l’histgeobox : Thomas Sankara (1949 - 1987)
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Le nouveau chef d’État, seulement âgé de 34 ans, entend agir vite. Soucieux de s’affranchir de la toponymie coloniale, il rebaptise la Haute-Volta en Burkina Faso, « le pays des hommes intègres », mots empruntés au mooré, la langue parlée par les Mossi. Le nouveau nom associe aussi le dioula puisque Faso signifie « territoire » dans cette langue. Et l’adjectif invariable qui désigne les habitants du pays emprunte sa structure à la langue peule. Une manière pour lui de dépasser les clivages traditionnels de la société dont son identité mêlée est le symbole, sa mère étant mossi et son père peule .
Afin d’assainir les finances nationales, Sankara diminue le train de vie du gouvernement, remplaçant par exemple le parc de Mercedes ministérielles par des R5. Il convient dès lors pour les hauts fonctionnaires et les cadres dirigeants d’afficher des signes extérieurs de pauvreté. Lui-même ne se paye que modestement. Dans le même temps, il réduit également les salaires des fonctionnaires qui représentent alors 75% des dépenses du budget de l’État.
Les autorités sankaristes entreprennent la nationalisation des terres et abolissent les redevances et corvées dont bénéficiaient encore les chefs coutumiers. Pour relayer sa politique, le pouvoir crée dans chaque quartier, chaque village, chaque usine, des comités de défense de la révolution dont les représentants sont élus par la population. Afin d’encourager le développement d’une économie nationale, on cherche à valoriser les cultures vivrières et les industries locales dans le but d’accéder à l’autonomie plutôt que de dépendre de l’aide alimentaire. Pour Sankara, « celui qui vous donne à manger vous dicte ses volontés [...] Ils y en a qui demandent : mais où se trouve l’impérialisme ? Regardez dans vos assiettes. Quand vous mangez les grains de mil, de maïs et de riz importés, c’est ça l’impérialisme, n’allez pas plus loin. »
Le slogan « consommons burkinabè » devient un impératif. Pour encourager la production du textile locale, le port d’une tunique de coton aux motifs traditionnels, le faso dan fani, devient obligatoire dans les administrations.