Chronique d’un 1er septembre : le premier jour du reste de l’année scolaire
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Secrétaire licenciée, collègues déboussolées, mobilier périmé... Récit à la première personne d’une rentrée ordinaire dans une école élémentaire de l’agglomération tourangelle.
Pourquoi ne sont-elles pas venues la veille ? Parce qu’elles ont appris leur nomination sur le poste la veille justement. (...) C’est leur baptême, leur première classe. C’est la seule journée de l’année où elles seront ensemble dans ce lieu. Elles ont tout à faire, tout à bâtir, tout à comprendre. Je les laisse travailler après une heure avec elles, en leur ayant passé des manuels et des conseils. Je referme la porte de leur classe, sans pouvoir oublier le souvenir de cette journée que j’ai vécue il y a 15 ans maintenant, cet énorme sentiment de solitude et cette impression de couler à pic.
Dans l’école depuis deux ans, elle est la plaque tournante de l’administratif. Elle imprime les dossiers, photocopie les mots de rentrée pour toutes les classes, accueille les familles qui viennent visiter les locaux et inscrire leurs enfants, répond au téléphone, communique avec la Mairie ou l’Inspection. Bras droit indispensable de la directrice, qui par ailleurs ce matin est en réunion avec l’inspectrice et tous les autres chefs d’établissement pour accueillir la bonne parole ministérielle. Pourquoi pleure-t-elle, devant l’ordinateur sur lequel s’affiche Base Elève, le logiciel qui contient toute la vie de nos élèves ? Parce qu’elle vient de comprendre que c’est sa dernière rentrée, qu’elle est licenciée… Fin de contrat pour les emplois aidés. (...) . Pour elle, c’est fini. L’espoir de retrouver quelque chose est vain. Mais le désespoir de quitter ce poste, mal payé et chronophage, est réel. Ce n’était pas la panacée, mais c’était sa vie professionnelle, son statut social, et on les lui enlève sans qu’elle puisse rien y faire.