Madame Anastasie allégorie de la censure au XIXeme
Je viens de découvrir ce cas d’ #inversion_patriarcale
Madame Anastasie incarne l’idée de censure alors que les femmes, surtout les vieilles ont très peu accès à l’expression. A cette époque la #bride existait encore et les femmes n’avaient droit à rien, ni éducation, ni citoyenneté, ni expression.
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L’Éclipse, n° 299
André Gill, 19 juillet 1874.
BnF, estampes et photographie, YA1-115-FOL
© BnF
La censure a un visage, celui de Madame Anastasie, créature revêche armée de ciseaux géants. Symbole de la nuit, la chouette qui l’accompagne évoque les croyances les plus obscures. Si l’on retrouve déjà dans des illustrations antérieures un personnage porteur de longs ciseaux, c’est dans les années 1870 que le personnage d’Anastasie s’installe réellement dans les journaux. Ce dessin d’André Gill (pseudonyme de Louis-Alexandre Gosset de Guines, 1840-1885), l’un des plus célèbres dessinateurs de presse du XIXe siècle, semble en être la première représentation.
Madame Anastasie est accompagné d’une chouette, symbole de la connaissance lié à athéna. Elle a des doigts crochus de #sorcière une robe jaune, couleur de la traîtrise, l’avarice, l’envie (cf pastoureau ) et des ciseaux géants on ne peu plus castrateur.
#mégère #mégèrisme #censure #allégorie #misogynie #sexisme #renversionnite
Le boulet
Le Grelot, n° 119
Alfred Le Petit, 20 juillet 1873.
BnF, Droit, économie, politique
© BnF
Tout au long du XIXe siècle, en dépit d’assouplissements périodiques, Madame Anastasie, allégorie de la censure, jouit d’une belle santé. Ainsi, si la loi de 1935 est abrogée à l’occasion de la Révolution de 1848, Napoléon III ne néglige pas la surveillance de la presse dans sa Constitution de 1852.
Jusqu’en 1870, les journaux illustrés, satiriques ou non, « ne pourront être publiés, exposés ou mis en vente sans l’autorisation préalable du ministère de la Police à Paris, ou des préfets dans les départements. ». Après l’épisode libéral du 4 septembre 1870, la IIIe République conservatrice rétablit la plupart des mesures légales du Second Empire, qui ne furent abrogées que par le vote de la grande loi du 29 juillet 1881.
La liberté de la presse
Le Grelot, n°48
Alfred Le Petit, 10 mars 1872.
BnF, Droit, économie, politique
© BnF
En 1872 dans Le Grelot, Alfred le Petit dépeint un personnage assez proche de l’Anastasie de Gill, quoique visiblement dépassé par la vitalité d’une jeune presse indisciplinée, portant journaux en corolle et plume et encrier au chapeau. La censure se prénomme alors Victorine.
« La presse. – Tu m’avais promis de me laisser marcher toute seule, na.
Victorine. – Je t’avais promis… je t’avais promis… oui je te l’avais promis, mais si tu crois tout ce qu’on te promet ! »
source ▻http://expositions.bnf.fr/presse/albumsmobile/02/index.htm