Stéphane Sirot : « Les syndicats devraient reconsidérer les vertus des grèves reconductibles »

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    L’instauration par Sarkozy du service minimum a notamment réduit les capacités de nuisance des grèves dans les transports publics. Mais le déclin de la grève traditionnelle s’explique aussi par l’évolution des stratégies des directions syndicales, qui ont plutôt tendance, depuis trente ans, à délaisser les pratiques radicales de grèves reconductibles au profit de "journées d’action saute-mouton".

    Mais elles sont forcément moins efficaces !

    Bien sûr. C’est symptomatique du recentrage du syndicalisme depuis quarante ans. La CFDT s’est placée depuis 1977 sur les rails de la négociation collective avec Edmond Maire, mais à partir des années 1990 la direction de la CGT a elle aussi commencé à prendre des distances avec les pratiques de luttes pour leur préférer le "dialogue social" avec les "partenaires" du patronat et de l’État… Ce recentrage sous Viannet puis, surtout, Thibault, est allé de pair avec une dépolitisation. Celle-ci s’est traduite à la fois par une recherche d’autonomie de la CGT vis-à-vis du Parti communiste et par une volonté de ne pas apparaître comme "idéologique", quitte donc, à ne plus penser la société et les alternatives.

    « Pendant les Trente glorieuses, la grève était l’élément déclencheur de la négociation. Désormais, l’État mise sur le pourrissement et l’épuisement. »

    Le syndicalisme, en se transformant, s’est-il éloigné de la rue et rapproché du pouvoir ?

    Oui, car dans le même temps, on a logiquement observé une tendance à la #professionnalisation, le syndicalisme devenant une étape dans une carrière, comme l’illustre le parcours de Stéphane Lardy, ex-cadre de FO devenu directeur adjoint du cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Ce qui explique sans doute en partie la décision de la direction de FO de ne pas appeler à la grève…