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  • Charlemagne : le nom de Fastrada, sa troisième épouse, retrouvée sur une pièce carolingien - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/decouverte-de-la-premiere-piece-de-monnaie-carolingienne-a-l-effigi

    Le nom de Fastrada, troisième épouse de Charlemagne, a été identifié sur une pièce de monnaie frappée sous le règne du souverain franc. Une première pour cette période, qui démontre l’importance qu’a eu cette reine dans l’histoire politique de l’Empire carolingien et dans le cœur de son mari.

    Il s’agit du premier exemple connu d’une reine – et tout simplement d’une femme, si l’on fait exception de la Vierge Marie - nommée sur une pièce carolingienne (8e-9e après J.-C.). Frappée sous le règne de Charlemagne, probablement entre 793 et 794, cette dernière, dont on ignore malheureusement la provenance, a été récemment acquise - sur eBay ! - par le Centre Charlemagne d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne. Sur l’une de ses faces, on peut y lire le nom de Fastadre, ou Fastrada, troisième épouse du célèbre roi des Francs qui régna de 768 à 814 sur l’Empire carolingien, résultat de l’expansion territoriale du royaume franc.

    « Il s’agit d’une pièce totalement inattendue et véritablement historique », explique Simon Coupland, archéologue spécialiste de la numismatique carolingienne à l’Université de Cambridge et auteur d’une étude sur le sujet, parue le 3 mai 2023 dans la revue Early Medieval Europe. « Ce qui est particulièrement remarquable, c’est qu’au cours de la première moitié de son règne, Charlemagne a pris des mesures décisives pour éliminer de ses monnaies le nom de toute autre personne que lui-même. »

    https://pbs.twimg.com/media/FvM6bEtWwAIccI_?format=jpg&name=small
    Sur l’avers, on lit CARoLVS (en rouge) REXFR (en jaune), c’est-à-dire « Charles, roi des Francs ».

    Sur le revers, FASTRADA (en vert) REGIN (en bleu), donc « reine Fastrada », autour du monogramme classique de Charlemagne. pic.twitter.com/NVWOvjN3sC
    — Actuel Moyen Âge (@AgeMoyen) May 3, 2023

    Datation précise

    Parce que ce type de pièce n’a été introduit qu’en 793 et que Fastrada est morte en août 794, il est possible de la dater avec une grande précision. « Charles a très certainement été incité à la frapper en apprenant l’existence de pièces à l’effigie de Cynethryth, femme d’Offa, roi de Mercie (l’actuelle région de l’Essex), à la fin des années 780 », détaille le chercheur dans son étude. Cynethryth était une figure politique majeure dans un royaume avec lequel Charlemagne entretenait d’importantes relations commerciales, diplomatiques et culturelles.

    « Mais cette monnaie reflète aussi l’affection que Charlemagne portait à Fastrada et le pouvoir qu’il était prêt à partager avec elle », assure Simon Coupland. Troisième épouse du grand roi carolingien Charlemagne, Fastrada joua en effet un rôle essentiel dans le règne de son mari. Née vers 765, fille du puissant comte franc oriental Rodolphe, elle prit la place en 783 de la seconde épouse de Charlemagne, Himiltrude, seulement cinq mois après son décès (ce qui suscita les jaseries). Désireux sans doute de trouver une mère « de remplacement » pour sa progéniture, le souverain aurait également pu, grâce à cette union, sceller une alliance dans sa guerre contre les Saxons. En 11 ans de mariage, Fastrada et Charlemagne auront deux filles.

    Une épouse royale à part

    En raison de la rareté des mentions de reines carolingiennes dans les écrits de l’époque, les historiens d’aujourd’hui ne peuvent généralement pas en dire grand-chose. Fastrada, elle, fait figure d’exception, avec une carrière de reine exceptionnellement bien documentée dans les annales du haut Moyen Âge. L’historienne médiévale au King’s College de Londres Janet Nelson, citée par Simon Coupland, a malgré tout démontré dans ses travaux que de nombreuses études « sur le règne de Charlemagne la laissent tout simplement de côté, comme d’autres femmes de la cour du souverain ».

    Janet Nelson elle-même a ainsi contribué à mettre en évidence l’importance historique de Fastrada, à qui Charlemagne s’adresse avec tendresse dans plusieurs documents écrits. « Janet Nelson et le médiéviste Franz Staab ont montré que Charlemagne avait épousé Fastrada parce qu’il avait besoin d’une femme et d’une reine, que les lettres qu’il lui avait adressées témoignaient de son amour et de sa reconnaissance, et que la confiance qu’il lui accordait était telle qu’il était prêt à lui confier une part importante de son autorité en son absence », affirme Simon Coupland. Lorsque Fastrada mourut le 10 août 794, son mari pleura sa « célèbre » et « noble » reine, « emportée trop tôt par la main froide de la mort ».

    À titre de comparaison, s’il existe plus de 50 exemples de pièces frappées du nom de Cynethryth, il s’agit là du tout premier et unique spécimen d’une pièce de Fastrada à ce jour.

  • Les morts de Waterloo ont-ils été transformés en fertilisant agricole au 19e siècle ?
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/les-morts-de-waterloo-ont-ils-ete-transformes-en-fertilisant-agrico


    Au dix neuvième siècle les capitalistes britanniques exploitaient sans scrupules les soldats encore àprès leur mort. Depuis la première guerre mondiale les hécatombes atteignent des dimensions qui poussent les états à tenter l’apaisement des survivants en fournissant des sépultures individuelles à un maximum de tombés. Les progrès dans la fabrication d’engrais chimiques leur facilitent la tâche.

    21.6.2022 par Bernadette Arnaud - Des fouilles archéologiques menées depuis 2015 sur le site de la bataille de Waterloo (1815) n’ont livré que de très rares restes humains... Or ces modestes découvertes soulèvent une question majeure : où sont passés les corps des dizaines de milliers d’hommes et de chevaux de cette bataille napoléonienne ? Une explication, -peu relayée tant elle est macabre-, voudrait qu’ils aient pu être transformés en engrais à usage agricole… Un mystère qui devrait être prochainement réexaminé par de nouvelles fouilles archéologiques menées sur le célèbre site.

    Comme chaque année depuis 2015, -hors la période de pandémie de Covid-19-, l’organisation britannique « Waterloo Uncovered », un organisme qui travaille en coopération avec des militaires blessés ou atteint du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), participe à des recherches archéologiques dans la plaine de Waterloo (Belgique), lieu de la grande bataille napoléonienne de 1815. Sous la houlette de l’archéologue Tony Pollard, directeur du Centre d’Archéologie des Champs de batailles de l’Université de Glasgow (Ecosse), une soixantaine de participants ont déjà exploré de nombreux secteurs du champ de bataille. En 2019, passant particulièrement au crible les alentours de la ferme de Mont-Saint-Jean, l’un des épicentres des combats, ils avaient ainsi été mis au jour des munitions et surtout trois os provenant de membres inférieurs - probablement issus d’amputation - dégagés à proximité du bâtiment ayant servi d’hôpital de campagne. L’un des os dégagés portait encore des marques de scie... « Cette découverte poignante a immédiatement transformé l’atmosphère de la fouille, tissant un lien direct entre les personnes qui avaient souffert ici en 1815 et les soldats vétérans présents », avait alors déclaré Tony Pollard dans une interview au Guardian.


    Un des rares ossements humains mis au jour dans la plaine de Waterloo, lors de fouilles archéologiques. Crédits : Waterloo Uncovered

    Une pénurie de restes humains qui interroge

    L’exhumation de ces restes humains constituait surtout une première pour l’archéologue écossais qui étudie la plaine de la bataille de Waterloo, « le plus affreux carnage que j’ai jamais vu », selon le maréchal Ney (1769-1815). La pénurie d’ossements exhumés intrigue en effet depuis longtemps le spécialiste : à ce jour, sur ce site où se sont affrontés près de 269.000 hommes et où 47.000 d’entre eux environ ont perdu la vie ou ont été blessés, un seul squelette complet a été récupéré ! En 2012, lors du creusement d’un parking, la dépouille d’un soldat a en effet été recueillie. Il appartenait à la King’s German Legion (KGL) du roi Georges III, des unités militaires hanovriennes formées en Grande-Bretagne et Irlande entre 1803 et 1816. La balle de mousquet ayant entrainé sa mort a même été retrouvée au milieu de ses côtes, l’ensemble étant désormais exposé dans le musée du site.


    "La Bataille de Waterloo, le 18 juin 1815", par Clément Auguste Andrieux (1829-1880). Crédits : AFP

    A la recherche des fosses communes

    Que sont donc devenues les dépouilles des soldats de Waterloo ? Interrogation à laquelle Tony Pollard vient de consacrer un article dans le Journal of Conflict Archaeology paru ce 18 juin 2022. L’archéologue écossais y développe en effet une hypothèse : « S’il est extrêmement rare de trouver des restes humains sur ce champ de bataille, c’est que de nombreuses fosses communes ont été pillées et les os broyés pour être utilisés comme engrais dans les années qui ont suivi la bataille de 1815 ». Des propos qu’il avait déjà tenu dans un article du Telegraph le 17 juillet 2019 relayé par le très sérieux Smithsonian Institute du 18 juillet 2019 qui évoquait de son côté « les fabricants d’engrais anglais qui récupéraient ces os »… ! Diantre ! Dans la presse anglo-saxonne, les choses semblaient établies ! Mais de ce côté-ci de la Manche ? Sommes-nous face à une rumeur, un élément de folklore à classer dans la longue liste des légendes urbaines ? Ou bien s’agit-il de faits historiques avérés ? A bien lire ce qui a été écrit autour des affrontements homériques que furent les batailles napoléoniennes, il demeure difficile aujourd’hui encore de se faire une idée de la réalité de ces comportements profanatoires, alors que les cimetières de la Première (1914-1918) et Seconde guerres mondiales (1939-1945) sont l’objet de tous les soins et commémorations. Rappelons que la considération attribuée à l’individualisation des corps des soldats morts au combat n’est seulement advenue qu’avec la Première guerre mondiale.


    Emplacements indicatifs de possibles lieux de sépultures, de concentrations de fosses, ou de bûchers, après de récentes analyses de sources. Crédits : Waterloo Uncovered

    Toujours est-il que pour tenter de cartographier l’emplacement des fosses et lieux de sépultures non repérés à ce jour, l’archéologue écossais raconte avoir réuni tous les témoignages d’archives et informations existants émanant de témoins oculaires présents au lendemain de la bataille de 1815. Des croquis, des peintures, des récits, signalant des lieux où avaient été creusées des fosses, grandes ou petites (cf. carte). En particulier des dessins récemment découverts, et des lettres et documents personnels inédits d’un certain James Ker, un marchand écossais vivant à Bruxelles au moment de l’affrontement, dont les informations recueillies à Waterloo dès le 19 juin 1815 n’avaient jamais été publiées. « Il serait vraiment intéressant de retrouver l’emplacement des fosses desquelles des os ont été extraits, car toute perturbation produit des anomalies géophysiques dans les sols », explique ainsi Tony Pollard. Pour tenter de les localiser, des relevés du champ de bataille utilisant des méthodes électromagnétiques devraient démarrer au cours des prochaines fouilles archéologiques. Interrogé, le Dr. Kevin Linch, expert en guerres napoléoniennes à l’Université de Leeds (qui ne participe pas à ces recherches), a déclaré de son côté, « qu’il y avait de bonnes raisons de penser que les os des morts avaient été prélevés pour être utilisés comme engrais ». Des travaux prochains qu’approuvent la Napoleonic & Revolutionnary War Graves Charity, pour lequel il serait important de retrouver et connaitre ce qui est véritablement advenu des dépouilles.


    "Enterrer les morts au Château d’Hougoumont après la bataille de Waterloo (1815)". Aquarelle de James Rouse, de 1817. Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Ce que l’histoire nous dit, c’est qu’à Waterloo, les morts auraient été inhumés ou incinérés. Les descriptions des carnets du Capitaine Coignet (1799-1815), l’un des célèbres soldats de la Garde Impériale, n’en font pas mystère puisqu’elles indiquent que « pendant huit jours des buchers brulèrent nuit et jour » ; ou que « les dépouilles des soldats morts étaient entassés dans des fosses ». Ce qu’ont confirmé quelques autres découvertes de fosses napoléoniennes effectuées au 21e siècle, à l’instar des 3.000 squelettes exhumés à Vilnius (Lituanie) en 2001 (lire Sciences et Avenir n° 663). D’autre part, des documents rapportent que dès la fin des combats, nombreux étaient ceux qui se rendaient sur les champs de bataille pour « dépouiller » les morts, prélever les vêtements des soldats, leurs chaussures, leurs armes, -parfois jusqu’à leurs dents pour en faire des prothèses ! Une collecte d’artefacts revendus en « souvenirs » connue des historiens.


    Dépouillés de leurs vêtements, de leurs biens, de leurs armes et tout ce qui pouvait avoir la moindre valeur, les morts de Waterloo ont été placés dans plusieurs fosses communes... Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Contactés, des spécialistes de l’étude des traitements funéraires des champs de batailles ont rappelé que pour ces périodes napoléoniennes « les sites étaient complètement nettoyés après les batailles, et qu’une quinzaine de charniers sont documentés à travers l’Europe, ce qui ne correspond donc pas une absence totale de corps ». Néanmoins, la question que pose l’archéologue Tony Pollard n’est pas anodine : des milliers d’hommes -et des dizaines de milliers de chevaux- tués sur les champs de bataille des guerres napoléoniennes ont-ils connu, -ou non-, ce destin, que d’avoir au 19e siècle, été transformés en fertilisant agricole ?

    Ce thème peu évoqué semble en fait lié au développement agricole de l’époque. Un sujet sur lequel travaille l’archéologue Ecossais qui a confié à Sciences et Avenir être actuellement en train d’écrire un livre sur le sujet.

    Des sociétés d’engrais ont-elles fait irruption dans les sépultures des guerres napoléoniennes ?

    Pour comprendre, revenons au contexte de l’époque. Au 19e siècle, l’agrochimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873) met en lumière le principe de fertilisation. Pour croître dans de bonnes conditions, les plantes doivent pousser dans un sol riche en azote, en potassium et phosphore. L’idée majeure étant qu’une fois les récoltes effectuées, il fallait rendre à la terre les nutriments prélevés sous peine de voir les sols s’appauvrir. Mais où trouver les précieux minéraux en quantité ? Le fumier procuré par les animaux des fermes jusque-là ne suffisait plus en ces aubes de révolution industrielle et de croissance des populations à nourrir. Pour produire plus, les cultures nécessitaient l’apport de quantités massives de fertilisants.

    Dans les années 1830-1840, les os, très riches en phosphate de calcium, auraient alors été considérés comme d’excellents engrais… Brûlés ou broyés ils étaient répandus dans les champs pour augmenter les rendements. Ainsi bien des fossiles paléontologiques ont-ils fini pulvérisés. Mais ils ne sont pas les seuls, semble-t-il ! Des entreprises anglaises auraient alors pensé au trésor qui se trouvait enfouis sous les champs de bataille... Elles se seraient rendues sur les sites des guerres napoléoniennes pour récupérer les ossements des soldats et chevaux tombés, ensuite broyés et vendus aux agriculteurs britanniques.

    « Des fosses communes ont été vidées par des entrepreneurs à la recherche d’os utilisés comme engrais pour faire de la farine d’os dans la première moitié du 19e siècle. Il existe de nombreux journaux faisant références à cette pratique à l’époque - avec les principaux champs de bataille européens dans lesquels étaient recherchés des tombes contenant de grandes quantités d’os. Leipzig est un autre champ de bataille mentionnés dans ce contexte. Les os ont été expédiés vers des ports tels que celui de Hull en Angleterre, mais également vers l’Écosse, où ils étaient broyés pour être utilisés comme engrais afin de favoriser la croissance des cultures. Seuls les charniers valaient la peine [des fosses contenant des corps en quantité, ndlr] et des contacts locaux ont probablement dû être payés pour identifier l’emplacement de ces sépultures. Ce qui ne veut pas dire que chaque charnier a été traité de cette manière, mais beaucoup semblent l’avoir été », a expliqué à Sciences et Avenir, l’archéologue Tony Pollard, lors d’un précédent échange.

    Auraient ainsi été visités les champs de bataille d’Austerlitz, Waterloo et quelques autres. En 1822, un journal britannique rapportait d’ailleurs : « On estime que plus d’un million de boisseaux d’os humains et inhumains [chevaux, ndlr] ont été importés du continent européen l’année dernière dans le port de Hull. Les quartiers de Leipzig, Austerlitz, Waterloo et de tous les lieux où se sont déroulés les principaux combats de la dernière guerre sanglante ont été balayés de la même façon par les os du héros et du cheval qu’il a montés. Ainsi rassemblés chaque trimestre, ils ont été expédiés au port de Hull, puis acheminés aux broyeurs d’os du Yorkshire, qui ont installé des moteurs à vapeur et des machines puissantes dans le but de les réduire à l’état de granulaire. [..Ils ont été envoyés principalement à Doncaster, l’un des plus grands marchés agricoles de cette partie du pays, et son vendus aux agriculteurs pour qu’ils fassent purifier leurs terres…] »

    Une campagne géophysique « ambitieuse »

    Dans le Journal de la société statistique de Paris, et sa séance du 4 mars 1863, on pouvait lire : « La culture anglaise est tellement pénétrée de l’importance du rôle du phosphate de chaux comme engrais, que des spéculateurs ont fouillé pour elle, tous les champs de bataille de l’Europe, et que récemment encore, des navires apportaient, dans les ports anglais, où elle se vendaient à gros bénéfice, des cargaisons d’ossements humains recueillis en Crimée ».

    Toutes ces matières finirent toutefois par s’épuiser. Ces pratiques auraient cessé dans les années 1860, après une campagne de rumeurs contre les agriculteurs, soulignant qu’ils jetaient les corps de leurs propres enfants dans les champs. Il est à noter que ces mêmes usages, la transformation en engrais, concernèrent les momies égyptiennes rapportées par cargaisons entières -un fait largement confirmé par des documents historiques. A partir de 1841, remplaçant les ossements, ces engrais aurait été recherché dans les îles à guano -des montagnes de déjections d’oiseaux marins- acheminées en Grande-Bretagne et dans l’ensemble de l’Europe depuis les îles Chincha, au large des côtes du Pérou.

    Pour déterminer une fois pour toute si les restes des morts de Waterloo ont fini broyés en « farine d’os », Tony Pollard et ses équipes du « Waterloo Uncovered » souhaitent pouvoir mener dans les années qui viennent, une campagne géophysique « ambitieuse » pour tenter d’identifier les zones où le sol a été perturbé et où aurait pu se trouver l’emplacement d’anciennes fosses… vidangées.

    Le 18 juin 1815, se sont opposés dans la plaine de Waterloo, à 18km au sud de Bruxelles, les forces françaises constituées de 74.000 hommes et 266 canons, aux Forces alliées (195 000 hommes), composées des armées anglo-hollando-Belges : 68.000 hommes, et prussiennes : 127.000 hommes. Débutée à 11h35, la bataille s’est achevée autour de 21h par la défaite des troupes napoléoniennes. Les pertes françaises (tués et blessés) se sont élevées aux alentours de 20.000 hommes, de même que les pertes alliées, 20.000 hommes tués et blessés dont 7.000 prussiens).
    Dictionnaire des batailles de Napoléon, d’Alain Pigeard, editions Taillandier.


    Forces en présence dans la plaine de Waterloo, le 18 juin 1815 (en bleu, les armées napoléoniennes). Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Histoire de plantes : l’engrais des champs de bataille
    Par Marc Mennessier Publié le 30/03/2018
    https://www.lefigaro.fr/jardin/2018/03/30/30008-20180330ARTFIG00257-histoire-de-plantes-l-engrais-des-champs-de-batai

    Le mystère de la disparition des corps des soldats à la bataille de Waterloo enfin résolu ?
    https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-06-22/le-mystere-de-la-disparition-des-corps-des-soldats-a-la-bataille-de-wat

    #capitalisme #agriculture #engrais #chimie #phosphates #guerre #histoire #Belgique #Waterloo #bataille

  • Des sépultures Yamnayas fournissent les premières preuves de la pratique de l’équitation - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-decouverte-d-anciens-cavaliers-yamnayas-suggere-que-les-humains-

    En 2021, une vaste étude dirigée par Ludovic Orlando de l’université Paul Sabatier de Toulouse a établi que le cheval moderne (Equus caballus) a été domestiqué il y a environ 4200 ans dans les steppes de l’ouest de la Russie actuelle. Cependant, dès 3500 avant notre ère, le site de Botaï, en Asie centrale, offre des traces de domestication d’une autre population équine. Les archéologues présument donc que l’élevage de chevaux a pu être pratiqué avant que ne s’impose la lignée plus endurante et plus docile qui va remplacer toutes les autres. Domestication ne rime toutefois pas nécessairement avec équitation, alors comment savoir si ces différentes lignées de chevaux ont pu être utilisées comme montures ? On ne dispose pour le moment d’aucun élément probant du point de vue archéozoologique pour dater cet usage qui constitue pourtant un moment clé de l’histoire humaine. Pour combler cette lacune, une étude publiée dans Science Advances se base sur l’étude de squelettes de la culture Yamnaya, datant d’environ 5000 ans. Retrouvés en Roumanie, en Bulgarie, en Serbie et en Hongrie, certains d’entre eux présenteraient les signes caractéristiques de la pratique de l’équitation. Il s’agirait ainsi de la première preuve archéologique de l’utilisation du cheval comme moyen de locomotion.

  • Sponsianus, l’empereur romain réhabilité grâce à une pièce d’or - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/le-faux-empereur-romain-qui-avait-bel-et-bien-existe-ou-comment-une

    Et ainsi Sponsien fût. Depuis le 19e siècle, quatre pièces d’or romaines sur lesquelles figurait un empereur inconnu du nom de Sponsianus - ou Sponsien - étaient considérées comme des faux en raison de leurs caractéristiques étranges, voire grotesques. Issues d’un petit magot de trente pièces trouvé en 1713 en Transylvanie, elles avaient fini par être rangées au fond d’une armoire, entraînant avec elles dans l’oubli la figure impériale de Sponsianus.

    Une équipe du département des Sciences de la Terre de l’Université de Londres, au Royaume-Uni, pourrait cependant réhabiliter Sponsianus dans l’histoire. Selon le chercheur Paul N. Pearson et son équipe, qui publient leur argumentaire dans la revue Plos One, les monnaies seraient bel et bien authentiques. Par conséquent, l’empereur Sponsianus aurait bien gouverné au 3e siècle après J.-C dans une province isolée de l’Empire, la Dacie, correspondant à une partie de l’actuelle Roumanie.

    Authenticating coins of the ‘Roman emperor’ Sponsian | PLOS ONE
    https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0274285

    The ‘Roman emperor’ Sponsian is known only from an assemblage of coins allegedly found in Transylvania (Romania) in 1713. They are very unlike regular Roman coins in style and manufacture, with various enigmatic features including bungled legends and historically mixed motifs, and have long been dismissed as poorly made forgeries. Here we present non-destructive imaging and spectroscopic results that show features indicative of authenticity. Deep micro-abrasion patterns suggest extensive circulation-wear. Superficial patches of soil minerals bound by authigenic cement and overlain by oxidation products indicate a history of prolonged burial then exhumation. These observations force a re-evaluation of Sponsian as a historical personage. Combining evidence from the coins with the historical record, we suggest he was most likely an army commander in the isolated Roman Province of Dacia during the military crisis of the 260s CE, and that his crudely manufactured coins supported a functioning monetary economy that persisted locally for an appreciable period.

  • La plus grande analyse du patrimoine génétique anglais - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/les-migrations-anglo-saxonnes-ont-durablement-modifie-le-patrimoine

    De l’Angleterre post-romaine, on ne sait pas grand-chose – à tel point que l’on a dénommé « âges obscurs » (dark ages) une partie de la période courant depuis le départ des Romains, au début du 5e siècle, jusqu’à la conquête normande au 11e siècle. Pourtant, dès le 8e siècle, les récits de Bède le Vénérable ont évoqué des invasions « anglo-saxonnes » ayant eu un impact notable sur la population insulaire. Mais les historiens et les archéologues du 20e siècle ont préféré privilégier la théorie d’une population britannique préservant son homogénéité, au point de n’envisager l’arrivée de continentaux que comme une invasion occasionnelle perpétrée par une petite élite guerrière – même si cette hypothèse est loin de suffire à expliquer les nombreux changements qui se sont produits dans la langue et la culture anglaises au cours de cette période.

    Pour vérifier l’ampleur de l’influence anglo-saxonne, une équipe interdisciplinaire de plus de 70 chercheurs, placée sous l’égide de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig (Allemagne) et de l’université du Lancashire central (Grande-Bretagne), a donc décidé de faire parler les gènes ! En menant à bien une impressionnante étude combinant la génétique et l’archéologie, ils confirment qu’une importante migration s’est produite au début du Moyen Âge depuis le nord du continent européen vers le sud et l’est de l’Angleterre. Publiée dans la revue Nature, c’est à ce jour la plus vaste analyse du patrimoine génétique anglais pour la période dite anglo-saxonne.
    Les migrations anglo-saxonnes ont durablement modifié le patrimoine génétique de la population anglaise

    Dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, Bède le Vénérable (vers 672-673 – 735) évoque le premier les invasions en provenance du continent. Selon son récit, la retraite romaine en 410 de notre ère aurait en effet laissé la place libre aux Angles, aux Saxons et aux tribus Jutes alors installées dans ce qui est aujourd’hui l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark, et qui n’ont eu qu’à traverser la mer du Nord pour rejoindre les côtes britanniques. De quoi donner du grain à moudre aux archéologues, aux historiens et aux linguistes, qui ont cependant eu tendance tout au long du 20e siècle à minimiser l’impact de ces migrations.

    Pourtant, des indices significatifs d’une influence « étrangère » sont bien présents en Angleterre, car la période suivant la domination romaine se caractérise par d’importants « changements dans la langue, les modes de peuplement et la culture matérielle », expliquent les chercheurs. Du point de vue linguistique, les langues celtiques et le latin ont en effet été peu à peu remplacés par le vieil anglais, qui est une langue d’origine germanique, comme l’allemand et le néerlandais. Du point de vue architectural, les archéologues ont observé l’apparition en Angleterre de constructions souterraines (Grubenhäuser) ou de grands cimetières de crémation, qui sont également caractéristiques des zones continentales bordant la mer du Nord. Des objets retrouvés en guise de mobilier funéraire (agrafes, broches) ou crématoire (urnes) trahissent également des origines « étrangères », scandinaves notamment, venant se juxtaposer à une culture matérielle proprement insulaire.
    Une analyse génétique de grande ampleur

    Mais ces preuves n’ont pas été jugées suffisantes pour valider la thèse de véritables migrations ; c’est pourquoi de nombreux archéologues du 20e siècle ont privilégié l’hypothèse d’une invasion perpétrée par de petits groupes de guerriers qui auraient réussi à imposer par la force une forme d’acculturation de la population locale – l’adoption de la langue germanique en particulier. Or les quelques analyses génétiques qui étaient jusqu’alors disponibles ne corroborent pas cette thèse, car non seulement les individus identifiés comme étant des migrants étaient enterrés aux côtés d’autochtones, mais ils étaient même moins riches qu’eux !

    Pour en avoir le cœur net, une analyse de grande ampleur s’imposait donc. En guise de référence, les chercheurs ont utilisé les données génétiques de plus de 4.000 Européens anciens et 10.000 Européens actuels. Ils ont pour leur part échantillonné les restes de 460 individus anciens – dont 278 provenant d’Angleterre et 182 issus d’Irlande et du continent (Pays-Bas, Allemagne et Danemark). Ils ont ainsi réussi à identifier dans l’ADN ancien de subtiles différences communes aux groupes autrefois installés sur les côtes de la mer du Nord, ce qui leur a permis de déterminer si les individus sélectionnés avaient une ascendance continentale ou seulement insulaire.
    Le métissage était généralisé dans l’est de l’Angleterre

    Les résultats des analyses génétiques sont sans appel, puisqu’ils ont révélé que près de 75% de la population habitant l’est et le sud de l’Angleterre pendant le haut Moyen Âge (400 – 1000 de notre ère) avait des ancêtres originaires des régions continentales bordant la mer du Nord, correspondant à la Frise (Pays-Bas), à la Basse-Saxe et au Schleswig-Holstein (Allemagne) et à la péninsule du Jutland (Danemark). Qui plus est, ces ancêtres n’avaient pas vécu en vase clos, mais s’étaient largement métissés avec la population insulaire, même si cette forme d’intégration a pu revêtir des formes variables selon les régions et les types de communautés.

    En guise de comparaison, l’ascendance continentale était pratiquement inexistante avant le Moyen Âge – de l’ordre de 1% pendant l’âge du bronze (2500 – 800 avant notre ère) et jusqu’à l’âge du fer (800 avant notre ère – 400 de notre ère). Elle a pu néanmoins augmenter pendant la période romaine, en particulier dans les cités-colonies, comme York (Eboracum), qui ont probablement hébergé une population plus cosmopolite que la population locale.


    Régions sources des migrations anglo-saxonnes vers la Grande-Bretagne au début du Moyen Âge Crédit : Stephan Schiffels et al. / Nature

    La majeure partie des immigrants dans l’Angleterre du début du Moyen Âge étaient originaires des régions continentales bordant la mer du Nord, correspondant à la Frise (Pays-Bas), à la Basse-Saxe et au Schleswig-Holstein (Allemagne), et à la péninsule du Jutland (Danemark). © Stephan Schiffels et al. / Nature
    Une migration à grande échelle sur plusieurs générations

    Les chercheurs parlent donc de « migration à grande échelle », même si elle est géographiquement localisée, car l’ascendance continentale est largement majoritaire dans le centre et l’est de l’île (en particulier dans le Sussex, les Midlands de l’Est et l’Est-Anglie). Elle se raréfie cependant en descendant vers le sud et surtout dans le sud-ouest, et n’apparaît pas du tout en Irlande. L’étude montre également que les vagues migratoires se sont succédées sur une longue période, car il est possible d’observer des variantes dans le degré de métissage de la population.

    Dans le cimetière d’Hatherdene Close, situé dans le Cambridgeshire, reposent aussi bien des personnes d’ascendance 100% continentale, que des individus qui sont presque entièrement, voire complètement d’origine insulaire. Comme l’expliquent les chercheurs, cette hétérogénéité est bien le signe d’"une interaction continue entre la population romano-britannique issue de l’âge du fer et les migrants du continent".

    Ascendance continentale et autochtone en Grande-Bretagne à l\’âge du bronze, à l\’âge du fer et pendant le haut Moyen Âge Crédit : Stephan Schiffels et al. / Nature


    Estimations moyennes de l’ascendance continentale (en rouge) et autochtone (en bleu) des sites britannico-irlandais de l’âge du bronze, de l’âge du fer et du haut Moyen Âge. © Stephan Schiffels et al. / Nature
    Les rites funéraires peuvent aussi témoigner de l’ascendance continentale

    Outre le bagage génétique, les rites funéraires fournissent une autre forme de témoignage de l’ascendance autochtone ou continentale. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence que les femmes ayant une ascendance continentale étaient le plus souvent enterrées avec des objets (des broches ou des perles), à la différence des femmes issues de la population locale. Cette distinction ne s’applique cependant pas aux hommes, qui sont généralement inhumés avec leurs armes, quelle que soit leur origine. L’emplacement et l’orientation des sépultures au sein des cimetières sont également révélateurs du degré d’intégration des nouveaux arrivants, qui varie considérablement selon les sites. Dans certains cas, la séparation entre les personnes dont les ancêtres sont uniquement autochtones et celles issues d’immigrants peut être stricte.

  • Afrique médiévale : Ifé, la puissance évanouie - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/afrique-medievale-ife-la-puissance-evanouie_164607

    C’est l’un des sites les plus fouillés d’Afrique. L’un des plus mystérieux aussi. La cité médiévale d’Ifé, dans le sud-ouest du Nigeria, a laissé des vestiges en forme d’énigme : des fragments d’une ancienne splendeur mêlés aux traces d’un abandon aux allures de sauve-qui-peut. C’est en 1910 que l’explorateur allemand Leo Frobenius met au jour de superbes têtes sculptées en bronze ou en terre cuite. Depuis, une soixantaine ont été découvertes, datant des 12e - 13e siècles.

    « Ce sont probablement des portraits de défunts utilisés dans des rituels de mémoire, note l’archéologue Gérard Chouin, qui codirige les fouilles sous la ville moderne d’Ifé depuis 2015. Le bronze était un métal de prestige, rare en Afrique de l’Ouest. Il témoigne de la puissance de la cité. De même que la taille invraisemblable de cette dernière, qui couvrait à peu près le même espace que la ville actuelle de 500.000 habitants. »

    Les multiples pavements médiévaux exhumés sous l’Ifé contemporaine montrent aussi la sophistication de l’aménagement urbain. Composés d’une myriade de tessons posés de champ, ils permettaient d’évacuer les eaux de pluie. Autre signe de richesse, l’industrie du verre. « C’est la signature technologique d’Ifé. La ville est, pour le Moyen Âge, le seul centre d’Afrique de l’Ouest connu de fabrication de perles de verre. Elle les utilisait comme moyen d’échange, et on les retrouve dans tout le monde sahélien », note le chercheur.

    Un effondrement à cause de la peste ?

    Unique dans le paysage ouest-africain médiéval, l’opulente cité est brutalement désertée dans la deuxième moitié du 14e siècle. L’abandon de ses précieux bronzes laisse entrevoir une panique générale. La végétation recouvrira le site, qui ne sera réoccupé qu’à la fin du 16e siècle. Pourquoi un tel effondrement ?

    Gérard Chouin avance l’hypothèse de la peste venue d’Occident. « Elle a circulé en Afrique du Nord, et des écrits en Éthiopie évoquent des saints pesteux, souligne l’archéologue. Il serait étonnant qu’Ifé n’ait pas été touchée. Mais les sols acides de la région ne nous ont pas encore permis de retrouver des squelettes dont l’ADN pourrait prouver la présence du pathogène. » Le puzzle reste donc entier. Entretemps, la légende a pris le relais de l’histoire : pour le groupe ethnique Yoruba, Ifé est devenue le berceau du monde. Un mythe comme un lointain écho à son ancienne grandeur.

  • Après la bataille de Waterloo, les os des morts utilisés dans l’industrie alimentaire pour filtrer le sirop de sucre
    François Braibant - RTBF
    https://www.rtbf.be/article/apres-la-bataille-de-waterloo-les-os-des-morts-utilises-dans-lindustrie-aliment

    Nos ancêtres étaient-ils des cannibales qui s’ignoraient ? A Waterloo en tout cas, les cadavres du champ de bataille ont servi à fabriquer du sucre ! C’est la découverte de deux historiens belge et allemand et d’un archéologue britannique. Cette découverte explique pourquoi il est si rare de découvrir un squelette sur le site de cette immense bataille.

    A Waterloo, le 18 juin 1815, entre dix et trente mille soldats sont tués. Où sont leurs cadavres ? Les archéologues en retrouvent très peu. Dans les années qui ont suivi la bataille, les paysans les ont déterrés et vendus. Qui a pu acheter ça ? L’industrie sucrière ! Le sucre de betterave vient d’être inventé. Ce sucre-là, il faut le clarifier. C’est à ça que vont servir les cadavres. Les os sont cuits dans des fours pour en faire une poudre, du « noir animal », qui filtre le sirop de sucre.


    Noir animal en poudre, utilisé aujourd’hui comme pigment RTBF – François Braibant

    Ce produit existe toujours, même si en Europe, il n’est plus utilisé par l’industrie sucrière. « Vers 1820 » raconte l’historien liégeois Bernard Wilkin, « du côté de Waterloo, la betterave supplante le froment. L’industrie sucrière s’installe, avec des fours à ossements. La valeur marchande des os - théoriquement animaux - s’envole. Cette valeur ne peut pas laisser indifférents les paysans du coin, souvent désargentés, qui savent très bien où se trouvent les charniers de la bataille. » Dès 1834, les sources écrites montrent que les incidents se multiplient. Des voyageurs rapportent avoir vu déterrer les cadavres. Des parlementaires dénoncent le trafic « d’os putrides » . Et le bourgmestre de Braine l’Alleud avertit par affiche : ces exhumations sont interdites et punissables.

    « On a un géologue allemand qui voit des paysans déterrer des ossements. Soi-disant des ossements de chevaux, mais il y en a un qui rigole, qui parle des soldats de la garde impériale, qui sont grands, dont les os se confondent facilement avec ceux des chevaux. Et dans les archives communales, le bourgmestre de Braine-l’Alleud parle clairement d’exhumations de cadavres pour en faire commerce. Il avertit la population de sa commune et des communes avoisinantes et rappeler que l’article 360 du Code pénal punit ces exhumations. Il destine cet avertissement aux cultivateurs et propriétaires terriens. » Personne, selon Bernard Wilkin, ne sera arrêté pour ces exhumations illégales.

    Le noir animal a rapporté énormément d’argent. Il s’agit de « centaines de milliers de francs de l’époque, plusieurs fois ce qu’un ouvrier peut gagner dans une vie. » L’un des procédés pour fabriquer le sucre impliquait de mélanger le noir animal à la préparation. De l’os humain s’est bien retrouvé il y a 200 ans dans les pâtisseries de nos ancêtres… selon l’historien plus cyniques que cannibales.

    #sucre #os #ossements #squelettes #Waterloo #Chimie #industrie #betterave #capitalisme

    • Les morts de Waterloo ont-ils été transformés en fertilisant agricole ? - Sciences et Avenir
      . . . . .
      « Des fosses communes ont été vidées par des entrepreneurs à la recherche d’os utilisés comme engrais pour faire de la farine d’os dans la première moitié du 19e siècle. Il existe de nombreux journaux faisant références à cette pratique à l’époque - avec les principaux champs de bataille européens dans lesquels étaient recherchés des tombes contenant de grandes quantités d’os. Leipzig est un autre champ de bataille mentionnés dans ce contexte. Les os ont été expédiés vers des ports tels que celui de Hull en Angleterre, mais également vers l’Écosse, où ils étaient broyés pour être utilisés comme engrais afin de favoriser la croissance des cultures. Seuls les charniers valaient la peine [des fosses contenant des corps en quantité, ndlr] et des contacts locaux ont probablement dû être payés pour identifier l’emplacement de ces sépultures. Ce qui ne veut pas dire que chaque charnier a été traité de cette manière, mais beaucoup semblent l’avoir été », a expliqué à Sciences et Avenir, l’archéologue Tony Pollard, lors d’un précédent échange. 

      Auraient ainsi été visités les champs de bataille d’Austerlitz, Waterloo et quelques autres. En 1822, un journal britannique rapportait d’ailleurs : « On estime que plus d’un million de boisseaux d’os humains et inhumains [chevaux, ndlr] ont été importés du continent européen l’année dernière dans le port de Hull. Les quartiers de Leipzig, Austerlitz, Waterloo et de tous les lieux où se sont déroulés les principaux combats de la dernière guerre sanglante ont été balayés de la même façon par les os du héros et du cheval qu’il a montés. Ainsi rassemblés chaque trimestre, ils ont été expédiés au port de Hull, puis acheminés aux broyeurs d’os du Yorkshire, qui ont installé des moteurs à vapeur et des machines puissantes dans le but de les réduire à l’état de granulaire. [..Ils ont été envoyés principalement à Doncaster, l’un des plus grands marchés agricoles de cette partie du pays, et son vendus aux agriculteurs pour qu’ils fassent purifier leurs terres…] »
      . . . . .
      Source : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/les-morts-de-waterloo-ont-ils-ete-transformes-en-fertilisant-agrico

    • Curieux qu’il ait fallu rechercher un médecin allemand, afin d’accuser les pauvres (les riches consommaient du sucre de canne) de cannibalisme.
      Ce médecin pourrait nous éclairer sur ce que sont devenus les restes des dépouilles passés par les fours crématoires de son pays.

  • Salut à toi, fan de culture et de cartes antiques.

    Aujourd’hui je te propose d’aller explorer les détails de la #carte de Fra Mauro, un #planisphère réalisé sur un #parchemin circulaire durant les années 1450 par un moine camaldule italien.
    Mesurant près de deux mètres de diamètre, sa version originale est conservée à la Biblioteca nazionale Marciana de Venise, tandis qu’une copie est exposée au #musée Galilée à Florence.
    Il est possible d’explorer en haute résolution - photos et des vidéos à l’appui - les informations textuelles et graphiques ici :

    https://mostre.museogalileo.it/framauro/en/interactive-exploration/explore.html

    La carte de Fra Mauro est considérée comme l’une des œuvres les plus importantes de l’histoire de la #cartographie, réalisée juste avant les grandes navigations des Portugais et des Espagnols. C’est donc sur les récits de voyage de Marco Polo (1254-1324) et Niccolò dè Conti (1395-1469) qu’elle s’est appuyée. Elle intègre également la géographie de Ptolémée, un astronome d’Alexandrie du 2e siècle que l’on considère comme l’un des pères de la géographie. Ses cartes précises, redécouvertes à la fin du 14e siècle, vont changer la façon de voir le #monde à l’époque.

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/patrimoine/numerisee-la-somptueuse-carte-medievale-de-fra-mauro-s-explore-dans

    • J’ai mis un sacré moment à comprendre cette inversion nord-sud ! C’est en finissant par trouver la « mare mediterraneu » que ça a fait tilt ! (bon sang, la botte de l’Italie, mais elle est « à l’envers » !).

      Et oui, c’est assez bluffant comme précision, quoi que j’ignore ce que valaient les autres productions de l’époque ou un peu avant. Est-ce qu’il y a un saut qualitatif important avec cette carte ? Je ne saurais dire, n’y connaissant pas grand chose.

    • Alors en fait la réponse est un peu (beaucoup) sur le même site. Va à l’étape 5, tu va voir une frise chronologique des mappemondes de 700 et quelques jusqu’autours de 1470. Et là tu te dis que ah oui, la carte de Fra Mauro elle a quelques longueurs d’avance.

    • C’est vrai qu’il y a une sacrée différence de précision...

      A l’exception des cartes catalanes peut être. Enfin je précise, la partie ouest de l’Atlas Catalan de 1375 me parait incroyable précis aussi (pour l’époque) côté occident/Afrique du nord (A partir du moyen jusqu’à l’extrême orient tu voyais que les gars ils y allaient à l’aventure par contre...).

      Et la seule où je retrouve ce niveau de précision est le planisphère catalan de 1460...qui est aussi le seul ou je retrouve peut être un peu de Fra Mauro d’ailleurs.

      Le reste...m’impressionne beaucoup moins.

    • explication de l’orientation Sud en haut:

      The orientation of the map by Fra Mauro (active ca. 1430-ca. 1459/1464), with the south at the top, may be its most immediately striking and intriguing characteristic to the modern observer, who may find the arrangement confusing. Because we are accustomed to reading maps with the north at the top, it can be difficult at first to make sense of the relations among the land masses. Map orientation is a convention that has undergone numerous changes over the centuries. Most world maps designed between 1150 and 1500, for example, are oriented with the east at the top, both because the sun—associated in Christian cosmology with Christ—rises in the east, and because it was believed that the Garden of Eden was located in that direction.

      Still, Christian cosmology also found reason to orient maps toward the south. Eden, the Earthly Paradise, was indeed thought to be in the east, but at an unspecified location somewhere in the Southern Hemisphere, in correspondence to the Heavenly Paradise, which was held to stand at the peak of all the celestial spheres, and thus be rightly positioned at the uppermost part of cosmological diagrams. Among the world maps of Fra Mauro’s time, a Southern orientation is featured in the 1448 world map by Andreas Walsperger, in the so-called “Borgia World Map” produced during the first half of the 15th century, and in the “Zeitz World Map” from the last quarter of that century.

      A Southern orientation is also common in Medieval Islamic maps, perhaps in accordance with Aristotle’s description, in De caelo, of the Antarctic Pole as the highest point in the universe. Fra Mauro provides no explanation for the south-up orientation of his map, no doubt presuming to adopt a widely shared convention of using the Sun at its peak—the most prominent astronomical element along with the Pole Star—to precisely determine the direction of the meridian passing through the Earth’s poles.
      https://mostre.museogalileo.it/framauro/en/historical-context/the-world-map/south-up-orientation.html

    • on continue ?

      https://www.openculture.com/2022/05/how-did-cartographers-create-world-maps-before-airplanes-and-satellites

      https://invidious.fdn.fr/latest_version?id=AJBBVQrRwqo&itag=22

      Regular readers of Open Culture know a thing or two about maps if they’ve paid attention to our posts on the history of cartography, the evolution of world maps (and why they are all wrong), and the many digital collections of historical maps from all over the world. What does the seven and a half-minute video above bring to this compendium of online cartographic knowledge? A very quick survey of world map history, for one thing, with stops at many of the major historical intersections from Greek antiquity to the creation of the Catalan Atlas, an astonishing mapmaking achievement from 1375.

      The upshot is an answer to the very reasonable question, “how were (sometimes) accurate world maps created before air travel or satellites?” The explanation? A lot of history — meaning, a lot of time. Unlike innovations today, which we expect to solve problems near-immediately, the innovations in mapping technology took many centuries and required the work of thousands of travelers, geographers, cartographers, mathematicians, historians, and other scholars who built upon the work that came before. It started with speculation, myth, and pure fantasy, which is what we find in most geographies of the ancient world.

      Then came the Greek Anaximander, “the first person to publish a detailed description of the world.” He knew of three continents, Europe, Asia, and Libya (or North Africa). They fit together in a circular Earth, surrounded by a ring of ocean. “Even this,” says Jeremy Shuback, “was an incredible accomplishment, roughed out by who knows how many explorers.” Sandwiched in-between the continents are some known large bodies of water: the Mediterranean, the Black Sea, the Phasis (modern-day Rioni) and Nile Rivers. Eventually Eratosthenes discovered the Earth was spherical, but maps of a flat Earth persisted. Greek and Roman geographers consistently improved their world maps over succeeding centuries as conquerers expanded the boundaries of their empires.

      Some key moments in mapping history involve the 2nd century AD geographer and mathematician Marines of Tyre, who pioneered “equirectangular projection and invented latitude and longitude lines and mathematical geography.” This paved the way for Claudius Ptolemy’s hugely influential Geographia and the Ptolemaic maps that would eventually follow. Later Islamic cartographers “fact checked” Ptolemy, and reversed his preference for orienting North at the top in their own mappa mundi. The video quotes historian of science Sonja Brenthes in noting how Muhammad al-Idrisi’s 1154 map “served as a major tool for Italian, Dutch, and French mapmakers from the sixteenth century to the mid-eighteenth century.”

      https://invidious.fdn.fr/latest_version?id=wIIcsSMQp7Q&itag=22

      The invention of the compass was another leap forward in mapping technology, and rendered previous maps obsolete for navigation. Thus cartographers created the portolan, a nautical map mounted horizontally and meant to be viewed from any angle, with wind rose lines extending outward from a center hub. These developments bring us back to the Catalan Atlas, its extraordinary accuracy, for its time, and its extraordinary level of geographical detail: an artifact that has been called “the most complete picture of geographical knowledge as it stood in the later Middle Ages.”

      Created for Charles V of France as both a portolan and mappa mundi, its contours and points of reference were not only compiled from centuries of geographic knowledge, but also from knowledge spread around the world from the diasporic Jewish community to which the creators of the Atlas belonged. The map was most likely made by Abraham Cresques and his son Jahuda, members of the highly respected Majorcan Cartographic School, who worked under the patronage of the Portuguese. During this period (before massacres and forced conversions devastated the Jewish community of Majorca in 1391), Jewish doctors, scholars, and scribes bridged the Christian and Islamic worlds and formed networks that disseminated information through both.

      In its depiction of North Africa, for example, the Catalan Atlas shows images and descriptions of Malian ruler Mansa Musa, the Berber people, and specific cities and oases rather than the usual dragons and monsters found in other Medieval European maps — despite the cartographers’ use of the works like the Travels of John Mandeville, which contains no shortage of bizarre fiction about the region. While it might seem miraculous that humans could create increasingly accurate views of the Earth from above without flight, they did so over centuries of trial and error (and thousands of lost ships), building on the work of countless others, correcting the mistakes of the past with superior measurements, and crowdsourcing as much knowledge as they could.

      https://www.openculture.com/2022/05/how-did-cartographers-create-world-maps-before-airplanes-and-satellites

  • Un Français déchiffre une écriture de plus de 4000 ans - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/breaking-the-code-en-craquant-une-ecriture-non-dechiffree-vieille-d

    Les plus anciens exemples d’écriture connus à ce jour proviennent de Mésopotamie (Irak actuel) et remontent à l’Age du Bronze, vers 3300 ans av. J.-C. : il s’agit des tablettes proto-cunéiformes. Or le déchiffrement de l’élamite linéaire remet en question cette suprématie ! "Nous découvrons en effet que vers 2300 av.J.-C., un système d’écriture parallèle existait en Iran, et que sa version la plus ancienne - appelée l’écriture proto-élamite, (3300 av. J.C- 2900 av. J.C) – remontait aussi loin dans le temps que les premiers textes cunéiformes mésopotamiens ! précise François Desset. Aussi, je peux aujourd’hui affirmer que l’écriture n’est pas d’abord apparue en Mésopotamie puis plus tard en Iran : ces deux systèmes, le proto-cunéiforme mésopotamien et le proto-élamite iranien, ont en fait été contemporains ! Il n’y a pas eu une écriture mère dont le proto-élamite serait la fille, il y a eu deux écritures sœurs. D’autre part, en Iran, il n’y a pas eu non plus deux systèmes d’écritures indépendantes comme les spécialistes le pensaient jusque-là, avec le proto-élamite d’un côté et l’élamite linéaire de l’autre, mais une même écriture qui a été soumise à évolution historique et a été transcrite avec des variations au cours de deux périodes distinctes."

    Ce qui change complètement la perspective sur l’apparition du système d’écriture au Proche Orient puisqu’il est désormais plus exact de dire que l’Iran a développé son propre système d’écriture « en même temps » qu’en Mésopotamie et que le plateau iranien ne devrait plus être ignoré désormais dans les reconstitutions historiques traitant des origines de l’écriture...

    Ainsi, à titre d’exemple, le décryptage d’un magnifique vase en argent découvert dans la région de Marv Dasht dans les années 1960 et conservé à l’heure actuelle au Musée National à Téhéran (Iran), où l’on peut désormais lire : « A la dame de Marapsha [toponyme], Shumar-asu [son nom], j’ai fait ce vase en argent. Dans le temple qui sera célèbre par mon nom, Humshat, je l’ai déposé en offrande pour toi avec bienveillance » . Le résultat d’années de travail acharné. « Je travaille sur ces systèmes d’écriture depuis 2006, explique le chercheur à Sciences et Avenir. Je ne me suis pas levé un matin en me disant que j’avais déchiffré l’élamite linéaire. Cela m’a pris plus de 10 ans et je n’ai jamais été certain que je parviendrais au but. »

    L’écriture élamite linéaire note une langue particulière, l’élamite. Il s’agit d’un isolat linguistique ne pouvant être rattaché à l’heure actuelle à aucune autre famille linguistique connue, à l’exemple du basque. "Jusqu’à ce déchiffrement, tout ce qui concernait les populations occupant le Plateau iranien provenait d’écrits mésopotamiens. Ces nouvelles découvertes vont enfin nous permettre d’accéder au propre point de vue des hommes et femmes occupant un territoire qu’ils désignaient par Hatamti, alors que le terme d’Elam par lequel nous le connaissions jusque-là, ne correspond en fait qu’à un concept géographique externe, formulé par leurs voisins Mésopotamiens".

    Cette percée du déchiffrement à des implications importantes dans trois domaines, a poursuivi François Desset : "sur l’histoire iranienne ; sur le développement de l’écriture en Iran en particulier, et au Proche-Orient en général, avec des considérations sur la continuité entre les systèmes d’écriture proto-élamite et élamite linéaire ; et sur la langue hatamtite (élamite) elle-même, désormais mieux documentée dans sa forme la plus ancienne et rendue désormais accessible pour la première fois par un système d’écriture autre que le cunéiforme mésopotamien.

    Quant à François Desset, il s’est déjà lancé dans le déchiffrement de l’état le plus ancien de l’écriture iranienne, les tablettes proto-élamites, pour lesquelles il considère avoir désormais ouvert une "autoroute".

  • La carte de la #mémoire statuaire par Christian Grataloup - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-carte-de-la-memoire-statuaire-par-christian-grataloup_145329

    Les pratiques mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. Il suffit de nommer. Plutôt que de numéroter les rues ou les établissements (scolaires, hospitaliers, militaires, etc.), on leur donne un nom, le plus souvent celui d’une personne, décédée de préférence. La dépense se limite à quelques plaques. On retrouve aussi ces dénominations sur les papiers à en-tête ou les cartes de visites, dans la mesure où subsistent encore ces pratiques prénumériques. Quel effet cela a-t-il pour le souvenir du (rarement de la) disparu(e) ? Très certainement peu de choses. Beaucoup de résidents ignorent qui était l’illustre dont leur adresse porte le patronyme et avouent souvent ne pas même s’être posé la question. Habiter avenue des tilleuls ou rue Gambetta ne change rien à la vie quotidienne ou aux représentations qu’on se fait de sa propre géographie. Littéralement, le plan de la ville n’est pas une carte-mémoire.

    #traces #statues #déboulonage

    • Les #pratiques_mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. Il suffit de nommer. Plutôt que de numéroter les rues ou les établissements (scolaires, hospitaliers, militaires, etc.), on leur donne un #nom, le plus souvent celui d’une personne, décédée de préférence. La dépense se limite à quelques #plaques. On retrouve aussi ces #dénominations sur les papiers à en-tête ou les cartes de visites, dans la mesure où subsistent encore ces pratiques prénumériques. Quel effet cela a-t-il pour le souvenir du (rarement de la) disparu(e) ? Très certainement peu de choses. Beaucoup de résidents ignorent qui était l’illustre dont leur adresse porte le #patronyme et avouent souvent ne pas même s’être posé la question. Habiter avenue des tilleuls ou rue Gambetta ne change rien à la vie quotidienne ou aux représentations qu’on se fait de sa propre #géographie. Littéralement, le plan de la ville n’est pas une carte-mémoire.

      "Ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !"

      Je me souviens avoir, il y a plus de quarante ans, enseigné dans un collège (un CES alors) de ce qui était la banlieue rouge. La municipalité communiste lui avait donné le nom de #Marcel_Cachin. Lorsque la vie politique française du XXe siècle figurait dans les programmes, je me faisais un devoir de citer l’homme politique communiste, longtemps directeur de L’Humanité. Je n’ai jamais rencontré un élève qui en avait au préalable une vague connaissance. Pourtant, cela faisait moins de vingt ans qu’il était décédé et l’environnement politique local aurait pu favoriser ce culte du héros. L’ignorance était aussi profonde dans l’établissement voisin baptisé (si j’ose dire) Eugénie Cotton. Chose amusante, il est plusieurs fois arrivé que des élèves s’écrient : "ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !". On pourrait imaginer une dystopie où il serait possible d’effacer le passé, ce qui ferait disparaître tous les lieux portant le nom évanoui. L’abolition historique générant l’abolition géographique. L’amnésie gommant la carte.

      En supprimant une statue, ne serait-on pas quelque peu dans un processus de même nature, mais inversé ? Effacer la #matérialisation d’une mémoire, ce n’est plus, bien sûr, la glorifier, mais ce n’est pas non plus montrer quelles nuisances, quelles souffrances elle avait occultées. Passé le bref moment de satisfaction qu’apporte le sentiment d’avoir infligé une juste punition, comment pourra-t-on rappeler au quotidien ces nuisances et ces souffrances ? En érigeant d’autres statues, jusqu’à ce que plus tard d’autres mécontentements finissent par les prendre pour cibles, soit par regret des #célébrations antérieures, soit, plus probablement, parce que les personnages ou les actes célébrés apparaissent trop tièdes, trop ambigus. Ce sont les actuelles mésaventures de #Victor_Schœlcher, dont les représentations n’ont d’autres buts que de rappeler l’abolition de l’#esclavage (sinon, qui se souviendrait de cet assez modeste personnage politique du XIXe siècle ?), raison qui lui a valu d’être, avec #Félix_Eboué, panthéonisé en 1949 (et sa tombe fleurie par Mitterrand en 1981).

      Contextualiser et non effacer

      La colère qui aboutit au renversement d’une statue est d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les comptes du passé qui sont réglés, mais des souffrances bien contemporaines qui s’expriment. S’attaquer à la mémoire des traites négrières et de leurs acteurs hurle la blessure constamment rouverte du racisme subi au quotidien. Mais en tentant de changer la mise en scène du passé – qui ne passe pas, selon la formule consacrée -, c’est la mémoire qui risque de disparaître, pas le racisme présent qui n’a nul besoin de profondeur historique.

      De fait, tous les historiens et autres spécialistes de sciences sociales ne cessent de dire qu’il faut avant tout contextualiser et non effacer. Bien sûr, je ne peux y manquer. Mais je contenterai d’un seul critère de mise en situation : éviter de réduire une personne et sa statue à une symbolique marginale dans ce qu’elles peuvent représenter. En 2005, la célébration du bicentaire de la victoire d’Austerlitz a avorté. Cela pouvait se comprendre par refus d’une exaltation militariste et impérialiste. Mais le grand reproche fait alors à Napoléon a été d’avoir rétabli l’esclavage aux colonies trois ans avant la bataille. Ce retour en arrière sur un acquis majeur de la Révolution, même s’il n’avait guère eu d’effet concret, est évidemment un acte honteux. Mais ce n’est vraiment pas pour cela qu’on a érigé des statues de l’empereur. La situation est la même pour la figure du roman national la plus honnie aujourd’hui : Jean-Baptiste Colbert. On peut le détester pour les mêmes raisons qui ont fait réinventer son personnage par la 3ème République : le fait qu’il soit un maillon essentiel dans la chaîne des bâtisseurs de l’Etat central. Le roman national en faisait un modèle à suivre pour les petits écoliers, en vantant sa capacité de travail : l’imagerie le montrait entrant dans son bureau très tôt le matin et se frottant les mains pour exprimer son plaisir de voir d’énormes piles de dossiers à travailler. Le colbertisme n’a que marginalement à voir avec le Code noir dont la haine dont il est l’objet témoigne d’abord d’une totale décontextualisation. Certes, il vaut mieux prendre des symboles qui tiennent la route et Christiane Taubira a très justement tranché sur la mémoire de Colbert en insistant sur les raisons toutes autres de sa célébration. Sacrifier la statue qui trône devant l’Assemblée nationale (d’ailleurs une copie) n’aurait pas grand sens et n’aboutirait qu’à provoquer d’inutiles divisions.

      Les oubliées, les opprimées, les minoritaires

      L’ancien contrôleur général des finances de Louis XIV connaît ainsi un bref moment de « popularité » qui n’a pas grand rapport avec la patrimonialisation généralisée dans laquelle nous baignons depuis au moins trois décennies. Dans un monde où toute ancienne usine, toute petite zone humide, toute vieille ferme est célébrée comme un lieu de mémoire si sa destruction est envisageable, ne resterait-il que les statues qu’il faudrait effacer ? Alors que, dans l’ensemble, on ne leur prête généralement aucun intérêt et que même ceux qui passent régulièrement devant elles ne s’y intéressent pas le moins du monde. Une solution est aujourd’hui souvent prônée : ériger nouvelles statues célébrant les oubliées, les opprimées, les minoritaires. Vu que l’immense majorité de la statuaire publique (et encore, compte non tenu des monuments aux morts militaires) représente des hommes blancs, souvent vieux, la tâche est impressionnante, digne d’une relance économique hyper-keynésienne. Mais les sommes monumentales (désolé, le jeu de mot est tentant) nécessaires ne seraient-elles pas mieux employées à remettre à flots les hôpitaux publics ? Il est vrai que ce serait sans doute un facteur de réindustrialisation, les bronziers ayant largement disparu du territoire national.

      Lorsque le président sénégalais #Abdoulaye_Wade a voulu ériger sur les #collines_des_Mamelles, près de #Dakar et face à l’Atlantique, l’énorme groupe statuaire qu’est le monument de la #Renaissance_africaine (52 mètres de haut, en bronze et cuivre), un seul pays s’est montré capable de relever le défi technique : la Corée du Nord. Statufier les mémoires est chose difficile. Deux passés particulièrement douloureux, la Shoah et les traites négrières se livrent à ce qu’il est convenu d’appeler une concurrence mémorielle. Des lieux ont pu être ainsi fabriqués, ainsi la maison des esclaves de Gorée où sans doute peu d’esclaves sont passés, mais peu importe. D’autres subsistent, comme la cité de la Muette à Drancy qui fut l’antichambre d’Auschwitz. Neuf juifs sur dix déportés de France passèrent par le camp de Drancy. En 2006 une sorte de jumelage mémoriel fut mis en place entre les municipalités de Gorée et de Drancy avec l’érection de deux groupes statuaires, un dans chaque lieu, réalisés par deux artistes guadeloupéens, Jean et Christian Moisa. Mais les deux célèbrent la fin de l’esclavage, pas la libération des camps.

      Finalement, la statue la plus durable serait celle qui n’a pas de corps. Grace aux déboulonnages opérés durant l’occupation pour fournir des métaux rares aux Allemands, ont longtemps subsisté sur bien des places de France, des socles vides, pourvu néanmoins d’une plaque. La solution a été adoptée pour un des très récents ensembles de statues érigées à Paris : le monument aux 549 soldats français morts en #Opex inauguré le 11 novembre 2019 par le président Macron. Le cercueil porté par les 6 soldats de bronze est non seulement vide, mais il n’existe pas. La statue idéale.

      #statues #Christian_Grataloup #toponymie_politique #effacement #contextualisation

      ping @albertocampiphoto @isskein

  • Le patriarcat chez nos ancêtres est une invention sexiste d’archéologues hommes - VICE
    https://www.vice.com/amp/fr/article/wjv8j4/le-patriarcat-chez-nos-ancetres-est-une-invention-sexiste-darcheologues-hommes

    Vous avez « fouillé » pendant 10 ans. Votre livre, lui, se base sur les fouilles archéologiques menées par vos confrères dans 1733 tombes champenoises, datées de - 600 à - 200. Vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ?
    Grâce aux tests ADN, on sait désormais avec certitude que certains hommes ont été enterrés avec des objets de parure, par exemple. Durant une période, des femmes ont également été ensevelies sous de grands tumulus avec des chars [supposément destinés à la guerre, ndlr], des offrandes animales et des céramiques, ce qui suppose un investissement important de la communauté. Par ailleurs, le seul druide (personnage qui aurait détenu du savoir et donc du pouvoir) dont on aurait hypothétiquement retrouvé la tombe a été incinéré : il est donc impossible de connaître son sexe.

    Ces vestiges funéraires sont donc insuffisants pour connaître les rôles sociaux de chacun. Par exemple, les objets de parure sont associés à l’élégance et à la féminité alors qu’ils sont peut-être symboles de pouvoir, de rang social ou d’identité communautaire. Nous-mêmes portons bien des vêtements différents en fonction de notre genre, certes, mais aussi de notre âge, de notre classe sociale, de la quantité d’argent que l’on dépense dans le paraître. Scientifiquement, on ne sait pratiquement rien de l’organisation de ces sociétés et des rapports sociaux en fonction du genre des individus. Je suis persuadée que, sans textes d’époque, on ne pourra jamais vraiment répondre à ces interrogations.

    • Une archéologue préhistorienne de l’auditoire a profité de votre intervention à la BNF pour rappeler que son champ d’étude est également peu perméable aux questions de genre, notamment « parce que ce sont des abbés qui ont fait toutes les premières découvertes ». C’est donc une constante de l’archéologie ?

      La gender archeology est portée à 90 % par des femmes, on le constate à chaque colloque. La notion de « genre » (comme outil théorique et méthodologique) nous permet de questionner la différenciation des sexes qui semblait « normale » aux chercheurs depuis deux siècle. Penser que des femmes puissent avoir tenu des rôles divers dans les sociétés anciennes questionne l’ordre établi. C’est déjà subversif.

      D’une manière générale, l’archéologie est encore dominée par des hommes. Il se trouve que la plupart ne se posent pas les mêmes questions, ne regardent pas les choses de la même manière que les femmes. Ils considèrent que leur position est objective, comme doit l’être la science – bien que l’étude des vestiges celtes montrent que les archéologues portaient aussi une idéologie. Les études de genre, elles, peuvent être vues à tort comme « militantes » et « non-scientifiques ».

      Ajouter à la compilation #archéologie et #sexisme :
      https://seenthis.net/messages/633249

    • @mad_meg je me suis fait la même réflexion. Il y a à la fois plein de boulot à faire en archéologie et anthropologie pour avoir une meilleure vision des répartitions des activités dans les autres cultures, c’est sûr, mais ce n’est pas pour autant que tout d’un coup le patriarcat ne serait que dans l’époque moderne. En même temps c’est un titre de Vice hein… on allait pas voir « le patriarcat chez certains de nos ancêtres… » ou ce genre de subtilités :)

    • Dans le livre d’Eliane Viennot, elle met au jour un point intéressant, le fait que la laideur soit une appropriation masculine pour se démarquer de la « beauté » des femmes. Elle ajoute que la mode vestimentaire masculine actuelle est héritière de cette dichotomie des genres.
      Mais effectivement @mad_meg, retrouver perruque et dentelles dans la tombe d’un bourgeois de la cour de louis XIV ne fait pas de cette période un moment égalitaire :)
      Cependant, scientifiquement et grâce à l’ADN, l’archéologie est bien obligée de remettre en question ses biais de genre. Je pense à ces tombes vikings qui sont maintenant reconnues comme étant celles de femmes de pouvoir.
      https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/des-guerrieres-vikings-ont-existe-la-preuve-par-la-genetique_116284

    • Le patriarcat chez nos ancêtres est une invention sexiste d’archéologues hommes

      Ce n’est pas une tournure très heureuse, mais partant du fait que le passé s’écrit au présent, je dirais que les archéologues ont voulu inscrire l’Histoire sous le biais de leur genre et de leur époque, c’est à dire en oblitérant le plus souvent l’existence ou le rôle des femmes. Tout archéologue véhicule sa propre histoire jusque dans ses découvertes. Les interprétations des découvertes archéologiques ont permis de maintenir une continuité dans l’idéologie dominante, de dessiner la courbe d’un soit disant progrès ou d’une organisation sociale ancienne qui aurait perduré, comme le patriarcat et la domination des femmes.
      Donnant ainsi des arguments pour poursuivre la domination des femmes et assurer leur asservissement jusqu’à aujourd’hui.
      Je compare cette situation avec « l’oubli » des pharaons noirs.

      Penser que des femmes puissent avoir tenu des rôles divers dans les sociétés anciennes questionne l’ordre établi. C’est déjà subversif.
      Chloé Belard

    • @cjldx ce qu’on essaye de documenter sur seenthis et que j’ai essayé de faire le plus poliment ici même, c’est l’infini du #mansplaining. Situation que tu sembles considérer de ton poste masculin comme une curiosité sémantique à analyser et que nous nous prenons en tant que femme et personnellement #every_day_dans_la_gueule. Tu parles de documentation, on parle de notre mort programmée par les hommes.

    • Je ne me méprends pas et je reconnais que ce qui se nomme « le point de vue » est bien l’endroit d’où l’on regarde. Et cela reste dans le sujet de cette discussion sur le biais genré des interprétations, en l’occurrence celui des dominants.

  • Une 5e espèce humaine découverte - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/une-5e-espece-humaine-decouverte_132890

    Place, faites place dans l’arbre des homininés à Homo luzonensis ! Ce cousin préhistorique vivait sur l’ile de Luzon, au nord des Philippines, il y a 50.000 ans, au moment où nos ancêtres Homo sapiens, mais aussi les néandertaliens, les Hommes de Denisova, et les Hommes de Florès vivaient, chassaient, dormaient... Ce qui signifie que pas moins de cinq espèces du genre Homo se partageaient la planète à l’époque.. dont ne subsiste que la nôtre aujourd’hui (Lire notre Hors série n°183, la grande histoire de l’Humanité). La nouvelle espèce a été décrite par une équipe internationale, dirigée par Florent Détroit, du Musée de l’Homme. (MNHN) à partir de quelques restes patiemment extirpés du sol de la grotte de Callao entre 2007 et 2015. En tout et pour tout, six dents, un morceau de fémur, deux phalanges de main, et trois os de pied.
    Des prémolaires très instructives

    C’est maigre, certes. Mais extraordinaire, pourtant. Car ces fossiles, datés de -50.000 ans à -67.000 ans, et dûment comparés, s’avèrent à nuls autres pareils. Prenez les dents d’Homo luzonensis : ses prémolaires ont trois racines, alors que chez l’homme moderne, il n’y en a qu’une, parfois deux. Elles ont beau être petites -un trait très sapiens- elles ressemblent plutôt à des dents d’australopithèques, (telle Lucy -4 millions d’années), ou d’Homo très anciens (comme Homo habilis, -2,5 millions d’années). « Un individu possédant ces caractéristiques combinées ne peut être classé dans aucune des espèces connues aujourd’hui », explique le paléontologue Florent Détroit, dont la découverte fait la Une du magazine Nature du 11 avril ! (Voir vidéos 1 à 5).

    En résumé, il y a eu plusieurs espèces d’hominidés sur la planète, mais ce sont les plus cons et les plus méchants qui ont niqué les autres. Et dans cette espèce, selon toute vraisemblance, nous appartenons à la civilisation des plus cons et des plus méchants…

  • Mexique, découverte d’un temple dédié à une divinité Aztèque - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/mexique-decouverte-d-un-temple-dedie-a-une-divinite-azteque_130614


    FRAGMENT DE SCULPTURE REPRÉSENTANT LE TORSE DU DIEU PRÉHISPANIQUE XIPE TÓTEC RETROUVÉ DANS LE 1ER TEMPLE DÉDIÉ À CETTE DIVINITÉ, DÉCOUVERT LE 12 OCTOBRE 2018.
    INAH/AFP - MELITON TAPIA

    "#Xipe_Totec (Notre seigneur l’#écorché) était un des dieux les plus importants à l’époque préhispanique. Son influence (...) a été reconnue par de nombreuses civilisations de l’ouest, du centre et du golfe du Mexique. Toutefois, aucun temple associé directement à son culte n’avait jamais été découvert", a indiqué l’INAH dans un communiqué, jeudi 3 janvier 2019.

    Ce temple de 12 mètres de long et 3,5 m de hauteur est composé de deux autels de sacrifice, trois sculptures en pierre volcanique et divers éléments architecturaux situés dans un sous-sol pyramidal de la Zone archéologique de Ndachjian-Tehuacán, dans l’Etat de Puebla (centre). Les sculptures du temple, qui aurait été utilisé entre 1.000 et 1.260 après J.C., représentent deux crânes d’environ 70 centimètres, pesant environ 200 kg, et un buste couvert de peau de sacrifice qui personnifient Xipe Totec, dieu associé à la fertilité, à la régénération des cycles agricoles et à la guerre.

    Une des fêtes les plus importantes à l’époque était le « Tlacaxipehualiztli », qui en langue náhuatl signifie « mettre la peau de l’écorché ». Elle était communément célébrée sur deux autels circulaires : l’un pour sacrifier les captifs à travers des combats de gladiateurs ou de flèches, et l’autre pour le dépeçage à la gloire de Xipe Totec. Les prêtres étaient vêtus de la peau des sacrifiés, qui était ensuite déposée dans de petites cavités.

  • #Extinction du #Permien : tout s’est joué en 30.000 ans - Sciencesetavenir.fr
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/extinction-du-permien-tout-s-est-joue-en-30-000-ans_127739

    Une équipe internationale de scientifiques a étudié des sédiments dans la région de Penglaitan dans le sud de la Chine. Ces sédiments représentent une épaisse couche divisée en larges strates représentant les périodes passées qui peuvent facilement être datées. Leur analyse révèle que l’extinction du Permien a été presque instantanée à l’échelle des temps géologiques. Il n’aura en effet fallu que 30.000 ans et peut-être moins (mais la précision des mesures l’empêche de l’affirmer) pour que la grande majorité des espèces soit réduite au rang de fossile.

    L’étude suggère également que l’extinction soudaine pourrait avoir été causée par des gigantesques éruptions volcaniques en Sibérie dont les « trapps », vastes écoulements de lave qui s’étendent sur 2 millions de km carrés, sont le témoin. Un #volcanisme plus local mais intensif, qui a débuté environ 420.000 ans avant, a pu déstabiliser les #écosystèmes de la fin du Permien qui n’ont ensuite pas résisté à l’explosion sibérienne qui a dégagé de grande quantité de dioxyde de souffre, de méthane et de dioxyde de carbone. Ces gaz à #effet_de_serre ont provoqué un réchauffement brutal du climat et l’acidification des océans.

  • Une dent trouvée à Tautavel, vieille de 560.000 ans, devient le plus ancien fossile humain de France

    Bon... attention : il y a dent et dent. Déjà en 2015, une autre dent (celle d’un adulte cette fois) avait été découverte. Ainsi, lorsque vous faites une recherche sur « dent Tautavel » dans votre moteur de recherche préféré (si vous n’avez pas paramétré), il est probable d’avoir les articles et vidéos de 2015 mêlées à celle de 2018. Et pour couronner le tout, les dates (jour et mois) sont quasiment identiques !

    Celle de 2015 se nomme joliment « Arago 149 » https://www.hominides.com/html/actualites/dent-550000-ans-tautavel-0947.php
    Celle de 2018 devrait se nommer « Arago 151 » puisque c’est le 151e reste humain trouvé sur le site à ce jour.
    http://www.lefigaro.fr/sciences/2018/07/24/01008-20180724ARTFIG00221-decouverte-des-restes-du-plus-vieil-enfant-de-fra

    Un des seuls articles a mentionner les deux découvertes :
    https://www.20minutes.fr/planete/2312443-20180724-pyrenees-orientales-dent-enfant-vieille-560000-ans-decouv

    Vivement les publications scientifiques... ;-)

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/une-dent-trouvee-a-tautavel-vieille-de-560-00-ans-devient-le-plus-p

    #Préhistoire #Paléolitique #560000BP #Homo_Erectus

  • Illuminating the cave, drawing in black : wood charcoal analysis at Chauvet-Pont d’Arc
    Antiquity Volume 92, Numéro 362 Avril 2018 , pp. 320-333

    « Illuminer la grotte, dessiner en noir : analyse du charbon de bois à Chauvet-Pont d’Arc »
    30 avril 2018

    L’étude des fragments de charbon de bois de Chauvet-Pont d’Arc a porté sur les deux principaux épisodes d’occupation de la grotte [Aurignacien (37.000 à 33.500 avant notre ère) et Gravettien (31.000 à 28.000)] et sur différents contextes, des foyers aurignaciens aux marques et torches gravettiennes. L’échantillon comprend également des fragments de charbon de bois non datés éparpillés sur le sol de la caverne ou au pied de groupes de peintures au charbon de bois noir.

    À l’exception d’un seul fragment de Rhamnus provenant de la Red Panels Gallery, tous les fragments identifiés sont de pin sylvestre / pin noir. Le pin est un taxon pionnier avec une affinité pour les environnements montagneux et a survécu dans les refuges pendant les périodes les plus froides de la dernière période glaciaire. En tant que tel, il atteste, en premier lieu, des conditions climatiques rigoureuses qui ont prévalu au cours des différentes occupations de la grotte, sans toutefois les distinguer.

    Bien que difficile à discuter en termes de signification symbolique, la collection de pins semble avoir été transculturelle et régie plus par la convergence d’éléments favorisant son utilisation, que par une contrainte environnementale (car d’autres taxons étaient également présents dans le voisinage immédiat de la grotte). Pour les sociétés très mobiles, le pin présente un certain nombre de caractéristiques susceptibles de motiver sa sélection : l’excrétion naturelle importante des branches, qui fournit un stock de bois mort facilement disponible ; ses propriétés de combustion, qui le rendaient propre à l’éclairage de la grotte ; et ses propriétés mécaniques, qui, comme montré à Chauvet-Pont d’Arc, l’ont rendu idéal pour produire le charbon de dessin et le colorant pour les techniques de bavure et de mélange utilisées dans les peintures rupestres.

    https://static.cambridge.org/resource/id/urn:cambridge.org:id:binary-alt:20180424073716-13039-mediumThumb-S

    L’article original : https://www.cambridge.org/core/journals/antiquity/article/illuminating-the-cave-drawing-in-black-wood-charcoal-analysis-at-chauvetpont-darc/518C3BA9C02C1122A72FC4E5FD0AD9FA/core-reader

    Le résumé : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/les-dessins-de-la-grotte-chauvet-ont-ete-faits-avec-des-fusains-au-

    #Préhistoire #art_pariétal #Chauvet #France #Université_Côte_d'Azur #CNRS #CEPAM #Institut_écologie_et_environnement #Université_de_Savoie_Mont-Blanc #EDYTEM #Université_de_Bordeaux #PACEA #MSHS #TRACES #Université_de_Bordeaux_Montaigne #IRAMAT
    #Isabelle_Théry-Parisot

  • Les origines psychologiques des inégalités socio-économiques (Sciencesetavenir.fr)
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/ethnologie/les-origines-psychologiques-des-inegalites-socio-economiques_112814

    Pourquoi ceux qui auraient le plus à gagner dans la lutte contre les #inégalités, c’est-à-dire les classes moyennes et populaires, ne s’engagent que peu pour les limiter ? Les raisons relèvent de la #sociologie mais aussi de la #psychologie.
    […]
    Le mode opératoire des chercheurs a nécessité deux étapes distinctes, au niveau social mais aussi individuel : tout d’abord une méta-analyse réalisée à partir de données de la Banque mondiale et des Nations-Unies dans 27 pays, issues d’une enquête sur plus de 40.000 personnes économiquement privilégiées. […] Résultat : le comportement social de #domination exprimé dans les réponses est plus important dans les pays où les inégalités sont plus prononcées.
    […]
    C’est au niveau des États-Unis que la composante psychologique a ensuite été étudiée, sur environ 5.000 personnes anonymes en situation de #privilège social (c’est-à-dire des hommes blancs). […] Une proposition qui flirte bon l’alt-right... et qui a été d’autant plus appuyée par les sondés qu’ils vivaient dans un état où les inégalités de revenus sont importantes.
    […]
    A priori, rien que de très logique : tout ceci relève de la #théorie_des_jeux, qui postule que chaque acteur d’un système social va chercher à maximiser ses gains, quitte à en aggraver les inégalités s’il n’en souffre pas personnellement.
    […]
    Tout ceci vaut pour les groupes sociaux en situation de domination ou de #soumission extrême, mais quid des groupes intermédiaires, par exemple les #classes_moyennes ? « Même si les groupes subordonnés sont en situation de désavantage, ils peuvent trouver intérêt à éviter des #conflits coûteux, en particulier lorsque les chances d’échecs sont grandes », écrivent les scientifiques. « Des expériences de psychologie ont déjà montré que les individus subordonnés préfèrent dans ce cas se taire et accepter leur sort. »

  • Allez.... Pour l’anecdote, comment circule un fossile de 7 millions d’années ? ou « comment Michel Brunet a-t-il pu montrer un fossile original de 7 millions d’années à la radio ? »
    Pas d’inquiétude, ni de frayeur, Toumaï et le fémur voyagent en safebox. Mais ce très court article est instructif.

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/toumai-comment-michel-brunet-a-t-il-pu-montrer-un-fossile-original-

    Le fémur de Toumaï : épisode 3

    L’ émission « La Une de la science » (Focus sur l’actualité scientifique) du 2 février, par Axel Villard est aussi très instructive... quoique...

    Les déclarations de Michel Brunet me laissent dubitatif et j’ai parfois l’impression que l’ensemble est peu clair. Des questions restent parfois sans réponse et/ou les réponses peuvent se contredire : https://www.youtube.com/watch?v=Z8-bWP76CnE

    2001 découverte du crane nommé Toumaï.
    2004 publication sur un blog d’un collègue américain de M. Brunet de la photographie d’un (du ?) fémur.
    2004-2017 l’existence du fémur reste confidentielle -étude en labo pendant 15 ans(?).
    2017 l’existence du fémur n’est plus confidentielle (et donc perte des bénéfices de la publication dans une grande revue).
    On attend donc la publication...

    #préhistoire #Toumaï #Brunet #7000000BP #Tchad

  • Néandertal au menu de grands carnivores.

    Des dents appartenant à des hommes de Neandertal ont été retrouvées dans les restes de repas expulsés par les grands carnivores qui les ont savourés il y a quelque 40.000 à 50.000 ans.

    L’ensemble a été trouvé sur un site de boucherie, et il n’y avait pas que des rennes dans l’atelier...

    Si les éléments osseux – animaux comme humains - présentent de nombreuses traces d’origine anthropique (cassures sur os frais, traces de découpe, etc), certaines dents ont été partiellement digérées… Cela démontre l’existence d’interactions inamicales entre les groupes néandertaliens, et entre ces derniers et les grands carnivores tels que l’Hyène des cavernes.

    CNRS - Institut écologie et environnement - Actualités de l’institut
    http://www.cnrs.fr/inee/communication/breves/b336.html

    http://www.pacea.u-bordeaux1.fr/Alerte-presse-A-la-recherche-des.html

    version plus grand public ici :
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/neandertal-etait-au-menu-des-charognards_120480?xtor=RSS-4

    #préhistoire #Néandertal #Les Pradelles (Charente) #boucherie
    #40000-50000BP