La Nouvelle-Zélande, longtemps perçue comme un eldorado pour les expatriés, traverse une crise sans précédent. Selon Die Welt, le pays connaît sa récession la plus grave depuis trente-cinq ans, avec une contraction économique de 1,1 % l’année dernière. Cette situation pousse de nombreux Néo-Zélandais à chercher fortune ailleurs, notamment en Australie.
En 2024, environ 129 000 habitants ont quitté le pays du Long Nuage blanc, soit près de 2,5 % de la population totale – de 5,1 millions d’habitants. Bien que des dizaines de milliers de personnes aient immigré en Nouvelle-Zélande, le solde migratoire reste négatif, avec une perte nette de 47 000 citoyens. Cette tendance contraste avec les années précédant la pandémie, où le pays ne perdait en moyenne que 3 000 citoyens par an.
L’Australie, avec son économie robuste et ses grandes métropoles comme Sydney (5,5 millions d’habitants) et Melbourne (5,1 millions), attire particulièrement les citoyens du pays des Kiwis. David Haugh, économiste néo-zélandais à l’OCDE, souligne que “l’Australie possède de grandes villes qui favorisent l’innovation d’une manière que les petites localités ont du mal à imiter”. De plus, le produit intérieur brut par habitant, ajusté au pouvoir d’achat, est supérieur d’un tiers en Australie par rapport à la Nouvelle-Zélande.
Une véritable fuite des cerveaux
Paul Spoonley, sociologue de renom, avertit que ceux qui partent sont “des personnes bien éduquées, des entrepreneurs potentiels, des diplômés de l’université et de jeunes talents dans la vingtaine et la trentaine dont nous avons besoin”. Une véritable fuite des cerveaux, qui inquiète les experts. Le départ de ces individus prive le pays de compétences essentielles et compromet ses ambitions futures.
La faible productivité du travail en Nouvelle-Zélande aggrave la situation. Malgré un boom économique entre 2013 et 2019, la productivité reste stagnante. David Haugh rappelle que “la productivité du travail en Nouvelle-Zélande a toujours été faible et cela reste un problème, car la croissance de la productivité détermine le niveau de vie”. Les entreprises locales et étrangères investissent peu, et les dépenses en recherche et développement sont insuffisantes, freinant l’innovation et la croissance.
Face à ces défis, le gouvernement néo-zélandais a adopté une série de réformes pour attirer les investisseurs étrangers, simplifier les réglementations et renforcer la recherche scientifique. Cependant, David Haugh tempère les attentes : “Les politiciens ont compris que la situation ne pouvait pas continuer ainsi et les mesures semblent aller dans la bonne direction. Mais il faudra du temps avant que ces changements portent leurs fruits.” En attendant, de nombreux citoyens pourraient continuer à chercher de meilleures perspectives à l’étranger.