Guide urbain Lyon : Polémique - La Première Plantation, retour sur un bad buzz

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  • À Lyon, le colonialisme est de retour au bar La Première Plantation qui célèbre « un esprit à la cool » - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/A-Lyon-le-bar-La-Premiere-Plantation-18173

    La Première Plantation est un bar à cocktails qui a ouvert cet été dans le sixième arrondissement. Une dizaine d’articles de la presse généraliste ou spécialisée a célébré cette ouverture, sans interroger les gérants sur le choix du nom du lieu. Le 12 septembre, une journaliste du Petit Bulletin qui écrit sur les nouveaux lieux « branchés » a questionné les gérants qui ont alors tenu des propos racistes surréalistes en expliquant qu’il souhaitait rappeler l’esprit colonial, « un esprit à la cool », « une époque où l’on savait recevoir »...

    https://rebellyon.info/home/chroot_ml/ml-lyon/ml-lyon/public_html/local/cache-vignettes/L450xH283/993_001-f7473-f4c3a.jpg?1505389230

    #colonialisme #racisme

    • Peut-être avais-je mal entendu, finalement. (...) Non. Il a persévéré. « C’était cool, la colonisation ? » me suis-je indignée. « Dans l’esprit, oui, carrément, ça représente une période sympathique, il y avait du travail à cette époque accueillante. » Je me suis offusquée : « et la partie esclaves, là-dedans ? ». « Ah, on a mis quelques photos dans les toilettes. » m’a-t-il rétorqué.

      Oula ca va loin ! Ca me rappel l’histoire du « bal nègre » qui devait ouvrir à Paris mais qui a finalement changé de nom. http://www.lemonde.fr/musiques/article/2017/02/06/le-bal-negre-ouvrira-sous-un-autre-nom_5075127_1654986.html
      Mais c’était loin d’être aussi directement et ouvertement raciste. C’est carrément de l’apologie de crime contre l’humanité.

    • Guide urbain Lyon : Polémique - La Première Plantation, retour sur un bad buzz - article publié par Sébastien Broquet
      http://www.petit-bulletin.fr/lyon/guide-urbain-article-58887-La+Premiere+Plantation++retour+sur+un+bad+

      Nous sommes retournés (Sébastien Broquet, rédacteur en chef du journal) voir les deux gérants de La Première Plantation, Gabriel Desvallées et Matthieu Henry, ce jeudi matin. Pour discuter, de nouveau, de leurs propos et de leur positionnement. Nous avons rencontré deux personnes abattues, conscientes de la maladresse totale des propos cités, mais réfutant - et nous les croyons totalement après cette rencontre - tout racisme ou toute ambiguïté de leur part sur l’esclavage. Aucun d’eux n’est raciste ou soupçonné de complaisance envers l’esclavage. Les propos tenus lors de l’interview publiée mardi et le positionnement de leur lieu sont visiblement la conséquence d’une méconnaissance de cette période de l’Histoire, de légèreté sans doute quand à leurs recherches sur cette époque, dont ils ont voulu mettre en valeur l’esthétique par leur décoration et surtout, leur passion : le rhum. Nous avons aussi vu les photographies affichées dans les toilettes : contrairement à ce qui est déclaré dans l’interview par eux-mêmes (et retranscrit par nous), nous n’avons pas vu ce matin de photos d’esclaves mais deux clichés encadrés : une maison de maître victorienne et un champ d’ananas.

      #malentendu (qui serait LA raison de 80% des discordes) #ignorance
      et malheureusement, je les crois quand ils annoncent qu’ils ne savaient pas, et je pense que ces deux jeunes entrepreneurs se sont nourris à la même source télévisuelle que le reste de leur génération, la fabrique des #abrutis et que les vrais responsables sont ceux qui ont abandonné leurs enfants à l’école de la soumission et du vide de l’enseignement sur les horreurs des guerres et d’une éducation critique sur la mise en place des systèmes de domination.
      Je m’étonne toujours de la force de la lobotomie de l’éducation moderne alors que nous disposons de l’accès internet, de bibliothèque et parait-il d’un cerveau …
      #industrie_de_l'armement

    • C’est pas un bar de nazis officiel mais juste un bar de machos fana d’exotisme esclavagiste et d’humour raciste putride. Ca reste un lieu infréquentable qui donne plus mal au cœur que l’envie de se détendre. Pour les clichés de la maison de maître victorienne et le champ d’ananas qui sont aux toilettes. Ces deux images renvoient justement très fortement à l’esclavage puisque les champs d’ananas ca pousse pas tout seul, ni les maisons de maîtres. Si le taulier ose en plus plaisanté comme ca avec ses client·e·s c’est vraiment qu’il a très bien compris que ces images évoquent fortement l’esclavage puisqu’il en fait des blagues.

      Leurs excuses c’est dire que la journaliste (Julie Hainaut ) est menteuse puisque c’est un malentendu de sa part et qu’il y a pas de photo sur l’esclavagisme dans les toilettes (alors qu’il y en a selon les propres paroles de Sébastien Broquet venu sauvé la réputation des deux mâles blancs et désavouée publiquement sa collègue Julie Hainaut).

      Pour le thème si ils disent qu’ils font un hommage à la culture caribéenne, mais ca reste de l’appropriation culturelle de deux mecs blancs dans un quartier de bourges blancs qui flatte les blancs dans le sens du gros colon. Ca m’étonnerais que beaucoup de Caribéen·ne·s se précipitent dans ce bar pour se remémoré le bon temps des maisons de maîtres victorienne.

      J’ai fait suivre leur correctif aux lyonnais·e·s que j’avais prévenu hier au sujet de ce bar en leur déconseillant toujours d’y aller. C’est pas les bars qui manquent à Lyon et leurs excuses sont quant même assez hypocrites. Ils pleurent parce que leur susceptibilité blanche à été malmenée, mais ils pleurent pas d’avoir blessé des personnes descendantes d’esclaves avec leur déco de chiotte.

      #appropriation_culturelle #susceptibilité_blanche #fraternité_blanche

    • Cyberharcèlement : les mots ont un sens
      Par Julie Hainaut
      http://www.liberation.fr/france/2017/09/20/cyberharcelement-les-mots-ont-un-sens_1597643

      Le 12 septembre paraissait mon article intitulé « La Première plantation, ou l’art de se planter », dans lequel je m’indignais des propos des patrons d’un bar à cocktails. Dans ce lieu, dont le nom fait « référence aux plantations de canne à sucre dans les colonies françaises », les patrons affirment « chercher à retranscrire l’esprit colonial, un esprit à la cool, une époque où l’on savait recevoir, une période sympathique où il y avait du travail ». Les mots ont un sens. Pas besoin d’être journaliste pour le savoir.

      Ces mots prononcés avec légèreté – et enregistrés sur bande-son avec le consentement des intéressés – sur ce qu’il convient d’appeler un crime contre l’humanité m’ont heurtée. Beaucoup. J’ai d’abord cru à un humour un peu gras ou un manque de connaissance, mais après plusieurs perches lancées, ils me confirment le sérieux de leurs propos lorsque j’évoque la partie « esclave » de la colonisation. « Ah, on a mis quelques photos de gens dans les toilettes », me disent-ils. Certes.

      J’ai réécouté l’interview dix fois. Puis je l’ai retranscrite et j’ai exprimé ma désapprobation dans mon papier, de la même manière que je l’ai fait pendant l’interview. Mon article provoquera ensuite un véritable tollé. Les propriétaires ont souhaité avoir un droit de réponse, qu’ils ont bien évidemment obtenu. « Contrairement à ce qui a été retranscrit dans l’article, notre établissement n’a jamais eu la volonté de faire une quelconque apologie de la période colonialiste, période que nous condamnons. »

      « L’affaire » aurait pu s’arrêter là. Mais non. Sur les réseaux sociaux, la façon dont l’interview s’est déroulée sera réécrite. Je serais venue en plein service, sournoisement, poser des questions auxquelles ils n’ont pu répondre avec attention parce qu’ils étaient occupés à faire leur boulot. J’ai beau préciser – et donc me justifier d’avoir retranscrit des faits, l’essence même de mon métier – être venue avant l’affluence et que l’interview a bien été enregistrée, l’engrenage continue. De nombreuses associations, dont le CRAN (Conseil représentatif des associations noires), condamnent fermement ces propos. Mais beaucoup d’internautes semblent penser qu’il est plus acceptable de les tenir que de les dénoncer.

      Je ne suis pas l’Elise Lucet de la tapenade, l’Albert Londres du gin tonic, la Florence Aubenas de l’espuma. Avec la casquette du Petit Bulletin, je ne traque pas le scoop, je ne dénonce pas des injustices. Je viens – en toute indépendance – mettre en lumière des endroits de ma ville où l’on consomme (du boire, du manger, du vêtement, de la culture). Et pourtant, cette semaine, je me suis retrouvée au cœur d’une tempête numérique et médiatique d’une violence inouïe.

      Très vite, une quinzaine de médias ont relayé l’information, avec parfois des titres bien plus accrocheurs qu’informatifs, et parfois des propos déformés qui n’avaient au final plus beaucoup de rapport avec l’article initial. Au risque de me répéter, les mots ont un sens. Sur les réseaux sociaux, les simples commentaires sont devenus des appels à la haine. Contre les barmen d’abord, ce que je désapprouve fermement, bien évidemment. Contre moi ensuite.

      Le 16 septembre, le site néonazi démocratieparticipative.biz publie un article intitulé « Lyon : une pute à nègres féministe veut détruire un bar à rhum "colonialiste", mobilisation ! ». Vient alors le temps des mots dénués de sens. Parce qu’à un moment, leur en donner, c’est leur faire trop d’honneur. Les fines plumes du site évoquent la « vaginocratie négrophile », me qualifient – entre autres – de « grosse pute », « vermine », « putain à nègre hystérique », « femelle négrophile », « hyène puante » et appellent à inonder mon fil Twitter et ma boîte mail, en dévoilant des photos volées, le tout illustré – entre autres – par une vidéo de Goebbels et un GIF d’Hitler. Je dépose immédiatement une plainte pour injure publique et diffamation. Je suis inondée d’insultes et de menaces. Ils « cherchent mon adresse ». Je complète ma plainte pour harcèlement. Je respire difficilement, je dors peu, j’ai peur. « Il ne faut pas le dire, Julie, sinon ils ont gagné ». Tant pis, je le dis. J’ai peur.

      Un élan de soutien émerge sur Twitter. Ça fait du bien. Le site est signalé sur Pharos (la Plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements du ministère de l’Intérieur) et ferme. Puis renaît. Deux autres articles sont publiés. Il est désormais question de ma « négrophilie pathologique ». Et c’est reparti. « Hyène terroriste », « pue-la-pisse », « prostituée ». Vous en voulez encore ? J’en ai en stock. « Obsédée par les nègres », « serpillière à foutre africain ». J’ai la nausée. Je complète néanmoins une nouvelle fois ma plainte, j’y dépose de nouvelles pièces, de nouveaux mots. Le site est signalé une nouvelle fois sur Pharos mais réapparaît par intermittence.

      Savoir de quoi l’esthétisation de la période coloniale est le symptôme ne fait pas partie de mon domaine de compétence. Mais je sais que les mots ont un sens. Entre autres parce qu’ils provoquent des émotions. Et on sous-estime bien trop souvent leur haut pouvoir en nitroglycérine. Depuis une semaine, certains m’ont réconfortée, d’autres m’ont outrageusement blessée. J’ai vu des personnes applaudir, ravies de ce ramassis sexiste, raciste, diffamatoire et injurieux menaçant la liberté d’expression et mon intégrité physique tout en appelant à la violence sous fond d’apologie du nazisme. Tous ces mots pour mes mots à moi. Enfin, surtout leurs mots à eux. C’était assourdissant, tous ces mots. Pour tenir bon, j’ai dû très vite apprendre à vider de leur sens ceux qui m’écorchent et à voir toute la force que me confèrent ceux, mille fois plus nombreux, que m’adressent des inconnus en soutien.

      Les mots ont un sens. Et c’est avec justesse qu’ils se doivent d’être choisis. Parce que des petits mots tout bêtes peuvent devenir de grosses blessures. Ces mots sur la partie la moins glorieuse de notre histoire, celle durant laquelle l’on enchaînait des humains, on les mutilait et pillait leur pays. Ou ces mots pour me décrire. Des mots d’une violence misogyne inouïe. Des mots tout sales et humiliants, pour se venger de celle qui les rapporte. Un peu de respect pour les mots. Ils sont puissants. Et dans ce flot d’insultes et de menaces de mort, le pouvoir des mots gentils m’est apparu comme une bouée de sauvetage. Merci pour vos mots, en réaction aux miens. J’ai appris que le meilleur est mille fois plus puissant que le pire. Mes batteries sont rechargées. Au boulot.

      #harcelement #misogynie #cyberharcèlement

    • Cyberharcèlement d’une journaliste par des néonazis : le fiasco judiciaire
      17 décembre 2020 Par Lucie Delaporte

      Condamné en première instance pour avoir partagé un article qualifiant la journaliste Julie Hainaut, entre autres insultes racistes et sexistes, de « pute à nègres », un néonazi a été relaxé ce jeudi 17 décembre pour une erreur de procédure.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/171220/cyberharcelement-d-une-journaliste-par-des-neonazis-le-fiasco-judiciaire

      Condamné en première instance à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros de dommages et intérêts pour avoir partagé un article raciste et sexiste visant la journaliste Julie Hainaut, qualifiée entre autres de « pute à nègres féministe », « hyène terroriste », « traînée », Sylvain C. a été relaxé ce 17 décembre en appel pour une erreur de procédure commise lors de l’instruction. Le « partage » de l’article incriminé relevant d’un réquisitoire supplétif – comme l’instruction n’avait pas réussi à trouver l’auteur de l’article, elle s’est rabattue sur le fait que Sylvain C. avait partagé l’article sans prendre garde aux délais de prescription largement dépassés, note le jugement consulté par Mediapart.

      « Nous avions déjà dénoncé la manière dont avait été menée l’instruction, aujourd’hui nous sommes indignés de cette faute procédurale qui n’est imputable qu’à l’institution judiciaire et qui laisse dans le désarroi une victime de cyberharcèlement », tempête Éric Morain, l’avocat de Julie Hainaut.

      « Je suis en colère, affirme de son côté la jeune journaliste, épuisée par trois ans de procédure. Le message donné par la justice est inquiétant, dangereux. Ce que je retiens de ces trois ans de combat, c’est l’impuissance de l’État et de la justice à se saisir de cette question essentielle. » Pour elle, « le cyberharcèlement invisibilise et réduit au silence. La décision de la cour d’appel valide cela. Et en relaxant un homme dangereux, elle me met en danger. Elle met en danger la société. C’est absurde, sidérant, violent. »

      Le prévenu et son avocat n’étaient pas présents au tribunal pour entendre le jugement. Au regard de l’audience qui s’était tenue le 24 novembre dernier, cette relaxe apparaît effectivement comme un incroyable fiasco judiciaire, alors que le gouvernement affirme vouloir faire de la lutte contre le cyberharcèlement une priorité.