• Femmes : le soupçon de l’incompétence - Libération
    http://www.liberation.fr/evenements-libe/2017/10/05/femmes-le-soupcon-de-l-incompetence_1600914

    La présence des femmes dans les professions supérieures suscitait des réactions hostiles au début du 20ème siècle, puis contradictoires dans les années 2000. Si l’on déplore qu’il n’y ait « pas assez » de femmes dans les métiers scientifiques, les étudiantes en médecine ont fait une percée remarquable. Le discours négatif tenu de longue date dans les milieux de l’enseignement et de la magistrature s’est alors trouvé réactivé à leur sujet : la féminisation de la profession est perçue comme une invasion (quid des disparités internes ?), elle signifierait et précipiterait la « dévalorisation » de la profession.

    Comme les professeures ou les magistrates avant-elles, les femmes médecins sont soupçonnées de ne pas présenter les qualités requises - non pas en raison d’un manque de certification universitaire ou de formation professionnelle - mais parce qu’elles sont « des femmes », avec des attributs, des comportements, des aspirations qui représenteraient une menace à différents niveaux. Ainsi leur pouvoir de séduction néfaste à la sérénité du prétoire, leur émotivité inadaptée au maniement du bistouri, leur qualité de femme (bien) mariée et leur manque de disponibilité (elles seraient en permanence chargées d’enfants), ont servi d’arguments pour les confiner dans des espaces restreints - juges aux affaires familiales, pathologies affectant les femmes et les enfants, niveaux moyens de l’enseignement - des spécialités dont la valeur intrinsèque ne fait aucun doute, mais qui les écartent des positions et des niveaux de rémunération les plus élevés.

    Considérées a priori comme des mères de famille, ce qui correspond par ailleurs aux valeurs du milieu médical, les docteures sont soupçonnées de manquer au serment d’Hippocrate parcequ’elles ne seraient pas toujours prêtes à remplacer un confrère en départ à la retraite, dans les territoires ruraux. Pour reprendre l’expression de Nicky Lefeuvre, c’est « en termes de déficiences collectives de sexe » que l’on pense le problème de l’égalité des territoires, au lieu de s’interroger sur les évolutions nécessaires. Peut-on d’ailleurs isoler les services de santé, de l’enseignement, des transports ou du commerce ?

    Par ailleurs, les réflexions impulsées par les chercheures et praticiennes ont mis en lumière que les jeunes hommes médecins engagés dans un couple à double carrière, remettaient autant en cause que leurs consoeurs le principe de disponibilité permanente. Lequel suppose la collaboration d’une épouse sans activité à l’extérieur du foyer.
    Marlaine Cacouault-Bitaud professeure émérite de sociologie, université de Poitiers

    #sexisme #discrimination #misogynie #violence_médicale

  • Sexisme ordinaire dans les facultés de médecine - Libération
    http://www.liberation.fr/evenements-libe/2017/09/26/sexisme-ordinaire-dans-les-facultes-de-medecine_1598816

    En septembre, l’intersyndicat national des internes (Isni) a lancé la première enquête nationale sur le #sexisme dans les #études_médicales. Comme la dépression et le burn out, le sexisme sévit sur les bancs des facultés de #médecine. Osons enfin parler de ces situations tristement communes que subissent les étudiants et étudiantes tout au long de leur #cursus_universitaire.

    Par cette étude, nous souhaitons faire un état des lieux du sexisme ordinaire, c’est-à-dire repérer les actes, les omissions, les dérives et proposer ensuite des pistes d’amélioration. Il s’agit de briser l’omerta. C’est à cette condition que nous pourrons progresser vers plus d’égalité et de bien-être dans le parcours des étudiants en médecine, puis dans l’exercice de leur profession. Nous dénonçons toute forme de #harcèlement et de #discrimination, en particulier celles qui sont liées au genre. Remarques dégradantes, questions déplacées et chantages à caractère sexuel doivent être combattues. Cette étude doit faire la lumière sur un malaise que nombre d’entre nous ressentons, et y mettre un terme. L’humour carabin ne peut tout excuser.

    via @mona #enseignement encore un effort et #penser_à_la_forme_épicène