savoirs et représentations du corps des Africain(e)s dans les sciences médicales françaises (1780-1950) », Thèse, sous la direction d’Anne Carol, Aix-Marseille Université, 2014.

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  • « Corps noirs et médecins blancs. Entre race, sexe et genre : savoirs et représentations du corps des Africain(e)s dans les sciences médicales françaises (1780-1950) »
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    A la croisée de l’histoire du corps, de la race, du genre, de la médecine et de l’histoire coloniale, cette thèse analyse la construction des savoirs et des représentations du corps des hommes et des femmes noirs d’Afrique subsaharienne dans la littérature médicale française des années 1780 aux années 1950.

    Le corps des Africain-e-s suscite un intérêt nouveau dans la littérature médicale européenne à la fin du XVIIIe siècle. Dans un contexte de taxinomie raciale et d’expansion coloniale, l’altérité sexuelle, raciale, biologique et culturelle que revêt le corps noir fascine les savants. Les descriptions de l’anatomie africaine évoluent en fonction des controverses scientifiques dominantes, des découvertes médicales et du contexte politique. Le corps noir est étudié jusque dans ses profondeurs, depuis l’épiderme jusqu’aux tissus et organes internes, afin de répondre aux grands questionnements sur les origines de l’humanité mais aussi afin de délimiter les contours de la différence raciale et d’établir le degré d’altérité des Africain-e-s par rapport aux Européen-ne-s. Ces études sur les corps permettent aux médecins d’élaborer des théories sur l’âme noire, la sexualité, les mœurs et les sociétés africaines, dans une dialectique constante entre inné et acquis, nature et culture, sauvagerie et civilisation, excès et tempérance.

    Au-delà d’une démarche scientifique, médicale et anthropologique, les travaux des scientifiques répondent aussi à des impératifs politiques et sanitaires. Le développement de la géographie médicale vise en effet en premier lieu à préserver la santé des colons blancs puis en second lieu celle de la main d’œuvre africaine.

    Des dictionnaires de médecine, des monographies sur les races humaines ou encore des articles et ouvrages de médecine coloniale ont été exploités pour cette recherche. L’objectif était d’analyser comment les médecins, sources du savoir et acteurs du pouvoir à partir du XIXe siècle, ont élaboré des stéréotypes raciaux et sexuels sur les corps des Noir-e-s d’Afrique subsaharienne, représentations qui ont justifié à la fois des études anthropologiques toujours plus intrusives mais aussi des pratiques et des politiques coloniales spécifiques. Le dépouillement d’articles de presse et d’encyclopédies généralistes ont aussi permis d’appréhender la réception de ces savoirs médicaux dans l’opinion publique.