• Inceste et pédocriminalité : la loi du silence (24) | ARTE Radio
    https://www.arteradio.com/son/61663468/inceste_et_pedocriminalite_la_loi_du_silence_24

    En France, environ deux enfants par classe d’école sont victimes d’inceste ou de pédocriminalité. 81% de l’ensemble des violences sexuelles commencent avant 18 ans. Dans 94% des cas, celles-ci sont commises par des proches. La plupart du temps, ces derniers ne seront jamais inquiétés par la justice. Ces chiffres sont connus et répétés depuis longtemps. Et après #MeToo, chaque mois ou presque, de nouvelles révélations éclatent, dans le milieu du cinéma, puis dans le milieu littéraire, puis dans l’Eglise, puis dans le sport...
    A chaque fois, on s’étonne, on s’insurge. Il ne s’agit pourtant pas de faits isolés ou de lieux spécifiques, mais de tout un système. Un système qui semble peu ou jamais analysé, ni décrypté. C’est ce que cet épisode tente de faire. Pourquoi un tel déni et une telle impunité ? Quel rapport avec le patriarcat ? Avec les questions de dominations ?

    Cet épisode est difficile. Il contient des témoignages douloureux de victimes. Et aussi celui d’un père incestueux. Mais j’ai choisi de faire entendre les faits parce que, comme l’explique l’anthropologue Dorothée Dussy que vous entendrez aussi dans cet épisode, « prendre acte des violences, de leurs spécificités, des effets qu’elles produisent et des conséquences qu’elles entraînent est un premier pas vers la paix et la démocratie. Le principe du système inceste, c’est faire taire. Pour en sortir, il faut vomir plusieurs fois tant et tant que rien de ce qu’on peut vous dire pour vous arrêter ne vous touche plus, car vous avez conjuré la guerre contre la nausée. Cela vous a rendu beaucoup plus libre. »

  • [CP] La psychanalyse : théorie misogyne au service des agresseurs ?
    https://mailchi.mp/osezlefeminisme/psychanalyse-phallusneant-cinedebat?e=a4d126f7b7

    Le 11 février 2019 à Paris, Osez le Féminisme ! vous invite pour une projection-débat du documentaire “Le Phallus et le Néant” en présence de la réalisatrice Sophie Robert. L’occasion de débattre et d’explorer le caractère sexiste des théories psychanalytiques.

    Sophie Robert a interviewé 52 psychanalystes freudiens ou lacaniens, tou.te.s très reconnu.e.s dans leur pratique : professeur.e.s à l’université, praticien.ne.s dans les CMP (Centre médico-psychologiques ), auteur.rices, expert.e.s... Ce qui ressort de ces entretiens est édifiant. Cachée derrière son jargon, la psychanalyse s’appuie sur deux ressorts : la démonisation des femmes et l’érotisation des enfants.

    @aude_v

    • Pourquoi l’association internationale des victimes d’inceste soutiens le film « Le phallus et le néant » ?
      https://aivi.org/vous-informer/actualites/2987-le-phallus-et-le-neant-un-film-documentaire-soutenu-par-l-aivi.html

      "Sans l’échec de ma psychanalyse, l’AIVI n’existerait pas. Je pensais, depuis ma première lecture freudienne à dix sept ans, que la technique psychanalytique, pourrait m’aider dans mon rétablissement. Plus tard, pendant six ans, je me suis allongée sur un divan lacanien dans le but de devenir psychanalyste, pensant ainsi pouvoir aider d’autres survivants de l’inceste comme moi. La suite ne s’est pas déroulée comme je m’y attendais.

      Lorsque j’ai parlé de l’inceste, pendant l’instruction et après le jugement de mon père, à aucun moment un adulte s’est dit qu’il y avait en moi une enfant traumatisée qui avait besoin de soins. Livrée à moi-même, j’ai cherché de l’aide dans les livres et j’ai commencé à lire Freud. Ainsi j’ai découvert la psychanalyse. D’abord « la théorie de la séduction » ou « Neurotica » qui reconnaissait qu’un événement réel extérieur vécu dans l’enfance, comme l’inceste par exemple, pouvait être traumatique et créer une névrose à l’âge adulte. J’ai continué, boulimique de connaissances, à découvrir ce monde de la psychanalyse en lisant « tout Freud » bien sûr, mais aussi Lacan, Ferenczi, Jung et tant d’autres. Mais, je ne sais pourquoi, j’ai occulté l’impact du revirement Freudien lorsqu’il a abandonné l’événement réel extérieur vécu dans l’enfance par la théorie du fantasme.

      Quelques années plus tard, j’ai rencontré un psychiatre extraordinaire qui m’a sauvé la vie en quatre années de psychothérapie traditionnelle. A 27 ans, j’allais bien mieux ce qui m’a décidée à réaliser ma nouvelle ambition professionnelle, devenir psychanalyste pour aider d’autres survivants à mon tour. Même si « le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même » selon la formule consacrée, j’ai fait le tour des différentes Ecoles psychanalytiques pour en apprendre plus sur cette technique. Je savais qu’il me faudrait en passer par une tranche de divan, je m’y suis employée pendant six années. J’en suis ressortie en dépression majeure avec la conviction que cette voie n’était pas la bonne, selon mes valeurs, pour aider d’autres victimes ayant vécu réellement l’inceste et non fantasmé l’inceste comme le prétendait Freud.

      J’ai été prise en charge dans un centre de soins spécialisé en victimologie et j’ai cherché une autre forme d’aide complémentaire. A ce moment crucial, j’ai trouvé un groupe de parole thérapeutique pour survivants de l’inceste. Ce fut un choc. Je n’étais pas seule, je n’étais pas folle, ce que je vivais était normal. Mais il y avait tant à faire car pour trouver ces ressources, j’ai suivi un véritable parcours du combattant. C’était la naissance d’internet, alors j’ai décidé de mettre mon expérience et ces ressources en ligne. Immédiatement, de nombreux survivants du monde francophone (français, suisses, belges, canadiens…) se sont retrouvés dans ce groupe. Nous avons décidé en 2000 de créer l’AIVI pour abolir la prescription, inscrire l’inceste dans le code pénal et en finir avec le consentement présumé de l’enfant à un acte sexuel avec un adulte.

      Même si ce constat d’échec sur l’efficacité de la psychanalyse a été douloureux, je ne regrette rien car j’ai ainsi pu créer l’AIVI. En 2005, l’INSERM a évalué trois approches thérapeutiques à la demande du ministère de la santé. Les patients voulaient savoir à qui s’adresser en fonction de leurs pathologies mentales. Sur 16 pathologies, la psychanalyse est arrivée bonne dernière. Philippe Douste Blazy alors ministre de la santé a fait retirer le rapport de l’INSERM du site internet du ministère, promettant à un parterre de 1000 psychanalystes qu’ils n’en entendraient plus parler (1). Et les patients dans tout ça ?

      Vingt ans plus tard, je suis heureuse de mon choix. Je ne serai jamais psychanalyste mais j’ai appris à me méfier des dogmes. Chaque survivant de l’inceste trouvera de l’aide ou de l’entraide selon ses besoins, au moment qui lui conviendra, en fonction de son chemin personnel. L’AIVI soutient le Phallus et le Néant car ce film de Sophie Robert montre à quel point les théories peuvent conduire à l’ignorance de la souffrance humaine et à l’absence d’empathie. Je l’ai vécu pendant six années sur un divan lacanien alors qu’au début j’avais entièrement confiance en cette technique.

      Nadège et Sacha, membre de l’association, ont accepté de témoigner de leur parcours face caméra. Leurs mots sont poignants, leur force admirable, un grand merci à elles"

      Plus d’information sur le film sur le site dédié : www.lephallusetleneant.com

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      Par rapport à la prétendue imposture de Sophie Robert : En janvier 2014 elle gagne le procès que les psychanalystes lui avaient intenté·es.
      https://blogs.mediapart.fr/jean-louis-racca/blog/210114/la-victoire-de-sophie-robert-une-defaite-cinglante-pour-la-psychanal

      Le jugement rendu le 16 janvier dernier par la cour d’appel de Douai infirme totalement celui de première instance et met fin à deux ans de censure du documentaire « Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme ».

  • l’histgeobox : 332. « La complainte de Violette »
    http://lhistgeobox.blogspot.com/2017/09/332-la-complainte-de-violette.html

    Le procès s’ouvre en octobre 1934, dans un contexte dramatique (l’assassinat à Marseille du roi Alexandre de Yougoslavie et de Louis Barthou à Marseille). La foule se presse, dense, près du palais de justice. Les contemporains s’identifient aux Nozière, cette famille modeste, d’origine rurale, venue tenter sa chance à Paris ; les parents, travailleurs, économisent pour pouvoir donner la meilleure éducation à leur fille unique. Le crime de cette dernière n’en apparaît donc que plus odieux. Violette pleure, s’évanouit à plusieurs reprises, se tient le visage entre les mains, au grand dam des jurés.
    Pour maître Henry Géraud et maître de Vésinne-Larue, ses deux avocats, Violette est avant tout une victime. Pour justifier son geste, elle affirme en effet avoir été abusée depuis l’enfance par son père : « Il a abusé de moi lorsque j’avais 12 ans. Depuis, il était terriblement jaloux de mes fréquentations masculines. Il m’a dit qu’il me tuerait si je parlais de la chose à ma mère. » L’accusation portée s’avère très délicate : "c’est à la fois une charge explosive, qui alimente le scandale, mais c’est aussi quelque chose dont on ose pas parler, que les journaux n’évoquent qu’à demi-mot, usant d’expressions détournées comme ’l’odieuse accusation’". (Cf : S. Maza)
    En septembre 1933, dans le magazine Vu, Sans même avoir examiné l’inculpée, le professeur Magnus Hirschfeld balaie l’accusation d’inceste d’un revers de la main : "Il serait dangereux d’ajouter foi aux affirmations de Violette Nozière (...). De pareilles accusations d’ordre sexuel surgissent souvent de l’imagination érotico-hystérique des jeunes filles au sortir de la puberté et s’expliquent par le besoin de justifier et de se faire pardonner certaines défaillances. (...) Très souvent, ce sont des caresses tout à fait innocentes prodiguées par des adultes qui se trouvent à l’origine de ces interprétations fantaisistes (...). Ce sont, dans la plupart des cas, des professeurs qui font l’objet de ce genre d’accusations et parfois même les parents."
    Selon cette interprétation, largement partagée à l’époque, l’inceste relève du pur fantasme et la criminelle a commis son geste par défaut de sens moral !
    Sujet hautement tabou dans la société patriarcale de l’époque, l’inceste crée une stupeur horrifiée. On ne doit pas en parler ni prononcer le mot. Ceci enferme le discours de la presse. Dans les journaux, aucune condamnation de l’inceste, mais la condamnation de la parole sur l’inceste. D’aucuns s’étonnent que Violette Nozière ne se soit confiée à sa mère ou sa grand-mère, sans comprendre la difficulté de révéler l’inceste. Aussi, à quelques exceptions près (les surréalistes, le commissaire Marcel Guillaume), ni le public ni le jury n’accordent foi aux accusations de Violette contre son père. Au fond, la jeune femme ne peut être entendue/comprise par l’opinion, car sa sexualité déviante - en fonction des normes de l’époque - permet d’évacuer la sexualité déviante du père dont on dresse au contraire un portrait flatteur. Un père respectable, un cheminot méritant, un modèle de vertu républicaine qui se sacrifie pour sa fille. En brisant cette image, Violette "tue" une deuxième fois son père et accuse dans le même temps cette large frange de la population qui s’identifie au couple Nozière.