• Pour qui est faite la ville ?

    Approche très intéressante et photos de panneaux totalement effarentes

    Notopia : who is the city for ? | Thinkpiece | Architectural Review

    https://www.architectural-review.com/rethink/campaigns/notopia/notopia-who-is-the-city-for/10007202.article

    London is becoming entirely unaffordable leading to a kind of hollowing out of the city which New Yorkers are long used to

    Recently, I met an architecture academic who’d just moved to Berlin after 23 years of living in Manhattan. Originally from Norway, she moved to the US as a young artist and seemed the epitome of a cosmopolitan, left-field New Yorker. So why the move? Manhattan was, she said, now unaffordable for her and increasingly sterile with most of the artists she’d once known long gone.

    This hollowing out of New York began a generation ago with former Mayor Rudy Giuliani’s ‘clean up’ of the city. Alongside a crackdown on homelessness, begging, graffiti and ‘squeegee merchants’, the nature of public space in the city was also changing, as genuinely public space gave way to hundreds of ‘privately owned public spaces’, the politically anodyne acronym New Yorkers know as ‘POPS.’ The other part of the jigsaw was the comprehensive roll-out of Business Improvement Districts (BIDS), throughout New York, San Francisco and other US cities, in which the control of places and security pass to private companies funded by local businesses. According to guidelines laid down by the New York Mayor’s office, BIDS pledge above all to keep areas ‘clean and safe’, in keeping with Giuliani’s vision.

    #architecture #espace_public #contrôle #dfs

    • @rek, ça date un peu mais : ...

      Lundi 12 janvier 2004

      Le soir, en se promenant, tomber sur des blocs de parpaings, dans une descente de garage du côté de République, s’émouvoir que tous étrangement hérissés portent une croix, les faisant en cela ressembler à des tombes, à un cimétière, cela déjà valait photo. Et puis lire le texte écrit en bas, s’approcher et lire : « On va venir chier tous les jours sur votre honteuse installation anti-sdf. Propriétaires de merde, bientôt c’est vous qui dormirez dehors. » Alors comprendre l’infâmie. Ici on ne supporte pas que des personnes à ce point démunies qu’elles doivent dormir dans la rue, que ces personnes sans logement, prennent refuge dans cette pente qui sans doute les met tout juste à l’abri du vent et de la pluie. Alors on prend des mesures, on vote, et on construit, on construit, à l’économie, des blocs de parpaings et on les assemble de telle sorte qu’il soit absolument impossible de s’allonger d’aucune façon que ce soit. Quelle honte ! Je me demande combien cela leur a coûté aux propriétaires de faire venir les maçons — ces gens-là évidemment ne savent pas manier eux-mêmes la truelle, sans doute trop salissante — et combien de repas chauds on peut acheter avec cet argent ou de sandwichs offerts la main tendue et de discuter un peu, sans offrir de solution ni d’encouragement, juste de la petite conversation qui donne un peu de chaleur. En prenant les photos s’apercevoir que les personnes chassées, mais qui apparemment savent parfaitement écrire, pas la moindre faute d’orthographe dans ces cinq lignes, de la concision à revendre en plus — je voudrais être sûr que les brutes qui habitent là sachent écrire de la sorte sans le correcteur d’orthographe-passoire de Word — s’apercevoir donc, au nez, qu’ils ont tenu parole, ça pue la pisse et quelques étrons embaument en contrebas.

      La brutalité de tout ceci.

      Je pense au Dépeupleur de Samuel Beckett, ce cylindre-hâchoir dans lequel croulent des humains qui ont à peine la place de se tenir debout les uns contre les autres, sans tout à fait se toucher, et tout, jusqu’à la température du cylindre sans cesse changeante, est conçu pour les harceller sans cesse. Les interstices laissés libres par les parpaings me font exactement penser à cela : ils sont l’augmentation de l’inconfort. Le ciment de cette descente de garage n’était pas assez dur comme cela sans doute. Les espaces que laissent les rangs de parpaings sont juste prévus pour que nul ne puisse s’y allonger, et ceux des parpaings qui sont plantés debout le sont de telle sorte qu’on ne puisse prendre aucune diagonale.

      De ce garage entrent et sortent des voitures et leurs conducteurs s’accomodent, apparemment, de voir ces parpaings, dans les phares de leurs automobiles, et comment font-ils pour oublier chaque fois à quoi servent ces parpaings ? Car c’est encore bien plus que de détourner le regard, ici c’est la pensée qu’il faut détourner.

      Je ne manie généralement pas l’insulte — parce que je trouve qu’elle renseigne davantage à propos de celui la profère qu’à propos de celui qui la reçoit — mais là, c’est bien tout ce que ces gens méritent, je vous donne l’adresse — 32, rue René Boulanger dans le dixième arrondissement, c’est juste à côté de République — allez conchier et compisser cette descente de garage. C’est tout ce qu’il reste aux gens de la rue, de pisser et de chier contre cette porte de garage, bientôt c’est tout ce qu’il nous restera aussi pour dire à ces gens bien-pensants et bien-barricadés ce que nous pensons de leur pensée étroite. Peigne-culs