Mais c’est une position qui est extrêmement ambivalente et compliquée à trouver et défendre, entre d’un côté dire que les violences de genre sont un sujet politique fondamental (et qu’on ne va pas s’en occuper « après » pour le dire vite), mais de l’autre, se demander comment on peut y répondre sans converger avec l’appareil répressif d’Etat. Il y a donc eu tout un travail : déjà, sur le moment même, et avec les relectures et amendements successifs du Manifeste. Plus largement, et dans un deuxième temps, on a organisé avec SolidaritéS [3] une journée d’étude qui a réuni des personnes actives dans les organisations qui luttent concrètement contre les violences de genre, pour essayer d’élaborer des pistes d’actions anti-punitives, mais concrètes et ancrées dans notre réalité. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l’organisation de la grève, et l’idée était de revenir ensuite dans les différents collectifs et mettre ça en avant. Au final, quand on regarde le Manifeste maintenant, on remarque que ce travail collectif (qui prend différentes formes) a porté ses fruits.

      – PEM : Du coup, est-ce que vous diriez que le Manifeste, rédigé en août dernier, rend bien compte de la pluralité des composantes du mouvement tel qu’il est aujourd’hui ?

      M : Le mouvement s’est organisé en mixité choisie, sans hommes cisgenres. Pour la composante sociale, dans les collectifs que je connais, principalement en Suisse romande, on compte majoritairement des femmes* déjà militantes, peu de femmes non blanches, par contre plutôt très intergénérationnelle. Néanmoins, quelques femmes ayant un parcours migratoire ont été très actives, ce qui a permis d’amener des revendications concrètes et précises sur les questions d’asile et d’accueil. L’exemple qu’a donné Anouk, et il y en aurait d’autres, montre bien qu’en tant que minorités dans la minorité, c’est très dur de réussir à mettre en avant ses revendications s’il n’y a pas un vrai travail d’organisation en interne. On l’a notamment vu pour les questions LBTIQ, où finalement des revendications spécifiques n’ont pas été visibilisées et ce alors qu’en Suisse on serait dans un contexte assez propice à la mise en avant de revendications par exemple liées à la parentalité, aux parcours trans* ou encore d’égalité juridique. De ce que j’ai perçu, en tout cas en Romandie, il nous a été difficile de nous organiser entre nous pour faire émerger ces revendications. Par contre, le travail fait par les femmes migrantes et leurs alliées ont réussi à imposer des revendications puissantes sur cette question, autant dans le manifeste que dans l’organisation collective. Ces questions, par exemple le fait de ne pas avoir de permis de séjour ou juste un permis provisoire en tant que travailleuse – en lien avec tout le travail syndical qui est mené sur ce front depuis des années - sont bien comprises et intégrées. Par contre, on n’a pas constaté la même chose sur les questions de race. Pour être bien claire, quand on parle de femmes migrantes en Suisse, on parle de femmes qui viennent du troisième cercle (le Sud global) comme on dit, mais aussi d’Europe du Sud.

      A : C’est vrai qu’il y a eu un travail politique pour orienter ces revendications dans un sens émancipateur pour tout le monde. Donc le Manifeste n’est bien sûr pas parfait, mais c’est le fruit d’un travail politique de longue haleine, parfois éreintant, mené par un grand nombre de personnes. Au début, il y avait carrément des propositions islamophobes, ou abolitionnistes (du travail du sexe)… Le fait que ce genre de choses ne soient pas passées (même si le Manifeste n’est pas explicite sur ces questions), c’est aussi le fruit d’un travail. Ça permet de le garder ouvert à une organisation politique sur les rapports coloniaux, sur le travail du sexe, etc.

      M : Sur ces questions, on constate qu’il y avait cette peur au début, comme dans tout mouvement unitaire : « que vont faire les femmes qui ne sont pas organisées à gauche, et comment elles vont pouvoir adhérer à ce manifeste ? ». Finalement, on se rend compte que plus il y a de revendications, plus elles sont larges, plus elles sont radicales, et - c’est assez contre-intuitif - plus elles sont rassembleuses. En fait, ça a permis de créer un mouvement ultra large. La question des “femmes de droites” - doit-on les intégrer,, comment leur parler, est-ce qu’on les effraient ou pas - a souvent été posé, surtout au début dans les collectifs locaux. Je me souviens très clairement d’une femme qui disait « si les femmes de droite se reconnaissent dans le manifeste, elles viendront, et sinon tant pis ». Il faut juste imaginer que lors de l’appel de la première coordination nationale à Bienne, il devait y avoir 500 à 600 personnes, qui sont des personnes qui organisent activement cette grève.

      –PEM : Pourquoi est-il important de faire grève pour faire valoir ces raisons ?

      M : Il y a un truc que je trouve intéressant dans le droit suisse, la grève est considérée comme l’ultima ratio. Donc c’est le dernier outil que les travailleurs et travailleuses mettent en place pour obtenir leurs revendications, après que tout a échoué. Là, ça fait 38 ans qu’on a une égalité dans la constitution qui n’est pas appliquée, et tout part quand même de là ! On peut se dire que c’est très réformiste et partiel, mais littéralement, ça veut dire qu’en Suisse, il y a aucune possibilité de sanction ni de contrainte pour vraiment combattre l’égalité salariale même dans son sens le plus strict. Tu peux faire reconnaître - mais c’est très compliqué – que tu n’es pas payée la même chose que ton collègue masculin et toucher le différentiel ainsi qu’une indemnité représentant six mois de salaire et c’est la seule sanction que tu auras en tant qu’employeur. En gros, une mise en conformité plus une petite amende. De plus, ce n’est pas soumis à un contrôle régulier, sauf pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s, ce qui représente environ 2% des employeurs en Suisse. On en est là. Donc c’est pour ça que c’est important de faire grève, c’est pour montrer qu’on en a marre du système suisse de la négociation et de la « paix du travail » et que oui, en tant que femmes ont a tout essayé mais que là ça suffit et que donc on utilise l’outil de l’ultima ratio.

      A : Pour moi, cette grève a permis de montrer, dans ce système suisse, qui est officiellement « pacifié » et qui jure que par cette fameuse « paix du travail », que la conflictualité sociale, elle existe ; que les antagonismes de classe, ils existent. La conflictualité, c’est pas nous qui l’inventons, elle est réelle. Du coup, l’analyse qu’on fait en étant marxistes et féministes, c’est de lier les raisons larges pour lesquelles on fait grève (qui ne concernent pas uniquement les inégalités dans le travail salarié), à ce mode de production particulier. Donc une fois qu’on a dit ça, notre mode d’action doit rendre compte de ça.

      M : Sur la question de la grève, ça a pas été sans tension, vraiment ! Évidemment, faire grève en Suisse en 2019, c’est aussi le rappel de la grève de 1991 [4], qui a été un des plus beaux moments de luttes en Suisse. C’est aussi le rappel de ces femmes qui se sont battues en 1971 pour obtenir le droit de vote [5]. Il y a des femmes qui ont fait grève en 1991, et nous en 2019, on lutte aussi !

      A : Il faut préciser que cette grève s’inscrit dans un renouveau de perspectives de luttes de la gauche politique et syndicale. Il faut rappeler brièvement que le système suisse permet de s’opposer à des projets du parlement (et d’en proposer) en récoltant un certain nombre de signatures. Les initiatives ou référendum sont ensuite soumises au vote de la population suisse. Je précise, car j’ai vu beaucoup de discussions sur ce système de démocratie semi-directe en France, en lien avec la revendication du RIC défendues par certain·es Gilets Jaunes. Or, un élément pour moi central est à chaque fois laissé de côté : le système suisse est fondé sur l’exclusion politique d’une partie importante (environ un cinquième) de la population et des classes populaires, à savoir la population “d’origine étrangère”. En effet, les droits politiques sont conditionnés à la possession de la nationalité suisse, qui est extrêmement difficile à obtenir. En l’espace d’un an, la gauche politique est parvenue à faire refuser un projet d’augmenter l’âge de la retraite des femmes (appelé PV2020), et une autre loi (appelée RIE3) sur la défiscalisation massive du capital des multinationales implantées en Suisse (ce qui représente un transfert massif de richesses des collectivités publiques, notamment du Sud global, vers les actionnaires de Nestlé, Glencore, etc.). J’ai l’impression que ça a vraiment créé une dynamique de gauche qui est de nouveau capable d’arracher des grandes victoires. En même temps, on a lancé tout récemment un référendum contre la soeur jumelle de la RIE3 , donc contre une loi qui prévoyait exactement les mêmes dispositifs fiscaux ; on a fait aboutir le référendum, mais on l’a perdu en votation car la réforme a été massivement approuvée. Et on a certes refusé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, mais il y a déjà un projet au Parlement pour l’augmenter à nouveau. Cette question des initiatives et référendums constitue un grand débat au sein de nos organisations, et pour ma part, je ne crois pas qu’il faille rejeter une lutte institutionnelle par référendum en bloc, parce que comme on l’a vu, ça permet de lancer des dynamiques d’opposition substantielle. Par contre, sur la base de cette séquence politique, on voit que si on les considère comme une fin en soi, on n’a pas fini de s’opposer aux mêmes projets de loi, et on passe notre temps à récolter des signatures.

      M : Oui, au bout d’un moment, à ce jeu, ils gagnent en fait ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a ce dessin qui tourne et qui montre une femme avec une batte de base-ball disant “j’ai décidé de changer de méthode”.

      – PEM : Quelles autres expériences de lutte à l’échelle globale ou dans l’histoire suisse sont importantes pour vous ?

      M : La grève générale de 1918 ! Parce que j’ai découvert cette grève il y a un an et demi au moment du centenaire, et parce que l’organisation des syndicats au niveau national, l’USS (Union syndicale suisse) qui a organisé une super journée de conférence [rires] avec des historien·nes où, littéralement, leur conclusion c’était que c’était pas si bien parce qu’au final, on n’a rien gagné. C’est les syndicats qui disent ça ! Ça m’a donné envie de creuser, j’ai découvert plein de trucs, notamment que c’était pas tant un échec que ça, et je pense que ça montre aussi à quel point en Suisse, on ne connaît pas l’histoire des luttes.

      A : Au centre des revendications de la grève générale de 1918, il y avait celle du droit de vote des femmes ! Cette revendication dont on dit souvent qu’elle apparaît beaucoup plus tard, a été portée par le mouvement ouvrier dès 1918. Face aux frappadingues pour qui la grève féministe divise la classe ouvrière – ce qui est une analyse complètement hors sol quand on voit le développement massif de collectifs sur les lieux de travail – on se rend compte que dès le début, il y a un lien organique entre les luttes féministes et le mouvement ouvrier, simplement parce que les femmes font partie du mouvement ouvrier ! Après personnellement, l’histoire des luttes des travailleurs immigrés, et notamment italiens est importante politiquement pour moi.

      M : Ce qui est terrible, c’est qu’on est hyper à la ramasse et qu’on ne connaît presque pas notre histoire, parce qu’on a vraiment un roman national très fort : en Suisse, on dit qu’on est riche parce qu’on sait faire des compromis, que les valeurs paysannes et protestantes sont celles qui assurent notre prospérité et qu’on obtient jamais rien par la force. Par exemple, sur l’obtention du droit de vote des femmes en 1971, ce que tout le monde croit, c’est que le gentil parlement a décidé d’autoriser les femmes à voter parce que c’était quand même un peu la honte d’avoir attendu si longtemps. Or j’ai appris cette année, en creusant un peu, qu’il y avait eu une énorme mobilisation populaire, notamment des femmes autour de cette question.

      – PEM : Les institutions semblent réagir de manière plutôt bienveillante voire encourager certaines initiatives qui vont se tenir à l’occasion du 14 Juin : comment expliquez-vous cette bienveillance (paternaliste ?), et comment, dans ce contexte, garantir une certaine offensivité lors de cette journée de grève ?

      M : On constate effectivement une offensive massive du Parti socialiste (gauche gouvernementale) et des directions syndicales pour essayer de récupérer et pacifier cette grève en en retirant les aspects les plus combatifs. En même temps, c’est vrai qu’en Suisse , où qu’on soit sur l’échiquier politique il devient compliqué de dire qu’on est contre l’égalité. Les solutions choisies, comme dans beaucoup d’autres endroits, c’est de dire qu’on utilise pas la bonne méthode ou que l’on a mal compris l’égalité. On l’a vu syndicalement avec la réaction des employeurs. D’abord, il y a eu une offensive pour dire que cette grève n’était pas licite. Puis, sous la pression des collectifs, les employeurs du publics - sur Genève et sur Vaud, en tout cas - ont fini par dire qu’il n’y aurait pas de sanction pour cette grève, tout en sous-entendant que ça en était pas vraiment une. Une conseillère d’état PLR [6] à Genève a même affirmé que le mot grève n’avait qu’une valeur historique, et qu’en réalité il s’agissait d’une grande fête. On passe évidemment notre temps à rappeler que nous avons des revendications de ruptures et que oui c’est bien une grève. Le problème c’est qu’on n’est pas toujours entendu, face au discours dominant, notamment des médias. C’est ce qui permet à des meufs de l’exécutif ou de droite de participer aux mobilisations, qu’elles essaient de vider de leur sens...

      A : Oui, mais en même temps, elles vont marcher derrière des syndicalistes et des féministes qui revendiquent la réduction générale du temps de travail, et qui refusent catégoriquement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ! D’une certaine manière, c’est bon signe, ça veut dire que les collectifs ont réussi à imposer un rapport de force qui fait que les autorités se sentent obligées d’y participer. Surtout, les dynamiques d’organisation que cette grève a impulsées sur les lieux de travail, de vie et de formation, c’est pas quelque chose qui est “récupérable”. Pour moi c’est ça le plus important : le 14 juin n’est pas une fin en soi, c’est un but qui permet à des collectifs d’essaimer un peu partout, et de développer ou renforcer notre organisation collective.

      M : Ce qui est complètement dingue avec cette grève, c’est que malgré la radicalité du Manifeste (et même grâce à cette radicalité), des dizaines de milliers de femmes vont se mobiliser ce 14 juin. Ça permet de contrer cette idée très répandue, selon laquelle il faudrait pas être trop radicale, ou faire trop de bruit, pour pouvoir mobiliser largement. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en permettant aux femmes de s’exprimer et en ancrant les revendications dans une réalité, ça marche, et c’est énorme !❞


      http://www.platenqmil.com/blog/2019/06/13/vers-la-greve-feministe-en-suisse

    • Un « ras-le-bol général » : vendredi, c’est la grève des femmes en Suisse

      Vingt-huit ans après une première mobilisation nationale, syndicats et collectifs féministes appellent à la mobilisation pour mettre fin aux inégalités femmes/hommes.

      Le reste du monde a le 8 mars. La Suisse a son 14 juin. Vendredi 14 juin 2019, collectifs féministes et syndicats organisent une « grève des femmes », pour l’égalité avec les hommes, 28 ans après la première du nom, en 1991.

      Une grève que les organisateurs espèrent nationale et globale. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève du travail rémunéré, explique au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, à l’origine de la mobilisation. Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » De toutes ses tâches, encore majoritairement effectuée au quotidien par des femmes, peu reconnues et non rémunérées.
      Une date symbolique

      Un mot d’ordre, l’égalité, et plusieurs déclinaisons : égalité des salaires, fin des violences sexistes, fin de la précarité des femmes… Plusieurs manifestations seront organisées ce jour-là, dans tout le pays. « Le plus important, c’est que chaque femme puisse participer à son niveau, là où elle est », poursuit Anne Fritz.

      La date du 14 juin est hautement symbolique en Suisse. En 1981, était introduit dans la Constitution un article concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Dix ans plus tard, près de 500 000 personnes - pour un pays de 3,46 millions d’habitants - se mobilisaient pour dénoncer les inégalités toujours persistantes.

      Près de trois décennies plus tard, les femmes continuent de toucher 20 % de moins que les hommes, il n’existe pas de congé paternité et les places en crèche sont rares et chères, freinant la participation des femmes à la vie active.

      L’année dernière, une loi sur l’égalité salariale a été votée dans le pays. Mais la version adoptée en définitive était nettement édulcorée, par rapport au texte initial. La dernière version ne prévoit pas, par exemple, de sanction pour les entreprises discriminantes.
      Le patronat suisse grince des dents

      Un sentiment de trop peu, qui fait germer l’idée d’une nouvelle grève, à l’image de celle de 1991, dans les milieux féministes, et au sein de l’Union syndicale suisse. Le mouvement #MeToo, ainsi que diverses mobilisations internationales, pour défendre l’avortement ou critiquer certains dirigeants comme le président américain Donald Trump ou Jair Bolsonaro, le président brésilien, sont aussi passés par là.

      Pour Anne Fritz, c’est un « ras-le-bol général des femmes » qui a permis de concrétiser cette grève anniversaire. Elle est née en cette année symbolique de 1991. Aujourd’hui, elle estime que les femmes ne sont « pas entendues en manifestation. C’est la raison pour laquelle il faut faire grève ».

      Plusieurs entreprises et administrations ont affiché leur soutien à cette grève des femmes. À Genève par exemple, la ville fermera des crèches. Mais l’Union patronale essaie de contrer le mouvement. Le syndicat le considère comme « illicite », car ne visant « pas uniquement les conditions de travail », selon les propos Marco Taddei, un de ses représentants, à l’AFP.

      Difficile de prévoir l’ampleur du mouvement de vendredi, la grève ne faisant pas partie de la culture suisse. Depuis l’instauration en 1937 de la « paix du travail », une convention signée entre patronats et syndicats, la négociation est souvent préférée à la grève. Anne Fritz espère « énormément » de personnes. Ou au moins autant qu’en 1991.

      http://m.leparisien.fr/societe/un-ras-le-bol-general-vendredi-c-est-la-greve-des-femmes-en-suisse-13-0

    • Les guettes ont appelé Lausanne à une nuit mauve

      Du haut de la cathédrale, quatre femmes ont lancé la mobilisation du 14 juin. Un cri inédit, relayé une bonne partie de la nuit avant la grande journée de vendredi.

      l faut « garder le dos bien droit, mettre les mains en porte-voix et s’adresser à Lausanne ». Un rapide conseil, glissé par Renato Häusler, guet de la cathédrale de Lausanne, à celles qui s’apprêtent à prendre sa place. Pour la première fois depuis 614 ans, la voix d’une femme va donner l’heure à la ville. A 23 heures, ce jeudi 13 juin en guise d’échauffement, puis à minuit, 1 heure et 2 heures, avec en prime un appel à la grève des femmes, à la grève féministe.

      C’est ainsi qu’à minuit, Nadia Lamamra, représentante du collectif vaudois pour la grève, Nicole Christe, cheffe du Service de l’architecture de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et la chanteuse Billie Bird crient de concert « C’est la grève, c’est la grève ! ». Et après un bref silence, les acclamations montent de l’esplanade où plusieurs centaines de personnes affluent depuis 22 heures. « Il y a enfin un peu de reconnaissance, même dans les professions très atypiques les bastions masculins finissent par tomber », apprécient les guettes en chœur. La grève nationale du 14 juin est lancée à Lausanne, la cathédrale peut s’enflammer et briller en mauve dans la nuit.

      « C’était un moment fou, j’en ai eu des frissons. Il y avait un grand silence, on entendait juste les tambours, il y avait quelque chose de mystique et, tout à coup, tout le monde a hurlé. J’ai failli pleurer », raconte Anne-Julie.

      Au pied de la cathédrale, en continu, il y a les banderoles et les pancartes, les danses et les accolades, les chants et les slogans comme autant de cris du cœur. Entres autres : « Fortes, fières et pas prêtes de se taire » ou « Patriarcat t’es foutu, les femmes sont dans la rue ». « Ça me rend euphorique cet engouement, j’espère que ce sera le début d’un vrai mouvement. Il faut que les gens comprennent ce que l’on vit, commente Charlotte. Je pense aussi à celles qui ont de grandes difficultés, les travailleuses pauvres, les mères isolées ou celles qui ne peuvent pas être là parce qu’elles sont empêchées par quelque chose ou quelqu’un. »

      Puis comme la cathédrale, la place de la Riponne s’embrase. Autour d’un feu de camp, la foule donne de la voix tandis que quelques objets volent au milieu des flammes. Du carton, un tee-shirt ou un soutien-gorge, avalés par les flammes sous les applaudissements. « Symboliquement c’est déjà très fort ce que l’on voit ce soir, observe Yesmine. J’ai vécu près de la cathédrale et tous les jours j’ai entendu un homme crier. Alors aujourd’hui c’est beaucoup d’émotions, quelque chose se concrétise. »


      Beaucoup d’émotions et pas mal d’actions, au moment de se disperser dans la ville aux alentours d’1h30. Un peu partout, l’eau des fontaines devient violette, comme la cheminée de Pierre-de-Plan. Les stickers militants fleurissent sur les murs et 56 rues sont même rebaptisées. C’est l’oeuvre du collectif ruElles, parti arpenter la ville toute la nuit avec de la colle et de faux panneaux en papier. « Une soixantaine de rues lausannoises portent le nom de personnes illustres ayant marqué l’histoire suisse. Trois d’entre elles seulement sont des femmes, explique les membres. Ce soir, les femmes sortent de l’ombre de l’Histoire et vont dans les rues. » Elles feront de même ce vendredi 14 juin, dès 8 heures et pour toute la journée.

      https://www.24heures.ch/vaud-regions/guettes-appele-lausanne-nuit-mauve/story/13485264

    • Toutes les femmes du Courrier…

      … se joignent aux revendications de la grève féministe / grève des femmes*. Toutes, nous croiserons les bras en ce vendredi 14 juin, vingt-huit ans après la journée historique qui avait vu 500 000 femmes s’unir à travers toute la Suisse pour exiger, enfin, l’égalité dans les faits.

      Car nous observons chaque jour l’ampleur du fossé qui nous sépare de l’égalité. Aujourd’hui comme hier, nous exigeons une meilleure reconnaissance de toutes les tâches que nous exécutons au quotidien ainsi que le respect de notre personne et de notre individualité. Par notre refus de travailler ou d’exécuter des travaux domestiques durant vingt-quatre heures, nous posons nos limites. 91-19… Et cette impression de tourner en rond.

      C’est ce que ressentent aussi les femmes du Courrier, qui se sont réunies pour énoncer leurs doléances. Notre cahier de revendications en cinq axes complète celles du manifeste de la grève et, surtout, rejoint l’expérience d’innombrables femmes, par-delà la branche économique du journalisme. Les problèmes soulevés touchent des facettes très différentes de nos vies et, pourtant, s’imbriquent pour former un continuum sexiste.

      Nous demandons la valorisation du travail des femmes. Comme tant de pairs, nous portons une immense partie de la charge émotionnelle au travail. Est attendu de nous que nous soyons patientes, à l’écoute, gestionnaires du quotidien. Quand on se tournera vers les hommes pour ce qui relève de compétences jugées plus techniques et mesurables. Invisibilisé, notre travail est pourtant essentiel à la bonne marche de toute entreprise.

      Nous attendons que notre parole soit écoutée, notre légitimité reconnue comme celle de nos collègues masculins.

      Nous voulons concilier vie privée et professionnelle sans nous épuiser dans de doubles journées, que nous soyons mères ou proches-aidantes. Cela passe par le respect de notre temps de repos, des congés (parentaux notamment) suffisants et la possibilité d’aménager notre temps de travail selon nos besoins. Il n’existe pas de recette magique applicable à toutes. Et nous méritons d’être considérées au-delà des stéréotypes de genre.

      Nous exigeons la parité à tous les niveaux de l’entreprise, de la base aux instances dirigeantes.

      Enfin, la lutte contre le sexisme doit s’appliquer à chacune de nos pages. Elle passe par la généralisation du langage épicène, des images non stéréotypées, des formulations s’abstenant de ramener les femmes à leur seul statut de mère, de fille ou d’épouse, sans cliché machiste.

      Le chantier ne fait que commencer. Et nous aurons toutes et tous à gagner de ce monde plus égalitaire. Solidaires, les hommes du Courrier nous soutiennent d’ailleurs dans notre lutte. Nous leur confions, l’espace d’une journée, la tâche de confectionner un journal spécial dédié à la grève, qui paraîtra samedi. Cette édition ancrera la date du 14 juin 2019 dans les mémoires. Pour qu’elle ne devienne pas une date anniversaire, mais une date charnière, le marqueur d’un changement de société dans toute sa profondeur.

      https://lecourrier.ch/2019/06/13/toutes-les-femmes-du-courrier

    • Swiss women strike for more money, time and respect

      Women across Switzerland are preparing for a nationwide strike in protest against what they say is the country’s unacceptably slow pace to equality.

      Friday’s protest comes 28 years after similar action saw half a million women take to the streets in 1991.

      Swiss women have long campaigned to accelerate the pace of gender equality.

      They joined millions of other women in Europe after World War One ended in 1918 in demanding the right to vote - but did not get it until 1971.

      At the time of the 1991 strike there were no women in the Swiss government, and there was no statutory maternity leave.

      Appenzell, the last Swiss canton to refuse women the right to vote, had just been ordered to change its policy by Switzerland’s Supreme Court.


      https://www.bbc.com/news/world-europe-48615911

    • Les journaux romands se mettent au violet

      Que ce soit sur un mode humoristique, ironique ou sérieux, la presse romande relate largement la grève des femmes vendredi.

      Les quotidiens romands parlent abondamment de la grève des femmes dans leurs éditions de vendredi. La plupart se sont parés de violet, la couleur du mouvement.

      « Suissesses en colère », écrit « 24 heures » en une. Le quotidien vaudois illustre sa première page avec le dessin d’une femme en violet sur fond jaune, poing dressé en l’air. Plus sobre, la « Tribune de Genève » titre « Une journée de grève pour exiger l’égalité » avec la photo de manifestantes vêtues en violet.

      « 20 Minutes » titre « Hall of femmes » en référence à l’expression anglophone « Hall of fame », temple de la renommée en français. Du côté de Neuchâtel, « Arcinfo » propose la photo d’une foule de femmes en première page avec le titre « Respect ».

      Le « Journal du Jura » opte lui pour un dessin de presse humoristique, montrant une mère en train d’accoucher à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées par rapport aux hommes. « L’étoffe des héroïnes » lance quant à lui le « Quotidien jurassien ».

      Un dessin orne également la une de « La Liberté », celui d’une femme en gants de boxe. « Pour que la lutte porte ses fruits », titre le journal fribourgeois. « Grève féministe Jour G », renchérit Le Courrier, qui a abandonné sa traditionnelle couleur rouge pour le violet.

      « Le Temps » montre un dessin où plusieurs hommes sont représentés, mais aucune femme. « Un genre vous manque, et tout un journal est dépeuplé », titre le quotidien. Son édition de vendredi est parsemée de cases blanches, là où une journaliste devait écrire un article.

      https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandejournaux-romands-mettent-violet/story/25605124

    • En Suisse, les femmes appelées à la grève pour dénoncer les inégalités

      Les organisateurs souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique et dénoncer les violences contre les femmes.


      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/en-suisse-les-femmes-appelees-a-la-greve-pour-denoncer-les-inegalites_547605

    • Why Swiss women are back on strike today

      On June 14, 1991, half a million women in Switzerland joined the first women’s strike. Now, nearly 30 years later, they’re mobilising again.

      Many people in Switzerland were taken by surprise on that spring day in 1991. The idea came from a small group of women watchmakers in the Vaud and Jura regions. Organised by trade unionist Christiane Brunner, it became one of the biggest political demonstrations in Swiss history.

      About 500,000 women throughout the country joined in the women’s strike through various types of actions. They called for equal pay for equal work, equality under social insurance law, and for the end of discrimination and sexual harassment.
      Why 1991?

      The choice of date was not arbitrary: on June 14 a decade prior, Swiss voters had approved a new article in the constitution on equality of the sexesexternal link. But the principle laid down in the constitution had not been translated into concrete legislation. The gap between men’s and women’s pay was still glaring.

      The 1991 strike was also intended to mark the 20th anniversary of women getting the vote at the federal level, a goal achieved very late in Switzerland compared to all other countries in Europe and most of the world.
      Why a strike?

      The idea of presenting the mobilisation of 1991 as a strike at first struggled to find acceptance. “At the outset, the Swiss trade union congress was not enthusiastic,” recalls historian Elisabeth Joris, who specialises in women’s and gender history in Switzerland. “The word was going round: ‘This is a day of action, not a strike’, because the very notion of a strike was linked to paid work, while women worked in very varied settings and often not for a paycheque.”

      On the other hand, talking in terms of a strike took on a highly political significance. “Every social movement takes place in a historical context, it is linked to other events,” notes Joris. Declaring a nationwide political strike meant appealing to the precedent of the other great nationwide political strike in Swiss history: the general strike of 1918, which included women’s suffrage among its demands, and in which women played an important role.

      “Women were borrowing a tradition from the workers’ movement, but gave it a wider meaning, transforming and adapting it to the needs of the feminist movement,” explains Joris. The idea of a women’s strike was not new, either. In 1975 there was such a strike in Iceland, to mark International Women’s Year. Even the choice of March 8 as International Women’s Day commemorates the strike by New York garment workers in 1909 and 1910.

      A different kind of strike

      The 1991 strike movement had many obstacles to overcome. In the economic and political world, there was much opposition. At the time, Senate President Max Affolter urged women not to get involved in it and risk “forfeiting men’s goodwill towards their aspirations”.

      On the other hand, the varied working environment of women, often outside the realm of paid work, did not lend itself to traditional forms of mobilisation. “The 1991 women’s strike involved a wide range of actions,” points out Elisabeth Joris. “This was able to happen because the strike was organised on a decentralised basis, unlike traditional strikes.”
      Snowballs for politicians

      Even if its historical significance was not recognised at the outset, the 1991 strike had a decisive impact on progress regarding equality of the sexes and the struggle against discrimination in Switzerland. The newfound strength of the women’s movement showed itself in 1993, when the right-wing majority in parliament declined to elect the Social Democratic Party candidate Christiane Brunner to a seat in the Federal Council, preferring a man.

      “The majority in parliament thought it could do the same thing it had done ten years before with Lilian Uchtenhagen [another Social Democrat who failed to win the election]”, notes Joris. “But Christiane Brunner was the women’s strike. The reaction was immediate. A few hours later, the square in front of parliament was full of demonstrators. Some parliamentarians found themselves pelted with snowballs.”

      Francis Matthey, the candidate elected to the Swiss executive branch, came under such pressure from his own party as well as demonstrators that he felt obliged to resign. A week later Ruth Dreifuss was elected in his place. “Since that time, the idea of there being no women in cabinet is just not acceptable.”

      In 1996, legislation was brought in to ensure the equality of the sexes, which had been one of the demands of the strike. In 2002, Swiss voters approved legislation legalising abortion. In 2004, the article in the constitution on maternity leave, which had been in the constitution since 1945, was finally implemented in a piece of enabling legislation.
      ‘A new generation that favours feminism’

      And yet, in spite of the victories of the women’s movement, equality remains a burning issue. Pay gaps between women and men remain considerable. The #metoo movement has brought to the fore – like never before – the issue of sexual harassment and discrimination based on a person’s gender or sexual orientation.

      “Already around the 20th anniversary there was talk of another women’s strike, but the idea didn’t take hold,” notes Elisabeth Joris. “To succeed, a movement needs an emotional energy to it. This energy has now accumulated. There is a huge generation of young women in their 20s and 30s that favours feminism.”

      “In 2019, we are still looking for equality, and realise that there has to be a lot more than this – the culture of sexism is part of everyday life in Switzerland, it’s invisible, and we are so used to getting along that we hardly notice it is there,” says Clara Almeida Lozar, 20, who belongs to the collective organising the women’s strike at the Swiss Federal Institute of Technology Lausanne.

      https://www.swissinfo.ch/eng/feminism_why-swiss-women-are-back-on-strike-today/45025458

  • #États-Unis : une migrante guatémaltèque de 7 ans meurt en #détention
    https://www.romandie.com/news/tats-Unis-une-migrante-guatemalteque-de-7-ans-meurt-en-detention/979963.rom

    Une migrante guatémaltèque de 7 ans est morte quelques heures après avoir été placée en détention par la police aux frontières américaine dans l’Etat du Nouveau-Mexique, rapporte jeudi le Washington Post.

    La fillette, qui avait illégalement franchi la frontière en compagnie de son père et d’une douzaine d’autres personnes, est morte de « déshydratation et d’un état de choc », écrit le quotidien, citant le service américain des douanes et de la protection des frontières.

    Elle n’avait « pas bu d’eau ni mangé pendant plusieurs jours ». Prise de convulsions huit heures après avoir été placée en détention, elle a été transportée par hélicoptère à l’hôpital, où elle s’est éteinte, raconte le Washington Post.

    (©AFP / (14 décembre 2018 13h29)

    « #nos_valeurs »

  • Arrêté dans les locaux du Service de la population, #Yossief végète en prison

    Le jeune Érythréen a une fiancée qui bénéficie d’un permis B. Des citoyennes dénoncent un acharnement.

    Elle pourrait faire autre chose de ses lundis après-midi, Valérie Manera Damone. Mais la voici, comme toutes ces dernières semaines, sur le parking devant les barbelés, empêtrée dans une bise têtue qui semble avoir définitivement balayé l’été. Derrière elle se dresse la prison genevoise de #Champ-Dollon, et juste après, celle, beaucoup plus modeste, de #Favra, qui abrite notamment des étrangers en détention administrative. L’établissement soigne son entrée : juste derrière la grille automatique trônent quelques nains de jardin sur des carrés de verdure léchés.

    C’est à Favra que dort Yossief Berhe depuis le 16 juillet, date de son arrestation dans les locaux du Service vaudois de la population, où le jeune Érythréen s’était pourtant rendu pour régulariser sa situation sur demande du Secrétariat d’État aux migrations. Une « trahison », pour Valérie et l’entourage de Yossief. En vertu du règlement #Dublin, le requérant frappé de #non_entrée_en_matière par les autorités fédérales est condamné à être renvoyé vers l’#Italie, le premier pays européen dont il a foulé le sol.

    Renvoyé deux fois en Italie

    De son coffre, la visiteuse sort un énorme sac de courses, d’où dépassent des bananes et du coca : le jeune homme, qu’elle a rencontré il y a deux ans à Échallens alors qu’elle donnait des cours de français comme bénévole, ne mange presque rien en prison, s’inquiète-t-elle. Mais la Challensoise n’est pas qu’une amie en souci : elle est aussi une citoyenne nouvellement révoltée qui découvre les pratiques de la Suisse en matière d’asile sous leur jour le plus absurde. « Nous craignons que les autorités veuillent faire de lui un exemple. Il y a un acharnement dramatique. »

    D’un naturel solide et optimiste, Yossief se fragilise jour après jour en détention, explique-t-elle. Si le jeune homme de 34 ans dort en prison, c’est parce qu’il refuse de partir en Italie : il a en Suisse une fiancée, qu’il a connue en Érythrée, et qui vit en Valais avec un permis B. Elle vient de terminer un stage de huit mois dans un établissement médico-social et s’apprête à commencer un cours de la Croix-Rouge.

    Depuis son arrivée en 2016, Yossief a été renvoyé deux fois par avion vers l’aéroport de Rome, et deux fois il est revenu. Dans le jargon, on appelle les gens comme lui des « satellites ». Tout, plutôt que de laisser une nouvelle fois sa vie derrière soi. Pourquoi ne pas simplement disparaître, rejoindre la cohorte des rejetés de l’asile qui sombrent dans la clandestinité ? Au parloir de Favra, Yossief explique qu’il veut « vivre dignement, sans se cacher ». Il se tourne vers Valérie : « Échallens, c’est mon paradis. » Ça la fait sourire doucement. En prison, le jeune homme qui maîtrise bien l’anglais continue ses exercices de français. À Échallens, il s’est beaucoup impliqué pour aider à l’intégration des membres de sa communauté, explique son entourage.

    Partir ? De toute façon, l’Italie ne semble pas vouloir de lui : par deux fois, elle a prononcé son expulsion. Le 22 juin 2018, après son second renvoi, le préfet de police de Rome lui a ainsi laissé sept jours pour quitter le territoire italien, sous peine d’une amende allant de 10 000 à 20 000 euros. Dans un récent courriel, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) assure pourtant que l’Italie a accepté depuis de reprendre le jeune homme.

    Se battre au risque de s’épuiser

    Face à l’absurde, Valérie Manera Damone a choisi le combat, au risque de s’épuiser. Lorsqu’elle appuie sur la sonnette devant la grille de la prison, d’où Yossief l’appelle tous les jours, un vertige la saisit. Il y a quelques années encore, elle n’aurait jamais imaginé cela : rendre visite à un détenu, contacter une journaliste, écrire aux autorités…

    « J’ai commencé à donner des cours de français parce que je ne voulais pas laisser ma fille de 16 ans y aller toute seule. J’avais peur pour elle. Depuis, j’ai changé de point de vue sur mon propre pays. J’avais confiance en nos autorités, j’étais sûre que les droits de l’homme étaient respectés. » Également proche de Yossief, Carole Zimmermann a assisté à l’arrestation de ce dernier dans les locaux du Service de la population : « Le Secrétariat d’État aux migrations lui avait demandé par écrit de venir s’enregistrer pour la reprise de son séjour. On y est allé en toute confiance et on s’est fait avoir », précise celle qui a écrit au conseiller d’État Philippe Leuba, sans succès, en tant que « citoyenne incrédule ».

    Contacté, le Service de la population précise que la loi vaudoise permet d’arrêter une personne dans ses locaux si cette dernière est revenue dans le pays malgré une interdiction d’entrée en Suisse (ndlr : c’était le cas de Yossief). « Par ailleurs, une nouvelle demande d’asile n’empêche pas le Canton d’entamer les préparatifs d’un transfert, notamment quand les décisions de renvoi précédentes n’ont pas été respectées », stipule son porte-parole, Frédéric Rouyard. Julie Maillard, du Collectif R, évoque une « tromperie sur le motif » potentiellement contraire à la Convention européenne des droits de l’homme. Selon elle, « l’acharnement aveugle » des autorités sur Yossief Berhe n’est « de loin pas un cas à part ».

    Ce lundi 1er octobre, le jeune Érythréen a été transféré à la prison de Frambois, dans le même canton. « Si l’on cumule le salaire des policiers, les séjours en prison, les démarches administratives, etc., vous imaginez les coûts ? » s’insurge Valérie. Et de préciser encore une fois : « On ne lâche rien. » (24 heures)


    https://www.24heures.ch/vaud-regions/Arrete-dans-les-locaux-du-Service-de-la-population-Yossief-vegete-en-prison/story/21715829

    #Suisse #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_érythréens #renvois #expulsions #renvois_dublin #rétention #détention_administrative

  • Un #pasteur_évangélique condamné pour avoir hébergé et nourri un réfugié en fin de droits

    Un pasteur évangélique a été interpellé en plein culte au Locle, parce qu’il avait hébergé et nourri un réfugié en fin de droits. Il a été condamné ce mois d’août. Mais il a fait opposition.

    C’est le site évangélique lafree.ch qui l’a annoncé en fin de semaine dernière. Un pasteur de l’Eglise évangélique de l’Arc jurassien a été arrêté en février, puis condamné ce mois pour avoir hébergé et nourri, au Locle, un réfugié en fin de droits.

    « J’ai simplement aidé cette personne en détresse, qui a dormi occasionnellement dans un lieu que nous avions à l’époque au Locle et à qui j’ai donné de l’argent pour qu’il puisse se nourrir », explique le pasteur Norbert Valley, qui officie à Morat et au Locle. Il estime qu’il n’a fait que son devoir d’assistance à une personne en danger, « ce qui est l’un des principes fondateurs de l’humanité, de l’Evangile et de l’Etat de droit ». Togolais, le réfugié accueilli était sous le coup d’un mandat d’expulsion, mais il avait été relâché après avoir été interpellé, rapporte le site lafree.ch.

    Fait piquant, en février des policiers ont interpellé le pasteur en plein culte au Locle, lui demandant de les suivre, raconte-t-il. Alors que son numéro de téléphone mobile est facilement accessible.

    Le 15 août, Norbert Valley de même qu’une Locloise ont reçu une ordonnance pénale, le condamnant lui à 1000 francs d’amende, avec sursis, et 250 francs de frais, pour infraction à l’article 116 de la loi sur les étrangers, qui vise ceux qui facilitent l’entrée, la sortie ou le séjour d’illégaux en Suisse.
    Délit de solidarité aboli

    Norbert Valley a fait opposition, arguant, en plus du devoir d’assistance, que la France vient d’abolir ce qu’on appelle le délit de solidarité. « S’il le faut, j’irai jusqu’à la cour européenne de Strasbourg », annonce-t-il déjà.

    Il se peut que cela ne soit pas nécessaire. Au Ministère public qui a condamné le pasteur, on précise que l’ordonnance pénale est une sorte de proposition de condamnation, sujette à opposition. Si tel est le cas, la procédure redémarre en entendant les parties, en l’occurrence le pasteur et la police qui a mené l’enquête, avec possibilités de classement ou de renvoi devant un tribunal.

    Quant au réfugié togolais, il a apparemment disparu de la circulation.

    https://www.arcinfo.ch/articles/regions/montagnes/un-pasteur-evangelique-condamne-pour-avoir-heberge-et-nourri-un-refugies-en-

    #délit_de_solidarité #Le_Locle #asile #migrations #réfugiés #désobéissance_civile #Suisse #condamnation

    • Pétition | Soutien au pasteur #Norbert_Valley

      Secourir une personne en détresse n’est pas un crime ! Soutien au pasteur Norbert Valley

      Nous, soussignés, sommes inquiets de l’évolution de la jurisprudence en matière d’asile. Nous dénonçons les injustices crées par l’application littérale de lois adoptées en 2006 sous l’emprise de la peur de l’étranger. Secourir une personne en détresse n’est pas un crime !

      Le 25 octobre 2018, le pasteur évangélique Norbert Valley est jugé à Neuchâtel pour avoir nourri et logé un Togolais en situation de précarité. Son délit ? Contrevenir à la Loi sur les Etrangers (LEtr) en aidant une personne sous le coup d’une mesure d’expulsion. L’article 116 stipule en effet que : « est puni d’une peine privative de liberté d’un an au plus ou d’une peine pécuniaire quiconque, en Suisse ou à l’étranger, facilite l’entrée, la sortie ou le séjour illégal d’un étranger ou participe à des préparatifs dans ce but ».

      Norbert Valley n’est pas le premier à affronter la rigueur de l’article 116 : en 2017, près de 800 personnes ont été condamnées sur cette base selon les chiffres d’Amnesty International. Il est à craindre qu’une partie d’entre elles l’aient été malgré des motifs honorables. Car l’aide désintéressée à son prochain n’immunise pas contre les poursuites judiciaires ; un cas récent l’illustre. Le 18 septembre, Flavie Bettex a affronté – heureusement avec succès – un procès pour avoir procuré un logement à un requérant d’asile iranien débouté et malade. Quand bien même l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants connaissait la situation et payait même le loyer !

      La condamnation du pasteur Valley allongerait la liste des jugements incompréhensibles. Demain d’autres condamnations de « bons samaritains » sont à redouter. Car, même si la loi les menace, les chrétiens continueront à venir en aide à leur prochain.

      A l’instar du « Groupe de Saint-François », qui a récemment appelé la Fédération des Eglises protestantes de Suisse à prendre position, nous pensons que l’application littérale de cette loi s’éloigne à la fois des principes fondamentaux énoncés dans l’Evangile et des valeurs ancrées dans notre Constitution : permettre la Vie faite de respect, de la protection des faibles, de solidarité et d’amour du prochain. Se taire face à cette situation favoriserait la banalisation du mal.

      Nous tenons à une justice qui ne criminalise pas l’aide à la personne en détresse et ne terrorise pas celui qui veut venir au secours de son prochain lorsqu’il a faim, soif, froid ou que son existence est menacée.

      https://asile.ch/2018/10/04/petition-soutien-au-pasteur-norbert-valley

    • Criminalisation de la solidarité envers les réfugiés

      Quels actes de solidarité envers les migrant·e·s et réfugié·e·s sont poursuivis en Europe et en Suisse ? Que faire pour que la solidarité soit encouragée et non punie ? Lors de la rencontre annuelle du réseau asile et migration, nous aborderons ces questions avec des expert·e·s de l’asile, du droit international et de la communication, ainsi qu’avec des personnes et organisations directement concernées.

      https://www.youtube.com/watch?v=DHfzxOOCAHY&feature=youtu.be

    • Très entouré, le pasteur Valley a été auditionné pour « délit de solidarité »

      Le pasteur Norbert Valley a été auditionné jeudi matin par le Ministère public neuchâtelois, qui rendra sa décision dans quelques semaines. Il est poursuivi pour avoir apporté son aide à un requérant togolais dont la demande d’asile a été refusée.

      Une délégation d’environ 85 personnes, des militants d’Amnesty International, des membres de la communauté religieuse Sant’Egidio et du Groupe de Saint François est venue le soutenir. Norbert Valley a rappelé le fondement de ses convictions devant la statue du réformateur Guillaume Farel sur le parvis de la Collégiale de Neuchâtel.

      Le cortège des sympathisants s’est ensuite déplacé pour le poste de police où le pasteur a été auditionné par le Ministère public. A l’issue de l’audience, ce dernier a fait savoir que Norbert Valley serait informé de sa décision d’ici trois à quatre semaines.

      Le pasteur devait être entendu au départ le 25 octobre 2018 mais l’audience avait été ajournée. Une pétition munie de 2600 signatures avait été remise à une des procureures adjointes.
      « Criminaliser un acte de solidarité »

      Le pasteur s’oppose à l’amende de 1000 francs qu’il avait reçue pour avoir nourri et logé un Togolais menacé d’expulsion. Il estime que cette décision de justice est en contradiction directe avec sa conscience. « Toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées », explique Julie Jeannet, responsable de campagne migrations pour Amnesty International (AI).

      « Criminaliser un acte de solidarité est absurde », a ajouté la responsable d’AI. Le cas du pasteur Valley « n’est malheureusement pas un cas isolé, mais il est représentatif d’une longue série de cas en Europe, dans lesquels les autorités abusent des lois anti-passeurs pour criminaliser des actes de solidarité. »
      Casier judiciaire

      Selon Amnesty, les cas de personnes récemment condamnées montrent que les peines pécuniaires peuvent aller d’une simple amende de moins de 200 francs à plusieurs jours-amendes dont le montant total peut avoisiner les 10’000 francs. S’ajoutent encore les frais de procédure et les potentiels frais d’avocat en cas de recours.

      Outre les frais, « c’est aussi la condamnation pénale en soi qui est particulièrement problématique puisque celle-ci est nécessairement inscrite dans leur casier judiciaire », observe l’organisation de défense des droits humains.

      https://www.rts.ch/info/regions/neuchatel/10358803-tres-entoure-le-pasteur-valley-a-ete-auditionne-pour-delit-de-solidarit

    • Swiss priest appeals fine for helping asylum seeker

      A hearing took place in Neuchâtel on Thursday to examine the appeal of a Swiss priest against a fine he was handed last year for sheltering a rejected asylum seeker.

      Norbert Valley, a priest in the eastern Swiss town of Le Locle, received a CHF1,000 ($997) fine in August 2018 for helping a Togolese man who had just been refused asylum.

      Having rejected the fine in a case that garnered the attention and support of various rights groups, Valley’s appeal plea was heard on Thursday by the public prosecutor in Neuchâtel.

      The decision will be handed down in three to four weeks, this latter said; for his part, Valley has said he is willing to take the case to the European Court of Human Rights in Strasbourg, should he be unsuccessful in Switzerland.

      Amnesty International, among others, were in Neuchâtel to support Valley and others like him that have been prosecuted for sheltering asylum seekers.

      “Criminalising an act of solidarity is absurd,” an Amnesty spokeswoman told the Keystone-SDA news agency. And yet Valley’s case “is unfortunately not an isolated one, but rather representative of a long series of such cases in Europe, where authorities abuse anti-trafficking laws to criminalise acts of solidarity”.
      People vs profit

      While some European countries do not prosecute the act of helping illegal immigrants when the intention is honourable (rather than financial), in Switzerland it has been blanketly illegal since 2008.

      And while some cases have attracted media attention – for example, the 2017 conviction of a Ticino politician who had helped immigrants enter Switzerland illegaly from Italy – most pass under the radar.

      According to the Federal Statistical Office, 785 people were convicted of such a crime in 2017 alone, though this figure doesn’t distinguish between those acting from humanitarian or financial motivation.

      A parliamentary initiative, proposed by the Green Lisa Mazzone, has proposed alternative legislation that would not prosecute those acting from purely altruistic motivations.

      https://www.swissinfo.ch/eng/society/bad-samaritan_swiss-priest-appeals-fine-for-helping-asylum-seeker/44891934

    • Le pasteur Norbert Valley est définitivement acquitté

      À la mi-mars, un juge de La Chaux-de-Fonds avait annulé la condamnation de l’ecclésiastique qui avait offert un gîte occasionnel à un Togolais débouté. Le Parquet a renoncé à porter l’affaire devant le Tribunal cantonal.

      Épilogue dans la médiatique affaire « Norbert Valley », du nom d’un pasteur évangélique officiant entre Le Locle (NE) et Morat (FR), qui avait été condamné en été 2018 par le Ministère public neuchâtelois - peine pécuniaire de 1’000 fr. avec sursis - pour avoir « facilité le séjour illégal » d’un requérant togolais débouté (notamment par la remise d’une clé d’un appartement pouvant être occupé à bien plaire), et ce durant une année. L’acquittement prononcé le 12 mars par un juge du tribunal de La Chaux-de-Fonds est définitif, le Parquet ayant décidé de ne pas faire appel de ce jugement.

      « Je ne m’attendais pas vraiment à ce que la procédure s’arrête là : j’ai plutôt pensé que le Ministère public n’allait pas me lâcher, à partir du moment où il n’avait pas classé l’affaire après m’avoir auditionné l’an dernier, suite à mon recours », réagit le pasteur de 64 ans. « Je ne voyais pas ce qui pouvait les faire changer d’avis puisque le procès n’a pas apporté d’élément nouveau... »
      « Je me battrai pour que l’on reconnaisse un statut à ce migrant »

      Cela ne signifie pas pour autant que la législation sur l’asile ne doit pas être révisée, estime l’homme d’Église, dès lors que quelque 1’000 condamnations sont prononcées chaque année pour infraction à ce même article 116 de la Loi fédérale sur les étrangers. « Les deux tiers des condamnés sont des migrants qui se mettent dans l’illégalité pour protéger leur famille : ces gens-là n’ont le plus souvent pas de moyens financiers ni la solidité psychique pour se battre, pas plus que la connaissance de la langue ou de ce que dit vraiment la loi ». Et de déplorer qu’il ait manqué 8 voix pour que l’initiative parlementaire de Lisa Mazzone (Verts/GE) - qui visait la réintroduction d’une clause de non-punissabilité en cas d’aide apportée pour « motifs honorables » - passe la rampe du Conseil national, début mars.

      Il y a quatre ans, lorsque le mandat d’expulsion avait été signifié au requérant togolais -en Suisse depuis 2012 -, le trentenaire avait fait une tentative de suicide par pendaison. Sa situation s’est fragilisée encore un peu plus depuis la crise sanitaire, à l’instar de l’ensemble des sans-papiers. « Je lui ai dit d’essayer de trouver du soutien là où il se trouve, que des gens lui trouvent un abri et lui amènent à manger, car c’est devenu très compliqué pour ces populations », reprend Norbert Valley. « Mon prochain combat sera de me battre pour que la Confédération lui reconnaisse un statut ; qu’il puisse vivre en paix, plutôt que survivre. »

      https://www.24heures.ch/suisse/faits-divers/pasteur-norbert-valley-definitivement-acquitte/story/19450853
      #justice

  • Lausanne : Le Petit Prince sous le coup de sanctions internationales

    https://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/petit-prince-coup-sanctions-internationales/story/14117420

    Pour 76 euros, l’achat d’une édition perse du livre Saint-Exupéry tombe dans les affres des relations entre l’Iran et les USA.

    Pour Jean-Marc Probst, c’est une situation « ridicule ». Son aventure en dit un peu sur l’état des relations internationales et du fonctionnement des banques. Client de Credit Suisse, il attendait un paiement pour la revente d’un livre, mais ce dernier a été bloqué par sa banque. La raison ? Son libellé, mentionnant « 2 LPP (ndlr : « Le Petit Prince ») Persian Farsi Cyrillic scripts ». Même pour un montant de 76 euros, cette référence à l’Iran – sous le coup de sanctions économiques des États-Unis – a déclenché une alarme. « Ce n’est pourtant pas pour ce prix-là qu’on peut acheter une ogive nucléaire », grince le Lausannois, agacé par sa pointilleuse banque.

    Jean-Marc Probst est très éloigné du profil qu’on se fait d’un trafiquant d’armes. À la tête d’une entreprise de machines et d’équipements pour la construction, le patron est également consul honoraire d’Allemagne. Dans cette histoire, il est surtout le fondateur de la plus grande collection mondiale d’éditions du « Petit Prince ».

    Cette passion l’amène à faire du shopping bien loin des rues de Lausanne. C’est au Tadjikistan qu’il a déniché plusieurs exemplaires d’une édition rare de l’ouvrage de Saint-Exupéry : « Le Petit Prince » écrit en langue perse mais avec un alphabet cyrillique. Une spécialité de plus pour ce livre traduit dans plus de 300 langues et dialectes.

    C’est lors de la revente de deux exemplaires à un collectionneur espagnol que la machine s’est grippée. « Les banques suisses sont-elles à ce point à genoux devant les USA pour se méfier d’une transaction de 76 euros provenant d’Espagne ? » questionne Jean-Marc Probst. Pour se faire une idée de la situation, il a tenté un achat en ligne dans une librairie iranienne. La transaction par carte de crédit n’a posé aucun problème.