Rumeur de la conversation
En bas dans la cuisine
Entre Émile et ma mère
Il faudrait que je me lève
Que je mette mes habits de peintre
Et que je donne la dernière main
Souvent je pense à elle le matin
Je tente de le faire comme si
Je lui disais adieu, jusqu’à demain
Va
Donc
Peindre !
Deux heures plus tard
Je pose enfin mon pinceau
Tous les volets sont de la même couleur !
Rouge basque
Rouge basque
Rouge basque !
Chantier pour l’été prochain
Les montants externes des fenêtres
Rouges basque !
Il fait enfin vraiment chaud
Lumière blanche écrasante
Sur toute la vallée
J’apprends
À canaliser
Un ru
J’apprends à canaliser un ru
L’antique savoir, dans cinq jours
Je brasserai des données dans un tableur
J’ai appris aussi à tordre
Le métal en le chauffant
Bientôt retour aux data bases
À ma fenêtre ouverte
L’espace de la vallée, demain
Retour à l’open space
De temps en temps
Le vent m’apporte bruyère et citronnelle
L’air conditionné ne me manque pas
N’y pense pas
Ne pense plus à elle non plus
Respire, nage et vis !
Fou rire intergénérationnel
À table, à propos de sexe
C’est possible !
Je tire les rideaux sur la canicule
C’est de la douceur
Après la violence
Je tire les rideaux sur la canicule
Je me déshabille
Soudain elle est là, en pensée
Je vois sa poitrine, son ventre
Il suffirait d’allonger le bras, la main
Ma main atteint le rideau, elle n’est plus là
Nu, allongé
Sentant la sueur
Je me sens bien, mais seul
Il fait vraiment
Très chaud
Tous à l’eau !
L’eau est vraiment
Très froide
Une caresse, et quelle !
Ma montre
N’a jamais aussi bien fonctionné
Que depuis qu’elle est partie
Dehors, fin d’après-midi
Le Mont-Lozère
Fait son intéressant
Le vent qui pilote les nuages
Et crée des jeux d’ombre
Est un fameux éclairagiste
Mes cheveux blancs (et hirsutes)
Sur mes tempes, forment (dans les marges)
Des dessins lumineux (accueillir l’âge)
Hirsute
Dans les marges
Accueillir l’âge
Repas de restes
Parties d’échecs avec Émile
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