• Gustave Roud : un poète que j’ai découvert il y a peu, grâce à une correspondance avec Philippe Jaccottet. Une émission aujourd’hui sur RFI (De vives voix) m’inspire ce partage :

    Publication critique des Œuvres complètes du poète, traducteur, critique et photographe Suisse romand, Gustave Roud (1897-1976)

    https://www.fabula.org/actualites/109987/gustave-roud-uvres-completes-sous-la-dir-de-claire-jaquier.html

    – Le volume 1 (1456 pages) comprend les œuvres poétiques : recueils, textes publiés en revue et textes inédits.

    – Le volume 2 (1088 pages) rassemble l’essentiel des Traductions : recueils consacrés à #Novalis, #Hölderlin, Rilke, Trakl dont Roud est un des premiers traducteurs en français ; traductions publiées en revue ou dans des volumes collectifs – notamment de #Wilhelm_Müller, #Goethe, #Clemens_Brentano, #Hildegard_von_Bingen ou encore #Eugenio_Montale.

    – Le volume 3 (1280 pages) livre les notes de journal (1916-1976) dans toute leur diversité archivistique – feuillets épars, manuscrits et dactylogrammes, carnets, cahiers, agendas. Événements du jour, réflexions sur soi, descriptions de paysages, projets, propos sur l’art, poèmes…

    – Le volume 4 (1296 pages) réunit l’ensemble des articles et études critiques que Roud a consacrés, tout au long de sa vie, à des poètes, écrivains et peintres, le plus souvent contemporains.

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    Quand le Journal de Gustave Roud ouvre l’accès à toute l’Oeuvre.
    https://www.revuelepassemuraille.ch/quand-le-journal-de-gustave-roud-ouvre-lacces-a-toute-loeuvre

    Dans les coulisses du chantier Gustave Roud
    Les « Œuvres complètes » du grand écrivain romand sont désormais publiées chez Zoé. Claire Jaquier et Daniel Maggetti évoquent cet ambitieux projet qu’ils ont codirigé.
    https://wp.unil.ch/allezsavoir/dans-les-coulisses-du-chantier-gustave-roud%EF%BF%BC

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    « Œuvres complètes » du poète Gustave Roud, l’amour est dans le blé (Libération)

    « Je marche dans mes rêves anciens, mes pensées anciennes », écrit le poète suisse romand Gustave Roud. Mais où commence le rêve, où démarre la pensée chez cet homme toujours par les chemins du Haut-Jorat, région de collines douces, le berceau de toute une vie ? En janvier 1942, il note dans son journal un rêve tout neuf. Dans la grande ferme de Carrouge, héritée de la famille paysanne maternelle, Roud dort sous les combles. Sa sœur aimée, Madeleine, est là. C’est une « vieille fille », comme lui est « vieux garçon ». Il y a aussi la tante Clara, insupportable par ses bouderies. Gustave Roud endormi voit un homme remplir sa bouche de vers luisants « et une voix me dit que de cette bouche illuminée (que je voyais toute phosphorescente) devait sortir la voix des morts ». Dans sa vie éveillée, le poète né en 1897 cherche aussi à abolir le temps, à effacer ce qui sépare les morts des vivants. « Je suis fait d’absences et de présences », note-t-il et parfois il croit sentir celle de sa mère, disparue en 1933.

    Avec la marche à pied véritable, #Gustave_Roud trouve une manière d’exténuer le corps, état propice à l’illumination poétique. Depuis une « ballade » de quatre jours alors qu’il avait 19 ans, il a pris le goût de cette ivresse, qui le fait se sentir en adhérence avec le paysage, avec les arbres, les bêtes croisées. Il aime s’enfoncer dans la nuit, sa canne à la main et en compagnie de son « ombre trébuchante ». Mais c’est à la lumière du jour, que les paysans du #Haut-Jorat ont pris l’habitude de voir sa mince et longue silhouette vêtue comme à la ville, équipée de calepins – il écrit surtout dehors, assis sur un banc, un tronc – et d’un appareil photo.

    Romantisme allemand

    Gustave Roud est une des voix majeures de la poésie suisse romande. La publication d’un livre de #Philippe_Jaccottet chez Seghers en 1968 lui a permis de dépasser les frontières nationales. Pourtant il reste un peu méconnu en France. La publication cet automne chez Zoé de ses œuvres complètes rend honneur à l’ampleur de son travail d’écriture. Quatre volumes sont présentés en coffret : les œuvres poétiques, le journal, les traductions (les romantiques allemands, #Rilke, #Trakl), et ses critiques artistiques et littéraires. De nombreuses passerelles permettent de circuler entre les volumes, Gustave Roud aimait les reprises et puisait dans son journal pour composer ses recueils.

    Le poète n’était pas aussi reclus qu’on a pu le dire. Ami de Ramuz notamment, autre écrivain du monde rural, il participait à des remises de prix, des jurys et œuvrait dans des revues, à un moment de particulière effervescence de la littérature suisse romande. Pour cela, il effectuait « la traversée », prenait un vieux tram brinquebalant le menant en une heure à Lausanne. Mais le cœur de Gustave Roud, poète à l’inquiétude fondamentale, n’était pas en ville. Ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les andains, les rangées d’herbe fauchée, les murs de céréales abattus pendant la récolte, et les personnages qui habitent ces paysages de l’été  : les « moissonneurs fauves ». Il les photographie en plein travail avec leur assentiment, torses nus, ils sont ses amis paysans. Toute sa vie, Gustave Roud, dont l’homosexualité n’a jamais été nommée, ira ainsi d’un amour secret à un autre. Le désir érotique se retrouve clai­rement, exalté, dans sa poésie. Comme dans Bain d’un faucheur du recueil Pour un moissonneur. Premières strophes  : « Un dimanche sans faux comblé de cloches pures / Ouvre à ton corps brûlé la gorge de fraîcheur / Fumante, fleuve d’air aux mouvantes verdures / Où tu descends, battu de branches et d’odeurs. / Ce tumulte de lait dans la pierre profonde / De quel bouillonnement va-t-il enfin briser / L’âpre bond de ta chair ravie au linge immonde / Vers une étreinte d’eau plus dure qu’un baiser  ! »

    Un personnage dénommé Aimé, composite de ses amis paysans, mais surtout inspiré par le premier, Olivier Cherpillod, est au cœur de l’œuvre. La poésie va prendre en charge ce que dans la vie réelle Roud ne pouvait exprimer. Le poète est plus explicite dans le Journal, même s’il se cache derrière la notion d’amitié. Son besoin inassouvi de la présence d’Olivier, Fernand, Robert, René, au total une douzaine d’hommes au long d’une cinquantaine d’années, le renvoie à ce qu’il appelle sa « différence ». Il parle de la beauté des visages, du lisse des torses, des bras gonflés. Il aimerait pouvoir toucher ces épaules, ces mains, mais ne le peut pas. Journal, octobre 1926 : « Tu marches avec des branchages sur un labour aux vives arrêtes de terre sombre […] un linge bleu s’entrebâille sur cette poitrine nue où je voudrais tant poser sans rien dire ma tête écouter battre ce cœur digne de vivre digne d’être heureux. »

    Le poète a laissé un corpus de 13 000 images

    Sous le prétexte de promenades, il se rend chez l’un, chez l’autre (suscitant parfois l’hostilité des femmes de leur famille), il connaît « la honte des bras ballants », parfois il participe un peu aux travaux des champs. Il y a de beaux moments de compagnonnage, en particulier avec Olivier  : Olivier fauchant, Olivier se rasant, Olivier tressant des paniers d’osier. Mais surtout Roud photographie. Le poète a laissé un corpus de 13 000 images. Il a appris par son père, paysan éclairé, le maniement des appareils. Il développe et agrandi lui-même ses clichés dans une petite pièce de la maison de #Carrouge. Du noir et blanc majoritairement, mais aussi des clichés couleur, des autochromes.

    Fernand Cherpillod, neveu d’Olivier Cherpillod, est un modèle de ­premier ordre. Il aime poser, se plie à des mises en scène de paysan au travail. Certains clichés sont typiques, avec leur contre-plongée, d’une esthétique des années 30 célébrant les corps en pleine nature. Pour Roud, au-delà du désir non dit, il y a l’idée toute poétique d’hommes devenus des intercesseurs d’un monde paysan glorifié, d’une harmonie touchant à l’éternité. Dans son dernier recueil, Campagne perdue, il dira tout son désarroi devant la modernisation de l’agriculture, qui tue des gestes ancestraux, casse des accords anciens avec la nature.

    Gustave Roud est alors un homme vieillissant. Il se sent dépossédé, tandis que sa notoriété est grandissante. Des jeunes écrivains font le pèlerinage à Carrouge, comme Jacques Chessex ou Maurice Chappaz. Une photo les montre avec leurs trench-coats, venus sur une « motocyclette » – le bruit effraie Roud. En 1965, il a les honneurs d’un film diffusé à la télévision. Un moyen métrage signé du cinéaste Michel Soutter. La caméra explore la maison : la cuisine, le corridor, le bureau, les murs où sont disposées les photos des amis paysans, le salon. L’ambiance est un peu spectrale. Roud apparaît vulnérable. On le voit à la fin, comme un monsieur Hulot un peu guindé, partir dans le jardin. Michel Soutter interroge la sœur, gauche aussi. Elle parle d’intérêt pour le cosmos. Le jeune romancier suisse Bruno Pellegrino a poursuivi cette piste dans une très belle fiction biographique sur le « couple » Roud. Son roman, sorti en 2019, Là-bas, août est un mois d’automne, redonne une visibilité à Madeleine.

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    #Claire_Jaquier : « Gustave Roud puise dans son journal, en partie son atelier de création »

    Huit chercheurs ont été mobilisés pendant quatre années pour permettre la sortie des Œuvres complètes de Gustave Roud. A leur tête : en codirection avec Daniel Maggetti, Claire Jaquier, professeur émérite de littérature à l’université de Neuchâtel, en Suisse. Libération l’a interviewée.

    Comment est né ce projet de publication ?

    C’était nécessaire, il n’existait pas de véritables œuvres complètes. Un très petit coffret Gustave Roud était paru en 1978 mais il ne comprenait que les dix recueils de poésie, sans aucune note. Des textes sont ensuite sortis en poche de manière très dispersée. Il y a eu aussi des publications de correspondance, de textes critiques et, progressivement, on a pris conscience de l’extrême richesse des archives qui permettent de comprendre cette œuvre. Grâce au Fonds national suisse de la recherche scientifique, notre équipe de chercheurs a pu travailler pendant quatre ans et réunir cet immense matériau documentaire pour mener à bien une édition complète, génétique et critique.

    La découverte du Journal a été présentée comme une surprise à la mort de Roud…

    Philippe Jaccottet, exécuteur testamentaire de l’œuvre, disait qu’il ne savait pas que Roud tenait un journal. Il est probable que Roud ne le lui a pas dit formellement mais il ne pouvait pas l’ignorer car un certain nombre de textes parus dans des revues portent comme titre « Notes de journal ». Je pense que ce qui a incité Jaccottet à tenir un tel propos, c’est que Roud ne lui a donné aucune consigne sur l’avenir de son œuvre et n’a pas dit un mot du Journal. Il était donc un peu mal à l’aise, d’autant plus qu’il s’est rendu compte en le lisant à quel point il y avait des choses intimes qui étaient dites et cela le gênait peut-être lui-même, d’où sa première édition, partielle, en 1982 chez Bertil Galland.

    Pourquoi y trouve-t-on ce doute permanent, cette inquiétude ?

    C’est une œuvre magnifique, mais qui a une couleur sombre. Lorsque j’ai édité le Journal en 2004 avec Anne-Lise Delacrétaz chez Empreintes, en deux volumes couvrant les années 1916 à 1971, j’ai avancé l’hypothèse que cela avait une origine liée au genre diariste. Au XVIIIe siècle, en pays protestant, comme la confession n’existait pas, la pratique du journal était en fait recommandée aux croyants comme exercice d’examen de conscience, on les invitait à creuser leur intimité, leur moi. Et il n’est pas exclu que cette tradition colore le journal de Roud. C’est peut-être ce qui explique qu’il y apparaît chroniquement insatisfait, mais il ne faudrait pas en induire que tout son tempérament était là, il pouvait être gai, espiègle, plein d’humour, on le voit dans sa correspondance.

    Est-il exact que le Journal est le réservoir de tous les autres textes ?

    Ce n’est vrai que pour certains textes. Il constitue une part seulement de l’atelier de création. Roud puise dans son journal, mais souvent il va en tirer juste un paragraphe, quelques phrases, ou un petit texte. Ce qui constitue le corps de beaucoup de recueils de Roud ce sont de longues proses poétiques, dont des premières versions sont parues dans des revues. Il s’est rendu compte très tôt que la stimulation de ces commandes où il était forcé de remettre la copie à temps lui était indispensable. Dans le premier volume de notre édition, Œuvres poétiques, nous donnons 120 textes publiés initialement en revue, et donc devenus inaccessibles.

    On est frappé par le nombre de reprises, au fil de la lecture…

    Il y a beaucoup de reprises, parce que notre parti pris est de privilégier la logique documentaire, les supports. Gustave Roud pour son journal utilisait des cahiers, et aussi des carnets, des feuilles volantes, des agendas. Puisant dans son journal pour écrire des textes, souvent il recopie certaines phrases issues d’années différentes, parfois il dactylographie de grands ensembles de notes, donc on dispose de dactylogrammes. Cela montre que Roud reprenait ce matériau de manière continue. L’atelier de création de Roud, c’est très souvent de la reprise. Il donne lui-même le titre de « Rhapsodie », en 1931, à une sélection de textes réunis, ce qu’aujourd’hui on appellerait le couper-coller. Il aime beaucoup rassembler des textes anciens, ôter quelquefois juste deux phrases et les intégrer dans un nouveau contexte, il fait ça constamment.

    Pour revenir à la #poésie, n’y a-t-il pas un tournant du lyrisme à partir du recueil Adieu ?

    Adieu est très particulier, Roud est encore sous l’influence de la grande poésie symboliste française, il a eu de la dévotion pour #Mallarmé autour de l’âge de 20 ans. Adieu se sent encore de cette influence, la poésie comme haut langage, à la limite de l’hermétisme et puis il se défait de cette influence, il voit que cette pureté ne lui convient pas. Il a abandonné assez vite le vers et adopté cette prose lyrique qui ne va pas vraiment changer. Il y a une signature stylistique de Roud, des phrases amples, mélodieuses, syntaxiquement charpentées, qui produisent un effet de lenteur et de douceur. Je ne fais que redire ce que beaucoup de critiques de l’époque ont dit, l’un d’eux parlait d’une prose d’une obsédante douceur. Il y a aussi une gravité du ton constante. La phrase roudienne, est souvent longue, avec des subordonnées qui s’enchaînent et qui retombent bien, on observe aussi de fréquents jeux avec les sonorités. Même si l’œuvre évolue, si le contenu change, si le lyrisme se modifie, cette voix particulière est reconnaissable du début à la fin.

    #journal_intime #poète #suisse_romande #poésie #littérature

  • cc @mona
    Ésotérisme, magie et sorcellerie (séminaire Questes, Maison de la Recherche de Sorbonne Univ.)
    https://www.fabula.org/actualites/esoterisme-magie-et-sorcellerie_105239.php

    L’étude de l’ésotérisme au Moyen Âge demeure un chantier ouvert pour les chercheuses et chercheurs en études médiévales. En 2009, se tenait à l’ENS d’ULM un séminaire international intitulé « Science et magie du Moyen Âge au XVIIe siècle », organisé sous l’égide de Jean-Patrice Boudet et Nicolas Weill-Parrot. Le programme varié proposait de s’intéresser aussi bien à la sorcellerie qu’à la médecine par les plantes et les pratiques magico-religieuses de la Chrétienté, soulignant la richesse et l’ouverture de ce champ d’investigation.

    Un tel chantier entre en résonance avec la société contemporaine où se multiplient les travaux scientifiques, mais aussi les ouvrages grand public sur un ésotérisme moderne, souvent inspiré des représentations et mythes médiévaux. Nous pouvons en effet penser au livre de Mona Chollet paru en 2018, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, qui véhicule un ensemble d’idées reçues sur les sorcières pour bâtir une image mystique de la femme, compatible avec une sphère ésotérique new age qui convoque, entre autres courants, le féminin sacré et l’éco-féminisme. Nous pouvons aussi penser aux récupérations, dans les sphères ésotériques, des ouvrages de Chrétien de Troyes et de ses continuateurs ou des écrits d’Hildegarde von Bingen à des fins symboliques et religieuses. Il convient, enfin, d’évoquer l’astrologie et l’alchimie, pratiques médiévales qui visent traditionnellement à connaître le monde et qui deviennent, dans la modernité, l’instrument d’un nouvel ésotérisme.

    Dès lors, il nous semble urgent d’apporter notre pierre à l’édifice en proposant, à l’occasion de trois séances de séminaire, de s’intéresser à la fois aux ésotérismes médiévaux et à leurs récupérations modernes.

  • Récits de la charge mentale des femmes. Small stories II (Paris, en ligne)
    https://www.fabula.org/actualites/recits-de-la-charge-mentale-des-femmessmall-stories-ii_101738.php

    ÉCITS DE LA CHARGE MENTALE DES FEMMES

    SMALL STORIES II

    Colloque organisé par le Paris Centre for Narrative Matters, ANR-18-IDEX-0001, IdEx Université de Paris

    (dir. : Sylvie Patron)

    avec le soutien de l’Institut La Cité du Genre et de l’Institut La Personne en médecine, Initiatives interdisciplinaires

    IdEx Université de Paris

    Le colloque se tiendra en visioconférence le jeudi 27 et le vendredi 28 mai 2021, entre 9h30 et 17h (heure de Paris). Les personnes qui souhaitent y assister devront se connecter sur Zoom à partir du lien suivant :

    https://u-paris.zoom.us/j/84839085888?pwd=WmN6ZmhBNGJVMFo2QW5GY2dxa1JUdz09

    ID de réunion : 848 3908 5888 — Code secret : 046685

    Présentation

    La notion de charge mentale a été introduite dans les années 1980 dans le champ de la sociologie du travail. Elle est le pendant de la « charge (de travail) physique ». Elle permet de décrire et de mesurer les pressions exercées sur le psychisme des travailleurs. On peut aussi décrire le contexte socio-économique du renforcement de la charge mentale. On sait par exemple qu’elle est amplifiée par de fortes contraintes de rythme.

    En 1984, la sociologue Monique Haicault utilise pour la première fois la notion pour référer à la charge mentale des femmes, mariées, mères de famille, en activité. « La charge mentale de la journée “redoublée” est lourde d’une tension constante, pour ajuster des temporalités et des espaces différents, mais non autonomes, qui interfèrent de manière multiplicative ». Ici aussi, la notion de charge mentale est connexe de celle de surcharge. Mais la particularité de la charge mentale des femmes vient de la nécessité d’avoir à gérer quotidiennement deux espace-temps inextricablement enchevêtrés.

    Dans ce colloque, nous nous intéresserons aux récits de la charge mentale des femmes, de l’ubiquité mentale des femmes et de leur anticipation constante des tâches inhérentes à la vie domestique et familiale. Les récits en question seront empruntés à des corpus de récits de la vie réelle ou à des récits littéraires et des œuvres narratives dans différents media.

    Programme

    Jeudi 27 mai 2021

    9h30 : Introduction du colloque par Sylvie Patron

    10h : Conférence plénière : Monique Haicault (Université Toulouse 2 Le Mirail)

    « La charge mentale, une histoire des modes d’organisation, un cadre conceptuel »

    11h : Pause

    11h30 : Juliane Deloffre (Université Lumière Lyon 2)

    « La vie en deux des professeures des écoles : entre vie professionnelle et vie conjugale »

    12h : Discussion

    14h : Jarmila Mildorf (Université de Paderborn, Allemagne)

    « Mental Load and Domestic Violence : A Sociolinguistic-Narrative Approach to Women’s Stories »

    14h30 : Caroline Hauw-Berlemont (Hôpital européen Georges Pompidou, Paris)

    « Quand les soignantes s’approprient l’outil ”small stories” pour partager leur charge mentale »

    15h : Pause

    15h30 : Sylvie Patron (Université de Paris)

    « “Comment pouvais-je travailler avec toutes ces préoccupations… ” : charge mentale et racontabilité dans L’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante

    16h : Garance Abdat (ENS de Lyon)

    « “En dehors de la bouffe, de l’enfant et du ménage, je suis métaphysiquement libre” : charge mentale et aliénation féminine dans La Femme gelée d’Annie Ernaux »

    16h30 : Discussion

    Vendredi 28 mai 2021

    9h30 : Tessa Nunn (Université de Duke, États-Unis)

    « Récits tressés : le burn-out et le privilège chez Laetitia Colombani »

    10h : Cécile De Bary (Université de Paris)

    « Espionnage et charge mentale : une page de Lac de Jean Echenoz »

    10h30 : Hélène Fleckinger (Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis)

    « Une serviette éponge sur le lit. Travail ménager, féminisme et esthétique dans Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman »

    11h : Pause

    11h30 : Pierre-Olivier Toulza (Université de Paris)

    « Séries feuilletonnantes et charge mentale des héroïnes : stratégies narratives de The Good Wife »

    12h : Discussion

    14h : Anne Grand d’Esnon (Université Bourgogne Franche-Comté)

    « Peut-on dessiner la charge mentale ? Réflexion autour de Building Stories de Chris Ware »

    14h30 : Table ronde Wellbeing Working Group, King’s College–Mission ÉgalitéS, Université de Paris (avec Claire Carette, Université de Paris, Tania de St Croix, King’s College, Anne Paupert, Université de Paris)

    16h : Discussion et conclusion du colloque.
    Responsable : Sylvie Patron
    adresseUniversité de Paris (en visioconférence)

  • Lettres au père Noël. Vraies lettres inventées OuLIPo
    Flammarion/J’ai lu, coll. Librio littérature.
    https://www.fabula.org/actualites/oulipo-lettres-au-pere-noel-vraies-lettres-inventees_98976.php
    https://oulipo.net

    Cher Père Noël,

    J’ai été très sage toute cette année et donc voilà, je voudrais pour Noël un livre un peu bizarre qui rassemble tout plein de lettres qui t’ont été écrites par tout plein de gens qui sont devenus très très connus, comme la petite Edith Piaf ou encore Jean-Claude Van Damme ou alors même Sherlock Holmes, ou bien encore des lettres un peu bizarres tu vois que tu aurais reçues, comme par exemple des contraventions ou bien des lettres d’amour ou encore des publicités, enfin c’est toi qui vois, mais c’est ça qui me ferait vraiment vraiment plaisir pour Noël. — Un enfant qui aime bien lire.

    P. -S. : Et si tu n’as pas le temps de les chercher, demande à l’OuLiPo de te les écrire. C’est l’Ouvroir de Littérature Potentielle fondé en 1960 par Raymond Queneau, dit RQ, un des pères fondateurs, et François Le Lionnais, dit FLL, co-père et compère fondateur, et premier président du groupe, son Fraisident-Pondateur, j’ai vu ça dans Wikipédia.

    « Notre meilleur jour, à nous autres cambrioleurs, ou, pour parler plus exactement notre meilleure nuit, c’est la nuit de Noël. » Alphonse Allais

    La préface des lettres au père Noël :

    Flaubert le dit : tout ce qu’on invente est vrai. C’est pourquoi l’Oulipo croit au père Noël, à son manteau rouge et à son traîneau, à ses rennes et à ses lutins, à la mère Noël et à l’élasticité infinie des conduits de cheminées, et c’est pourquoi aussi il a œuvré avec enthousiasme à la publication de ces missives, toutes authentiques.Le lecteur découvrira ci-après quatre-vingt-une lettres. Certaines émanent des enfants que furent des personnalités célèbres, de René Magritte à Ludwig Wittgenstein. D’autres - des faux, diront des sceptiques - furent écrites par des individus à l’existence aussi avérée que celle de leur destinataire, de Sherlock Holmes à Superman. Les dernières enfin, issues de dossiers secrets, se voient révélées ici pour la première fois.C’est donc une collection exceptionnelle que vous tenez entre les mains. Et l’Ouvroir de littérature potentielle, âgé de soixante ans en cette fin 2020, tient à remercier le père Noël, d’excellente composition il est vrai, d’avoir accepté de se prêter de bonne grâce à ce jeu. L’ Oulipo

    #Oulipo

  • Les théories de la surveillance. Du panoptique aux Surveillance Studies (Olivier Aïm)

    https://m.armand-colin.com/sites/default/files/images/livres/couv/9782200623494-001-T.jpeg

    https://www.armand-colin.com/les-theories-de-la-surveillance-du-panoptique-aux-surveillance-studies

    Vidéosurveillance de rue, compteurs connectés, fichiers numériques, puces RFID, lois sur le renseignement, géolocalisation, programme « Prism » de la NSA, reconnaissance faciale, traçage, recommandations et offres prédictives de la grande distribution… la surveillance est omniprésente dans les débats publics et semble avoir investi l’ensemble des territoires de la vie quotidienne, accréditant la thèse de l’avènement d’une véritable société de la surveillance généralisée.

    Fantasme sécuritaire ou panique liberticide, la surveillance est également devenue un objet de réflexion scientifique, ouvrant un champ de recherche et d’analyse en plein développement : les Surveillance Studies.

    En privilégiant une démarche pluridisciplinaire (littérature, philosophie, science politique, sociologie, sciences de la communication) et en prenant en compte les évolutions médiatiques de la société ( écrans, réseaux, plateformes), cet ouvrage propose un panorama complet des théories de la surveillance, des textes fondateurs (Bentham, Taylor, Weber, Foucault, Deleuze…) aux notions les plus récentes (« vigilance », « sousveillance », « capitalisme de surveillance », « shareveillance », « exposition »).

    Depuis ces premières approches essentiellement organisationnelles, le champ s’est ouvert à la complexité des enjeux sociaux, politiques et personnels de la nouvelle « économie de la visibilité » numérique, laissant entrevoir l’émergence contemporaine d’une véritable « culture » de la surveillance.

    https://www.fabula.org/actualites/les-theories-de-la-surveillance-du-panoptique-aux-surveillance-studies_98806

    Table des matières

    Introduction

    I. Premières approches théoriques de la surveillance
    1. Les textes pionniers
    2. Michel Foucault et le « panoptisme »
    3. Le paradigme du « contrôle »

    II. Les nouveaux agencements de la surveillance
    4. Les quatre corps de la surveillance
    5. La théorie « sécuritaire » de la surveillance
    6. Les nouvelles gouvernementalités
    7. Les agencements participatifs de la surveillance

    III. Les Surveillance Studies
    8. La naissance de la « nouvelle surveillance »
    9. La culture de la surveillance
    10. Pour une ethnographie de la surveillance vécue
    11. Pragmatique de la visibilité

    #book #livre #surveillance

  • Contre-cartographier le monde

    https://www.fabula.org/actualites/contre-cartographier-le-monde_93088.php

    Cette journée d’étude fait suite au colloque organisé par l’équipe EHIC en 2019 « Contre-cartographies dans les Amériques, XVIème-XXIème siècle » qui a révélé tout le potentiel de cette thématique. Nous souhaiterions élargir la discussion aux autres continents dans une perspective comparative et multidisciplinaire.

    Les mécanismes de l’alliance entre cartes et domination et de sa subversion à travers la notion de contre-cartographie restent au cœur de notre réflexion. Il s’agit d’appliquer ce concept, issu de la géographie radicale (née des mouvements contre-culturels des années 1960 aux États-Unis), à d’autres disciplines et à l’entendre dans un sens élargi, diachronique, trans- et pluridisciplinaire pour intégrer la diversité des formes cartographiques (cognitives, sonores, corporelles, artistiques, numériques, etc.) et des politiques de la représentation qui ont pour enjeu la critique des formes hégémoniques de production de l’espace.

    #cartographie_radicale #cartographie_expérimentale #cartoexperimnt

  • Pour une cartographie des récits de soi. De l’autobiographie aux webcams (Vancouver, Canada)

    https://www.fabula.org/actualites/pour-une-cartographie-des-recits-de-soi-de-l-autobiographie-aux-webcams_8654

    Le postmodernisme, les théories du soi et celles de la performance ont permis de repenser et qualifier de façons nouvelles l’instance du « soi », cristallisant ces changements, entre autres, dans le récit de soi. En effet, à partir des années 60, plusieurs éléments au niveau de l’écriture, du sujet humain, de l’identité et du soi se transforment et les théories (Marvin Carlson, Performance ; Linda Hutcheon, The Politics of Postmodernism ; Paul Ricœur, Soi-même comme un autre) qui en découlent touchent fortement la manière d’envisager, d’analyser et d’écrire sur soi. En bref, ces théories suggèrent un constructivisme fort qui rejette complètement les idées de nature et de vérité absolue que prônait l’autobiographie traditionnelle. De cette subjectivité et de cette identité constamment socialement construites et performées selon les contextes, les demandes et les réceptions multiples possibles, émane une écriture de soi envisagée comme en progrès, qui ne fixerait plus le soi, mais qui rédigerait une instance en évolution, changeante et instable. Le sujet du récit de soi devient donc fragmenté, non unifié, divisé, pluriel, à voix multiples, et celui/celle qui écrit n’est plus perçu.e comme le centre de l’œuvre, maître de son sens et de celui de ses actions ou de ses pensées.

    #cartographioe_narrative #littérature #itinéraires

  • #Théâtre et #journalisme au xixe siècle : regard sur un début de cartographie (Acta Fabula)

    http://www.fabula.org/revue/document10448.php

    Attention ! c’est très intéressant mais ce n’est pas de la carto (comme son nom l’indique)

    https://www.fabula.org/lodel/acta

    La presse publie ; mais la scène aussi est, avant tout, un lieu de publication. Les deux ne peuvent donc qu’entretenir des liens étroits. Non seulement parce que l’un, le théâtre, a besoin de l’autre, la presse, pour faire sa publicité — y compris sous la forme de la critique dramatique, mais aussi parce qu’ils participent d’une même théâtralisation des pratiques sociales du loisir. Il était donc plus que judicieux d’entreprendre un recueil d’études sur un temps où l’un et l’autre ont connu une forte expansion, comme le propose le remarquable dossier réuni par Marie-Eve Thérenty et Olivier Bara.

  • Fabula, la recherche en littérature
    http://www.fabula.org

    AUTOUR DE WALTER BENJAMIN

    Un philosophe-traducteur, un historien, un archiviste et une chercheuse en lettres se sont réunis pour discuter de l’enfance selon Walter Benjamin : que les textes du recueil Sens unique soient rendus à l’océan de tous les livres, c’est-à-dire à toute la littérature (c’est ce que Jacques Derrida — grand lecteur de Benjamin en son temps — désirait pour la philosophie). Pour tous les etudiants qui préparent l’agrégation de Lettres modernes, et pour tous ceux que la pensée de Benjamin continue d’inspirer, nous sommes heureux de publier la journée d’étude « Enfance. Autour de Walter Benjamin » dans les pages colloques en ligne de Fabula.

    (par DD, alias Arthemis Johnson)

    #colloque
    #Benjamin