Le Comité invisible et les Communs : pourrons-nous encore être « amis » ? : karacole : Free Download & Streaming : Internet Archive

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  • Le Comité invisible et les Communs : pourrons-nous encore être « amis » ?
    https://scinfolex.com/2017/08/31/le-comite-invisible-et-les-communs-pourrons-nous-encore-etre-amis

    Sur tous ces points – et bien d’autres – le livre est indéniablement précieux. Mais c’est pourtant une profonde sensation de malaise qui m’a étreint lorsque je l’ai refermé. Car si en apparence l’ouvrage – comme A nos amis le faisait déjà – met constamment en avant le concept « d’amitié » (en affichant l’objectif de « frayer des chemins » ou « d’organiser des rencontres » entre des « mondes amis fragmentés »), il constitue avant tout une expression particulièrement acerbe d’inimitiés, frappant à peu près toutes les composantes du mouvement social. Communistes, syndicalistes, négristes, écologistes, féministes, municipalistes, acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, militants de la Transition : tout le monde y passe successivement, dans un esprit d’excommunication – j’emploie le mot à dessein – traquant la moindre compromission avec le système économique et politique comme motif de disqualification définitive. Ironiquement, les auteurs critiquent la tendance (hélas bien réelle…) des cercles militants à s’entre-déchirer (« Chaque groupuscule s’imagine gratter quelques parts du marché de la radicalité à ses rivaux les plus proches en les calomniant autant qu’il est possible.« ), mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le Comité Invisible tombe aussi complètement dans ce travers avec ce livre. Or le mouvement des Communs n’échappe pas à ce petit jeu de massacre et c’est ce qui me pousse à écrire sur Maintenant, parce qu’il me semble que de telles attaques appellent une réponse que je n’ai pour l’instant lue nulle part.

    #idées #commun #comité_invisible #livres

    • Excellent je ne sais pas, mais très intéressante argumentation détaillée. Je n’ai pas trop le temps d’aller très loin, comme souvent, surtout là avec la rentrée, mais je crois que je suis assez d’accord avec la première partie, sur la destitution PLUS l’institution, et non pas que la première.

      En revanche ensuite sur la sortie de l’économie (et contre l’ESS) et sur l’auto-organisation et Lordon, je pense qu’il y a pas mal de choses à redire, notamment parce que ce sont des mots d’ordre et des sujets abordés aussi par d’autres et que Calimaq ne se fixe que sur ce qu’en dit le Comité invisible, sans le mettre en perspective avec ces autres sources.

      Sur la sortie de l’économie, on se rapportera notamment à la lecture marxienne et le renouveau de la critique de la valeur, et sur le fait que le mot d’ordre « sortir de l’économie » signifie généralement sortir de l’économie capitaliste, tout comme Marx critiquait l’économie politique, et non pas « sortir de l’échange » ce qui ne voudrait pas dire grand chose. L’économie au sens moderne, c’est l’économie capitaliste intégrée. @ktche

      Et sur l’auto-organisation et Lordon, il parle de la ZAD, qui est idéologiquement proche des zapatistes sur de nombreux sujets (je ne dirais jamais que c’est pareil évidemment, chaque lieu et chaque temps a ses façons, comme dirait l’autre cagoulé), tout en rapprochant Lordon, alors que c’est exactement l’inverse, et que le livre de Lordon a été extrêmement bien critiqué par Jérôme Baschet dans une perspective zapatiste :
      https://seenthis.net/messages/487414

    • Bonjour. Merci @Rastapopoulos pour ce lien vers cette critique de Lordon, au vu des pratiques politiques au Chiapas. C’est particulièrement éclairant concernant la notion « d’Etat général » dont Lordon tire des conclusions extrêmement générales et fatalistes dans son bouquin concernant les possibilités d’émancipation des groupes. Néanmoins, je ne pense pas que cela invalide la manière dont j’utilise Lordon dans mon billet contre le Comité invisible. Ce qui m’intéresse chez Lordon, c’est sa description de la dynamique des groupes et la manière dont la « puissance de la multitude » est à l’origine d’institutions. Et c’est cela que j’utile contre le mot d’ordre du comité invisible « Destituons le Monde », qui condamne radicalement la notion d’institution. Je ne me réfère à aucun moment au concept d’Etat général dans le billet, qui me met à vrai dire mal à l’aise, et si je m’intéresse aux communs, c’est justement parce que je pense que la pratique instituante peut être porteuse d’émancipation, ce que décrit très bien ce texte sur le Chiapas. Et c’est aussi ce que l’on constate à la ZAD de Notre Dame des Landes. Mais ce n’est pas le point de vue du Comité invisible qui refuse complètement d’entrer dans le jeu institutionnel (sur la base d’un fatalisme très lordonien finalement, même s’ils en tirent des conclusions radicalement opposées). Merci en tout cas pour votre commentaire, car cela m’a permis de comprendre cela.

    • J’ai fait une lecture audio de cette critique qui m’a moi aussi éclairée pour certains passages.
      https://archive.org/details/ComiteInvisibleEtCommuns


      Cependant, pour d’autres passages, et particulièrement ceux concernant la zad, j’avoue être en désaccord pour la façon dont c’est présenté et n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir en fin de lecture.
      Là dessus, je trouve le Comité invisible plutôt pertinent dans une partie de ses critiques contre l’institutionnalisation, pour ce que j’en comprends et surtout pour ce je peux observer et entendre à la zad particulièrement ces derniers mois (je reconnais n’avoir lu aucun livre du CI, mais beaucoup d’extraits et beaucoup, beaucoup, de critiques....)

      Présenter les « zadistes » comme une entité qui décide est tout aussi faux qu’affirmer que la zad est gérée aussi par des composantes comme l’acipa et le cedpa. Le texte « Label zad et autres sornettes » paru en novembre 2015, est selon moi le plus représentatif de l’esprit « zad »... qui n’existe pas ;)
      https://nantes.indymedia.org/articles/32327 (aller directement aux point 4, 5 et 6)

      Certes tout le monde a, en principe, la possibilité de s’exprimer, voire, de peser dans les décisions qui seront appliquées comme « collectives », cependant comme n’importe où ailleurs, tout le monde n’est pas d’accord et les principes ont parfois des relents normalisants qui braquent plus souvent qu’à leurs tours.

      La plupart d’entre nous connaissons la zad « de présentation », celle qu’il a fallu nettoyer aussi, et dont certain-e-s voudraient encore plus de « bonne présentation », comme si de ça dépendait le fait de se faire accepter... Je vous passe beaucoup de choses dont je ne me sens pas de parler ici, en particulier sur « l’assemblée du mouvement », bien que l’acipa, elle, ne se gène pas pour le faire et en claquer la porte, mais essayer de trouver un terrain d’entente entre des éleveurs et des anti-spécistes, entre des tendances « viriles » et des féministes aguerries... c’est juste pas possible ! Le seul est unique texte dit collectif est celui que l’on surnomme les 6 points :
      http://zad.nadir.org/spip.php?article4629
      Pour le reste ce sont des émanations de groupes plus ou moins grands, plus ou moins représentatifs et du coup, plus ou moins acceptées. Mais les critiques qui en ressortent ne sont pas sur une modalité de désaccords politiques binaires, évidents pour quiconque habite là bas, mais bien sur la FORME et le FOND employées pour les prises de décision. Et l’institutionnalisation est clairement dénoncée dans des textes qui apparaissent, hélas, ailleurs, n’étant pas toujours acceptés sur le site web de la zad. En voici deux récents que j’ai trouvé (im)pertinents et très significatifs :
      https://nantes.indymedia.org/articles/38183
      https://nantes.indymedia.org/articles/38201

      Tout ça pour dire que les tentatives de calquer des recettes « démocratiques » telles qu’on les connait ne marchent vraiment pas toujours, et que oui, Lordon est déconnecté des néo-zapatistes comme beaucoup le sont des « zadistes »... Et qu’à Nantes où je vis, le #greenwashing a complétement récupéré les entreprises sincères de gens s’étant lancés dans l’EEs ou autres aménagements politiques. Alors oui, vraiment, régulièrement, je comprends les coups de gueules.