Un décryptage (utile) de la situation en... - Guillaume Duval Perso

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  • Un décryptage (utile) de la situation en Catalogne - Guillaume Duval Perso
    https://www.facebook.com/guillaume.duvalperso/posts/1451544678216020

    Un décryptage (utile) de la situation en Catalogne par Rodérick Iesmed qui vit à Barcelone :
    "Je suis intervenu cette semaine sur quelques murs francophones pour tenter d’éclairer l’un des sujets du moment : que se passe-t-il en Catalogne ? En essayant de tranquilliser les catastrophistes et de faire un peu de pédagogie, aussi honnêtement que possible. Il me semble en effet important, sur les sujets sérieux, d’éviter postures, raccourcis, rhétoriques convenues et mots qui fâchent inutilement. Le conflit politique qui a fini par se cristalliser en Catalogne est un sujet grave... mais qui a enfin une opportunité de devenir sérieux.

    Echappons en effet au simplisme binaire : il n’y a pas deux camps -bruyants- en présence, mais (au moins) trois, chacun comprenant évidemment en son sein une infinité de nuances.

    Nous baptiserons le premier, le camp A, comme celui du statu quo. Arc-bouté sur la Constitution de compromis post-franquiste de 1978 (et la lecture qu’il en fait), c’est celui, pour faire simple, des nationalistes espagnols et il a le pouvoir à Madrid. Ses principales traductions politiques sont le Parti Populaire (droite) et Ciudadanos (né de l’anti-indépendantisme catalan et en glissement continu vers la droite). Il est évidemment centraliste et s’est juré d’empêcher le « référendum illégal » du premier octobre.

    Le camp B, celui des séparatistes catalans, est en forte progression depuis 5 ans, sur fond de crises politique, économique et sociale, après le torpillage par le PP (et un Tribunal Constitutionnel sous influence) d’un nouveau « Statut d’autonomie » pourtant adopté à l’époque dans les règles de l’art (parlements de Barcelone et de Madrid, référendum en Catalogne). Il réclame l’indépendance et fédère politiquement de la droite catalaniste -historiquement aux affaires mais en fort déclin- à l’ultra-gauche de la CUP.

    A et B ne rêvent que d’en découdre et donc en décousent. Rien que de très normal.

    Le camp C est longtemps resté indéfini et inaudible mais, c’est un résultat de la tension actuelle, commence à sortir du bois. Qualifions-le d’équidistant, terme qui pour A et B équivaut d’ailleurs à une insulte. C n’est convaincu ni par la rhétorique de A ni par celle de B et pense que seules la négociation et un dépassement des postures actuelles permettra de dénouer le conflit. Cette position « centriste » est occupée de fait par la gauche dite radicale de Podemos et des mouvances proches (dont les maires de Barcelone et Madrid), mais aussi par le PNV au pouvoir au Pays Basque (national-conservateur) et par les deux grands syndicats nationaux, Commissions Ouvrières et UGT.

    À noter enfin que le PS espagnol, qui reste malgré son écroulement récent le second parti national (sérieusement concurrencé par Podemos), est lui coupé en deux, entre les camps A et C, et ne joue plus qu’un rôle marginal en Catalogne... en compagnie du PP, qui y a toujours été très minoritaire.

    A partir de cette situation assez subtile, d’autant que les exécutifs de Madrid et de Barcelone sont fragiles, le double enjeu pour les mois qui viennent est :
    – à court-terme, la capacité des leaders de A et B de contrôler leurs nerfs et leurs troupes d’ici au 1er octobre, date d’une mobilisation probablement historique ;
    – au-delà, le rapport de forces entre A, B et C et la capacité de cette troisième sensibilité de devenir incontournable pour les deux autres. C’est le pari notamment des « Comuns » catalans (gauche souverainiste mais non indépendantiste) et c’est le défi auquel est confronté le PSOE.

    À suivre..."

    Pénibles ces gens de s’exprimer sur FB...