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  • Trois ambassadeurs des pays baltes se plaignent que le journal Le Monde persiste à qualifier les Pays baltes « d’ex républiques soviétiques »

    Французская Le Monde назвала Латвию бывшей советской республикой. Газету попросили больше этого не делать

    http://www.gorod.lv/novosti/285486-frantsuzskaya-le-monde-nazvala-latviu-byvshei-sovetskoi-respublikoi-gaz

    Cet article a suscité beaucoup d’intérêt et de commentaires très intéressants sur un post de Céline Bayou sur FB ?. J’ai trouvé dommage que ce ne soit pas ici, et pour les seenthisiens qui n’ont pas de compte FB, je reproduis l’essentiel du débat (passionnant) touchant à la question de la mémoire historique, de la réécriture de l’histoire, de la perception des événements et de ce qu’on veut en dire.

    Il s’agit d’une question très importante puisqu’elle est liée à la mémoire historique d’une part, et à la perception et/ou interprétation des événements historiques selon le point de vue des victimes ou des « accapareurs » pour ne pas dire « colonisateur ».

    En l’occurrence, l’article explique que les trois ambassadeurs des trois Pays baltes se sont publiquement offusqué que le journal le Monde persiste à qualifier les Pays baltes « d’anciennes républiques soviétiques ». En Lettonie comme dans les deux autres pays, c’est une question très sensible, et on aimerait bien faire une croix sur cet épisode douloureux de l’histoire des baltes. Les ambassadeurs, dans leur lettres rappellent que les Baltes ne sont pas partis de rien en 1991, ils ont bâti la deuxième indépendance sur les fondements de la première (entre les deux guerres mondiales).

    Ils considèrent avoir été occupés entre 1940 et 1991, position qui révoltent les autorités russes qui estime que l’intégration des baltes à l’URSS était c"conforme au droit international de l’époque" (question de point de vue), et qui rappelle que « l’URSS a industrialisé les Baltes et modernisé leur économie » et qui ne "comprennent’ décidément pas pourquoi les baltes leur demandent l’équivalent de 180 milliard d’euros de compensation pour les dégâts causés pendant la période soviétique...

    A Riga, le musée de la Résistance et de la seconde guerre mondiale est devenue à partir de 1991, le musée de la colonisation russe [soviétique]. D’où l’importance de la terminologie. Comme vous le voyez, c’est compliqué et ultra-sensible.

    Je suis un peu marié avec la Lettonie et lors de mes nombreux voyages dans le pays, je me suis souvent intéressé aux traces, à l’héritage soviétique et comment ça avait marqué le paysage urbain et rural, et ma famille et mes ami·es en Lettonie se moquent toujours de moi (au mieux), ou s’en offusque - au pire :) - en me rappelant que le pays à beaucoup mieux à offrir que ces vieilles reliques, témoins d’un passé douloureux. Elles et ils ont raisons, mais la période soviétique à quand même laissé quelques traces visibles dans la société et dans les paysages.

    Il y a une discussion passionnante dans le post initial (Merci Céline Bayou d’ailleurs d’avoir signalé ce petit texte) lisible là : https://www.facebook.com/celine.bayou.5/posts/10155060538232297 avec des rappels historiques, et des argumentations assez solides sur les positions diverses.

    Quelques extrait de la discussion telle qu’elle apparait Lundi 11 septembre à 9:30 sur FB, et ça mérite toute notre attention, ces questions de terminologie, de perception, d’interprétation sont complètement au cœur de nos préoccupations, et fondamentales lorsque nous devons en faire une restitution cartographique.

    Денис Колесник En France on aime s’attacher au passé et de trouver les phrases d’accroche. Cependant, si le passé de France était plutôt grand cela n’est pas le cas pour plusieurs d’autres pays. En outre, 25 ans après la chute de l’URSS à quoi ça sert de répéter toujours ex-pays sovietique. Cela n’explique plus rien. C’est un atavisme.

    Thornike Gordadze Comme si on disait encore en 1970, « l’Allemagne post-nazie » ou « l’ancien troisième Reich »...

    Jérémy Delaplagne On m’a ri au nez lorsque j’ai soulevé l’idée en projet doctoral : « mais vous ne pouvez pas nier qu’ils ont été soviétique ! »

    Nicolas Auzanneau ... oui, pourquoi pas, si on veut... « en même temps » à ma connaissance, sur la plupart des critères démographiques, culturels et sociaux profonds - rapports hommes-femmes, xénophobie, corruption, droits des homosexuels, alcoolisme, pratiques démocratiques, tolérance, cet espace « post-soviétique » existe encore bel et bien.

    Денис Колесник Espace post-soviétique existe que dans les têtes des gens qui ont inventé ce terme. Les « critères démographiques, culturels et sociaux profonds » sont partout différents, y compris au Japon, aux Etats-Unis, en Islande, etc. Il n’y a aucune justification pour continuer de repeter « post-soviétique » car aucun argument ne tient plus.

    Nicolas Auzanneau L’Union soviétique était une expérience tellement anodine qu’elle n’a laissé aucune trace profonde ? Vous proposez « pays baltes » mais la plupart des spécialistes vous dirons que le principal point commun de ces pays qui en ont guère - et qui coopèrent entre eux de si mauvaise grâce - c’est justement... leur passé soviétique ! Si j’emploie parfois ce terme - et continuerai sans doute à le faire à l’occasion - ce n’est jamais un « argument » (pour démontrer quoi ? à qui ?). On utilise régulièrement pour la France l’expression « d’ancienne puissance coloniale » ou ’d’ancien empire" et ça explique pas mal de choses....

    Денис Колесник Merci pour votre commentaire. Vous êtes bien sûr libre d’utiliser ce que vous voulez même jusqu’à appeller la RDC ex-Zaïre​ cela vous plaît. Est-ce que les pays Baltes ont beaucoup des échanges économiques avec la Russie ? Est-ce que l’Ukraine à beaucoup des échanges économiques avec la Russie ? Les experts vous diront « non ». Comme j’ai déjà dit la France a un grand passé, cependant on n’utilise pas, comme Thornike Gordadze à indiqué, le terme ex-pays Nazi ou ex-Troisième Reich pour appeller l’Allemagne. En outre on n’appelle pas l’Algerie comme ex-colonie française. N’est-ce pas ?

    Stéphane Wojciechowski Je me démarquerai de certains commentaires pour plusieurs raisons.

    La première, c’est que de la part d’un Soviétique comme l’actuel ambassadeur de Lituanie à Paris (quand même ancien agent du MID soviétique après avoir été diplômé du MGIMO en 1982), cela tient à la fois du cri de vierge effarouchée et de l’hôpital qui se moque de la charité.

    La deuxième, c’est que ces pays ont de facto fait partie de l’URSS, que l’on ne peut pas comprendre grand chose à leur position actuelle si on ne l’a pas en tête et que le lecteur du Monde n’a pas forcément systématiquement cette donnée à l’esprit quand il lit ce genre d’analyse. J’espère bien que la rédaction du Monde ne cèdera pas.

    Денис Колесник Il ne suffirait pas de dire tout simplement « les pays Baltes » pour que les lecteurs du Monde puissent les situer ? En outre, il y a des Français qui ont étudié à MGIMO pendant l’URSS et même maintenant. Cela fait d’eux des « ex-soviétiques » ?

    Hania Pietrzyk Le qualificatif de « pays balte » ne suffit pas pour un lecteur lambda.

    Stéphane Wojciechowski Денис Колесник, ne soyez pas naïf ! Vous savez très bien qu’à l’époque soviétique, on n’accédait pas à une institution comme le MGIMO sans avoir été trié sur le volet. De façon générale, pour faire des études supérieures, il fallait être membre du Komsomol mais ce n’est pas à cela que je fais allusion. Car pour aller au MGIMO, cela ne suffisait pas : il fallait être un excellent élément du Komsomol... justement parce que l’on serait amené à côtoyer des étrangers. L’ambassadeur Cekuolis en était forcément un et pendant ses études mêmes, il a nécessairement dû confirmer sa loyauté au régime soviétique pour entamer une carrière au MID. Il est loin d’être le seul à avoir ce genre de parcours (le Premier ministre hongrois Orban en est d’ailleurs un bel exemple, même s’il est moins frappant car Orban est un peu plus jeune).

    Quant à la notion de « pays balte », je vous avoue l’utiliser avec énormément de précaution... justement parce que regrouper ces trois pays dans un même ensemble est un héritage soviétique que les intéressés n’apprécient pas toujours.

    Stéphane Wojciechowski Et quand je parle de « position », il s’agit plus de « posture », d’analyse que de situation géographique.

    Денис Колесник Et une autre chose, je voudrais bien voir dans Le Monde quand on parle de l’Algérie ou d’autres pays de l’Afrique francophone le « ex-colonie française » avant d’aborder le nom du pays. Pourquoi on ne voit pas cette approche envers ces pays dans Le Monde mais « ex-pays sociétique » si. Je rappelle, que l’URSS c’était une occupation, aucun pays situé en Europe n’a pas « adhéré » à l’URSS, mais étainet forcés d’y adhérer par la force.

    Stéphane Wojciechowski Le lecteur lambda du Monde sait généralement très bien quels pays ont été colonisés par la France. Ce n’est donc pas nécessaire de le préciser. Il en va différemment de cette région que les Français ne connaissent pas toujours très bien.

    Cela étant, il m’est déjà arrivé de lire des articles dans la presse anglophone sur les relations entre la France et l’Algérie où ce fait était rappelé : c’est bien la moindre des choses car si on ne l’a pas en tête, on ne peut tout simplement pas comprendre pourquoi il y a des tensions.

    Jean-Robert Raviot Doctrine officielle : la Lettonie d’aujourd’hui est la continuation de la Lettonie indépendante. La RSS de Lettonie était la Lettonie occupée. Ca, c’est la doctrine officielle et il ne faut pas s’offusquer qu’un ambassadeur le rappelle ! Mais il se trompe en fustigeant un journal, qui a parfaitement le droit de ne pas suivre la doctrine officielle d’un Etat pour parler de cet Etat. La réaction de l’ambassade de Lettonie est, en fait, très soviétique !

    Marie-Anne Sorba comme si l’EU n’existait pas en fait