« La gauche doit se saisir de la révolution numérique pour en faire un progrès social et humain »

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  • Benoît Hamon : « La gauche doit se saisir de la révolution numérique pour en faire un progrès social et humain »
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    Très intéressante interview. Pas du tout la parole de quelqu’un qui a perdu, mais celle de quelqu’un qui cherche. L’avenir est demain.

    Mais sur le plan plus tactique et stratégique, regrettez-vous de ne pas avoir fait plus d’effort pour chercher l’union avec la France insoumise et Europe Écologie les Verts ?

    Ah si ! Mais j’ai moins perdu à discuter avec Mélenchon, à discuter avec les Verts, que perdu du temps à discuter avec mon propre parti et avec les membres du gouvernement qui voulaient que j’abandonne mon projet. Ils voulaient que je fasse de la place à tout le monde dans une sorte de jeu de dupe dans lequel personne ne voulait venir. Quand j’entends les commentaires sur ma campagne, les plus grands reproches qu’on me fait portent sur la séquence Mélenchon et la séquence verte. Dans mon quotidien de candidat, la séquence PS a été plus longue et beaucoup plus énergivore que les deux autres.

    J’ai gagné la primaire parce que je représentais le moyen de sanctionner le PS. J’ai perdu à la présidentielle parce que je suis redevenu le candidat du Parti socialiste .

    Regrettez-vous d’avoir rompu avec le PS ?

    La question qui se pose est s’il n’aurait pas fallu le faire plus tôt...

    Le débat se fait assez naturellement et, tôt ou tard, il y a des échéances électorales. Des lignes politiques différentes apparaitront, et des convergences. Il faut ouvrir des processus politiques. La question de l’unité de la gauche n’est pas subalterne parce que les questions que je pose ne sont pas le prétexte à une prise de pouvoir du peuple contre les oligarchies – au demeurant existantes – mais poussent à une redéfinition du clivage droite-gauche. Celui-ci me paraît beaucoup plus sain pour la démocratie, parce qu’il autorise l’alternance.

    Comment analysez-vous le travail et la position de Nicolas Hulot ?

    Quant on veut rester, on trouve toujours des raisons pour rester. Et il y aura toujours ici ou là une bataille gagnée parce que Hulot ou ses services auront obtenu que tel dispositif contre le réchauffement soit pris en compte. Mais le moment ne va pas tarder où l’identité politique profonde de ce pouvoir sera claire aux yeux de tous.

    C’est-à-dire ?

    Je m’explique : quand j’ai quitté le gouvernement, j’aurais pu rester encore longtemps ministre de l’Éducation. Très heureux d’ailleurs de l’être, c’était le ministère le plus passionnant que j’imaginais avoir. Et j’aurais pu engranger dans mon coin des résultats incontestables. Mais j’aurais alors accepté la loi El Khomri, la loi Macron, et des politiques qui renforcent les inégalités sociales et rendent inutiles à court terme les efforts qu’on faisait dans le système éducatif. Mais on peut toujours trouver des raisons de rester si on ne regarde que son couloir de nage.

    Aujourd’hui la position du gouvernement sur le CETA, le recul sur les perturbateurs endocriniens au niveau européen, l’abrogation de normes environnementales dans le construction, la fin de la taxe sur les transactions financières, tout cela pèse lourd dans la balance !

    J’ai beaucoup de respect pour Nicolas Hulot. Je le trouve intelligent.

    Mais tôt ou tard il sera réveillé par cela.

    Sert-il d’alibi ?

    Je ne le dirais pas. Mais tant que ministre d’Etat et numéro deux, il a un pouvoir considérable. Je ne sais pas s’il l’utilise, s’il mesure que dans le dispositif politique globalement faible d’Emmanuel Macron, il est une de ses seules cartes maitresses. Je l’invite à exercer pleinement ses prérogatives de ministre d’État et à construire un rapport de force. Ce n’est pas Macron qui a fait Hulot ministre. C’est la crise écologique qui a rendu nécessaire aux yeux de Macron d’avoir Hulot. Mais il serait dommage qu’on ait Hulot sans l’écologie.

    #Politique_France