Désolée pour Jean-Michel Deugd’histoire, le Grand Viking avait ses règles

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    Non Alain, je ne me tairai pas. Cette même semaine, on a appris une autre découverte. (Désolée Alain.) Cette fois, ce sont les archéologues allemands qui ont étudié 83 tombes de la fin de l’Age de pierre et du début du l’Âge de bronze, (2.500 à 1.650 avant J.-C). Les analyses ont montré que ⅔ des femmes enterrées là venaient d’autres régions lointaines alors que tous les hommes étaient des sédentaires qui n’avaient jamais bougé (leur cul), et ce schéma se retrouve sur de nombreuses générations.

    En outre, les sépultures de ces femmes ne montrent aucune distinction avec les autres. Elles semblaient totalement intégrées à la communauté. Il existait donc une grande mobilité des femmes alors que jusque là on avait plutôt envisagé une mobilité de groupe qui expliquait un développement et une propagation géographique des innovations.

    Du coup, les chercheurs pensent que ce seraient les femmes qui auraient propagé les nouveautés techniques de l’époque (ce qui signifie qu’elles les maitrisaient.). Elles auraient joué un rôle culturel prépondérant. (J’aimerais rappeler un truc sur la Préhistoire. On sait tous que les hommes faisaient du feu et taillaient des silex. Des chercheurs ont fait des tests et en ce qui concerne l’habileté et la force physique, il n’y a aucune raison que les femmes n’aient pas également fait du feu et taillé des silex. Il est donc possible que ce soit les préjugés sexistes inhérents aux sociétés modernes qui aient façonné cette vision.)
    Une réalité plus complexe

    Vous allez me dire : « Ah bah oui, mais elles étaient mariées de force ces pauvres femmes, obligées de quitter leurs familles pour aller se faire violer par des étrangers. » Mais en fait, on n’en sait rien. Il y a deux ans, on a analysé la dépouille d’une jeune danoise de la même période. On a découvert qu’elle avait quitté sa région de naissance, fait 800 km, peut-être pour un mariage arrangé. Mais ensuite, elle a refait 800 km pour retourner quelques mois dans sa région natale, puis elle est repartie encore quelques mois. (Elle ne semblait pas très « captive ».)

    Il ne s’agit pas de nier une oppression des femmes, mais la réalité était sans doute plus compliquée que ce qu’on a cru et a dû varier selon les époques. (Rappelons aussi que le XIXe siècle qui a été celui du grand développement de l’archéologie a été catastrophique pour les femmes.) Regardons simplement ce qu’on a sous les yeux : des déplacements qu’on ne sait pas expliquer mais qui prouvent que les femmes bougeaient rapidement, sur de longues distances, pour des durées variables. Si on ne sait pas pourquoi, on a la preuve qu’elles parcouraient le vaste monde.

    #femmes #histoire #historicisation #préhistoire #féminisme #vikings

    • Je me souviens bien. Et c’est fort fort fort intéressant cet article, surtout sur cette confirmation du putain de filtre historique qu’on a : on voit tout le passé d’avant le XIXe à travers le filtre puissant et fort distordant du XIXe. C’est juste dingue. Et sur comment le sexisme influence la science aussi (la façon dont les archéologues ont tout mis en œuvre pour nier l’évidence que le chef viking était une meuf, est juste dingue aussi). Clairement les rôles étaient genrés, mais pas sur les mêmes critères que dans nos sociétés actuelles : ça valide totalement l’aspect social du genre, mort à l’essentialisme !

      Mais ça n’invalide pas ce que je te disais, sur le fait qu’il n’y a pas, a priori, dans l’histoire mondiale, de société matriarcale (à ne pas confondre avec matrilinéaire hein).
      Wikipedia dit "Mais « matriarcat » fut très tôt compris comme le pendant symétrique du « patriarcat », pour désigner un type de société où les femmes détiennent les mêmes rôles institutionnels que les hommes dans les sociétés patriarcales. Il n’existe pas de société humaine connue où le matriarcat, entendu dans ce sens, ait existé", mais la source associée ne marche pas :-( Il faudrait que j’aille fouiller mes cours de fac voir si j’ai une source référencée pour ça.

    • Justement... justement. Notre vision du passé est, comme tu l’as écrit, pas mal façonnée par les préjugés du XIXe siècle. Même si au niveau universitaire, le XXe a amené beaucoup de changements de méthodologie - et, donc, d’analyse - il y a toujours une marche entre cette science historique et l’histoire telle qu’elle est enseignée et médiatisée. Y’a plein de raisons à ça, notamment idéologiques, politiques et pédagogiques, mais c’est pas le propos ici.

      Les sciences sociales sont ainsi faites qu’une fois qu’une hypothèse fait consensus chez les historiens d’une époque, et même si ce consensus est nourri de préjugés et de certitudes propres à cette époque, c’est ce consensus qui fera ensuite office de « vérité historique » jusqu’à temps qu’on réussisse à prouver sa fausseté. La charge de la preuve est, en quelque sorte, inversée. C’est la raison pour laquelle on hérite encore de ces filtres du XIXe siècle.

      Tout ça pour dire... que considérant comment la vérité historique se construit, il ne serait pas surprenant que des expériences, des épisodes voire de véritables sociétés matriarcales (au plein sens du terme) soient passées totalement hors des recherches des historiens, archéologues, ethnologues... « On ne trouve que ce que l’on cherche ». Et aussi que le contexte de ces recherches - menées en général par des hommes blancs détenteurs du savoir et du pouvoir - détermine beaucoup de choses dans ce qu’on leur donne à observer. Dans bien des sociétés, hommes et femmes de niveaux sociaux différents ne se parlent que suivant des protocoles précis. Il est donc normal que ce soient plutôt des hommes puissants qui aient été les interlocuteurs de ces chercheurs blancs, et que la vision de leurs sociétés qu’ils aient partagée à ces chercheurs soit une vision d’homme.

      C’est d’autant plus fort s’il s’agit de populations qui étaient en guerre contre les colons blancs (ça représente quand même pas mal de monde) : la guerre étant en général une activité dévolue aux hommes, les chefs de guerre étaient souvent des hommes, et lorsqu’un colon blanc - même un gentil ethnologue - apparaissait, il pouvait difficilement être assimilé à autre chose qu’à un représentant d’une puissance étrangère agressive. Qui ne pouvait donc être accueilli que par un chef de guerre et non par un chef de paix (pour peu qu’il y ait besoin de chef dans la paix... cf les sociétés contre l’Etat).

      Enfin, il y a aussi, tout simplement, la loi du vainqueur : au Canada, la Loi sur les Indiens a créé des « chefs de bande » masculins auxquels l’autorité (et les moyens) étaient attribués. Ce faisant, elle a éliminé les conseils traditionnels et notamment les conseils de femmes qui étaient prééminents (d’après ce qu’on m’en a rapporté).

      En d’autres termes, il y a beaucoup de facteurs qui pourraient invisibiliser ces sociétés matriarcales aux yeux de l’histoire patriarcale blanche. Cela ne permet pas de prouver qu’une société matriarcale a forcément existé quelque part, mais on ne peut pas dire que « parce qu’on n’en a jamais vu », une telle société n’a pas existé.

      Et dans l’hypothèse inverse, il faut pouvoir expliquer pourquoi en 10 000 de civilisation, en 30 000 de sociétés humaines, il serait absolument impossible de voir apparaître une société matriarcale. Quel obstacle causal empêcherait l’émergence d’une telle société ?

    • Il faudrais voire ce qu’on appel une société matriarcale. La patriarcat est un système d’oppression des femmes par les hommes, le matriarcat devrait être une système d’oppression des hommes par les femmes. Personnellement je ne croie pas qu’il existe des culture ou les hommes sont privés d’éducation, mutilés sexuellement et violés, vendus comme du bétail et tout ces sévices infligés par les femmes au bénéfice des femmes. « matriarcat » est un mot patriarcale et misogyne.

      Les sociétés qu’on appelent « matriarcales » ne sont pas de sociétés qui oppriment les hommes. Chez les na de chine par exemple qui sont sensé etre un peuple matriarcale, les hommes ne sont pas opprimés, ils glandent, jouent et picolent. Ils n’ont aucune responsabilité et travaillent très très peu. Les femmes de leur coté se tapent tout le boulot, ménages, travail, enfants, politique, récoltes (triple journée)... je pense pas que se taper 100% du boulot et des corvées soit le signe d’une domination des femmes et d’une oppression des hommes. Je rappel que dans le patriarcat les femmes ne sont pas oisives.

      Une société dans laquelle les hommes et les femmes ne sont pas opprimés c’est pas le matriarcat, c’est une société égalitaire ou non oppressive. Ce qu’on appel matriarcat est simplement des sociétés patriarcales moins oppressives que le patriarcat habituel. C’est à dire une société dans laquelle les femmes ne sont pas des serpillières ni des sacs à foutre. Chercher des sociétés matriarcales me semble vain, chercher des sociétés égalitaires ou moins oppressives ca me semble plus interessant. Enfin appeler les sociétés égalitaires ou moins oppressives du matriarcat ca me semble sexiste, l’égalité c’est pas la domination des femmes et l’absence d’oppression c’est pas l’oppression des hommes par les femmes.

      Je vous conseil cette émission de radio sur la notion de matriarcat qui explique l’origine très misogyne de ce mot : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-l-histoire/la-fabrique-de-l-histoire-jeudi-19-mai-2016

      et la super compilation de @sinehebdo qui aborde le sujet : https://seenthis.net/messages/633249