I Am Not Your Negro

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    • Sur « Chez Nous » : me semble qu’on avait pointé ces éléments lors de notre décryptage post-séance (surtout le côté « en fait les seuls trucs qui la font agir et sur lesquels elle agit, c’est sur les trucs liés à sa relation amoureuse »). Pas grand chose à redire, c’est sûr que le film ne figurera pas au panthéon des œuvres féministes.
      A ceci près qu’un personnage fort, ayant des valeurs morales bien ancrées, lucide, capable de défendre son individualité, de contrôler l’utilisation de son image... n’aurait pas du tout collé avec le film et son objectif. Et je pense que ce personnage aurait été trop « héroïque » pour être crédible. N’en déplaise à la critique, le personnage de Pauline est assez crédible, y compris grâce à ses limites et ses côtés sombres. Bon, il se trouve que c’est une femme... pas de bol, c’est pas une femme forte. Il se trouve qu’il y a des tas de gens qui se sont fait plus ou moins avoir de la même façon. Cold fact : la plupart des gens sont banalement faibles.

    • Sur « I am not your negro » : intéressant, ça enrichit bien le film.
      Où on apprend que Baldwin parlait déjà d’intersectionnalité en 1984 :

      Dans un entretien avec Richard Goldstein paru en 1984 [6] , Baldwin évoque longuement la place de l’homosexualité dans son travail et dans la lutte contre le racisme. A Goldstein qui suggère que l’homosexualité constitue un terrain commun trans-racial dans l’expérience de la discrimination, Baldwin rétorque que le sentiment d’être « à part » en raison de son homosexualité vient du fait que celle-ci entraîne la perte d’une certaine « sérénité », c’est-à-dire la perte d’un privilège dont on s’attend à profiter en tant que blanc. Il souligne qu’il en va tout à fait différemment pour les personnes qui sont à la fois noires et homosexuelles : dans ce cas, la question sexuelle « vient après la question raciale ». Pour un noir homosexuel la discrimination sexuelle est « une discrimination de plus » ; pour un blanc homosexuel, elle est une « anomalie » éprouvée par quelqu’un qui se pensait naturellement au « sommet de la pyramide ». Cette démonstration toute simple, si elle avait été incluse dans le film de Peck, aurait permis de mieux comprendre comment Baldwin concevait son combat politique. Non pas comme une lutte contre la « haine raciale », mais comme une lutte contre un ordre social hétérosexuel et patriarcal confisqué par les Blancs, dans lequel le racisme naît de leur refus de renoncer à leurs privilèges.