Rêve de pissotière
Électronique qui dénonce
Ceux qui pissent debout
Sarah
Part
À la fac !
What
A
Man !
Contrecoup d’hier soir
Je pense à elle
Et je sais qu’elle n’est pas seule
Elle serait seule
Je penserais
Que je ne peux pas la rejoindre
J’emmène
Exceptionnellement
Zoé au collège
Mon nouvel embrayage
Couine risiblement
Crises de rire inextinguibles avec Zoé
Nettement moins drôle
La première réunion
De la journée
Encore moins drôle
La conférence téléphonique
Qui lui fait suite
S’entendre dire
Des phrases comme
Nous devons l’exiger d’eux
Au café, croiser Baptiste
Le saxophoniste du Surnat’
Longue conversation
On parle de Profondo rosso
On parle d’Esquif
On n’est pas d’accord, on rit
Baptiste me révèle que dans Esquif
Les spectateurs tirent sur le filin de la funambule
À hauteur de leur sens des responsabilités
Je me souviens
Des courbatures
Du lendemain d’Esquif
Étonnant aussi
De voir comment on est rapidement
De plain-pied au centre de nous-mêmes
Récit des grandeurs
Trompeuses des grands hommes
Plus grands qu’eux-mêmes
Et il faut une volonté toute particulière
Pour s’arracher à une telle conversation
En sachant qu’on repart vers l’open space
Je remarque que le café
Fourmille d’énergies et de projets en cours
À la différence de là d’où je viens, pourtant
Première fois en dix jours
Que je rentre directement sans rendez-vous
Rien, un soir à la maison avec les enfants !
Je lis une critique d’Une fuite en Égypte
J’y lis un extrait qui parle du personnage
De Suzanne, j’aimerais bien rencontrer Suzanne
PDJ, n’a sans doute pas lu les recommandations
Du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale
Concernant le point-virgule
« On doit éviter d’en faire un emploi excessif
Et notamment de l’utiliser là où il faudrait
Une virgule ou un point. »
Non
Sans doute
Pas
Dans les biographies fantaisistes
Pour la quatrième de couverture
D’Une Fuite en Égypte
Philippe De Jonckheere
Découvre, à 52 ans
Le Traité de la ponctuation française
Je pose mon clavier cinq minutes
Sarah rentre de l’université
Et un sac plein de questions
On a bien du mal à se parler
Avec Sarah ce soir
Elle grandit, je vieillis
Une bonne heure
Des litres de pleurs
Elle et moi, surtout moi
Un jour, aurais-je le courage
De regarder les sept dernières années
Et n’en pas trop souffrir ?
Pommes de terre sautées à l’ail
Omelette au parmesan
Soupirs d’aise des enfants
Mais déjà en arrière-plan
La pensée triste
Nous quatre, c’est presque fini
Combien, encore
De dîners comme celui-là
En semaine ?
Sarah et Zoé qui chambrent
Emile qui songe
Et moi qui enregistre, pour plus tard
Homme de 52 ans
Constamment chahuté
Par ses émotions
Deux parties d’échecs
Avec Emile
Qui m’achève, même si
Mi-septembre
Et déjà aussi peu de forces
Qu’en mai-juin ?
Quelques échanges de messages avec elle
C’est gentil de sa part, mais c’est étonnant
À quel point c’est en deçà de mes fictions !
Un funambule dont on élèverait sans cesse le filin
On exigerait qu’il danse et qu’il jongle et on finirait
Par agiter le filin. C’est moi. Et le funambule finit par tomber non ?