• Sortir du confort du dominant
    Une tentative de réflexion, pour nous, les hommes

    La libération de la parole autour des violences subies par les femmes est en train de s’amplifier avec les hashtag #balancetonporc et #MeToo/#MoiAussi suite à l’affaire Weinstein.

    Et il faut bien reconnaître que c’est assez confortable d’être un mec, en comparaison d’être, par exemple, un musulman, dans la mesure où personne ne m’a demandé depuis 48h00 de me désolidariser de mes congénères en postant une photo de moi dans mon salon avec un carton #NotInMyName.

    Et pourtant…

    Comme le remarquait Virginie Despente : « Je trouve [les hommes] extrêmement lents à s’emparer de sujets qui les concernent directement et qui pourraient les concerner exclusivement, comme le viol. […] Je trouve les mecs extrêmement lents à s’emparer de la question de la masculinité […]. A chaque fois qu’un mec viole, ça les concerne tous, au sens ou c’est leur virilité qui s’assoit là-dessus. Quand ils se trimbalent en ville en maîtres du monde, c’est sur le travail des violeurs qu’il s’appuient. » (source : http://www.lesinrocks.com/2016/10/23/actualite/medias-actualite/virginie-despentes-mecs-extremement-lents-a-semparer-de-question-de-masc)

    Il me semble qu’en effet au lieu de faire du #mansplaining ou de reproduire au sein du féminisme les oppressions dont nous profitons déjà dans la société (cf. https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2008-v21-n1-rf2309/018314ar), nous pourrions nous aussi nous emparer du sujet, simplement pour nous demander « et nous, qu’est-ce qu’on fait ? »
    Mais, « comment on motive des hommes qui profitent largement d’un système à “en sortir” pour contribuer à créer autre chose, d’autres relations […] ? » (source : http://www.crepegeorgette.com/2013/11/01/rencontres-entre-hommes-au-sujet-de-la-masculinite)

    Peut-être en se saisissant de deux sujets essentiels : la virilité et l’éducation.

    Et nous, les hommes, qu’est-ce qu’on fait de notre « virilité » ?

    Nous acceptons, pour nous-même, cet enfermement dans notre stéréotype de genre et ses valeurs viriles que sont la compétitivité, l’agressivité, la domination. Nous acceptons, par notre indifférence ou notre complaisance, les attitudes, gestes, mots, connivences qui sont le sexisme-en-actes, ignorent la question du consentement et nourrissent la culture du viol.
    Il nous revient de défendre d’autres aspirations, de faire vivre d’autres modes relationnels, d’inventer une virilité émancipée de sa violence et de ses concours de quéquettes,

    Et nous, les hommes, comment éduque-t-on nos garçons ?

    Nous acceptons, pour nos fils, de participer à la construction d’une norme sociale qui « relayé par la communauté des pairs et la société civile, valorise les comportements virils et encourage les garçons à […] : enfreindre les règles, se montrer insolents, jouer les fumistes, monopoliser l’attention, l’espace, faire usage de leur force physique, s’afficher comme sexuellement dominants. » (source : http://www.liberation.fr/societe/2014/11/06/en-finir-avec-la-fabrique-des-garcons_1137816). Nous participons à la « fabrique des garçons », nous les co-optons dans la “Maison des Hommes”, en leur refusant le droit à pleurer, l’accès aux émotions, à la verbalisation, en distillant l’idée qu’« "Est un homme véritablement viril celui qui est insensible à la souffrance, ne refuse jamais une tâche par peur, et inflige lui-même la souffrance ou la douleur à autrui. Celui qui déroge à cette loi est un gars qui n’en a pas, un « pédé » […]. Ces comportements ne sont pas de simples manifestations stupides de virilité. Ce sont des dispositifs mis en place pour combattre la peur, des stratégies collectives de défense." » (source : http://www.crepegeorgette.com/2012/03/09/tu-seras-fort-mon-fils). Nous acceptons de naturaliser des conduites que, ce faisant, nous encourageons. Nous cautionnons des discours à faible teneur scientifique ou sociologique arguant que les garçons auraient plus de mal à gérer leurs pulsions, que leur sexualité aurait naturellement telle ou telle spécificité dominatrice, que la conformation de leur cerveau ou de leur appareil uro-génital seraient plus propices à des techniques de séduction apparentées au pillage. Nous participons à la reproduction d’une éducation genrée, construite culturellement, dès le plus jeune âge de nos enfants (cf. : http://www.crepegeorgette.com/2014/10/07/privilege-masculin). En faisant allégeance à une sexualité virile stéréotypée, nous, leurs modèles, les confortons dans des mécanismes d’identification qui participent, là encore, à la culture du viol (cf. https://theconversation.com/ni-putes-ni-prudes-et-surtout-pas-pedes-attentes-de-genre-chez-les-) .

    https://www.youtube.com/watch?v=XfbM3LD0D9Q

    Nous ne sommes pas seulement « lents », nous sommes aussi responsables, complices, bref : coupables. C’est pourquoi, il nous revient également, en tant qu’hommes, de sortir du déni, de dépatriarcaliser la société, de déconstruire la virilité stéréotypée, d’éradiquer la culture du viol.

    Et sur ce chemin, le premier pas pourrait être ceci : http://www.crepegeorgette.com/2014/02/19/hommes-feminisme-2

    • Posted on Facebook by Mark F.
      https://www.facebook.com/mark.fitzpatrick.184/posts/10154671738896511

      All over my newsfeed today. All of them. All the brave and wonderful women I know it seems like. They say “Me too”. And every time, it hits me. “You too?” Of course I knew, somewhere, that this was true, didn’t I? And all I can do is hit “Love” and hope they realise I’m sending them love, and hating what’s been done to them. But THAT IS NOT ENOUGH. What do WE do? Men?
      I started to wonder, what would a “me too” from men look like? Of course I realise that it’s possible for men to suffer sexual harassment and abuse. But guess who does it? Men.
      So here’s what our “me too” might look like:
      Have I ever had a sexual encounter where I wasn’t as sure as I can possibly be of consent? Where alcohol and crossed wires were a factor? Where there might have been pressure? And some - many - of us would have to say “me too”. But maybe you’re one of the good guys and you’ve always made sure of the desire and agency being emphatically there. Good for you (REALLY think about it. It’s uncomfortable, isn’t it?)
      Have I ever seen a woman being abused or harassed, and not stepped in? (Me too)
      Have I ever talked about women to other men in demeaning and objectifying ways? (Me too)
      Have I ever responded with anger and indignation when being turned down by a woman whose body and mind I do not own? (Me too)
      Have I ever judged a woman purely on her looks? (Me too)
      Have I ever judged a woman as less than competent based on her gender? (Me too)
      Have I ever consumed media in which women are demeaned and objectified? (Me too)
      Have I ever refused to listen when yet another woman said “me too”? Have I ever made excuses for a guy who made her feel like an object? (Me too)
      Have I ever let the men around me make sexist jokes, no matter how couched in protective layers of irony? Laughed along? Made the jokes myself? (Me too)

      Have I ever been surprised THAT ALL THE WOMEN I KNOW HAVE BEEN VICTIMS OF THESE THINGS? .... (Me too)

      You know, the women shouldn’t need to tell us. It’s been us all along.

      Have you ever tried to be better, to never let it happen again, to listen when they tell you, to be part of the solution, to talk to other men about it, tirelessly?

      I hope now, to that last, we’ll all be able to respond: Me too.

    • J’étais plus forte que le #MeToo quand tout à coup
      http://www.cranemou.com/2017/10/jetais-plus-forte-metoo-a-coup

      J’ai vu mes flux se saturer de #MeToo et d’histoires plus glauques les unes que les autres et j’ai contribué à faire passer le message.

      Mais moi, tu sais, je suis forte.
      Moi, j’ai pas peur.
      moi, je le vis bien.
      Je suis comme ça. J’ai une cape de Batman, un sourire qui dit que je vais bien, partout, tout le temps. Je ris, et puis de toute façon, je cours vite et je frappe fort.

      Alors, pour moi, c’était facile d’écrire.

      Et puis en fait…

      En fait, après avoir posté mon statut, en lisant vos messages, j’ai été prise d’un malaise que je ne connaissais pas.

      Parce que j’avais listé ce qu’il m’était arrivée.

  • Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis – Recherches féministes – Érudit
    http://www.erudit.org/fr/revues/rf/2008-v21-n1-rf2309/018314ar

    Quelles raisons peuvent mener un homme à se dire proféministe et que peut-il faire pour aider le mouvement féministe ? Voilà les deux questions discutées ici. J’entends proposer pour les hommes proféministes de pratiquer le contraire de l’empowerment (ou autonomisation), soit le disempowerment, c’est-à-dire une (auto)réduction du pouvoir individuel et collectif qu’exercent les hommes sur les femmes, et un (auto)positionnement d’auxiliaire par rapport aux féministes. (...) La rhétorique qui consiste à prétendre que les hommes ont tout à gagner du féminisme passe sous silence que le renversement même partiel d’un système de domination est un processus politique qui implique nécessairement des perdants et des gagnantes. Les hommes jouissent en général dans le système patriarcal d’une vie stimulante et enrichissante (dans tous les sens du mot) et d’une grande autonomie politique. L’égalité suppose que les hommes perdent leurs privilèges, leur position de dominant et les possibilités d’exploiter des femmes individuellement et collectivement. C’est certainement pour cela qu’il y a si peu d’hommes proféministes, même parmi ceux qui se disent « progressistes », et que des hommes proféministes sont si souvent confrontés par des féministes qui leur reprochent leurs incohérences ou leurs trahisons. Parce que le féminisme implique des pertes réelles pour les hommes en général aussi bien que pour les hommes proféministes, ces derniers risquent toujours de reconsidérer leur engagement #proféministe et d’abandonner le processus de disempowerment. Ils peuvent même choisir de passer dans le camp antiféministe au gré des situations et des rapports de force. L’homme proféministe à l’heure actuelle sait d’ailleurs plus ou moins consciemment que, malgré les concessions qu’il accepte de faire face aux féministes qui le confrontent, il continuera de profiter de son statut de mâle dans la plupart de ses sphères d’activité – et même dans ses relations intimes avec des féministes – tant qu’il n’y aura pas une victoire totale des féministes contre le #patriarcat, ce qui a peu de probabilités de survenir de son vivant.

    #féminisme

    • Le problème de cet extrait est qu’il ne définit pas ce qu’est ou pourrait être un gain obtenu par le « disempowerment ». Il y a certes perte, et ceci est nécessaire, mais quel est le gain qui mériterait que des hommes soutiennent le mouvement féministe (et non pas y participent, le risque de le dénaturer serait trop grand).
      Je me souviens de mon beau-père me voyant changer mon bébé avec ce plaisir immense d’une relation directe dans un échange par le sourire, par les yeux, par la douceur de cet accordage que permet le soin aux bébés, et me dire « Hervé, quand je te vois, je sens que j’ai raté quelque chose ». Et ce revirement existe pour plein d’activités quotidiennes, y compris l’activité sexuelle : donner la jouissance est plus fort que de la prendre.
      Moins de pouvoir, moins de facilités, c’est aussi plus de vie et plus de bonheur. Je ne dirais jamais assez merci au mouvement féministe de me l’avoir montré.
      Mais c’est évidemment là une réaction individuelle, que j’espère nous sommes nombreux, et de plus en plus, à partager... et non la dynamique du « système patriarcal » qui, elle, est faite de violence permanente et qui doit être perdant et vaincu.C’est en distinguant les acteurs du système dans lequel ils sont enfermés que des brèches peuvent s’ouvrir...c’est d’ailleurs une des grandes leçons politiques du féminisme : le gain doit pouvoir se mesurer ici et maintenant, dans la vie quotidienne.